samedi 15 avril 2023

Jour 416 - Poutine signe une loi facilitant la mobilisation des Russes dans l’armée


Une nouvelle frappe russe sur un immeuble à Sloviansk, dans l’est de l’Ukraine, a fait au moins huit morts vendredi, le jour où le président Vladimir Poutine a signé une loi facilitant la mobilisation des jeunes Russes dans l’armée. 

Un enfant de deux ans, qui avait été sorti vivant des décombres de ce bâtiment civil, a succombé peu après dans l’ambulance, a indiqué Daria Zarivna, conseillère du président ukrainien, Volodymyr Zelensky. 

Sloviansk se trouve dans une partie de la région de Donetsk sous contrôle ukrainien, à 45 kilomètres au nord-ouest de Bakhmout, près du territoire contrôlé par la Russie. 

Selon Kiev, elle a été visée par sept missiles, qui ont endommagé cinq immeubles, cinq maisons, une école et un bâtiment administratif. 

Le président Zelensky a accusé la Russie de « bombarder brutalement » des bâtiments résidentiels et de 
« tuer des gens en plein jour ». 

Dans un communiqué, le bureau du procureur régional de Donetsk a indiqué qu’une enquête préliminaire avait été ouverte dans le cadre d’une procédure pénale pour violation des lois et coutumes de la guerre. 

« Selon les informations préliminaires, les occupants ont utilisé un système de missiles antiaériens S-300 contre la population civile », ajoute le texte. 

Des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) ont vu des secouristes chercher des survivants au dernier étage d’un immeuble résidentiel de l’ère soviétique et de la fumée noire s’échapper de maisons en feu de l’autre côté de la rue.

« J’habite de l’autre côté de la rue et je dormais quand j’ai entendu cette énorme explosion. Je suis sortie en courant de mon appartement », a raconté à l’AFP Larisa, une habitante de 59 ans. 

Elle a précisé que l’impact du bombardement avait brisé ses fenêtres et projeté des éclats de verre dans toute la maison. 

Mobilisé par voie électronique 
Le même jour, à Moscou, le président russe, Vladimir Poutine, a signé une nouvelle loi facilitant la mobilisation des jeunes Russes dans l’armée. 

Selon ce texte, un réserviste pourra désormais être mobilisé par voie électronique, via un portail des services publics russes, ou encore si l’ordre est remis à un tiers, ont indiqué les agences russes. 

Jusque-là, les convocations devaient être remises obligatoirement en mains propres.

Le président Poutine a décrété une mobilisation de 300 000 réservistes en septembre 2022, dont la mise en oeuvre a souvent été chaotique.

Si le Kremlin dément vouloir lancer une deuxième vague de mobilisation, nombreux sont ceux en Russie qui s’en inquiètent, alors que l’armée ukrainienne prépare une contre-offensive. 

La police a le droit de mener la chasse aux réfractaires, qui encourent des peines de prison. Le service des impôts, les universités et d’autres organismes publics devront fournir les informations personnelles des mobilisables. 

Le refus de se présenter au bureau d’enrôlement privera ainsi les Russes de la possibilité de travailler en tant qu’entrepreneur ou indépendant, de recevoir des prêts ou de disposer de leur logement et de leur voiture. 

Ces mesures concernent aussi les Russes qui ont fui leur pays et travaillent à distance. 

Fuir [...]
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Jonathan Brown 
Agence France-Presse à Sloviansk, 
Le Devoir, le 14 avril 2023

vendredi 14 avril 2023

Jour 415 - Moscou dit bloquer les forces ukrainiennes à Bakhmout, Kiev dément


La Russie a affirmé jeudi bloquer les forces ukrainiennes dans Bakhmout et empêcher tout renfort d’y entrer, laissant entendre qu’elle était sur le point de prendre cette ville de l’est du pays, épicentre des combats depuis l’été dernier. 

