samedi 30 juillet 2022

Jour 157 - Prison bombardée, Moscou et Kiev s’accusent mutuellement

 

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a qualifié le bombardement vendredi d’une prison qui a fait « plus de 50 morts » de « crime de guerre russe délibéré », après que Moscou eut accusé les forces ukrainiennes d’en être responsables. 

La frappe sur la prison d’Olenivka (est de l’Ukraine), où se trouvaient des prisonniers de guerre ukrainiens, en territoire séparatiste, est « un crime de guerre russe délibéré, un meurtre de masse délibéré », a déclaré le chef de l’État ukrainien. Cette « attaque des occupants » a fait « plus de 50 morts », a-t-il ajouté. 

Plus tôt, l’armée russe avait quant à elle fait état de 40 morts et 75 blessés, les autorités séparatistes prorusses de la région de Donetsk évoquant pour leur part jusqu’à 53 morts. 

Accusations croisées 
Dans un premier temps, c’est Moscou qui avait mis en cause Kiev. Le comité d’enquête russe a accusé les forces ukrainiennes d’avoir « tiré sur la prison où sont détenus les membres du bataillon Azov en utilisant des projectiles américains du système Himars ». 

Le régiment Azov s’était illustré dans la défense de Marioupol (sud-est). Après de longues semaines de siège et de résistance sur le site sidérurgique d’Azovstal, quelque 2500 combattants ukrainiens s’étaient rendus en mai à l’armée russe. Moscou avait fait savoir qu’ils seraient incarcérés à Olenivka. 

« Cette provocation scandaleuse vise à effrayer les soldats ukrainiens et à les dissuader de se rendre », a assuré le ministère russe de la Défense. Mais l’Ukraine a ensuite très vite démenti avoir visé des infrastructures civiles ou des prisonniers de guerre, assurant que l’armée « adhère pleinement aux principes et aux normes du droit international humanitaire ». L’état-major ukrainien a estimé qu’il s’agissait ainsi d’« accuser l’Ukraine d’avoir commis des crimes de guerre » et de « camoufler les tortures de prisonniers et les exécutions » qui y ont été « perpétrées ».

Selon le renseignement ukrainien, l’attaque « a été réalisée par des mercenaires de la division Wagner », et elle « n’a pas été coordonnée avec la direction » du ministère russe de la Défense, a ensuite précisé l’état-major ukrainien. 

La télévision publique russe a de son côté diffusé des images présentées comme celles de baraquements carbonisés et d’armatures de lits en métal détruits. Elle a montré des images floutées de ce qui semble être des corps humains. L’AFP n’a pas pu vérifier l’ensemble de ces déclarations de source indépendante.

Agence France-Presse à Kiev 
Le Devoir, 28 juillet, 20 h 03

vendredi 29 juillet 2022

Jour 156 - Frappes russes et vaste pilonnage en Ukraine


Les forces russes ont frappé jeudi des infrastructures militaires et civiles dans de très nombreuses régions ukrainiennes, y compris près de la capitale, Kiev, faisant au total au moins huit morts et une trentaine de blessés, une véritable « terreur des missiles », a dénoncé le président Volodymyr Zelensky. 

 L’Ukraine attendait toujours que de premiers navires chargés de céréales bloqués en raison de l’invasion russe puissent quitter ses côtes à destination des marchés mondiaux, conformément aux accords signés le 22 juillet à Istanbul. Les trois ports désignés pour ces exportations par la mer Noire avaient recommencé mercredi à fonctionner. 

Les Européens restaient pour leur part inquiets, après que la Russie leur a fortement réduit dans les dernières semaines ses livraisons de gaz, notamment celles empruntant le gazoduc Nord Stream, qui ne fonctionnait mercredi qu’à 20 % de sa capacité. 

 « Si la Russie veut nous couper le gaz, elle n’attendra pas l’automne ou l’hiver pour le faire, elle ne nous permettra pas de remplir nos stocks pendant l’été », a déclaré jeudi le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, jugeant néanmoins peu probable une interruption « brutale » de ces approvisionnements.« Elle le fera le plus tôt possible pour éviter qu’en hiver, nous ayons des réserves qui nous permettent de tenir », a-t-il ajouté. 

