samedi 9 juillet 2022

Jour 136 - L’appui financier à l'Ukraine s’essouffle-t-il ?



Le temps s’est écoulé depuis le 24 février, date où a commencé l’invasion russe de l’Ukraine. Depuis, les forces ukrainiennes ont repoussé l’ennemi des alentours de la capitale, Kiev, qui a pu souffler un peu. Les combats se poursuivent dans l’est du pays, et la résistance dépend de l’aide de pays majoritairement occidentaux, qui, selon des observateurs, peine à se concrétiser sur le terrain, et dont le financement s’essouffle.

Mercredi, le Kiel Institute for the World Economy, qui est basé en Allemagne et qui compile des données sur les montants d’argent promis à l’Ukraine, notait dans une nouvelle analyse un ralentissement entre le 8 juin et le 1er juillet. « Seules quelques nouvelles promesses ont été ajoutées, et elles étaient moins substantielles », souligne l’Institut. 

« Le soutien financier et militaire apporté par d’autres pays à l’Ukraine n’est pas à la hauteur de ce qui est nécessaire pour stabiliser la situation, remarque l’organisme. Globalement, la dynamique des nouveaux engagements s’essouffle. Les armes et les aides financières ne continuent d’être fournies qu’avec de très longs retards. » 

Yann Breault, professeur adjoint en études internationales au Collège militaire royal de Saint-Jean, note lui aussi une « perte d’élan dans l’ampleur de l’aide depuis quelques semaines », qui « risque de se poursuivre dans les prochains mois ». « Il y a des incertitudes économiques à l’horizon, on commence à mettre en doute la capacité de soutenir financièrement à long terme les Ukrainiens », dit-il.

 [...] 

 Dominique Arel, titulaire de la Chaire en études ukrainiennes de l’Université d’Ottawa, ne voit quant à lui pas d’essoufflement dans l’immédiat. Il constate, au contraire, que la volonté des politiciens d’aider l’Ukraine semble augmenter, prenant pour preuve le dernier sommet de l’OTAN, tenu fin juin, où les pays membres ont indiqué leur intention de tenir tête à la Russie. « Il y a une recrudescence [du soutien]. Mais, sur le plan logistique, est-ce qu’il y a vraiment un flot de nouvelles armes en Ukraine ? Ça, c’est difficile de le savoir. » 

Anne-Marie Provost 
Le Devoir, 9 juillet 2022

vendredi 8 juillet 2022

Jour 135 - Vladimir Poutine lance un défi aux Occidentaux



Vladimir Poutine a défié les Occidentaux de se lancer dans l’arène militaire, jeudi, alors que redoublaient les bombardements, par son armée, des villes qui lui échappent encore dans le Donbass, dans l’est de l’Ukraine. 

« Nous entendons qu’ils veulent nous vaincre sur le champ de bataille. Que dire ? Qu’ils essaient ! » a lancé M. Poutine, s’adressant aux Américains et Européens qui ont accéléré les livraisons d’armes lourdes à Kiev. « Chacun doit savoir que nous n’avons pas encore commencé les choses sérieuses », a-t-il ajouté, dans un discours retransmis à la télévision russe. 

« En même temps, nous ne refusons pas les négociations de paix. Mais ceux qui les refusent doivent savoir que plus longtemps [ils refuseront], plus il leur sera difficile de négocier avec nous », a-t-il ajouté.
 

Sur le terrain, dans le bassin du Donbass, où l’armée ukrainienne a ralenti avec acharnement la poussée russe ces dernières semaines, l’heure n’était pas à la négociation, mais aux frappes sur les villes encore aux mains des Ukrainiens. 

[...]Les Russes, qui ont avancé ces dernières semaines dans le Donbass — leur objectif prioritaire depuis leur retrait des environs de Kiev fin mars —, affirment avoir pris il y a quelques jours le contrôle total de la province de Louhansk, l’une des deux formant le bassin minier. Les Russes « ne sont toujours pas parvenus aux limites de la région », a par contre démenti jeudi le gouverneur de la province, Serguiï Gaïdaï. 

Les forces de Moscou cherchent maintenant à conquérir l’autre province, celle de Donetsk, pour occuper l’intégralité du Donbass, que les séparatistes soutenus par Moscou contrôlent partiellement depuis 2014. 

Nicolas Garcia, Agence France-Presse 
Le Devoir, 8 juillet 2022

jeudi 7 juillet 2022

Jour 134 - L’évacuation de Sloviansk se poursuit


Les civils ont continué mercredi d’évacuer la ville bombardée de Sloviansk, dans l’est de l’Ukraine, prochain objectif et priorité des forces russes dans leur plan de conquête totale du bassin du Donbass, après quatre mois et demi de conflit. 

 « L’évacuation est en cours », a déclaré le maire, Vadim Liakh. « Il reste en ce moment 23 000 habitants » à Sloviansk, qui en comptait environ 110 000 avant le conflit, a-t-il ajouté dans une vidéo. Et « 17 sont morts et 67 ont été blessés » depuis le début des hostilités. 

Dans cette cité bombardée depuis plusieurs semaines, « les infrastructures essentielles fonctionnent toujours, mais il n’y a plus de réseau central d’approvisionnement en eau depuis un mois, et un tiers de la ville se retrouve régulièrement sans électricité », a souligné M. Liakh. 

« Mon principal conseil : évacuez ! » a lancé le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, soulignant que, « pendant la semaine, il n’y a pas eu un jour sans bombardement » à Sloviansk. Mardi, ce dernier avait déclaré que les dernières frappes russes avaient fait deux morts et sept blessés. 