Dans un commentaire à l’AFP, l’armée ukrainienne a immédiatement démenti, en assurant continuer à ravitailler ses troupes dans Bakhmout et y infliger quotidiennement des « pertes folles » à l’ennemi. 

L’AFP n’a pas pu vérifier ces déclarations de source indépendante. 

Le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, dont les combattants sont en première ligne à Bakhmout, a lui indiqué qu’il était encore « prématuré » de parler d’un encerclement complet. 

Ville de quelque 70 000 habitants avant l’invasion, la cité est aujourd’hui presque totalement détruite. 

Du fait de la longueur de la bataille et des lourdes pertes subies par les deux camps, Bakhmout est devenue le symbole de la lutte entre Russes et Ukrainiens pour le contrôle de la région industrielle du Donbass, objectif affiché de Moscou. 

« Les groupes d’assaut de Wagner poursuivent des opérations militaires de haute intensité pour refouler l’ennemi des quartiers du centre d’Artiomovsk » (nom soviétique de Bakhmout utilisé par les Russes), 
a indiqué jeudi le ministère russe de la Défense, dans son compte rendu quotidien. 

« Les troupes aéroportées [russes] soutiennent sur les flancs les groupes d’assaut, bloquant l’envoi de réserves de l’armée ukrainienne dans la ville et la possibilité d’un retrait [de Bakhmout] des unités de l’ennemi », a-t-il poursuivi.

Contactée par l’AFP, l’armée ukrainienne a démenti tout blocage de ses soldats.

« Nous pouvons communiquer complètement avec nos troupes, à la fois grâce à des moyens techniques, mais aussi pour y livrer des produits alimentaires, des munitions, des médicaments, tout le nécessaire, 
et pour récupérer nos blessés », a indiqué Serguiï Tcherevaty, un porte-parole militaire ukrainien. 

Décor apocalyptique 
« Nos forces maintiennent leur défense en infligeant quotidiennement des pertes folles à l’ennemi », a-t-il ajouté, précisant que l’artillerie ukrainienne menait « constamment » des tirs de contre-batterie sur les canons russes pour qu’ils ne puissent pas concentrer leurs tirs sur les lignes de ravitaillement vers Bakhmout.

M. Prigojine a, lui, pris plus de précautions que l’armée russe, dans un message publié par son service 
de presse sur Telegram. 

« L’armée ukrainienne continue d’amener des renforts et de les transférer dans la ville. Des combats difficiles et sanglants sont en cours, donc il est prématuré d’évoquer un encerclement complet de Bakhmout », a-t-il indiqué. 

« Plus de 80 % de Bakhmout est sous notre contrôle, les autres parties résistent avec acharnement », a-t-il ajouté.

Ces derniers jours, les forces ukrainiennes semblent avoir perdu du terrain dans le centre de Bakhmout, où plusieurs correspondants de guerre russes se sont rendus, montrant dans leurs reportages une ville dévastée au décor apocalyptique. 

Lundi, le chef de l’occupation russe de la région ukrainienne de Donetsk, Denis Pouchiline, a publié une vidéo le montrant dans le centre de Bakhmout, affirmant que la ville était en train d’être « libérée ». 

Les troupes russes qui ont déjà coupé plusieurs routes d’approvisionnement ukrainiennes ces dernières semaines, semblent progresser dans le centre de la ville, dans de furieux combats urbains, nourrissant à nouveau les spéculations quant à un retrait ukrainien à venir. 

« Nulle part où aller » [...] 
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Ania Tsoukanova et Jonathan Brown 
Agence France-Presse 
Le Devoir, le 13 avril 2023

jeudi 13 avril 2023

Jour 414 - La décapitation présumée d’un soldat ukrainien sème l’effroi


Une nouvelle vidéo insoutenable montrant la décapitation d’un prisonnier de guerre ukrainien présumé a provoqué mercredi la colère de l’Ukraine, le président Volodymyr Zelensky dénonçant une nouvelle exaction de « monstres » russes.

