samedi 16 février 2013

Pour en finir avec la Saint-Valentin


Patrick Lagacé apporte une conclusion à ses chroniques sur l'amour, enrichie de liens éclairants. 

Chronique de Patrick Lagacé  publiée dans La Presse du 14 février.

Réflexions sur la Saint-Valentin

Des réflexions glanées en trois recoins du web et dans ma messagerie (gracieuseté de deux personnes qui ont été citées dans ma série sur l’amour, qui prenait fin aujourd’hui dans La Presse) ; réflexions originales, chacune à sa façon et pour des raisons différentes. En voici cinq, sans compter le lien qui coiffe ce billet, une conférence TED de l’anthropologue Helen Fisher, citée quelques fois dans ma série sur l’amour (transcription française dispo dans un onglet, si vous suivez ce lien).
1) Des auteurs donnent des conseils pour l’écriture de lettres d’amour, sur le site de Radio-Canada.
Claudia Larochelle, en plus de suggérer d’éviter les pages web de citations célèbres, l’équivalent épistolaire du gâteau McCain selon moi, rappelle les vertus de la légèreté :
Soyez drôle, même si c’est maladroit, névrosé, imbécile un tantinet. Le tata un brin timide se préfère au prétentieux qui savoure déjà sa victoire en fumant sa clope l’air ténébreux. Et dites-vous qu’une lettre d’amour de Woody Allen doit être de loin plus agréable à lire qu’une lettre de George Clooney. C’est Diane Keaton qui l’a dit quelque part!
Edouard H. Bond a justement un message pour les gens trop intenses :
La chose à éviter, selon moi, serait d’écrire votre lettre d’amour avec votre propre sang. Je sais, l’idée peut sembler romantique à première vue, ça vient littéralement du cœur et ça signifie un dévouement sans borne doublé d’une intense passion. Mais croyez-en mon expérience, c’est juste creepy.
2) Kim Lizotte signe un billet touchant et lumineux — billet qui s’est répandu sur les médias sociaux hier comme une éclosion de grippe dans un CPE — à un hypothétique et éventuel fils. Kim lui dit, à ce « petit bonhomme imaginaire », comment choisir, prendre soin et aimer une hypothétique et éventuelle blonde. Ça s’appelle La blonde de mon fils. Morceau choisi :
Trouve-toi une amie. Une fille avec qui « t’as le goût d’aller jouer dehors après souper ». Parce que l’amour, c’est ça. Enfant, on a tous un meilleur ami, avec qui on a toujours le goût d’aller au parc. On a beau avoir d’autres amis plus cools et plus fins, mais à la fin de la journée, on a toujours une personne préférée avec qui on a le goût d’aller se balancer (…) Choisis une fille avec qui tu as envie de bâtir des projets. Pas nécessairement le combo « maison-chien-bébés-cabanon ». Trouve celle qui va te donner le goût de rêver à plus grand.
3) Julien Roy, sur le blogue In the 10’s, a quatre conseils pour les filles, en ce 14 février, quatre conseils brutaux de lucidité emballés dans un tout petit billet. Désolé de gâcher ta chute, Julien :
À toi, la contestataire : T’es pas obligée de faire la frustrée qui déteste la fête de l’Amour et qui dit à qui veut bien l’entendre (et aux autres) que «ça a été inventé par Hallmark pour vendre des fucking cartes». C’est pas grave si tu n’es pas la valentine du gars que tu trouves vraiment canon au gym. C’est pas grave si tes amies casées te font chier avec leurs nouvelles boucles d’oreilles. Fais comme tout le monde: lis Fifty Shades of Grey pis attends ton tour. Personne n’aime les casseuses de party.
Et n’oublie pas, ça va aller, l’amour n’a pas de calendrier.
L’amour n’a pas de calendrier ? T’es sûr, Julien ? Fabien Nadeau n’en est pas si sûr, lui… Fabien, 70 ans, de Saint-Liboire, était dans une de mes chroniques sur l’amour — Survivre à l’amour-passion — parce qu’il m’a envoyé son « Calendrier de l’amour », où il cartographie son parcours de gars qui aime. Dans ce calendrier, il cède la parole aux multiples Fabien qui se sont frottés à l’amour : l’enfant, l’ado, l’adulte, le grand-père, l’ami… Extrait :
Je conclurais que l’amour nous prend de l’intérieur par les hormones. Quand, à 16 ans, je dansais un slow avec ma blonde et que je l’embrassais et la serrais dans mes bras en disant des « Je t’aime » éperdu, j’aurais dû dire : « Je m’aime, je m’aime… »
J’ai lu quelque part que l’amour commence lorsque la lune de miel est terminée.
Anne-Sophie Laframboise s’est retrouvée dans Les amours jetables parce que le court texte qu’elle a pondu pour répondre à mon appel à tous m’a interpellé, il symbolisait quelque chose à propos de notre époque… Extrait :
Ça pleut, l’amour, depuis Walt Disney. Aujourd’hui, l’amour ça se Google, ça se twitte, ça se Facebook, ça se visite. Il y a les livres, les modes d’emploi, les statistiques, les psys, le porno, le Kama Sutra, le mommy porn, l’échangisme, les infidélités, ça se bouscule de partout pour nous parler d’amour avec un grand « A », petit « a » ou un « a » comme tu voudras.

