samedi 1 juillet 2023

Jour 493 = Le point sur la guerre en Ukraine



. Après l'arrivée de Wagner en Biélorussie, Volodymyr Zelensky a donné l'ordre, vendredi 30 juin, de renforcer la frontière avec Minsk. 

 . Dans le même temps, le chef de la milice, Evgueni Prigojine, serait sur la "kill list" du FSB, selon les renseignements ukrainiens. Les faits marquants de ces dernières 24 heures. 

Kiev barricade sa frontière avec la Biélorussie 
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a ordonné, vendredi 30 juin, de renforcer la sécurité de la frontière avec Minsk, après l'arrivée sur place de combattants du groupe Wagner, après la rébellion avortée en Russie. "Sur décision de l'état-major, le commandant en chef (Valery) Zaloujny et le général (Serguiï) Naïev ont reçu l'ordre de renforcer la direction nord afin de garantir la paix", a-t-il annoncé sur Telegram. Il a indiqué avoir été informé de la situation par les services de renseignement ukrainiens et étrangers, ainsi que par les gardes-frontières. Dans un précédent message, le chef d'État ukrainien avait évoqué des "mesures pour renforcer cette zone ».

La Russie "plus forte" après la rébellion avortée de Wagner
Une semaine après la mutinerie de la milice d'Evgueni Prigojine, finalement stoppée alors que ses troupes se préparaient à "marcher sur Moscou", le pouvoir russe fait front. "La Russie est toujours sortie plus solide, plus forte, de toutes les difficultés. (...) Cela sera encore le cas cette fois. Nous sentons déjà que ce processus a commencé", a assuré le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'un point-presse. "Merci d'être inquiets pour nos intérêts nationaux, mais ce n'est pas nécessaire", a-t-il ajouté, répondant à une question d'un média étranger. Lors d'un déplacement dans le Caucase russe, mercredi 28 juin, où il s'est offert un rare bain de foule, le président russe, Vladimir Poutine, a assuré "ne pas avoir douté" du soutien de la population pendant l'insurrection armée de Wagner. 

Le FSB "a reçu l'ordre de tuer" Evgueni Prigojine
Alors qu'il s'est réfugié en Biélorussie, après sa rébellion avortée, le chef de Wagner serait sur la liste noire de Vladimir Poutine. Selon le directeur du renseignement militaire ukrainien (GUR), Kyrylo Boudanov, le sort du leader de la mutinerie serait scellé. "Nous savons que la tâche de tuer Prigojine a été confiée au FSB", a-t-il affirmé dans une interview, reprise par le ministre ukrainien de la Défense. "Vont-ils réussir ? Le temps nous le dira. Quoi qu'il en soit, toutes les tentatives d'assassinat potentielles ne seront pas rapides. Il leur faudra un certain temps pour développer les approches respectives et atteindre un stade où ils seront prêts pour une opération à grande échelle. Mais, je tiens à souligner qu'il s'agit d'une grande question ouverte. Seront-ils capables de faire cela ? Oseront-ils exécuter cet ordre ? » 

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 TF1 Info,  le 1er juillet 2023, à 5h55

vendredi 30 juin 2023

Jour 492 - Visite dans la région secouée par la rébellion de Wagner


(Voronej) Cratères de bombes, maisons endommagées, habitants sous le choc : la rébellion armée des mercenaires de Wagner a laissé des traces dans la campagne russe, à des centaines de kilomètres du front ukrainien. 

Samedi dernier, sur ordre de leur chef Evguéni Prigojine, des colonnes de véhicules groupe Wagner foncent depuis le sud-ouest de la Russie vers Moscou. Objectif : renverser le commandement militaire accusé de mensonges et d’incompétence en Ukraine. 

La mutinerie est l’une des pires menaces affrontées par Vladimir Poutine en plus de deux décennies de pouvoir. Mais, au bout de 24 heures de négociations, Evguéni Prigojine ordonne à ses hommes de faire demi-tour et part en exil en Biélorussie. 

Pendant cette action éclair, des affrontements aux circonstances encore floues éclatent entre Wagner et l’armée régulière dans la région de Voronej, à 450 kilomètres au sud de la capitale russe, une zone agricole réputée pour sa « terre noire » fertile. 

