lundi 17 octobre 2022

Jour 236 - Le général Armageddon, pour en finir ?


Le général Sergueï Sourovikine vient d’être désigné commandant en chef de l’invasion russe de l’Ukraine. Une nomination qui fait craindre le pire…

Craindre le pire ? Pourquoi ? 
Le général Sergueï Sourovikine, 55 ans, a une réputation exécrable. Ses méthodes sont jugées brutales et certains le surnomment « général Armageddon », en raison de son appétit destructeur. Là où il passe, l’herbe ne repousse pas… 

Brutal ? À quoi pensez-vous ? 
Ses premiers « faits d’armes » remontent à 1991, quand il était capitaine dans l’armée soviétique. La colonne de blindés qu’il dirigeait a forcé les barricades de manifestants prodémocratie, faisant trois morts, dont un écrasé par un char. Cet acte lui a valu de passer sept mois en prison. On l’a ensuite revu au Tadjikistan, dans la deuxième guerre de Tchétchénie et chef des opérations en Syrie, où il se serait imposé comme champion du bombardement sans discernement, ce qui lui a valu d’être dénoncé par l’organisme Human Rights Watch. 

On a compris. C’est un vrai dur. 
Voire plus. Un ancien responsable militaire russe, cité récemment par le Guardian, le décrit comme quelqu’un d’« impitoyable, avec peu de respect pour la vie humaine ». Un rapport des services secrets britanniques, repris par plusieurs médias, ajoute que « pendant plus de 30 ans, la carrière de Sourovikine a été marquée par des allégations de corruption et de brutalité ». 

 Sourovikine a aussi été jugé pour vente illégale d’armes et a été impliqué dans le suicide d’un officier, dans son propre bureau. Ça ne l’a pas empêché de connaître une irrésistible ascension au sein de l’armée et d’être décoré à plusieurs reprises. Depuis 2017, c’est lui qui commande les forces aérospatiales russes, qui sont loin de se résumer à l’aviation. « Tous les missiles intercontinentaux qui sont capables de frapper au Canada, aux États-Unis et n’importe où sur la terre, c’est ce monsieur qui les commande », résume Sergueï Jirnov, ancien espion du KGB, auteur du livre L’engrenage et analyste du conflit dans les médias français. 

Pourquoi l’avoir nommé à la tête de l’« opération spéciale » en Ukraine ? 
L’armée russe connaît des difficultés. Ces problèmes provoquent l’impatience de l’élite pro-Poutine. Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov a récemment critiqué le commandement militaire russe, alors que le député et ancien militaire Andreï Kartapolov a appelé publiquement l’armée à « arrêter de mentir » sur ses défaites. L’attentat sur le pont de Crimée a été la goutte de trop. Sourokivine a été nommé le même jour, afin de reprendre les choses en main. Un geste « désespéré » de la part de Poutine, selon Sergueï Jirnov. 

Quel impact sur la suite des choses ? 
L’impact est déjà visible. On attribue à Sourovikine les bombardements de la semaine sur plusieurs villes ukrainiennes. Certains experts suggèrent que ces frappes pourraient s’intensifier. Mais pour Sergueï Jirnov, ce n’est là que la « pointe de l’iceberg ». Plus alarmiste, il estime que la nomination de « général Armageddon » est un pas de plus vers le point de non-retour. 

« Beaucoup d’experts de la chose militaire insistent sur sa brutalité, souligne l’ancien agent. Mais à mon avis, le vrai évènement, c’est que Sourovikine a toutes les clés en main pour appuyer sur le bouton rouge. À mon avis, sa nomination annonce le grand coup, c’est-à-dire l’emploi de l’arme nucléaire sur l’Ukraine. Je le dis franchement et clairement. Sinon, pourquoi nommer un général tout-puissant, qui commande les forces stratégiques de frappe nucléaire intercontinentale, pour commander une opération locale sur un champ de bataille qui mesure 1000 kilomètres ? » 

Scénario très, très pessimiste donc ? 
Ça dépend pour qui. Dans le camp Poutine, on se réjouit évidemment de cette nomination. Le Tchétchène Kadyrov a applaudi, tandis qu’Evguéni Prigojine, fondateur de l’armée de mercenaires russes Wagner — actuellement à la manœuvre en Ukraine —, a décrit le général Sourovikine comme « le commandant le plus compétent de l’armée russe » et comme une « figure légendaire », née « pour servir sa patrie ». 

Il reste à savoir jusqu’où il ira, par patriotisme. 

Sources : L’Express, The Gardian, Le Monde, BFMTV, Radio Free Europe, Wikipédia 

Jean-Christophe Laurence, 
La Presse, le 16 octobre 2022

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