vendredi 15 février 2013

Lettre d'amour


Encore l'amour, me direz-vous ! Eh bien, oui, et même si cette lettre arrive avec un peu de retard, elle est encore d'actualité. 

Chronique sous forme de lettre que Patrick Lagacé a publiée dans La Presse, le 12 février 2013 .

Lettre à François
Je te trouvais tellement beau, 
ça n'avait aucun sens
« Aucun sens que je te trouve si beau alors que le cancer avait ravagé ton corps. Toi, t'étais magané, t'étais gêné, t'avais honte.
Je m'en foutais tellement. Moi, je ne t'avais jamais trouvé aussi beau.
C'était le jour avant, avant ta mort. On a pris un bain. Prendre un bain, quoi de plus banal? Un moment qu'on prend souvent à la légère, parce que ça arrive des milliers de fois dans une vie. 
Mais ce bain-là a été un des plus beaux moments de ma vie. Laver mon homme, prendre soin de lui, l'aider à sortir parce que ses jambes ne le supportaient plus. On sentait bon en titi.
C'est fou, la maladie. Tout devient important. Ce n'est pas moi qui dis ça, «tout est important», c'était dans la chronique de Lagacé, l'été passé. Il parlait d'une exposition de photos sur des gens qui venaient tout juste de mourir. Un de ces morts, enfin, il a dit ça avant de mourir, un de ces morts disait: «Maintenant, tout est devenu important.» Ça m'avait frappée, ces mots-là. Je lui avais écrit un petit mot.
Ça ne peut pas être plus vrai: tout était devenu important, l'année de ta mort. À travers la maladie, nous avons appris à vivre chaque instant comme si c'était le dernier. Nous nous sommes dit tout ce que nous avions à nous dire, nous avons fait tout ce que nous avions besoin de faire, dans l'humour et l'amour. De la même façon que nous avons vécu notre vie ensemble, mais en réalisant chaque moment, chaque instant, chaque parole.
Avant la maladie, on ne remarque plus rien, on es sur le pilote automatique. C'est la vie. Des fois, on sortait, chacun de notre bord. On s'aimait beaucoup, mais quatre enfants, c'est de la job. On n'a pas trop d'intimité, disons. On faisait des jokes: quatre enfants, ça tue l'amour. Aujourd'hui, j'ai fait la paix avec le fait qu'on s'est tenus pour acquis. Et que quand on l'a réalisé, c'était trop tard.
L'année de la maladie, on n'a jamais autant trippé sur des trucs auxquels on ne prêtait pas attention, avant. Se bercer! Y a-t-il de quoi de plus niaiseux qu'une balançoire? Ben oui, une balançoire de banlieusards, on en avait acheté une et on se berçait dehors. Une chose parmi tant d'autres, qu'on ne faisait pas d'habitude.
Et après 11 ans de vie de couple et quatre enfants, faire l'amour, c'est souvent moins magique. Quand on sait que c'est la dernière fois, par contre...
C'était trois semaines avant. Malgré la douleur, malgré la maladie, nous avons fait l'amour une dernière fois. Mon homme, mâle, rustre, tu as pleuré du début à la fin. Je t'ai demandé: Pourquoi t'as de la peine? Tu as dit: C'est la dernière fois, pis je le sais.
Moi aussi, je le savais.
Quand ça s'est mis à dégénérer, on t'a rentré à l'hôpital. Le verdict est tombé: quatre jours, max. On s'est trouvé une auberge, on est allés avec les enfants. Je te shootais à la morphine, mais on s'en fichait: on a trippé comme des malades...
Je regarde une photo prise la veille de ta mort, une photo prise le jour du bain. Sur la photo, tu es maigre, tu es vert. Mais ce jour-là, je ne te voyais pas comme ça.
Peut-être que je te voyais avec les yeux de l'amour?
Peut-être que c'est juste que les yeux finissent par s'habituer? Je ne sais pas.
Je sais juste que je te trouvais tellement beau. 
François Jalbert avait 46 ans quand il est mort d'un cancer du côlon, laissant derrière lui quatre enfants de 5 à 12 ans et sa blonde, Judith Malenfant, 35 ans. Cette chronique, à la première personne, je l'ai écrite à partir d'un texte que m'a envoyé Judith, ainsi que de ses paroles, recueillies en entrevue. »