« Il y a eu le bruit d’un avion qui passe, mais on ne l’a pas vu. Il a fait des tours, puis il y a eu un sifflement et un grand fracas, puis un deuxième », raconte Lioubov, 65 ans, infirmière à l’hôpital de la ville d’Anna, à une heure et demie de route de Voronej. 

« Des gens disent que leurs vitres ont été soufflées. Nous avons une maison à l’écart (de la ville), du plâtre est tombé du 
plafond », dit cette dame à l’AFP, en attendant à l’arrêt de bus.

« On n’a pas besoin de la guerre ici, on n’a besoin de rien », ajoute-t-elle. « Mais je pense que tout ira bien, car nous avons Poutine dans ce pays, je le respecte, je l’adore, c’est un homme intelligent », conclut-elle en riant, son parapluie à la main. 

« Bombardements » 
À la sortie de la ville, plusieurs grands cratères de bombe sont visibles en contrebas d’une route dont la glissière de sécurité a été arrachée. Des arbres et un poteau électrique ont été soufflés par l’explosion. 

Evguéni Prigojine affirme que le groupe Wagner, très aguerri, a abattu plusieurs aéronefs de l’armée russe et que deux de ses hommes ont été tués et plusieurs blessés. M. Poutine a admis la mort de plusieurs pilotes, sans donner de chiffres. 

Dans le village d’Elizavetovka, dans une autre partie de la région de Voronej, 19 maisons ont été endommagées par des tirs.

« Il y a eu des coups de feu et des bombardements. Dieu merci, il était très tôt (samedi) et les gens dormaient », raconte un habitant, sous couvert d’anonymat. 

Une responsable de l’administration locale a ensuite exigé que l’AFP quitte le village, affirmant ne pas souhaiter montrer une image « négative » de la zone à des médias étrangers. 

Dans la capitale régionale, Voronej, un dépôt de carburant a pris feu près d’une grande artère de cette ville d’un million d’habitants pendant la rébellion, provoquant un immense incendie. Des réservoirs carbonisés y étaient toujours visibles mardi. 

« La faute de Poutine » [...] 
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Agence France-Presse 
La Presse, mis à jour le 29 juin 2023, à 23h24

jeudi 29 juin 2023

Jour 491 - Loukachenko, grand bénéficiaire de la crise Prigojine ?



Le coup de force avorté d’Evgueni Prigojine n’a pas fait que des perdants : Alexandre Loukachenko, président de la Biélorussie depuis 1994, émerge comme l’un des grands bénéficiaires de cette crise. La conférence de presse qu’il a donnée le 27 juin reflète le nouveau rôle qu’il entend jouer sur la scène politique européenne : un soutien de Vladimir Poutine, un médiateur entre les cercles de décision russe, un protecteur pour les rebelles et, donc, un négociateur potentiel entre la Russie et ses voisins. Mais il n’est pas le seul gagnant de ce road-movie politique. 

Résurrection d’un zombie politique 
La conférence de presse tenue par Alexandre Loukachenko mardi soir a consacré la résurrection politique du président biélorusse. Depuis 2020, il était en position de faiblesse à l’égard de la Russie et de son président. 

Après avoir truqué les élections présidentielles en août, après avoir réprimé l’opposition des mois durant et après avoir subi les sanctions de l’Union européenne, il avait dû renoncer à sa fonction de médiateur. Le président biélorusse ne pouvait plus se prévaloir du rôle d’intermédiaire qu’il avait joué en 2014 pour sceller les accords de Minsk entre la Russie, l’Ukraine et les Européens. 

Depuis 2020, il était manifestement l’obligé et le protégé du président russe : frappée par les embargos européens, l’économie biélorusse était devenue encore plus dépendante des échanges avec la Russie ; isolé politiquement en Europe, le leader biélorusse ne survivait internationalement que par ses entretiens réguliers avec Vladimir Poutine ; encadré par l’adhésion de son pays à l’Organisation du traité de sécurité collective et à l’Union économique eurasiatique, il était contraint de reprendre le projet d’union entre Russie et Biélorussie ; coupé des Européens, il était compromis dans l’invasion de l’Ukraine de multiples façons par son voisin russe : présence de troupes sur son territoire, positionnement d’armement nucléaire dans des sites biélorusses, etc.