L’AFP n’était pas en mesure de vérifier dans l’immédiat l’authenticité de la vidéo, ni où et quand elle a pu être filmée. Les autorités ukrainiennes ont indiqué chercher à identifier la victime. 

La mission de l’ONU a Kiev s’est déclarée « horrifiée » par ces images exigeant une enquête alors que le Kremlin a appelé à vérifier l’« authenticité » de la vidéo, lui qui d’ordinaire rejette les accusations de crimes portées contre ses militaires. 

La représentation onusienne évoque en outre une seconde vidéo montrant les corps mutilés de prisonniers ukrainiens. 

De son côté, la France a dénoncé « un acte barbare » et une « atteinte insoutenable à la dignité humaine ». Et le président du Conseil européen, Charles Michel, s’est dit « mortifié par la vidéo atroce », dans un message sur Twitter. 

« Crime de guerre » 
« Comme ces monstres tuent facilement. Cette vidéo de l’exécution d’un prisonnier de guerre ukrainien, le monde doit le voir. C’est une vidéo de la Russie comme elle est », a lancé le président Zelensky dans un message vidéo publié sur Instagram. 

« C’était [déjà] comme ça à Boutcha. Des milliers de fois », a-t-il poursuivi en référence à la banlieue de Kiev devenue symbole des atrocités attribuées à l’armée russe. 

L’Union européenne demandera « des comptes à tous les auteurs et complices de crimes de guerre » en Ukraine a déclaré mercredi une porte-parole du chef de la diplomatie européenne. 

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a estimé lui que la Russie était « pire que l’État islamique », organisation djihadiste qui filmait les exécutions de ses otages, notamment par décapitation. 

« Les terroristes russes doivent être chassés de l’Ukraine et de l’ONU et tenus responsables pour leurs crimes », a-t-il déclaré sur Twitter.

Le service ukrainien de sécurité (SBU) a ouvert une enquête sur ce « crime de guerre ». « Nous retrouverons ces monstres […] Ils seront punis », a martelé le chef du SBU Vassyl Maliouk dans un communiqué. 

La vice-ministre de la Défense Ganna Maliar a de son côté indiqué sur Telegram que les autorités font 
« tout (leur) possible pour identifier le défunt ». 

Côté russe, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov a lui aussi qualifié les images de 
« horribles », mais s’est interrogé sur leur véracité. 

« Dans le monde de “fakes” dans lequel nous vivons, il faut s’assurer de l’authenticité de cette vidéo », 
a-t-il ajouté. 

D’ordinaire, les responsables russes se bornent à nier toute implication de soldats russes dans des crimes de guerre, et accusent l’Ukraine d’orchestrer des mises en scène. 

La mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine s’est déclarée « horrifiée » par ces images évoquant par ailleurs une deuxième vidéo montrant « des corps mutilés d’apparents prisonniers de guerre ukrainiens ». 

« Malheureusement, ce n’est pas un événement isolé », a déploré la mission dans un communiqué exigeant d’enquêter sur ces affaires et de traduire en justice leurs auteurs. 

Exécutions sommaires [...] 
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Ania Tsoukanova 
Agence France-Presse 
Le Devoir, le 12 avril 2023

mercredi 12 avril 2023

Jour 413 - L’Ukraine se prépare à une difficile contre-offensive


(Kramatorsk) Depuis des mois, les forces ukrainiennes font face à une offensive russe éreintante dans des villes dévastées et des tranchées constamment bombardées de l’Est. Mais alors que les troupes de Moscou semblent s’essouffler, l’heure de la riposte arrive pour Kyiv.

« Si notre état-major dit que nous avons assez de troupes, assez d’obus – assez de tout – pour attaquer, alors nous sommes prêts », a assuré à l’AFP cette semaine un militaire ukrainien répondant au nom de guerre de Mark dans la région de Donetsk. 

La Russie a subi d’importants revers l’année dernière, échouant près de Kyiv. Elle a été forcée de se retirer de la région de Kharkiv (nord-est) et de la ville de Kherson (sud). Des experts estiment toutefois que, cette fois-ci, les troupes ukrainiennes ne disposent que d’une courte marge de manœuvre pour s’imposer. 