jeudi 14 février 2013

Marc Ouellet est-il papable ?


Chronique de Pierre Foglia, publiée dans La Presse, le 14 février 2013
À l’emporte-pièce
« C'est pas pour me vanter, mais le premier article que j'ai écrit dans ma vie, le tout premier, j'étais encore typographe dans une imprimerie de la rue De Bullion, j'avais 24 ans, je venais presque d'arriver au Québec. Mon tout premier article, c'était sur un pape, je me souviens du titre: «Pie XII comparse et complice». Je me souviens aussi d'un intertitre: «Hitler tue, Pie XII se tait». On me reconnaît bien là, je trouve, documenté et néanmoins déterminé, pif, paf, tiens toé: «Hitler tue, Pie XII se tait».
L'article, paru dans la revue Révolution Québécoise (signé Pierre Fortin, un pseudonyme pour cacher que j'étais un communiste importé, une longue histoire que je vous raconterai une autre fois...), l'article avait été vivement dénoncé par Paul Sauriol, un des grands manitous du Devoir de l'époque, qui m'avait accusé d'avoir bâti «un réquisitoire à l'emporte-pièce».
À l'emporte-pièce! Franchement! Moi! Le plus nuancé des hommes.
Tout cela pour vous dire que mon expertise en papes ne date pas d'hier. Aussi il ne vous étonnera pas que j'anticipe ici vos questions sur la chose papale, et d'abord réponde à la question qui vous brûle tous les lèvres:

Le prochain pape sera-t-il québécois?
Je ne sais pas.
Mais si vous me permettez, la question devrait être plutôt celle-ci: devons-nous nous souhaiter un pape québécois? D'un côté, cela serait bon pour l'ego et pour le tourisme, mais d'un autre côté, ce serait Marc Ouellet. Je veux dire, le Québec pourrait-il, légitimement, s'enorgueillir de donner pour chef aux deux milliards de baptisés dans le monde un Marc Ouellet?
Je veux dire un intégriste. Rappelons-nous son incroyable appel à la réévangélisation du Québec, surtout à la réévangélisation des écoles, juste avant son départ pour Rome. Rappelons-nous qu'il a violemment attaqué les laïcs, qu'il accusait de vouloir bannir le religieux de l'espace public (confondant volontairement espace public et espace civique).
Un intégriste, disais-je, mais à parcourir les différentes listes des favoris à la succession de Benoît XVI, peut-être pas le plus intégriste des papabili. Il y a pire, il y a mieux aussi, notre Marc Ouellet est comme dans le peloton du milieu. C'est bien ce qu'il y a de désolant. Si c'est ça, le milieu de l'Église romaine, cela nous dit comme elle est loin de la modernité, loin d'une réelle ouverture sur ces grands sujets qui agitent les fidèles, la pauvreté dans le monde, les femmes dans l'Église, l'avortement, les homosexuels, l'euthanasie, etc.
Le prochain pape sera-t-il noir?
Je ne sais pas... Mais la chose serait distrayante. Et puis, un pape noir reposerait la question de la couleur de Dieu. En attendant de reposer celle de son sexe. Dieu est-il une femme noire? Un transsexuel brésilien?
Anyway, qu'est-ce que ça peut bien te foutre, t'es athée...
Justement, j'aimerais bien, pour une fois, un pape qui, comme ils le font tous depuis saint Paul - qui n'a pas été pape -, j'aimerais bien un pape qui ne me traitera pas de singe parce que je ne suis pas habité par l'Esprit.
UNE SECONDE D'AMOUR - Saint-Valentin est un beau village des basses terres de la vallée du Richelieu, en arrière de Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix. Si on y fête la Saint-Valentin? Ben tiens! Depuis samedi dernier jusqu'à ce soir, le village se déclare capitale mondiale de l'amour. Des coeurs rouges en carton sont accrochés dans les arbres, quelques cupidons tirent leurs flèches sur les galeries des maisons. Cela a commencé samedi par un salon de la mariée, suivi par un bingo de l'amour, lundi une visite du consul du Japon à propos de je ne sais trop quel jumelage. J'y suis allé dimanche pour l'exposition de Robert Lorrain, des sculptures gigantesques sur madriers de chêne. C'est en revenant de l'exposition, au sous-sol de l'édifice municipal occupé pour l'occasion par les étals d'artisans de la région, que j'ai rencontré Jérémie. Un petit rouquin d'une dizaine d'années avec des picots. Il vendait des sacs à main...
C'est toi qui les fais?
Oui, avec des cravates.
Tu fais des sacs à main pour dame avec des cravates de monsieur?
Ouais. Il m'a présenté les deux dames qui l'accompagnaient. Elle, c'est ma maman. Elle, c'est Michelle, ma maîtresse à l'école à Saint-Rémi, où je vais. C'est avec elle qu'on fait des sacs à main avec des cravates, on fait aussi des bijoux. On est en adaptation scolaire.
Adaptation?
C'est parce que je souffre de déficit d'attention.
Tu souffres vraiment?
Non. J'ai du fun.
Le visage de Michelle Beaudin, l'institutrice, s'est illuminé d'un immense sourire... Mais c'était surtout le miracle de se trouver là à la seconde où cela s'est produit. Comme se trouver là exactement à la seconde où le printemps arrive.
PÉPÈRE-LA-VIRGULE - C'était du côté de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, le restaurant Chez Claudette, le stationnement du resto était plein de motoneiges, déjà une bonne indication que la poutine serait excellente, mais c'est lorsque nous avons lu l'affiche Nouvelle horaire sur la porte que nous avons su que nous allions nous régaler. (Envoi d'Alain Perron)
Le Salon de l'auto. Le stand de Mitsubishi. Placé à côté de chaque modèle, un écriteau qui détaille les caractéristiques du modèle en question. En-tête de l'écriteau: Modèle exposez. Je sais, je sais, se défend le responsable du stand... Mais vous savez, y'a pas une personne sur dix qui le remarque... (Envoi d'Yves Lamarre)
Chez Canadian Tire, sur un grand tableau placé au-dessus de la boîte qui recueille l'argent de la fondation Canadian Tire: Vos dons ont aidés(Envoi d'Yves Lamarre) »

mercredi 13 février 2013

Cupidon fait flèche de tout bois


Les amours jetables

Article de Patrick Lagacé publié dans La Presse le 11 février 2013

« Ils ont été plusieurs à me faire remarquer qu'en cette ère de consommation effrénée, le citoyen-consommateur a transposé à sa vie sentimentale le ressort qui le pousse à butiner d'une boutique à l'autre au Carrefour Laval, le samedi matin.