De sa sécurité personnelle à l’approvisionnement énergétique de son pays et de la survie de son régime au positionnement international de son État, Alexandre Loukachenko était entièrement dépendant de son voisin russe. C’était une rupture notable pour cette ancienne république socialiste soviétique qui avait tenté de se positionner en passerelle entre l’Union européenne et la Fédération de Russie.

À la faveur du coup de force armé lancé par le fondateur et dirigeant de la société de mercenaires Wagner, Alexandre Loukachenko s’est imposé (ou a été imposé) comme celui qui a tiré profit de la crise et de sa résolution. Dans sa conférence de presse du 27 juin, il a souligné ses multiples rôles : conseiller en chef du président russe pour le dissuader d’« éliminer » le rebelle Prigojine, médiateur entre Vladimir Poutine et son ancien protégé, homme d’État capable d’écarter les risques de guerre civile en Russie, tacticien capable de réguler la lutte des clans interne à la Russie. 

Vainqueurs de la guerre des clans 
Dans l’entourage du président russe aussi, on peut dénombrer les gagnants — peut-être provisoires. Dans la lutte entre cercles de décision, le clan Prigojine a échoué à enrayer le renforcement des deux leaders qu’il contestait ouvertement depuis des mois, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef d’état-major Valéri Guerassimov. 

Le premier était depuis longtemps donné comme successeur potentiel de Vladimir Poutine ; le deuxième a été nommé en janvier à la direction opérationnelle des opérations en Ukraine. Leurs succès sont indubitables : ils vont réintégrer les mercenaires de Wagner dans les rangs de l’armée régulière et ils bénéficient de l’exil du chef de guerre qui les a défiés, les armes à la main. En un mot, ils n’ont plus de concurrent sous la forme de la société Wagner. 

Le président tchétchène, Ramzan Kadyrov, a lui aussi engrangé un double succès : sur le plan militaire, il a mobilisé sa « garde » contre les mercenaires Wagner et sur le plan politique, il s’est présenté comme le garde du corps en chef du président russe. Enfin, l’ancien président russe Dimitri Medvedev (2008-2021) s’est une nouvelle fois illustré dans la communication grand public pour répondre à la campagne Telegram de Prigojine. De porte-parole en chef à dauphin, il espère franchir le pas. 

Dans la lutte entre clans, ces quatre figures renforcent leur influence (et leur pression) sur la présidence russe, placée en état de dépendance accrue à leur égard. 

Et à la fin, c’est Poutine qui gagne ? [...] 
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Cyrille Bret, enseignant à Sciences Po, Paris 
Le Devoir, le 29 juin 2023

mercredi 28 juin 2023

Jour 490 - Prigojine en Biélorussie, l’OTAN met en garde Minsk et Moscou


(Moscou) Le chef du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine a été accueilli en Biélorussie dans le cadre d’un accord ayant mis fin à sa rébellion en Russie, amenant l’OTAN à affirmer qu’elle se défendra contre « toute menace » provenant de Moscou ou de Minsk. 

« Prigojine est déjà en train de voyager en avion. Oui, en effet, il est en Biélorussie aujourd’hui », a annoncé mardi le président biélorusse Alexandre Loukachenko, dans une déclaration ambiguë rapportée par l’agence de presse officielle Belta. Des médias biélorusses ont rapporté qu’un jet privé appartenant à M. Prigojine avait atterri à Minsk mardi matin.

Le tempétueux patron de Wagner s’était volatilisé depuis l’annonce de la fin de sa rébellion samedi soir, après 24 heures de chaos qui ont vu ses hommes s’emparer de bases militaires et marcher sur Moscou, avant de faire soudain volte-face. 

Si l’onde de choc de la révolte conduite par les hommes de cet ex-allié de Vladimir Poutine reste à mesurer, le Kremlin a d’ores et déjà nié que le président russe soit sorti affaibli de cette crise, pourtant la pire en plus de deux décennies de règne. 

M. Poutine a remercié mardi les militaires qui ont, selon lui, empêché une « guerre civile » de se produire. // « Vous vous êtes opposés à ces troubles dont le résultat aurait inévitablement été le chaos », a-t-il salué lors d’une cérémonie dans l’enceinte du Kremlin. 

