jeudi 30 mars 2023

Jour 400 - L’AIEA vise un compromis pour protéger la centrale de Zaporijjia


(Enerhodar) Un compromis a minima face à un risque militaire croissant : le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique s’est rendu mercredi à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia en quête d’une solution acceptable pour Kyiv et Moscou afin de sécuriser le site.   

L’idée d’une zone démilitarisée autour de ce site du sud-est de l’Ukraine occupé depuis mars par les Russes semble avoir vécu après des mois d’échanges infructueux.   

Rafael Grossi, qui a passé quelques heures sur place avant de retourner dans les territoires sous contrôle ukrainien, veut donc désormais travailler sur des « principes » à même de minimiser le risque de 
« catastrophe » nucléaire. 

« J’essaie de préparer et de proposer des mesures réalistes qui seront approuvées par toutes les parties », a-t-il dit aux journalistes pendant cette visite à laquelle l’AFP a pu participer dans le cadre d’un voyage de presse organisé par les autorités russes. 

« L’idée est de s’entendre sur certains principes, certains engagements, dont ne pas attaquer la centrale », a ensuite déclaré M. Grossi à l’AFP, priant une fois encore Moscou de ne pas y entreposer des équipements militaires. 

« L’activité militaire est à la hausse dans toute cette région » avec notamment une « augmentation significative du nombre des soldats », avait-il auparavant regretté. 

Pour cette deuxième visite, après celle de septembre 2022, M. Grossi est arrivé à bord d’un véhicule blindé de l’armée russe, encadré par des soldats en tenue de combat, selon un journaliste de l’AFP.   

Des employés de l’AIEA étaient également présents, dont trois inspecteurs chargés de relever des collègues en poste sur le site. 

Le chef de l’AIEA mène depuis des mois des consultations pour protéger la centrale et la zone avoisinante, régulièrement touchées par des frappes qui entraînent des coupures de courant à répétition, laissant craindre un accident nucléaire.

Avant même sa visite, l’éventualité d’une percée diplomatique avait été balayée par un conseiller de la direction de l’opérateur russe Rosenergoatom. 

« Nous sommes loin d’avoir l’illusion que la visite de Grossi puisse radicalement changer les choses », avait confié à l’agence de presse Tass Renat Kartchaa. 

« Jouer avec le feu » [...] 
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Agence France-Presse 
La Presse, le 29 mars 2023

mercredi 29 mars 2023

Jour 399 - Kyiv a déployé des roquettes américaines de longue portée, selon Moscou



(Kyiv) La Russie a affirmé mardi avoir abattu une roquette américaine de longue portée GLSDB, première confirmation de livraison de ces munitions à l’Ukraine qui les juge cruciales pour lancer sa prochaine contre-offensive 

L’Ukraine n’a de son côté donné aucune information quant au déploiement de ces engins.   

L’annonce russe intervient aussi au lendemain de la confirmation de la livraison de blindés britanniques, américains et allemands, véhicules clés, selon Kyiv, pour réaliser ses ambitions de reconquête militaire.  

« La défense antiaérienne […] a abattu 18 roquettes du système Himars et une roquette guidée GLSDB », a indiqué le ministère russe de la Défense dans son communiqué quotidien au sujet de ces bombes guidées d’une portée de jusqu’à 150 km, promises à Kyiv par les États-Unis début février. 

Les GLSDB (pour « Ground Launched Small Diameter Bomb » en anglais) sont des engins de petit diamètre et de haute précision fabriqués par l’Américain Boeing et le Suédois Saab.   

Ils peuvent voler jusqu’à 150 km et donc menacer des positions russes, en particulier les dépôts de munitions, loin derrière les lignes de front. 

« La précision des GLSDB est si élevée qu’elles peuvent frapper dans le rayon d’un pneu de voiture », affirme Saab sur son site. 

Réticences initiales 
L’Ukraine a martelé avoir besoin de telles munitions pour détruire les lignes de ravitaillement russes et ainsi surmonter son déficit en hommes et en munitions en vue de sa contre-offensive annoncée pour repousser les forces de Moscou qui occupent une large partie du sud et de l’est de l’Ukraine. 