Martin Thibeault: «Les amours sont parfois comme les frigos. Les nouveaux modèles sont superbes, inox tape-à-l'oeil... Mais construits pour durer huit ans. Le vieux Westinghouse en métal blanc de belle-maman? Fiable et solide. Bon, il était un peu rond et il n'avait pas de connexion web pour la gestion du bac à légumes. Mais il a quand même ronronné au sous-sol pendant plus de trois décennies...»
Martin signe: «Avec Johanne depuis 1982.»

Tamy Emma Pepin, 28 ans: «Ma génération en est une pour qui tout est jetable - que ce soit un iPhone 4 ou une relation amoureuse. On consomme, on jette et on passe au suivant.»

Et Tamy se désole d'un truc: cette boîte à souliers où elle gardait ses lettres d'amour? Elle n'a rien reçu de neuf depuis la montée des textos et de Facebook. Qui, dans 20 ans, tombera sur un vieux texto comme on tombe sur une vieille lettre d'amour?

Pascal Laflamme, 38 ans, en couple depuis 2000: «Je suis de la génération du Bic jetable. Mes enfants vont être de la génération iPad jetable. On dirait qu'aujourd'hui, pour les jeunes, l'amour rime avec intense passion, et comme ils sont élevés avec une surexposition à toutes sortes de stimulants, publicité et autres, comment vont-ils pouvoir être heureux en amour?»

Josée, 50 ans: «Aaaaah, l'internet! F-a-n-t-a-s-t-i-q-u-e façon de trouver l'amour sans sortir de chez soi! Vive Réseau Contact! Là où tout le monde est beau, célibataire et prêt pour le grand amour sans se casser la tête. Allez hop, on magasine avec notre liste de critères et pas question de déroger de ceux-ci.»

Et, si j'ai bien compris, Josée ne correspond pas aux critères de la société. «Je fais partie des statistiques: je vis seule avec mes deux chats.»
Es-tu un peu ronde et en métal blanc, Josée?
Je te taquine...

Le témoignage le plus inspiré? Celui d'Anne-Sophie Laframboise.
Un texte lancé d'un jet, L'amour au temps du choléra 2.0, qui a donné un pain compact: un premier paragraphe de 306 mots. Un second, la chute, de sept mots. Ces 313 mots sont poussés, comme une voile, par quelque chose comme un souffle irrésistible...
Extrait: L'amour à la vitesse grand V, l'amour le temps d'une virée. Je t'aime, tu m'aimes, mais nous aimons-nous vraiment? Et puis l'autre d'à côté? Pourrais-je lui aussi l'aimer? Je t'aime, tu m'aimes, mais est-ce assez? J'ai peur, aujourd'hui, d'aimer. Parce que l'amour, ça se projette, ça fait des plans à court-moyen terme et puis ça se revend, comme un projet immobilier. L'amour d'aujourd'hui se rénove moins bien, difficile de recoller les pots cassés, de réparer ce qui est brisé. Avec du neuf, on peut toujours s'en tirer...

Anne-Sophie, 27 ans, a un chum. Avant de le rencontrer, elle avait sa liste de critères. «Je me disais: j'ai une maîtrise, j'ai voyagé, je suis cultivée. Pas vrai que je vais sortir avec un gars de la construction...» Devinez quoi: eh oui, son chum est menuisier-charpentier!
Bref, si Anne-Sophie s'était magasiné un chum sur Réseau Contact avec des critères excluant tout gars de la construction, elle ne l'aurait jamais rencontré...

Ce qui ne veut pas dire qu'elle soit à l'abri des tentations du magasinage. Et par «magasinage» - c'est un peu compliqué - je ne veux pas dire qu'elle se magasine un autre chum que son beau menuisier-charpentier. Je parle de la tentation, plus subtile, de se magasiner une autre vie, en étant exposé à celles des autres. Ces vies qui entrent dans le réel des gens par l'entremise de leur fil Facebook, par exemple.

«Facebook, c'est le festival du Tu te crées une vie. As-tu remarqué qu'on y est toujours à son meilleur? Tout est beau, tout est l'fun sur Facebook. Les gens mettent les meilleures photos d'eux, de leur couple. De la bouffe qu'ils mangent dans le resto branché du moment. Du plus récent voyage...»