L’Ukraine assure avoir formé des brigades d’assaut et stocké des munitions tout en s’efforçant d’épargner ses troupes et d’épuiser celles de son adversaire sur le front. Elle a aussi reçu des chars de combat et de l’artillerie à longue portée de ses soutiens occidentaux. 

Le tout pour cette contre-offensive très attendue et qui ressemble de plus en plus à une ultime tentative de poussée face à Moscou. 

« Qui sait quand l’Ukraine aura à nouveau cette chance ? C’est maintenant ou jamais », résume auprès de l’AFP Mykola Bielieskov, chercheur à l’Institut national d’études stratégiques de Kyiv.

Trouver le bon moment 
Reste à savoir quand commencera cette attaque ukrainienne. 

Le ministère de la Défense a récemment mis en ligne des images humoristiques d’un soldat dansant dans une tranchée boueuse, accompagnées d’une légende : « Une fois que le sol aura durci, il sera possible de lancer une offensive ». 

Pour M. Bielieskov, cependant, plus que les conditions météorologiques sur le front, c’est « la maîtrise par les troupes ukrainiennes des armes promises par l’Occident et la synchronisation des renseignements et de la logistique qui importent ». 

Il estime que les préparatifs de l’offensive ukrainienne pourraient culminer en juin ou en juillet. 

« Tout le monde à Kyiv comprend qu’une offensive lancée prématurément a moins de chances de réussir », ajoute M. Bielieskov. // Les régions méridionales de Zaporijjia et de Kherson, partiellement occupées par les forces russes, sont des cibles probables et leur prise par Kyiv romprait le pont terrestre reliant la Russie à la péninsule annexée de Crimée. 

Les stocks d’obus d’artillerie ukrainiens joueront un rôle important dans cette bataille attendue contre des positions que la Russie a eu grand temps de fortifier. 

Des militaires ukrainiens sur différentes sections de la ligne de front se sont toutefois plaints auprès de l’AFP d’être dépassés par les tirs des forces russes qui disposent d’une réserve d’obus apparemment bien plus importante. 

L’Union européenne a adopté en mars un plan de deux milliards d’euros destiné à approvisionner l’Ukraine en munitions, des observateurs estimant que près de la moitié de cette somme devrait être livrée pour que l’offensive ukrainienne soit couronnée de succès. 

« Contrairement aux Russes, nous ne nous préoccupons pas du nombre de tirs, mais de leur précision. C’est ainsi que l’Ukraine prévoit de combler ce déficit », assure de son côté Mykola Bielieskov. « Le seul problème, c’est que nous le payons en hommes », ajoute-t-il.

Enjeux considérables [...] 
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 Florent Vergnes avec Jonathan Brown à Kiev 
Agence France-Presse 
La Presse, le 11 avril 2023

mardi 11 avril 2023

Jour 412 - Emprisonnée depuis 1 an en Russie pour avoir collé des messages contre la guerre en Ukraine


Depuis un an, Alexandra (Sasha) Skochilenko est emprisonnée en Russie pour avoir remplacé cinq étiquettes de prix dans un supermarché de Saint-Pétersbourg par des messages contre la guerre en Ukraine. Un geste qui pourrait lui valoir jusqu’à 10 ans de prison. Pendant que son avocate se dit persuadée que la Russie de Vladimir Poutine veut faire de son cas un exemple, sa conjointe mentionne avoir perdu tout espoir qu’elle soit libérée au terme d’un procès qui s’étire en longueur.

« Le seul aspect qui me donne un peu d’espoir, c’est qu’une fois que le processus judiciaire sera terminé et que Sasha sera déplacée dans une colonie pénitentiaire, je puisse devenir son “défenseur public” et la voir tous les jours », souffle Sonia Subbotina, 30 ans, jointe ces jours-ci à Saint-Pétersbourg.