La veille, Volodymyr Zelensky avait assuré que l’Ukraine s’apprêtait à augmenter ses exportations d’électricité vers l’Union européenne pour l’aider à « résister à la pression énergétique » de Moscou.« Elle le fera le plus tôt possible pour éviter qu’en hiver, nous ayons des réserves qui nous permettent de tenir », a-t-il ajouté. 

 Sur une grande partie du territoire ukrainien, le pilonnage de l’armée russe ne faiblissait pas jeudi. 

[...] 

 Des tirs au lance-roquettes multiple partis de la Biélorussie voisine, alliée de la Russie, ont par ailleurs causé des « pertes » parmi les militaires ukrainiens dans la région septentrionale de Tchernihiv. Dans le sud, une école a été détruite et il y a eu au moins un blessé quand une véritable pluie de missiles est tombée, selon le gouverneur de Mykolaïv. 

 Dmytro Gorshkov - 
Agence France-Presse 
Le Devoir, 29 juillet 2022

jeudi 28 juillet 2022

Jour 155 - Reprise des activités dans les ports ukrainiens


Les trois ports ukrainiens désignés pour les exportations de céréales ont recommencé mercredi à fonctionner, tandis que l’armée ukrainienne a en partie détruit un pont d’importance stratégique dans la région méridionale de Kherson, occupée par les Russes et que les forces de Kiev cherchent à reprendre. 

 Le gouvernement ukrainien s’attend à ce que les premiers chargements puissent quitter « dès cette semaine » les ports de la mer Noire, où ils étaient bloqués depuis le début de l’invasion russe le 24 février, sur fond de flambée des prix des denrées alimentaires à travers le monde. 

 En application là aussi des accords signés pour quatre mois le 22 juillet à Istanbul, le Centre de coordination conjointe (CCC) chargé du contrôle du transport via la mer Noire des grains ukrainiens a été officiellement inauguré le même jour dans cette métropole turque. 

 Autre conséquence de l’offensive russe, le gazoduc Nord Stream 1 entre la Russie et l’Allemagne n’est désormais en service, comme cela était prévu, qu’à environ un cinquième de sa capacité, renforçant les risques de pénuries cet hiver en Europe. 

 Des convois pour transporter les céréales 
« Les ports d’Odessa, de Tchornomorsk et de Ioujny [Pivdennyi, ndlr] ont repris le travail », a annoncé mercredi la marine ukrainienne. 

« La sortie et l’entrée des navires dans les ports maritimes se feront par la formation d’un convoi qui accompagnera le navire de tête », a-t-elle poursuivi. Kiev et Moscou se sont mis d’accord à Istanbul, avec une médiation de la Turquie et sous l’égide de l’ONU, pour permettre la livraison à l’étranger des quelque 25 millions de tonnes de céréales coincées dans les ports ukrainiens. 

Les responsables ukrainiens ont toutefois dit à plusieurs reprises ne pas faire confiance à Moscou pour assurer la sécurité des convois et rappellent les tirs de missiles russes samedi sur le port d’Odessa. 

 Le Kremlin a pour sa part déclaré ne pas voir d’obstacles à la reprise des exportations, également entravées par la présence de mines marines déposées par les forces ukrainiennes pour se prémunir d’un assaut amphibie russe. Le déminage n’aura lieu que « dans le couloir nécessaire aux exportations », a souligné Kiev. 

Dmytro Gorshkov - Agence France-Presse 
Le Devoir, 28 juillet 2022

mercredi 27 juillet 2022

Jour 154 - Odessa, cible de nouveaux tirs russes



La Russie a ciblé mardi les régions ukrainiennes d’Odessa et de Mykolaïv, sur la mer Noire, avec des frappes aériennes, touchant des bâtiments privés et des infrastructures portuaires le long de la côte sud du pays, a déclaré l’armée ukrainienne. [..] 

Dans la région d’Odessa, un certain nombre de bâtiments privés dans des villages de la côte ont été touchés et ont pris feu, selon le rapport. Dans la région de Mykolaïv, les infrastructures portuaires ont été ciblées.
 

Quelques heures après la reprise des frappes au sud, un responsable installé par Moscou dans la région sud de Kherson a déclaré que les régions d’Odessa et de Mykolaïv seraient bientôt « libérées » par les forces russes, tout comme la région de Kherson, plus à l’est. « La région de Kherson et la ville de Kherson ont été libérées pour toujours », a lancé Kirill Stremousov, qui était cité par l’agence de presse russe RIA Novosti. 