La mine grave, la tête baissée, il a ensuite fait observer une minute de silence en hommage à des pilotes de l’armée tués par les mutins alors qu’ils « accomplissaient leur devoir avec honneur ». 

La rébellion a conduit la société à « se consolider autour du président », a assuré le Kremlin. « L’armée et le peuple n’étaient pas (du) côté » des mutins, a renchéri M. Poutine.

Désarmer Wagner 
Plus tôt, le ministère russe de la Défense, bête noire du groupe Wagner, avait annoncé que « des préparatifs (étaient) en cours pour le transfert des équipements militaires lourds de Wagner aux unités actives des forces armées » régulières.

Une telle mesure semble destinée à neutraliser le groupe paramilitaire, qui était jusque-là chargé d’accomplir les basses œuvres du Kremlin en Ukraine, en Syrie et dans plusieurs pays d’Afrique. 

Alors que les autorités russes niaient autrefois tout lien avec Wagner, M. Poutine a reconnu mardi que l’État avait « complètement financé » cette armée privée, lui versant près d’un milliard d’euros au cours de l’année écoulée.

Lundi soir, le président russe avait dénoncé avec colère une « trahison » de M. Prigojine, tout en assurant que les membres de Wagner pouvaient intégrer l’armée régulière ou se rendre en Biélorussie, dont le dirigeant a servi de médiateur pour stopper la crise.

Critiquant implicitement M. Poutine, M. Loukachenko a estimé que la rébellion était le résultat d’une mauvaise gestion des rivalités entre Wagner et l’armée russe qui n’ont cessé de croître depuis le début du conflit en Ukraine.

Le dirigeant biélorusse a aussi assuré avoir déconseillé à M. Poutine de « buter » M. Prigojine, et estimé que la Biélorussie pourrait profiter de l’« expérience » des combattants de Wagner qui viendront s’y réfugier. 

Une crise qui prouve, selon l’opposant russe emprisonné Alexeï Navalny, que le régime russe est « si dangereux pour le pays que même son effondrement inévitable constitue une menace de guerre civile ». 

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a mis en garde Moscou et Minsk contre toute 
« menace » qu’engendrerait la présence du patron de Wagner en Biélorussie, frontalier avec la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, trois pays membres de l’alliance. 

« Nous avons envoyé un message clair à Moscou et à Minsk : l’OTAN est là pour protéger chaque allié et chaque parcelle du territoire de l’OTAN », a-t-il affirmé à La Haye après un dîner avec sept chefs d’État ou de gouvernement des pays de l’alliance. « Il n’y a donc aucune place pour un malentendu à Moscou ou à Minsk quant à notre capacité à défendre les alliés contre toute menace potentielle ».

Dans un message audio diffusé lundi, M. Prigojine s’était défendu d’avoir tenté de « renverser le pouvoir », affirmant seulement vouloir « sauver » son groupe menacé d’être absorbé par l’armée régulière. 

Frappes contre Kramatorsk [...] 
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Agence France-Presse 
La Presse, le 27 juin 2023, mis à jour à 19h27

mardi 27 juin 2023

Jour 489 - Poutine se félicite, Prigojine se justifie


(Moscou) Vladimir Poutine s’est posé lundi soir en garant de la paix intérieure en Russie, assurant avoir évité un bain de sang, lors de sa première déclaration publique depuis la brève rébellion de Wagner, que son chef Evguéni Prigojine a justifiée pour sauver le groupe paramilitaire et non pour s’emparer du pouvoir. 

 Ce qu’il faut savoir 
. Le groupe paramilitaire Wagner a lancé une rébellion contre le commandement russe vendredi. . Les troupes d’Evguéni Prigojine ont pris le contrôle de sites militaires à Rostov avant de prendre la route vers Moscou. é Un accord a été négocié par le président biélorusse, Alexandre Loukachenko. 

. Le chef de Wagner a annoncé que ses troupes retournaient dans leurs camps. . Selon l’entente,
aucune poursuite ne devait être engagée contre M. Prigojine et ses soldats. 