Comme d’autres responsables locaux, M. Liakh a affirmé que les forces ukrainiennes repoussaient les tentatives de percée russes vers Sloviansk et sa ville jumelle de Kramatorsk, le centre administratif de la partie du Donbass contrôlée par Kiev. Selon lui, « les Russes n’arrivent pas à s’approcher » de Sloviansk ou à l’« encercler », car ils sont bloqués par les soldats ukrainiens à une quarantaine de kilomètres de là. « 

Il y a en ce moment le plus brutal des affrontements entre Sloviansk et Bakhmout », a résumé dans son adresse du soir le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Nicolas Garcia Agence France-Presse
Le Devoir, 7 juillet 2022

mercredi 6 juillet 2022

Jour 133 - Reconstruire l’Ukraine...



[...] Des « fonds colossaux » nécessaires pour aider la population, reconstruire les villes et infrastructures détruites par la guerre, mais aussi « préparer les écoles et universités pour une nouvelle année scolaire » et « se préparer pour l’hiver », a souligné lundi soir le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.«  

Le processus de rétablissement doit être transparent et responsable devant le peuple ukrainien », indique la déclaration adoptée mardi à Lugano, alors que la perspective de l’afflux de milliards de dollars d’aide inquiète, la corruption étant endémique dans le pays. 

Dans son rapport 2021 sur la corruption, l’ONG Transparency International classait l’Ukraine 122e sur 180 pays, et la Russie 136e. La conférence de Lugano avait été planifiée bien avant la guerre déclenchée le 24 février par l’invasion russe : elle devait initialement porter sur des réformes en la matière. 

Benoit Finck Agence France-Presse 
Le Devoir 6 juillet 2022

mardi 5 juillet 2022

Jour 132 - Qui a peur de Vladimir Poutine ?

 

Faisant écho à la guerre en Ukraine, l’ex-agent du KGB Sergueï Jirnov publie L’engrenage, un ouvrage effarant sur les arcanes politiques du Kremlin tenu d’une main de fer par Vladimir Poutine, que l’auteur a rencontré à plusieurs reprises. Aujourd’hui réfugié en France, 

Jirnov n’est pas n’importe qui. Cet ex-officier supérieur et espion du KGB est un ancien camarade de promotion du tsar de Moscou, même si tous les deux ne se connaissaient pas à l’époque. Ils vont se croiser une première fois au moment où Poutine n’est qu’un « petit fonctionnaire zélé » en août 1980 durant les Jeux olympiques de Moscou, se remémore l’auteur. 

« J’avais 19 ans, confie-t-il au téléphone. J’ai été convoqué au bureau du KGB après une conversation téléphonique avec un touriste français qui a paru trop longue et suspecte aux autorités. » L’interrogatoire sera mené par « l’opportuniste » Vladimir Poutine. L’étudiant Jirnov découvre alors un personnage de l’ombre, mais ambitieux, qui avait fait le déplacement de Leningrad jusqu’à la capitale dans l’espoir de monter les échelons du pouvoir de l’appareil central du KGB.

 Ismaël Houssadine 
Le Devoir, 4 juillet 2022 

Pour lire l’article au complet, 

lundi 4 juillet 2022

Jour 131 - Louhansk sous l’emprise russe



C’en est fini de la souveraineté ukrainienne dans la région de Louhansk : appréhendée depuis des semaines, la prise totale de la région par l’armée russe a finalement été annoncée dimanche. Ce qui constitue, selon deux experts consultés par Le Devoir, un tournant symbolique, mais prévisible dans cette guerre qui s’enlise. 

Ce sont d’abord les autorités russes qui ont déclaré le matin que la ville clé de Lyssytchansk, dernier bastion ukrainien dans le Louhansk, avait rendu les armes après des semaines de combats dévastateurs. « Afin de préserver les vies des défenseurs ukrainiens, la décision a été prise de se retirer » de la ville, a ensuite annoncé l’état-major des forces armées ukrainiennes dans un communiqué. 

Alors que la guerre continue de semer désolation et destruction dans le pays, le président russe, Vladimir Poutine, progresse à présent vers l’un de ses objectifs militaires principaux : prendre le contrôle total de la région à majorité russophone du Donbass. Le Louhansk étant désormais sous l’emprise russe, c’est l’autre partie du Donbass, le Donetsk, qui doit s’attendre à être la cible des tirs russes dans les prochains jours. 

Dans une allocution prononcée dimanche soir, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a tenté un message d’espoir : « Si le commandement de notre armée retire des troupes de certains points du front où l’ennemi a l’avantage du feu — et cela s’applique en particulier à Lyssytchansk —, cela ne signifie qu’une chose : que nous reviendrons »

Violette Cantin
Le Devoir, 4 juillet 2022

dimanche 3 juillet 2022

Jour 130 - Violents combats à Lyssytchansk


Dans le Donbass, région industrielle de l’est de l’Ukraine, largement russophone, en partie contrôlée par les séparatistes prorusses depuis 2014 et dont Moscou vise la conquête, les informations en provenance de Lyssytchansk étaient contradictoires.  

« Les combats font rage […] Heureusement, la ville n’est pas encerclée et est sous contrôle de l’armée ukrainienne », a assuré dans la journée à la télévision Rouslan Mouzytchouk, porte-parole de la Garde nationale de l’Ukraine. 

 Les séparatistes soutenus par Moscou, citée par l’agence de presse TASS, ont auparavant affirmé que la ville était « totalement encerclée ».  

 Lyssytchansk est la dernière grande ville à ne pas être aux mains des Russes dans la région de Louhansk, l’une des deux provinces du Donbass et « épicentre des combats », selon les mots du président ukrainien Volodymyr Zelensky samedi soir. 

Benoit Finck, Agence France-Presse 
La Presse, 3 juillet 2022