C'est ici, selon Anne-Sophie, que Facebook est «pervers»: tu peux passer des heures à comparer ta vie à celle des autres.
Elle, elle est donc belle...
Lui, tiens, il vit à Paris, maintenant...
Eux, ils viennent d'acheter un condo, regarde les photos...
Lui, le gars du bac que tu trouvais cute, il est devenu avocat...

«Et c'est du vrai monde! C'est pas comme regarder des magazines pour la vie des vedettes. C'est la vie du gars d'à côté, de la fille d'à côté...»

Résultat, tu finis par te comparer tout le temps. Tu compares ton mode de vie. Tu te demandes si t'as le «bon» mode de vie. Tu te dis, fatalement, que t'as peut-être pas le «bon» chum pour ce mode de vie rêvée...

L'an dernier, pour cette série sur l'argent pondue pour La Presse, on m'avait signalé le même effet pervers du fil Facebook sur les habitudes de consommation. Comme pour l'argent, Facebook, vitrine sur le monde d'autrui, créateur de besoins de consommation, semble parfois bousiller l'imaginaire amoureux...

«Tu regardes ton fil Facebook, poursuit Anne-Sophie, et tu vois que t'as raté le 5 à 7 cool, hier, au New City Gas, le nouveau bar cool, avec les DJ. T'as raté celui du Philémon et tu ne seras pas au party du 24h de Tremblant... Mais si tu veux faire tout ça, avise-toi pas d'avoir un job à temps plein, un chum, d'être aux études et d'avoir deux chiens!»
Surtout si ton chum, parce qu'il se lève à 5h30 pour aller au chantier, se couche à 22h...
Mais Anne-Sophie l'aime, son menuisier-charpentier: «Je me bats chaque jour pour mon couple.»

Elle se bat contre un monde qui dit que l'amour, c'est comme dans les films romantiques «de m...», selon ses mots. Elle se bat contre un monde qui met l'amour en scène comme dans Sex and the City: glamour, à paillettes et jamais ron-ron-petit-patapon...

«C'est difficile. Suis-je censée vivre sur un high ou vivre ce que je vis en ce moment? C'tu normal, un mardi soir, de manger devant la télé en linge mou? Facebook me dit que non. Facebook, c'est la phobie du plate.»
Plate...

C'est le mot employé par Pascal Laflamme, cité plus haut, sur le diktat du neuf et excitant, en amour. Je lis le courriel de Pascal et c'est comme s'il répondait à Anne-Sophie...

«Dans les faits, m'écrit-il, on habitue notre cerveau à tellement de stimulation qu'on n'est plus capable de rien faire. Si je ne me stimule pas à outrance... C'est plate! Mais comment peux-tu te sentir bien avec des amis virtuels? Avec des gens qui, au final, ne pensent qu'à eux?» Anne-Sophie: «Penser à deux dans une société qui pense d'abord à soi-même, c'est dur.»

En amour comme au Carrefour Laval, dans le fond, le combat est le même. Le plus dur, c'est d'aimer ce qu'on a déjà. »

mardi 12 février 2013

États d'âme









Benoît XVI a démissionné, bravo !
Il faut féliciter ce pape misogyne et rétrograde,
il nous épargnera le spectacle de son déclin et de sa mort en direct.


Une dégustation à l’aveugle, une expérience hors du commun




Puce vous propose ici son bonheur de fin de semaine, une expérience qu’elle voudra sûrement renouveler.

« Le restaurant «Ô6ième SENS» permet de vivre une expérience gastronomique très originale.  En effet, pendant deux heures, nous sommes plongés dans la noirceur totale. Nous ne voyons absolument rien,  que...du noir et nous partageons un moment de vie avec les non-voyants.

Pour commencer, un serveur non-voyant vient nous chercher à l'entrée et nous dirige vers notre table.  Nous devons le suivre à la queue leu leu en posant la main gauche sur l'épaule gauche de la personne qui nous précède.