La livraison en juin 2022 à l’armée ukrainienne de systèmes de lance-roquettes mobiles de haute précision Himars avec des munitions d’une portée de quelque 80 km avait permis à l’Ukraine de ravager les arrières de l’armée russe.

Cela avait permis les contre-offensives ayant conduit à la reconquête de larges territoires dans le sud et le nord-est du pays entre septembre et novembre. 

Pour répondre à la menace des Himars, les forces russes ont rallongé leurs lignes de ravitaillement, éloignant notamment leurs stocks de munitions du front.  

Les Occidentaux s’étaient montrés réticents à fournir des systèmes de plus longue portée, craignant qu’ils ne puissent servir à frapper le territoire russe et provoquer une escalade.   

Kyiv a, de son côté, promis à plusieurs reprises que ces armes ne serviraient que pour attaquer des cibles en territoire occupé.   

Face aux campagnes de frappes massives lancées ces derniers mois sur les villes et infrastructures ukrainiennes — Kyiv a encore annoncé mardi avoir été visée par 12 drones explosifs de fabrication iranienne, tous interceptés — les États-Unis ont finalement annoncé le 3 février qu’ils fourniraient des GLSDB à l’Ukraine. 

Mais le calendrier de livraison n’avait pas été annoncé, certaines sources estimant que plusieurs mois étaient nécessaires.

Outre ces roquettes, l’Ukraine a martelé tout au long de l’hiver avoir besoin de centaines de chars modernes et de blindés pour pouvoir infliger une défaite militaire à la Russie. Les Occidentaux en ont promis, mais leur nombre semble jusqu’ici en deçà des attentes ukrainiennes.  

Des chars britanniques de combat Challenger, des blindés américains Stryker et Cougar et des blindés allemands Marder ont ainsi été livrés à l’Ukraine, a annoncé lundi le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov. 

Ce dernier a indiqué mardi que les Challenger allaient « bientôt entamer leur mission de combat ». // Pour le Kremlin, les approvisionnements en armes occidentales sont la preuve qu’Européens et Américains mènent une guerre par procuration contre la Russie, justifiant ainsi son incapacité à vaincre militairement son voisin.

En réplique, la Russie a annoncé qu’elle allait déployer des armes nucléaires tactiques chez son seul allié en Europe, la Biélorussie, un voisin de l’Ukraine qui a prêté son territoire à l’invasion russe sans pour autant y prendre part activement. 

Minsk a confirmé mardi avoir donné son accord, tout en soulignant que l’armée biélorusse n’aurait pas le contrôle de ces armements dont ainsi le déploiement « ne contredit en aucune manière les articles I et II du traité de non-prolifération nucléaire », selon un communiqué du ministère biélorusse des Affaires étrangères. 

« User l’ennemi » [...] 
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Emmanuel Peuchot 
Agence France-Presse 
La Presse, le 28 mars 2023

mardi 28 mars 2023

Jour 398 - Zelensky et le chef de l’AIEA visitent la région de Zaporijjia


(Kyiv) Volodymyr Zelensky et Rafael Grossi se sont retrouvés en Ukraine lundi dans une station hydroélectrique de la région de Zaporijjia, alors que le second, chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), est attendu dans les prochains jours à la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par Moscou. 

« Sans le retrait immédiat des troupes et du personnel russes de [la centrale] et des territoires adjacents, toute initiative visant à restaurer la sûreté et la sécurité nucléaire est vouée à l’échec », a averti le président Zelensky auprès de M. Grossi, selon des propos rapportés par la présidence ukrainienne. 

« Votre rôle pour assurer la sécurité énergétique de l’Ukraine est extrêmement important aujourd’hui », a rappelé Volodymyr Zelensky. 

Les deux dirigeants se sont rendus lundi sur le site d’une centrale hydroélectrique à Dniepr chargée d’alimenter la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par l’armée russe et régulièrement victime de coupures de courant.

Le chef de l’AIEA est, lui, attendu dans les prochains jours à la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, pour sa deuxième visite sur place depuis le début de l’invasion russe en février 2022. 

« Je poursuivrai mes efforts pour protéger la centrale nucléaire pendant le conflit en cours et dirigerai notre prochaine rotation régulière d’experts vers et depuis le site », avait indiqué dimanche M. Grossi. 