 Les développements sont survenus alors que l’Ukraine semblait préparer une contre-offensive dans le Sud. La Russie avait précédemment attaqué le port d’Odessa ce week-end. L’armée britannique a indiqué mardi qu’il n’y avait aucune indication qu’un navire de guerre ukrainien et un stock de missiles antinavires se trouvaient sur le site, comme l’a affirmé Moscou. 

Le ministère britannique de la Défense a ajouté que la Russie considérait l’utilisation par l’Ukraine de missiles antinavires comme « une menace clé » qui limite sa flotte de la mer Noire. « Cela a considérablement sapé le plan d’invasion global, car la Russie ne peut pas de manière réaliste tenter un assaut amphibie pour s’emparer d’Odessa, a dit l’armée. 

La Russie continuera de donner la priorité aux efforts visant à dégrader et à détruire la capacité antinavire de l’Ukraine. » Elle a ajouté que « les processus de ciblage de la Russie sont très probablement régulièrement minés par des renseignements obsolètes, une mauvaise planification et une approche descendante des opérations ». 

Les bombardements russes au cours des dernières 24 heures ont tué au moins trois civils et en ont blessé huit autres en Ukraine, a annoncé mardi le bureau du président. Le gouverneur régional de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, a accusé les troupes russes d’utiliser des armes à sous-munitions et a réitéré son appel à l’évacuation des civils. « Il ne reste plus un seul endroit sûr, tout est bombardé, a déclaré M. Kyrylenko dans des propos télévisés. Mais il existe encore des voies d’évacuation pour la population. »

Suzie Blann 
La Presse canadienne à Kiev 
Le Devoir, 27 juin 2022

mardi 26 juillet 2022

Jour 153 - Reprise des exportations de céréales dès cette semaine...


Moscou a annoncé lundi une nouvelle coupe draconienne des livraisons de gaz à l’Europe, ravivant la bataille du gaz entre la 
Russie et l’Occident, tandis que Kiev espère pouvoir reprendre ses exportations de céréales « dès cette semaine ».

Le géant gazier russe Gazprom a annoncé lundi qu’il réduirait dès mercredi à 33 millions de mètres cubes quotidiens les livraisons de gaz russe à l’Europe via le gazoduc Nord Stream, arguant de la nécessité de maintenance d’une turbine. Le ministère allemand de l’Économie a toutefois affirmé qu’il n’y a « aucune raison technique » de procéder à de nouvelles baisses de livraison. Selon Berlin, il s’agit d’un « prétexte » et d’une décision « politique » pour peser sur les Occidentaux dans le cadre du conflit en Ukraine. 

De son côté, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a estimé que la Russie menait une « guerre gazière ouverte contre l’Europe unie » et a appelé cette dernière à « riposter » en renforçant les sanctions. 
Les Occidentaux accusent Moscou de se servir de l’arme énergétique en représailles des sanctions adoptées après l’offensive contre l’Ukraine. 

Parallèlement, les exportations de céréales bloquées en Ukraine depuis le début de l’invasion russe le 24 février devraient reprendre « dès cette semaine », a déclaré le ministre ukrainien de l’Infrastructure, Oleksandre Koubrakov, dans la foulée d’un accord conclu le 22 juillet à Istanbul entre Kiev, Moscou et la Turquie, sous l’égide de l’ONU. 

Dans un entretien téléphonique avec M. Koubrakov, le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a exprimé la « satisfaction » de la Turquie à cette annonce.« Il est important qu’un premier navire puisse partir le plus vite possible » a-t-il estimé. « Les travaux continuent de manière intense au Centre conjoint de coordination », a-t-il ajouté sans donner de date. 

Ce centre sera chargé de conduire les inspections de navires au départ et au retour de la mer Noire, comme l’exigeait Moscou. Selon M. Koubrakov, l’entrave principale à la reprise des exportations est le risque de bombardements russes, comme l’illustre la frappe ayant visé samedi le port d’Odessa sur la mer Noire, vital pour ce commerce. 

La Russie a affirmé lundi [hier] que ses frappes sur Odessa visaient des cibles militaires et n’entravaient pas la reprise des exportations de céréales. Moscou a assuré avoir détruit dans ce port du sud de l’Ukraine un bâtiment de guerre et des missiles fournis par les États-Unis. Les bombardements sur Odessa « visent uniquement l’infrastructure militaire », a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. 