Depuis le 11 avril 2022, date de l’arrestation et de l’incarcération de Sasha, les deux femmes n’ont pu se parler. « Aux yeux de la loi russe, nous ne sommes rien l’une pour l’autre », glisse-t-elle. Puisque les unions homosexuelles ne sont pas reconnues en Russie, les visites leur sont interdites. Une absence d’officialisation de leur relation qui a aussi permis au procureur de citer Sonia comme témoin au procès — ce qui ne peut être requis lorsqu’un couple est marié — et qui l’empêche, de surcroît, d’assister aux audiences. 

« Mais chaque fois, je rentre tout de même dans la salle d’audience quelques secondes avant d’être chassée, indique Sonia. J’ai juste le temps de dire à Sasha quelques mots. Je lui dis que je m’ennuie d’elle, que je l’aime et que je l’attends. » 

Prisonnière d’opinion 
Depuis le déclenchement de l’« opération militaire spéciale », Alexandra Skochilenko est devenue l’une des prisonnières d’opinion opposée à la guerre en Ukraine les plus connues en Russie, tout comme à l’extérieur de ses frontières. « Pour cette raison, le gouvernement ne lui accordera pas la liberté [pendant la tenue de son procès ou après] pour s’assurer que d’autres personnes ne soient pas tentées de faire ce qu’elle a fait », dénonce en entrevue son avocate, Yana Nepovinnova. L’artiste de 32 ans fait face à des accusations criminelles en vertu de la loi interdisant, depuis mars dernier, de diffuser de « fausses informations » sur les actions menées par l’armée russe en Ukraine. D’autres Russes ayant dû répondre aux mêmes accusations « et qui n’ont pas plaidé coupables ont été envoyés en prison pour 6, 7 ou 8 ans », rapporte Me Nepovinnova. Ce qui fait craindre le pire pour Sasha. 

En cour, la jeune femme a admis avoir changé cinq étiquettes de prix dans un supermarché pour les remplacer par des étiquettes arborant un message antiguerre. L’une de ces étiquettes mentionnait que « l’armée russe a bombardé une école d’art de Marioupol où environ 400 personnes s’étaient réfugiées pour échapper aux bombardements ». Un événement qui avait fait les manchettes de plusieurs médias en mars 2022. 

Bien qu’elle reconnaisse ce geste, « Sasha n’admet pas que les informations étaient fausses ou qu’elle savait que les informations étaient fausses lorsqu’elle les a diffusées » — l’élément que la poursuite doit prouver —, explique son avocate. 

Au procès, qui se tient à Saint-Pétersbourg, la poursuite a terminé de présenter sa preuve. C’est désormais au tour de la défense de soumettre ses arguments, ce qu’elle fera en citant, notamment, les sources d’information médiatiques qui ont nourri la réflexion de Sasha. « Elle avait aussi des sources d’information personnelle — des personnes de confiance, [des Ukrainiens qui lui ont témoigné de la situation qu’ils vivaient dans des conversations écrites déposées en preuve], mentionne son avocate. Cela fait en sorte que ça ne pouvait pas être des informations qu’elle savait fausses. » 

Et même si la défense n’a pas à prouver que les informations sont vraies — mais seulement que Sasha ne savait pas qu’elles étaient « fausses » —, « on va aussi présenter des preuves que les informations sont véridiques », stipule Yana Nepovinnova. 

Raid policier [...] 

 Magdaline Boutros 
Le Devoir, le 11 avril 2023

lundi 10 avril 2023

Jour 411 La défense aérienne ukrainienne pourrait être en péril


(Washington) Depuis plus d’un an, les défenses aériennes ukrainiennes, renforcées par des armes occidentales, tiennent les avions russes à distance. 