Lundi, MM. Zelensky et Grossi « ont été informés des mesures prises pour protéger la centrale hydroélectrique de Dniepr en cas de nouvelles attaques » russes, selon la présidence ukrainienne, qui a indiqué dans un communiqué que les infrastructures du site étaient « considérablement détruites ». 

« J’ai eu avec M. Zelensky un riche échange sur la protection » du site « et de ses employés », a écrit pour sa part M. Grossi dans un tweet, accompagné d’une photo des deux dirigeants. 

Zelensky sur le front Sud 
Plus tôt lundi, M. Zelensky s’était affiché dans la région de Zaporijjia, « en première ligne » sur le front Sud. 

« Merci de protéger notre État [et] nous tous. Merci pour la protection de nos maisons, de notre intégrité territoriale et de la vie en Ukraine », leur a-t-il dit, selon un communiqué de la présidence ukrainienne. 

Selon la présidence ukrainienne, M. Zelensky s’est rendu lundi au poste de commandement du groupe opérationnel des troupes pour la région de Zaporijjia, où une réunion s’est tenue avec des responsables militaires de la région. 

Le président ukrainien est par ailleurs allé sur le site d’une frappe russe sur un immeuble d’habitation dans la ville de Zaporijjia, qui avait fait un mort et une trentaine de blessés mercredi dernier. 

Il a aussi visité un hôpital militaire où il a échangé avec des blessés de guerre et le personnel médical, selon la présidence. 

La semaine dernière, Volodymyr Zelensky s’était déplacé dans la région de Kherson (Sud), partiellement occupée par la Russie, après être allé près de Bakhmout, l’épicentre des combats dans l’Est, et dans la région de Kharkiv (Nord-Est). 

Évacuation à Avdiïvka 
L’administration de la ville d’Avdiïvka a annoncé lundi l’évacuation des employés municipaux de cette localité située sur le front dans l’est de l’Ukraine et régulièrement bombardée par les forces russes. 

« Avdiïvka ressemble de plus en plus à un endroit tiré de films post-apocalyptiques […] Par conséquent, une décision difficile a été prise d’évacuer […] les travailleurs municipaux qui ont au moins essayé de maintenir la propreté et la vitalité de la ville », a annoncé Vitaliy Barabash, chef de l’administration militaire locale, sur les réseaux sociaux. 

Il « recommande vivement » de quitter la ville, « car les roquettes et les projectiles russes n’épargnent rien ni personne », a-t-il ajouté. 

Les troupes russes tentent depuis des mois de prendre Avdiïvka, située sur le front depuis 2014 et le début de la guerre entre forces ukrainiennes et séparatistes pilotés par le Kremlin.

Bien qu’à seulement 13 km de Donetsk, la capitale sous contrôle russe de la région éponyme, la cité comptait encore 30 000 habitants lorsque le Kremlin a lancé en février 2022 son invasion de l’Ukraine.

Pilonnée par l’artillerie et plus récemment par l’aviation, elle ne compte plus que quelque 2300 habitants, dont 1960 recensés qui reçoivent une aide humanitaire, avait indiqué récemment à l’AFP M. Barabash. 

Avdiïvka est actuellement l’un des deux théâtres de combats les plus difficiles du front, avec celui de la ville de Bakhmout, située 60 km plus au nord.   

En juin, les Russes ont coupé l’une des deux principales routes d’accès à la ville et se sont positionnés à l’est et au sud. Ces derniers mois, ils ont progressé et pris des villages au sud-ouest et au nord, comme pour prendre Avdiïvka en tenaille, à défaut de pouvoir la prendre frontalement. 

Deux morts et 29 blessés dans un bombardement à Sloviansk Un bombardement russe a fait au moins deux morts et 29 blessés dans la ville de Sloviansk, dans l’est de l’Ukraine, a annoncé lundi le gouverneur régional. 

« Il y a deux morts et 29 blessés à Sloviansk, des bâtiments administratifs et des bureaux ont subi des dégâts ainsi que cinq immeubles et sept maisons », a déclaré le gouverneur, Pavlo Kyrylenko, sur Facebook, précisant que les forces russes avaient « frappé le centre de la ville vers 10 h 30 (3 h 30 heure de l’Est) avec deux missiles S-300 ».