Une fois rendus à table, nous recevons à tour de rôle, une assiette rectangulaire comprenant trois petits plats.  Samedi soir, le premier service, l'entrée, comprenait une salade de coeurs d'artichaut et de palmier avec une vinaigrette tomatée et du bacon fumé de sanglier.  Le deuxième plat était des crevettes et une sauce wasabi et sésame et enfin le troisième des aiguillettes de canard servis sur une tombée de légumes asiatiques.

Pour les plats principaux, en premier, filet de porc et sauce porto et mousseline de pommes de terre et de topinambours, ensuite gnocchis au beurre de sauge, puis escalopes de veau farcies au fromage de chèvre et tomates séchées et, pour finir,  pintade en sauce et légumes racines rôtis au miel.

Les desserts, granité au café espresso et biscotti, mi-cuit au chocolat et fraise enrobée de chocolat et finalement crème brûlée aux cerises de terre.

Tout était absolument délicieux.  Nous avions choisi la formule accords mets et vin.  Après le repas, lorsque nous retournons du côté éclairé, le chef Michel Raymond, un voyant, nous attend et nous montre ce que nous avons mangé et bu.  Étonnant de voir la réaction des gens.  « Hein, du sanglier, ouf je n'aurai jamais mangé ceci ou cela. »  À notre table (beaux-frères et belles-soeurs) nous avons joué à deviner les ingrédients de nos assiettes, mon mari et moi avons eu une bonne note.

Un seul bémol, le service est rapide, peut-être même un peu trop rapide à notre goût.  Nous aurions aimé faire durer le plaisir un peu plus longtemps.

Ce restaurant change de menu tous les mois, donc, on peut y retourner sans jamais manger la même chose.  Je le recommande à tout le monde si et je dis bien si, vous êtes prêts à être non-voyant pour quelques heures. De plus, c'est un repas qui fait du bien, une partie des bénéfices du resto est remise à la fondation Mira.

Forfait régulier:  38$ + taxes par personne
Forfait accord mets et vin:  55$ + taxes par personne


Restaurant Ô6ième sens
1200, avenue Germain des Prés
Québec, Qc, G1V 3M7
tél: 418-704-SENS (7367)
courriel:  info@o6sens.com
site web:  www.o6sens.com 

lundi 11 février 2013

Un bonheur emprunté


Messidor ne trouve pas son bonheur ce matin, il a donc décidé de l'emprunter à un écrivain célèbre.


« Il ne faut pas avoir peur du bonheur. C’est seulement un bon moment à passer.»
Romain Gary.

dimanche 10 février 2013

Les Parisiennes peuvent officiellement porter le pantalon



Une nouvelle qui fait sourire, publiée dans La Presse du 4 février 2013
Les Parisiennes ont bel et bien le droit de porter le pantalon même si elles ne tiennent pas un «guidon de bicyclette» ou «les rênes d'un cheval», vient de rappeler le ministère des Droits des femmes, soulignant que l'interdiction, datant de 1800, n'a plus aucune valeur juridique.
Un sénateur de droite, Alain Houpert, s'était ému, dans une question écrite au Ministère en juillet dernier, que soit «toujours en vigueur» un texte stipulant que «toute femme désirant s'habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l'autorisation».
«Cette interdiction a été partiellement levée par deux circulaires de 1892 et 1909 autorisant le port féminin du pantalon "si la femme tient par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d'un cheval"», a rappelé l'élu en demandant au gouvernement s'il envisageait de l'abroger.
«L'ordonnance du préfet de police Dubois n°22 du 16 brumaire an IX (7 novembre 1800), intitulée Ordonnance concernant le travestissement des femmes, est incompatible avec les principes d'égalité entre les femmes et les hommes qui sont inscrits dans la Constitution», rappelle le Ministère dans une réponse disponible sur le site www.senat.fr.
«De cette incompatibilité découle l'abrogation implicite de l'ordonnance du 7 novembre qui est donc dépourvue de tout effet juridique et ne constitue qu'une pièce d'archives conservée comme telle par la Préfecture de police de Paris», dit encore le texte du Ministère.
À l'origine, «cette ordonnance visait avant tout à limiter l'accès des femmes à certaines fonctions ou métiers en les empêchant de se parer à l'image des hommes», explique-t-il encore.

Agence France-Presse