Mais sans un afflux massif de munitions, l’ensemble du réseau de défense aérienne de l’Ukraine, affaibli par les barrages répétés des drones et des missiles russes, pourrait se fracturer, selon des responsables américains et des documents du Pentagone ayant fait l’objet d’une nouvelle fuite, ce qui permettrait au président russe, Vladimir Poutine, de libérer ses avions de combat meurtriers d’une manière qui pourrait changer le cours de la guerre. 

Dans les premiers jours de l’invasion, les avions russes ont effectué des centaines de vols de combat pour bombarder des cibles en Ukraine. Mais la rapidité d’esprit des commandants ukrainiens, la médiocrité des renseignements et les erreurs de visée des pilotes russes ont laissé intacts une grande partie des avions de guerre et des défenses aériennes de l’Ukraine, empêchant Moscou de prendre le contrôle du ciel au-dessus du champ de bataille et forçant la Russie à maintenir une grande partie de sa force aérienne hors du combat. 

Aujourd’hui, les responsables du Pentagone craignent que le barrage d’attaques à distance de Moscou n’épuise les stocks de missiles utilisés par l’Ukraine pour se défendre. Une évaluation du Pentagone, datant de la fin du mois de février et contenue dans des documents qui ont fait l’objet d’une fuite et qui ont été découverts en ligne la semaine dernière, dresse un tableau encore plus sombre de la situation. 

Stocks épuisés sous peu 
Les stocks de missiles pour les systèmes de défense aérienne S-300 et Buk de l’ère soviétique, qui constituent 89 % de la protection de l’Ukraine contre la plupart des avions de chasse et certains bombardiers, devraient, selon ces documents, être totalement épuisés entre la mi-avril et le 3 mai. Le document, qui a été publié le 28 février, a basé cette évaluation sur les taux de consommation de l’époque. On ne sait pas si ces taux ont changé.

Le même document estime que les défenses aériennes ukrainiennes conçues pour protéger les troupes sur la ligne de front, où se concentre une grande partie de la puissance aérienne russe, seront « complètement réduites » d’ici le 23 mai, ce qui entraînera des tensions sur le réseau de défense aérienne à l’intérieur du territoire ukrainien. 

Si cela se produit, Moscou pourrait décider qu’il n’y a plus de danger à ce que ses chasseurs et bombardiers entrent dans la mêlée et menacent directement l’issue de la guerre sur le terrain. 

De hauts responsables du Pentagone estiment qu’une telle décision constituerait un défi majeur pour l’Ukraine, surtout si les avions de chasse et les bombardiers russes ont la liberté d’attaquer des positions des troupes ukrainiennes et des cibles d’artillerie essentielles sur le terrain. 

Aide américaine 
Afin de renforcer les défenses aériennes de l’Ukraine, l’administration Biden a annoncé la semaine dernière qu’elle enverrait des intercepteurs de défense aérienne et des munitions supplémentaires dans le cadre d’un programme d’aide de 2,6 milliards de dollars, dont une partie sera utilisée pour aider Kyiv à se préparer une offensive de printemps prévue contre les troupes russes. Cela sera-t-il suffisant ? Selon les responsables, la réponse à cette question dépend d’un certain nombre de facteurs, notamment si les alliés de l’OTAN effectuent leurs propres livraisons et si Poutine continue de refuser de risquer ses précieux avions de guerre.

L’abattage d’un drone américain par un avion de chasse russe au-dessus de la mer Noire le mois dernier a exacerbé les craintes que le Kremlin cherche des moyens d’utiliser ses forces aériennes dans la guerre. 

La Russie dispose encore d’une capacité aérienne considérable, avec environ 900 avions de chasse et quelque 120 bombardiers, selon le World Directory of Modern Military Aircraft. « L’armée russe a été malmenée », a déclaré le général Mark Milley, président de l’état-major interarmées américain, lors d’une interview accordée à l’émission Morning Joe de la chaîne MSNBC en février. « Mais l’armée de l’air russe ne l’a pas été. » 

En effet, une évaluation contenue dans un autre document du Pentagone ayant fait l’objet d’une fuite évalue à 485 le nombre d’avions de combat russes actuellement déployés sur le théâtre ukrainien, contre 85 pour les avions ukrainiens.