Le gouverneur a ajouté qu’une autre ville de la région de Donetsk, Droujkivka, avait été visée par une attaque. « Deux missiles S-300 ont frappé l’orphelinat de Droujkivka et l’ont presque complètement détruit », a-t-il dit, ajoutant que cette frappe n’avait pas fait de victimes selon de premières informations.

« Un autre jour qui a commencé avec le terrorisme de la Fédération de Russie. L’État agresseur a frappé notre ville de Sloviansk, » a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux. 

« L’ennemi doit le savoir : l’Ukraine ne pardonnera pas les tortures infligées à notre peuple, ne pardonnera pas ces morts et ces blessures », a-t-il ajouté. 

Les forces russes ont fait de la conquête de la région de Donetsk leur principale priorité sur le plan militaire et ont annoncé l’an dernier l’avoir annexée, même si elles n’en contrôlent pas la totalité.

Les premiers chars britanniques Challenger sont arrivés [...] 
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Agence France-Presse 
La Presse, le 27 mars 2023

lundi 27 mars 2023

Jour 297 - Armes nucléaires russes en Biélorussie, nouveau bluff de Poutine ?


Vladimir Poutine brandit une nouvelle fois la menace de l’arme atomique. Le président russe a annoncé samedi vouloir stationner des missiles nucléaires « tactiques » dans un pays voisin, la Biélorussie. Quelques jours plus tôt, les Britanniques confirmaient la livraison de munitions « à uranium appauvri » en Ukraine. Que craindre de ce dangereux duel d’armes radioactives ? 

« En principe, on fait la même chose que ce qu’ils font. [Les États-Unis] déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés et y entraînent des gens pour les tirer. » Par ces mots prononcés à la télévision d’État, le président russe, Vladimir Poutine, a brandi une nouvelle fois la menace d’une guerre nucléaire. Son armée utilisera un pays voisin, la Biélorussie, pour y stationner une partie de ses armes de destruction massive. Elle commencera par « former les équipages » à partir du 3 avril et estime pouvoir « terminer la construction d’un entrepôt spécial pour les armes nucléaires tactiques sur le territoire de la Biélorussie » le 1er juillet. Dix avions auraient déjà été équipés pour être prêts à utiliser ce genre d’armement, selon ses dires. 

Derrière cette déclaration martiale du président russe, plusieurs voient un coup de bluff, à commencer par les Américains. « Les États-Unis n’ont vu aucune indication que la Russie ait encore transféré des armes nucléaires en Biélorussie, a rejeté dimanche le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby. Nous n’avons vu aucune indication que [Vladimir Poutine] ait tenu sa promesse ou déplacé des armes nucléaires. » 

« Nous n’avons constaté aucun changement dans le dispositif nucléaire de la Russie qui nous amènerait à adapter le nôtre », a renchéri dimanche la porte-parole de l’OTAN, Oana Lungescu. 

« Ce n’est pas nécessairement un bluff, c’est juste que ça ne change pas grand-chose », observe pour Le Devoir Émile Lambert-Deslandes, coordonnateur du Réseau d’analyse stratégique, un réseau partenaire du ministère de la Défense du Canada. Des missiles nucléaires russes sont déjà stationnés à 50 kilomètres de la frontière polonaise et de l’OTAN. Un site de lancement a été repéré dans l’enclave russe de Kaliningrad par des scientifiques américains il y a quelques années. 

« C’est dangereux, par contre », souligne M. Lambert-Deslandes. « Dans un sens, oui, plus ils menacent d’utiliser l’arme nucléaire pour après ne pas le faire, moins ils sont convaincants. Mais ils ont encore l’arme nucléaire et la capacité de l’utiliser. C’est un développement qui n’est pas rassurant, parce que ça démontre encore que la Russie est prête à l’utiliser, l’arme nucléaire, pour faire de la pression, et l’utiliser de manière agressive. »

Une arme politique 
L’Ukraine n’a pas tardé à réagir à cette menace en réclamant d’urgence une « réunion extraordinaire » des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. « L’Ukraine attend des actions efficaces, pour contrer le chantage nucléaire du Kremlin, de la part du Royaume-Uni, de la Chine, des États-Unis et de la France », a clamé le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué. 

Cet appel risque fort de rester lettre morte. La Russie doit prendre la présidence de cette haute instance à partir d’avril pour un mois. 