. Le Kremlin a assuré que M. Prigojine devrait s’exiler en Biélorussie. 

. Le chef de Wagner a annoncé lundi qu’il ne visait pas à renverser le pouvoir 

« Dès le début des évènements, des mesures ont été prises sur mes instructions directes afin d’éviter une grande effusion de sang », a affirmé le président russe dans une courte adresse télévisée à la nation, en accusant l’Ukraine et l’Occident de souhaiter « une telle issue fratricide ». 

Peu auparavant, son homologue américain Joe Biden avait à l’inverse assuré que les Occidentaux n’étaient « pas impliqués » et n’avaient « rien à voir avec ces évènements », qualifiés de « problème interne à la Russie ».   

Remerciant les Russes pour leur « résilience », leur « unité » et leur « patriotisme », M. Poutine a déclaré que « cette solidarité citoyenne a montré que tout chantage […] est voué à l’échec ». 

Se posant en garant du retour au calme, le dirigeant russe a ensuite fait savoir, par le porte-parole de la présidence, qu’il était « en réunion de travail » avec les principaux responsables de la sécurité du pays, notamment le procureur général, les ministres de l’Intérieur et de la Défense, et le directeur du FSB (service de sécurité). Il les a « remerciés du travail accompli pendant ces quelques jours ».

Aux membres de Wagner acteurs de la mutinerie, qui a mené certains à un peu plus de 200 km de Moscou, il a proposé d’intégrer l’armée régulière, de « rentrer dans leurs familles et chez leurs proches » ou de « partir en Biélorussie », pays allié où leur patron Evguéni Prigojine doit s’exiler, selon le Kremlin. 

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko va « très bientôt » prononcer une allocution, a annoncé une chaîne Telegram proche de la présidence, sans précision de date. 

Lundi soir, M. Poutine a une nouvelle fois accusé le patron de Wagner, sans le nommer, d’avoir « trahi son pays et son peuple » tout en « mentant » à ses hommes. 

Dans la journée, Evguéni Prigojine avait lui justifié sa révolte par le fait qu’il voulait sauver son organisation, non s’emparer du pouvoir, et que sa tentative a mis en lumière les « graves problèmes de sécurité » en Russie. 

Les autorités russes se sont efforcées tout au long de la journée de lundi de donner une image de normalité dans le pays, malgré ce grave coup porté en l’espace de 24 heures à l’image de Vladimir Poutine, en pleine contre-offensive ukrainienne. 

Dans un message audio de 11 minutes, M. Prigojine n’a pas révélé où il se trouvait, alors que l’accord conclu samedi soir avec le Kremlin par l’entremise du président biélorusse Alexandre Loukachenko prévoit qu’il s’exile en Biélorussie. 

Selon lui, la marche de ses hommes vers Moscou a « mis en lumière de graves problèmes de sécurité dans le pays », ceux-ci ayant pu s’emparer sans grande résistance du QG de l’armée à Rostov-sur-le-Don et de plusieurs autres sites militaires, couvrant 780 kilomètres avant de s’arrêter à « à peine plus de 200 km de Moscou ». Il a aussi assuré avoir eu le soutien des civils rencontrés lors de cette courte rébellion. //

Apparente normalité 
Depuis des mois, le patron de Wagner accusait le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef d’état-major Valeri Guérasimov d’être incompétents et d’avoir envoyé au sacrifice des dizaines de milliers de soldats. 

Selon lui, le ministère de la Défense a essayé de démanteler Wagner en l’absorbant, puis a bombardé l’un de ses camps, faisant trente morts. Une accusation qu’avait démentie l’armée russe. 

Sergueï Choïgou, qui s’était volatilisé pendant la rébellion, est réapparu plus tôt lundi dans une vidéo en train d’inspecter des forces engagées en Ukraine, sans qu’il soit possible de déterminer quand ces images ont été filmées.

Le groupe Wagner a par ailleurs assuré que son siège à Saint-Pétersbourg fonctionnait « normalement », tandis que le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov relevait que les paramilitaires allaient continuer leurs opérations au Mali et en Centrafrique.

L’organisation a aussi repris son recrutement dans certaines régions de Russie, selon l’agence TASS. 