Maladresses tactiques et stratégiques [...] 
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Helene Cooper, Michael Schwirtz et Thomas Gibbons-Neff 
The New York Times 
La Presse, le 9 avril 2023

dimanche 9 avril 2023

Jour 410- Des mères libèrent leurs enfants des griffes de l’envahisseur


Après des mois de peur et d’angoisse, des Ukrainiennes ont entrepris un éreintant périple de milliers de kilomètres jusque dans les territoires occupés par la Russie pour retrouver leurs enfants enlevés par Moscou. 

(Frontière entre la Biélorussie et l’Ukraine) Pendant des semaines, après que les troupes russes eurent retiré de force le fils de Nataliya Jornyk de son école à l’automne dernier, elle n’avait aucune idée de l’endroit où il se trouvait ni de ce qui lui était arrivé. Puis elle a reçu un appel téléphonique.« Maman, viens me chercher », a dit son fils, Artem, 15 ans. Il s’était souvenu du numéro de téléphone de sa mère et avait emprunté le téléphone portable du directeur de l’école. 

Nataliya Jornyk lui a fait une promesse : « Quand les combats se calmeront, je viendrai. » 

Artem et une douzaine de camarades de classe avaient été embarqués par les troupes russes et transférés dans une école située en territoire ukrainien occupé par la Russie. 

Si Nataliya Jornyk, 31 ans, a été soulagée de savoir où son fils était détenu, le rejoindre ne serait pas chose facile. Ils se trouvaient de part et d’autre de la ligne de front alors que la guerre faisait rage, et les points de passage entre l’Ukraine et le territoire occupé par la Russie étaient fermés. 

Mais des mois plus tard, lorsqu’une voisine a ramené l’un des camarades de classe de son fils, elle a appris l’existence d’une organisation caritative qui aidait les mères à ramener leurs enfants à la maison. 

Comme il est maintenant illégal pour les hommes en âge de servir dans l’armée de quitter l’Ukraine, Mme Jornyk et un groupe de femmes aidées par Save Ukraine ont effectué en mars un périple éprouvant de 5000 kilomètres à travers la Pologne, la Biélorussie et la Russie pour entrer dans les territoires occupés par la Russie dans l’est de l’Ukraine et en Crimée afin d’y récupérer Artem et 15 autres mineurs. 

Crimes de guerre 
Au cours des 13 mois qui ont suivi l’invasion, des milliers d’enfants et d’adolescents ukrainiens ont été déplacés ou transférés de force dans des camps ou des établissements en Russie ou dans les territoires contrôlés par la Russie, des opérations que l’Ukraine et les défenseurs des droits considèrent comme des crimes de guerre. 

Le sort de ces enfants fait l’objet d’un bras de fer désespéré entre l’Ukraine et la Russie et est au fondement du mandat d’arrêt délivré le mois dernier par la Cour pénale internationale (CPI) accusant le président russe Vladimir Poutine et Maria Lvova-Belova, sa commissaire aux droits de l’enfant, de les avoir illégalement transférés. 

Une fois sous contrôle russe, les mineurs sont soumis à la rééducation, au placement en famille d’accueil et à l’adoption par des familles russes – des pratiques qui touchent une corde sensible, même au milieu du carnage qui tue et déplace tant d’Ukrainiens. 

Les autorités ukrainiennes et les organisations de défense des droits de la personne décrivent ces déplacements forcés comme un plan visant à voler une génération de jeunes Ukrainiens, à en faire des citoyens russes loyaux et à éradiquer la culture ukrainienne, ce qui relève du génocide, estiment-ils. 

Sentiment de culpabilité 
Personne ne connaît le nombre total de mineurs ukrainiens qui ont été transférés en Russie ou dans l’Ukraine occupée par la Russie. Le gouvernement ukrainien a formellement identifié plus de 19 000 mineurs qui, selon lui, ont été transférés de force ou déportés, mais les personnes qui travaillent sur la question estiment que le nombre réel est plus proche de 150 000. 