Le danger d’une escalade atomique demeure faible, surtout après la visite récente du président chinois à Moscou. Xi Jinping a refroidi toute ardeur russe d’une guerre nucléaire chaude, à en croire le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell. Le président Xi aurait dit « très, très clairement» à son homologue russe qu’il ne devait pas déployer de telles armes, a dévoilé la semaine dernière le haut diplomate aux journalistes. 

En outre, le « plan de paix » de Pékin pour l’Ukraine stipule que « la prolifération nucléaire doit être empêchée et la crise nucléaire évitée ». Le communiqué commun de la Russie et de la Chine après leur rencontre de la semaine dernière précise que « tous les États dotés d’armes nucléaires devraient […] retirer les armes nucléaires déployées à l’étranger ». 

« Le fait que la Russie décide d’aller de l’avant avec ce projet-là avec la Biélorussie… Ça devient gênant pour la Chine », note Émile Lambert-Deslandes. 

Un coup d’oeil au calendrier peut aussi expliquer cette menace de Poutine. Son intention de placer ses pions en Biélorussie a été communiquée le 25 mars, jour férié de « Journée de la liberté », censé commémorer la naissance, en 1918, de la République populaire de Biélorussie. 

Uranium appauvri [...] 
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Jean-Louis Bordeleau 
Le Devoir, le 27 mars 2023

dimanche 26 mars 2023

Jour 396 - Poutine va déployer des armes nucléaires «tactiques» en Biélorussie


(Moscou) Le président russe Vladimir Poutine a affirmé samedi que Moscou allait déployer des armes nucléaires « tactiques » sur le territoire de son allié, la Biélorussie, un pays situé aux portes de l’Union européenne. 

Des responsables russes ont émis à plusieurs reprises des menaces à peine voilées de se servir de l’arme nucléaire en Ukraine en cas d’escalade significative du conflit. Dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko, la Biélorussie est frontalier de l’Ukraine, de la Pologne et de la Lituanie. 

« Il n’y a rien d’inhabituel ici : les États-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés », a déclaré Vladimir Poutine lors d’une interview diffusée à la télévision russe.   

« Nous avons convenu de faire de même », a-t-il ajouté, disant avoir l’accord de Minsk. 

« Nous avons déjà aidé nos collègues biélorusses et équipé leurs avions […] sans violer nos engagements internationaux en matière de non-prolifération des armes nucléaires. Dix avions sont prêts à utiliser ce type d’arme », a poursuivi M. Poutine, selon lequel Moscou a aussi transféré des missiles Iskander. 

« À partir du 3 avril, nous commençons à former les équipages. Et le 1er juillet, nous terminerons la construction d’un entrepôt spécial pour les armes nucléaires tactiques sur le territoire de la Biélorussie », a-t-il ajouté. 

La Biélorussie ne prend pas part directement au conflit en Ukraine, mais Moscou s’est servi de son territoire pour conduire son offensive sur Kyiv l’année dernière ou pour mener des frappes, selon les autorités ukrainiennes. 

Obus à l’uranium 
Selon M. Poutine, cette décision a été motivée par la volonté de Londres d’envoyer des munitions à uranium appauvri à l’Ukraine, comme évoqué récemment par une responsable britannique. 

M. Poutine a menacé de recourir également à ce type d’obus, utilisé pour percer les blindages, si Kyiv venait à en recevoir. 

« La Russie, bien sûr, a de quoi répondre. Nous avons, sans exagérer, des centaines de milliers d’obus de ce type. Nous ne les utilisons pas pour le moment », a déclaré le président russe. 

Il a qualifié ce type d’obus d’arme parmi « les plus dangereuses » et qui « génère ce que l’on appelle des poussières de radiation ». 

La vice-ministre britannique de la Défense Annabel Goldie avait confirmé lundi que le Royaume-Uni fournirait à l’Ukraine des obus à uranium appauvri, efficaces contre les chars et les autres véhicules blindés. 

M. Poutine a également dit samedi considérer que les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine, vitales l’effort de guerre de Kyiv, étaient une « menace » pour la Russie.

Il s’est toutefois félicité des progrès de l’industrie de l’armement russe, qui sera selon lui capable de produire 1600 chars dans les trois prochaines années, ce qui permettrait à l’armée russe d’en avoir « plus de trois fois plus » que son adversaire. 