Autre signe de cet effort de retour à la normale, les autorités ont annoncé la fin du « régime d’opération antiterroriste » dans la région de Moscou et celle de Voronej, au sud de la capitale.

« Gros coup » pour Poutine [...] 
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Agence France-Presse 
La Presse, le 26 juin, mis à jour à 21h51

 

lundi 26 juin 2023

Jour 488 - Soulagement en Russie après le retrait des rebelles de Wagner


(Rostov-sur-le-Don) Au lendemain du retrait des combattants du groupe paramilitaire Wagner de Rostov, ville du sud-ouest de la Russie partiellement contrôlée samedi par les combattants rebelles, Rina Abramian se dit « soulagée ». 

« Lorsque la routine dans votre ville change et que vous ne comprenez pas vraiment ce qui se passe, vous vous sentez très anxieux et en danger », explique cette médecin âgée de 28 ans, un petit crucifix autour du cou. 

L’arrivée soudaine samedi des combattants de Wagner à Rostov, ville stratégique de plus d’un million d’habitants, a pris de court la population. 

Toute la journée, des hommes de Wagner au visage dissimulé ont patrouillé à Rostov en maîtres des lieux, fusil d’assaut en bandoulière, tandis que leur chef, Evguéni Prigojine, prenait ses quartiers au siège de l’armée qu’il a dit avoir pris « sans tirer un coup de feu » 

Samedi soir, alors que des colonnes de blindés de Wagner progressaient vers Moscou, le Kremlin et M. Prigojine ont brusquement annoncé la fin de la rébellion après une médiation du dirigeant biélorusse Alexandre Loukachenko. 

Dimanche, les traces de chenilles laissées par les chars de Wagner sont toujours visibles dans les rues de Rostov. Dans un parc, une bannière bleue proclame : « Les frères, empêchons un bain de sang, personne n’est l’ennemi de personne ici, la victoire n’est possible qu’ensemble ! » 

 « Bien terminé » 
Les habitants, qui sont nombreux à être restés cloîtrés chez eux samedi à l’appel des autorités locales, profitent désormais du soleil en déambulant dans les allées boisées.

Assise sur un banc, Tatiana, une enseignante retraitée de 76 ans qui ne veut pas donner son nom de famille, témoigne avoir été 
« très bouleversée » en apprenant le soulèvement de Wagner. 

« J’ai passé toute la journée [de samedi] à la maison […]. J’ai suivi les informations toute la journée et j’étais vraiment inquiète. Alors je suis contente que tout se soit bien terminé », ajoute-t-elle. 

Dmitri Filianine, un psychologue de 35 ans à la barbe taillée, se dit lui aussi soulagé, mais il se pose aussi beaucoup de questions. « L’incompréhension demeure. Pourquoi a-t-on fait cela ? Qui est à l’origine de tout cela ? », lance-t-il. « Il y a donc encore de la confusion, mais c’est devenu plus calme. » 

Si les habitants disent avoir été surpris par l’arrivée de Wagner et sont nombreux à se dire soulagés après le départ des mercenaires, certains ne cachent pas leur soutien pour les combattants de ce groupe qui a participé à l’offensive de Moscou en Ukraine, notamment à la désormais célèbre bataille de Bakhmout, ville de l’est de l’Ukraine dévastée par des mois de combats. 

« Wagner ! Wagner ! » [...] 
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Agence France-Presse La Presse, le 25 juin, mis à jour à 11h35

dimanche 25 juin 2023

Jour 487 - Rébellion en Russie - Coup d’État ou pas ?


Vladimir Poutine vient-il d’échapper à une tentative de coup d’État ? C’est la question que beaucoup se posent après la rébellion avortée du groupe paramilitaire Wagner, en Russie. Explications avec un spécialiste des conflits armés.

Qu’est-ce qu’un coup d’État ? 
C’est une prise du pouvoir brutale par un groupe appartenant à l’élite d’un régime. Généralement, il est mené par des militaires au sein de l’armée. Dans le scénario classique, les putschistes saisissent les installations centrales du pouvoir et placent le reste de l’armée devant le fait accompli, explique Theodore McLauchlin, professeur agrégé au département de science politique de l’Université de Montréal et spécialiste des conflits armés. Typiquement, les coups d’État s’effectuent rapidement, souvent en l’espace d’à peine quelques heures. « L’élément de surprise est crucial parce que si les plans sont dévoilés hâtivement, il est possible pour le régime d’agir contre les putschistes avant que le complot ne puisse être mené à terme », explique M. McLauchlin. 