La Russie plaide que son transfert d’enfants et d’adolescents est un effort humanitaire, le décrivant comme une opération de secours en zone de guerre, mais elle refuse de coopérer avec l’Ukraine ou les organisations internationales pour retrouver un grand nombre d’entre eux. Après que la CPI eut lancé le mandat d’arrêt à l’encontre de Mme Lvova-Belova, celle-ci a déclaré que les parents étaient libres de venir chercher leurs enfants, mais que seuls 59 d’entre eux attendaient de rentrer chez eux – une affirmation que les responsables ukrainiens ont jugée absurde. 

Pour les milliers d’enfants qui ont été transférés, parfois issus de foyers brisés et de familles défavorisées, être éloignés de chez eux si longtemps est une véritable épreuve. Certains sont en larmes lorsqu’ils appellent leur famille et ne peuvent pas parler librement, ont déclaré leurs parents.

Les parents, qui ont déjà vécu les épreuves de l’occupation russe, des déplacements et des bombardements, ont dû endurer des mois d’angoisse, craignant que leurs enfants ne soient renvoyés plus loin ou ne soient donnés en adoption en Russie.

Et puis, il y a le sentiment de culpabilité. Certains ont envoyé leurs enfants dans des camps d’été dans la péninsule de Crimée, après avoir reçu l’assurance qu’ils reviendraient deux semaines plus tard. D’autres ont simplement cédé aux pressions des fonctionnaires et des soldats pour que leurs enfants soient emmenés. Ils se sont tous sentis coupables de ne pas les avoir ramenés. 

« Je me suis sentie complètement perdue. Je me suis rongé les sangs », dit Ioulia Radzevilova, qui a ramené son fils Maksim Martchenko, 12 ans, en mars, après qu’il eut passé cinq mois dans un camp en Crimée. « Personne ne m’a soutenue. La famille, les parents, les amis ont commencé à m’accuser. » // Mais d’autres enfants ont été transférés sans avertissement ou, comme Artem, ont tout simplement disparu.

Artem s’était rendu à son école de Koupiansk le 7 septembre – au moment où les troupes ukrainiennes chassaient l’occupation russe – pour récupérer des documents dont il avait besoin pour aller à l’université. Aucun bus n’étant revenu ce jour-là, il a passé la nuit sur place. Le lendemain, les troupes russes sont arrivées et l’ont fait monter, ainsi que d’autres élèves, dans des camions militaires. 

« Ils étaient russes », explique Artem en entrevue. « En tenue de camouflage, avec des kalachnikovs. » Il a voulu s’enfuir par le mur arrière de l’école, mais les enseignants ont veillé à ce que tous les enfants montent à bord. 

Lorsqu’il n’est pas rentré chez lui, sa mère a tenté d’aller le chercher à Koupiansk, mais elle a rebroussé chemin sous les tirs d’artillerie lourde. Pendant trois semaines, il n’y a pas eu d’électricité ni de téléphone dans son village à cause des combats. Sans nouvelles de son fils, elle a signalé sa disparition à la police. 

C’est alors qu’est arrivé l’appel téléphonique d’Artem. Il a expliqué que lui et ses camarades de l’école, âgés de 7 à 17 ans, avaient été emmenés à Perevalsk, dans la partie est de l’Ukraine occupée par la Russie, où ils avaient été placés dans un pensionnat. // Il n’était qu’à quelques heures de route, mais dans un territoire fermé par la guerre. 

« C’était dur », dit-elle en secouant la tête, « très dur ».

À la recherche d’un enfant autiste [...] 
Pour lire la suite et l’article en entier, https://www.lapresse.ca/international/europe/2023-04-08/guerre-en-ukraine/des-meres-liberent-leurs-enfants-des-griffes-de-l-envahisseur.php 

The New York Times 
La Presse, le 8 avril 2023, mis à jour à 22 h 54