Menaces nucléaires [...] 
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Agence France-Presse 
La Presse, le 25 mars 2023

samedi 25 mars 2023

Jour 395 - Russes et Ukrainiens accusés d’exécutions sommaires de prisonniers


(Kyiv) L’ONU accuse les forces russes et ukrainiennes d’avoir commis des exécutions sommaires de prisonniers de guerre pendant l’invasion russe de l’Ukraine, Kyiv jugeant toutefois « inacceptable » d’être renvoyé dos-à-dos avec son « agresseur ». 

« Nous sommes profondément préoccupés par l’exécution sommaire de 25 prisonniers de guerre et personnes hors de combat russes » ainsi que par celle de « 15 prisonniers de guerre ukrainiens », a déclaré vendredi à Kyiv Matilda Bogner, cheffe de la mission de surveillance des droits de l’homme des Nations unies en Ukraine. 

Selon Mme Bogner, l’ONU a documenté les exécutions de Russes par les forces armées ukrainiennes, 
« souvent » perpétrées « immédiatement après la capture sur le champ de bataille ». 

L’ONU sait que cinq enquêtes sont menées par Kyiv concernant 22 victimes, mais « nous n’avons connaissance d’aucune poursuite à l’encontre des auteurs » de ces crimes, a-t-elle ajouté, en présentant le rapport de la mission de l’ONU.

En ce qui concerne les exécutions de 15 prisonniers de guerre ukrainiens « peu après leur capture » par les forces armées russes, onze d’entre elles ont été perpétrées par le groupe paramilitaire russe Wagner, a encore indiqué la responsable. 

Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, Kyiv et Moscou s’accusent mutuellement de mauvais traitements de prisonniers constituant des crimes de guerre. 

Dans son rapport publié vendredi, la mission de surveillance des droits de l’homme des Nations unies souligne également que des membres des forces armées ukrainiennes avaient soumis des prisonniers de guerre russes à des menaces de mort, à des simulacres d’exécution ou à des menaces de violences sexuelles. 

Dans plusieurs cas, les coups portés étaient « des représailles », selon le rapport. 

« Dans certains cas, des officiers ont battu des prisonniers de guerre en disant “C’est pour Boutcha” », a indiqué la mission, faisant référence à une ville près de Kyiv où les forces russes ont été accusées d’atrocités. 

« Avant l’interrogatoire, ils m’ont montré un manche de hache couvert de sang en guise d’avertissement », a déclaré un prisonnier de guerre russe cité dans le rapport, qui dit avoir été torturé à l’électricité. 

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères a dénoncé toute tentative « de mettre sur un même plan la victime et l’agresseur », jugeant « inacceptable d’imputer une responsabilité à la victime d’une 
agression ».

« Ils nous ont brisés » 
Le rapport dénonce aussi les mauvais traitements subis par les prisonniers de guerre ukrainiens aux mains des forces russes, dont la torture, le refus de soins médicaux ayant parfois entraîné la mort, les violences sexuelles, le refus d’accès à l’eau et à la nourriture. 

Des prisonniers de guerre ukrainiens ont déclaré avoir été torturés et maltraités pour obtenir des informations ou à titre de punition. Ils ont dit avoir été battus avec des pelles, poignardés, soumis à des décharges électriques et étranglés. 

« Certains d’entre eux ont perdu des dents ou des doigts, se sont fait casser des côtes, des doigts ou le nez », indique le rapport. 

« Ils ne se sont pas contentés de nous battre, ils nous ont brisés. Ils ont utilisé leurs poings, leurs jambes, des matraques, des tasers. Certains prisonniers de guerre ont eu les bras ou les jambes cassés », a déclaré un homme cité dans le document.

L’émissaire ukrainien aux droits de l’homme, Dmytro Loubinets, s’est dit « surpris » par les accusations de l’ONU envers Kyiv, soulignant vendredi sur Telegram ne pas en avoir été informé à l’avance.

Sans démentir directement les violations imputées aux forces ukrainiennes, il a dit vouloir « connaître les faits et les arguments incontestables sur lesquels se fondent les conclusions » du rapport de l’ONU. 