Frankie Taggart 
Agence France-Presse 
Le Devoir, 26 juillet 2023

lundi 25 juillet 2022

Jour 152 - Cibles militaires détruites à Odessa, affirme Moscou


L'entente sur le dossier des céréales est-elle définitivement compromise ?

L’invasion russe de l’Ukraine est entrée dimanche dans son sixième mois, au lendemain de frappes sur le port d’Odessa qui menacent l’application de l’accord sur la reprise des exportations des céréales bloquées par la guerre. 

Moscou a assuré dimanche avoir détruit la veille dans ce port, vital pour le commerce des céréales ukrainiennes, un bâtiment de guerre ainsi que des missiles fournis par les États-Unis.   « Des missiles de haute précision et de longue portée tirés de la mer ont détruit un navire militaire ukrainien à quai et un stock de missiles antinavires Harpoon livrés par les États-Unis au régime de Kyiv », a déclaré le ministère russe de la Défense.

« Une usine de réparation et de modernisation de navires de l’armée ukrainienne a aussi été mise hors d’usage », a-t-il poursuivi dans un communiqué. Plus tôt, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, avait affirmé qu’une « vedette militaire » ukrainienne avait été détruite dans cette attaque.  

« Des missiles Kalibr ont détruit des infrastructures militaires du port d’Odessa, avec une frappe de haute précision », a-t-elle assuré.   L’AFP n’a pas été en mesure de confirmer de source indépendante les déclarations russes. 

Après les tirs sur Odessa, l’Ukraine a accusé Vladimir Poutine d’avoir « craché au visage » de l’ONU et de la Turquie et de compromettre la mise en œuvre de l’accord signé vendredi à Istanbul pour à nouveau permettre le transport en mer Noire des céréales immobilisées par le conflit. Samedi, la Russie avait pourtant démenti auprès d’Ankara avoir été impliquée dans ce bombardement. 

 L’invasion de l’Ukraine par la Russie — deux pays qui assurent notamment 30 % des exportations mondiales de blé — a conduit à une flambée des cours des céréales et des huiles, qui a en particulier durement frappé le continent africain. 

Frankie Taggart 
Agence France-Presse 
La Presse, 25 juillet 2022

dimanche 24 juillet 2022

Jour 151 - Accord sur les céréales durement compromis


La porte-parole de la diplomatie russe a affirmé dimanche que des missiles russes avaient détruit la veille des infrastructures militaires dans le port d'Odessa, vital pour l'exportation de céréales ukrainiennes. 

 “Des missiles Kalibr ont détruit des infrastructures militaires du port d'Odessa, avec une frappe de haute précision”, a écrit Maria Zakharova sur son compte Telegram, en réponse à une déclaration du président ukrainien Volodymyr Zelensky affirmant que ces frappes avaient détruit la possibilité d'un dialogue ou d'une entente avec Moscou. 

 Selon Mme Zakharova, ces missiles ont notamment détruit “une vedette militaire” ukrainienne. Elle n'a pas donné de précisions ni fourni de preuves. Après ces tirs sur Odessa, l'Ukraine a accusé Vladimir Poutine d'avoir « craché au visage » de l'ONU et de la Turquie et de compromettre l'application de l'accord signé vendredi sur la reprise des exportations des céréales bloquées par le conflit. 

Moscou avait d'abord démenti toute implication.  Samedi, la Russie avait pourtant démenti auprès de la Turquie avoir été impliquée dans ces frappes: “Les Russes nous ont dit qu'ils n'avaient absolument rien à voir avec cette attaque et qu'ils examinaient la question de très près”, a assuré le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar. 

 Selon Kiev, deux missiles ont frappé le territoire portuaire d'Odessa, et deux autres ont été abattus par les défenses antiaériennes avant d'atteindre leur cible. L'accord signé vendredi à Istanbul entre la Russie et l'Ukraine prévoit notamment l'instauration de “couloirs sécurisés” afin de permettre la circulation en mer Noire des navires marchands, que Moscou et Kiev s'engagent à “ne pas attaquer”, selon un responsable des Nations unies. 

 Il doit permettre d'exporter 20 à 25 millions de tonnes de grains bloquées en Ukraine et de réduire ainsi le risque d'une crise alimentaire mondiale. 

 Agence France-Presse
 Radio-Canada
 publié à 4h14, le 24 juillet 2022