Cela ressemble à ce qui s’est passé en Russie, non ? 
Il est vrai que la rébellion lancée vendredi par le groupe paramilitaire Wagner peut s’y apparenter. Si l’organisation ne fait pas partie de l’armée russe, elle est très proche du pouvoir. 
« Le groupe Wagner est un bras de l’État russe à plusieurs égards », rappelle M. McLauchlin. Or, la situation se distingue aussi d’un putsch classique. « Dès le départ, il n’y a pas eu de tentative de prendre le pouvoir à Moscou », souligne-t-il. Les troupes de mercenaires de Wagner ont réussi à s’approcher à environ 400 kilomètres de la capitale, avant de s’arrêter et de faire volte-face. Par ailleurs, le chef de Wagner, Evguéni Prigojine, n’a jamais annoncé qu’il avait l’intention de s’emparer du pouvoir. Il s’en est plutôt pris au ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, et au chef d’état-major, Valéri Guérassimov, les accusant d’avoir ordonné des attaques contre ses combattants. « Je suis sceptique. Je ne vois pas là-dedans un coup d’État », soutient le spécialiste. Il n’est pas le seul qui hésite à qualifier la rébellion de putsch. « Prigojine a clairement indiqué à plusieurs reprises qu’il souhaitait défier le ministre de la Défense, et non Vladimir Poutine. C’est pourquoi il a pris Rostov-sur-le-Don [centre clé de l’assaut russe contre l’Ukraine] au lieu d’attaquer le Kremlin », a indiqué sur Twitter le politologue américain Naunihal Singh, auteur d’un ouvrage sur les coups d’État. 

D’accord. Imaginons maintenant que le groupe Wagner effectue une vraie tentative de coup d’État. Quelles sont les conditions essentielles pour un putsch réussi ? 
Il y en a plusieurs. Plus tôt, nous avons évoqué l’élément de surprise. C’est particulièrement important dans les régimes qui ont déjà été marqués par des coups d’État. « Dans ces cas-là, tout le monde s’observe », souligne Theodore McLauchlin, qui est aussi directeur du Centre d’études sur la paix et la sécurité internationale. De plus, les putschistes doivent profiter d’un appui important au sein du régime militaire. En particulier, ils doivent compter dans leur équipe des officiers de haut rang, qui ont un large réseau. Ainsi, les rebelles s’assurent de pouvoir agir rapidement et de manière coordonnée. La pire éventualité, c’est qu’ils rencontrent une forme de résistance au sein de l’armée. Les putschistes doivent à tout prix placer leurs opposants devant le fait accompli. C’est la raison pour laquelle, avant l’apparition des réseaux sociaux, ils s’emparaient rapidement des stations de télévision et de radio afin d’annoncer leur prise de pouvoir. « Ils voulaient démobiliser ceux qui auraient pu résister. Avec les réseaux sociaux, c’est beaucoup plus difficile. Il y a plus de messages conflictuels », note M. McLauchlin. 

Qu’en est-il du régime ? 
Un régime affaibli est-il plus susceptible d’être renversé ? Pas nécessairement, mais cela augmente certainement ses chances d’être la cible d’une tentative de coup d’État. Les premiers signes de faiblesse peuvent être une crise économique qui fait mal paraître le régime ou de mauvais résultats aux dernières élections. « On a aussi vu des coups d’État en plein milieu d’une guerre », ajoute Theodore McLauchlin. Le putsch de 2012 au Mali en est un exemple bien connu. Le pays était alors plongé dans une guerre civile. Ce qui a débuté comme une « mutinerie par des soldats mécontents de leurs conditions dans l’armée » s’est terminé en coup d’État. « Une guerre qui se passe mal met beaucoup de pression sur les forces militaires », souligne-t-il. 

Et le groupe Wagner remplit-il ces conditions ? [...] 
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Léa Carrier 
La Presse, le 25 juin 2023, mis à jour à 5h00