Début mars, une vidéo montrant l’exécution présumée d’un prisonnier de guerre ukrainien par des soldats russes avait provoqué un choc en Ukraine. 

En novembre, le Kremlin s’était indigné de deux vidéos montrant l’exécution présumée d’une dizaine de militaires russes qui venaient de se rendre aux forces ukrainiennes. 

Quatre morts dans des frappes russes [...]
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Agence France-Presse
 La Presse, le 25 mars 2023 
Mis à jour à 0 h 12

vendredi 24 mars 2023

Jour 394 - Zelensky près du front sud, l’armée annonce par erreur un retrait russe


(Kyiv) Le président Volodymyr Zelensky s’est rendu jeudi près du front dans le sud de l’Ukraine, demandant des missiles et des avions aux Européens, son armée annonçant elle par erreur un retrait russe d’une ville sur l’autre rive du Dniepr, dans la même zone. 

Dans l’est du pays, à Bakhmout, où se concentrent depuis des mois l’essentiel des combats, l’armée ukrainienne a assuré observer un « épuisement » des forces russes et entendre s’en servir pour lancer « très bientôt » une contre-offensive.

M. Zelensky, qui s’est rendu mercredi près de Bakhmout, est apparu jeudi près de Kherson, une ville dont les Russes se sont retirés en novembre 2022 pour se replier de l’autre côté du Dniepr, fleuve marquant la frontière naturelle entre les deux armées. 

Quelques heures après son déplacement, le ministère de la Défense de l’Ukraine a annoncé que les forces russes s’étaient retirées mercredi de leurs positions à Nova Kakhovka, ville de 45 000 habitants avant la guerre à l’est de Kherson, et où se trouve notamment un barrage hydroélectrique. 

Une information ensuite démentie par l’état-major ukrainien, qui a reconnu une erreur.

« Les occupants se trouvent encore temporairement à Nova Kakhovka. L’information sur le supposé retrait de l’ennemi de cette localité a été rendue publique à la suite d’une utilisation incorrecte des données disponibles », a-t-il indiqué. 

La fausse annonce a aussi immédiatement été démentie par l’occupation russe dans cette région dont Moscou a revendiqué l’annexion. 

« Je déclare officiellement que tout le personnel militaire russe à Nova Kakhovka, ainsi que dans d’autres endroits sur la rive gauche du Dniepr, reste sur ses positions », a écrit sur Telegram Vladimir Saldo, responsable prorusse local. 

Des témoins à Nova Kakhovka contactés par l’AFP ont également affirmé que les troupes russes étaient toujours sur place. 

Missiles et avions 
Le président Zelensky, en déplacement dans la région jeudi, a en particulier fait une apparition à Possad-Pokrovské, une localité qui a subi d’importantes destructions et a été aux mains de l’armée russe jusqu’à son retrait à l’automne. 

M. Zelensky a également visité une station électrique endommagée pendant la vague de frappes contre les installations énergétiques ukrainiennes tout au long de l’hiver. 

Selon la présidence, ce séjour était axé sur la reconstruction dans la région de Kherson. 

Le président a ensuite appelé, par visioconférence à bord d’un train, les dirigeants européens réunis en sommet à Bruxelles, pour leur demander des missiles à longue portée et des avions de combat. 

Il a en outre demandé l’adoption de nouvelles sanctions contre la Russie, des avancées sur l’adhésion de son pays à l’UE et des progrès sur son plan de paix, selon un responsable européen. 

Beaucoup de pays occidentaux sont réticents à livrer des armes à Kyiv, de peur de provoquer une escalade du conflit en permettant à l’Ukraine de frapper le territoire de la Russie. 

Certains pays européens ont toutefois annoncé être prêts à fournir à l’Ukraine des avions de combat de construction soviétique. Quatre MIG-29 ont été livrés jeudi à l’Ukraine, a annoncé le ministère de la Défense de Slovaquie. La Pologne a également promis de fournir 4 MIG-29. 

Les Européens ont aussi approuvé lundi l’allocation de 2 milliards d’euros pour financer des achats communs de munitions d’artillerie dont l’Ukraine a désespérément besoin pour contrer l’offensive des troupes russes dans l’Est. 

Appel Xi-Zelensky ? [...] 
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Victoria Lukovenko 
Agence France-Press 
La Presse, le 23 mars 2023