samedi 3 septembre 2022

Jour 192 - Base russe frappée près de Zaporijjia


L’Ukraine a indiqué vendredi avoir frappé une base russe à Energodar (sud), non loin de la centrale nucléaire de Zaporijjia, d’où elle accuse la Russie d’avoir retiré ses armements avant son inspection par une équipe de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). 

Dana le même temps, alors que les pays du G7 visaient la manne énergétique de la Russie en convenant de plafonner le prix de son pétrole, Moscou a fait trembler les Européens en annonçant que le gazoduc Nord Stream serait totalement arrêté jusqu’à la réparation d’une turbine, un motif jugé fallacieux par l’Allemagne, hautement dépendante du gaz russe, et le groupe Siemens. 

« Dans les localités de Kherson et d’Energodar, des frappes précises de nos troupes ont détruit trois systèmes d’artillerie de l’ennemi, ainsi qu’un dépôt de munitions » tuant nombre de militaires russes, a affirmé l’armée ukrainienne dans son point d’information quotidien. 

L’armée ukrainienne a par ailleurs affirmé que les forces russes avaient évacué « tout leur équipement militaire depuis le site de la centrale » avant l’arrivée jeudi de la mission de l’AIEA, dont plusieurs membres sont restées à la centrale et s’y trouvent toujours. 

La centrale de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, est tombée aux mains des troupes russes en mars, peu après le lancement par Moscou de son invasion de l’Ukraine, et son site a été visé par plusieurs bombardements faisant craindre une catastrophe nucléaire. Kiev et Moscou se rejettent la responsabilité de ces frappes. 

Peur sur le gaz en Europe 
Dans le dossier du gaz, le géant russe Gazprom a annoncé vendredi que le gazoduc Nord Stream, vital pour les livraisons en Europe, serait « complètement » à l’arrêt jusqu’à la réparation d’une turbine, alors qu’il devait initialement reprendre du service samedi après une opération de maintenance. 

Dans un communiqué, Gazprom a indiqué avoir découvert des « fuites d’huile » dans la turbine lors de cette opération de maintenance. « Jusqu’à la réparation, […] le transport du gaz via Nord Stream est complètement suspendu », a indiqué le groupe.

La Russie devait reprendre samedi ses livraisons de gaz via le gazoduc Nord Stream, après une nouvelle interruption de trois jours qui a mis à rude épreuve les nerfs des Européens, engagés dans une course contre la montre pour éviter une crise énergétique cet hiver. Vendredi, Gazprom a assuré avoir découvert ces problèmes techniques lors d’un contrôle technique effectué avec des représentants du groupe allemand Siemens, qui a fabriqué la turbine. 

Plus tôt dans la journée, le Kremlin avait déclaré que le fonctionnement du gazoduc Nord Stream était « menacé » par une pénurie de pièces de rechange en raison des sanctions visant Moscou pour son offensive en Ukraine. Depuis le début de l’intervention militaire du Kremlin en Ukraine, fin février, Moscou a fortement réduit ses livraisons de gaz aux Européens, en réaction à des sanctions occidentales massives. 

Les Européens, très dépendants du gaz russe, accusent le Kremlin de s’en servir comme d’un moyen de pression. Moscou s’en défend, évoquant des problèmes techniques suscités par les sanctions ou des retards de paiement. 

La Russie affirme notamment que les sanctions empêchent la restitution d’une turbine Siemens qui avait été envoyée au Canada pour être réparée. L’Allemagne, où se trouve la turbine, assure au contraire que c’est Moscou qui bloque le retour de cet élément clé. 

 Dmytro Gorshkov - Agence France-Presse
 Le Devoir, 2 septembre 2022

vendredi 2 septembre 2022

Jour 191 - Situation difficile à Zaporijjia

 

L’« intégrité physique » de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, occupée par les Russes, « a été violée à plusieurs reprises », a dénoncé jeudi le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) après l’avoir inspectée. 

 « Nous n’avons pas d’éléments pour évaluer cela », mais « c’est quelque chose qui ne peut pas continuer à se produire », a ajouté Rafael Grossi, qui est aussi à la tête d’une mission d’experts, dont plusieurs demeureront jusqu’à « dimanche ou lundi » sur place, a-t-il souligné. 

 Ceux-ci vont « continuer l’évaluation » de la situation dans ces installations que les Russes et les Ukrainiens s’accusent mutuellement d’avoir bombardées à de nombreuses reprises, faisant craindre une catastrophe nucléaire, a-t-il poursuivi devant des médias à Novooleksandrivka, une localité de la région de Zaporijjia contrôlée par Kiev, à son retour de la centrale, la plus grande d’Europe. 

« Nous avons beaucoup de travail ici pour analyser certains aspects techniques », a encore dit M. Grossi. Selon l’agence de presse russe Interfax, quatre des neuf véhicules composant le convoi par lequel l’équipe de l’AIEA était arrivée jeudi après-midi à la centrale étaient repartis en début de soirée.

 L’Agence compte aussi ensuite « établir une présence continue » sur le site, a répété son chef, une option qui n’avait pas été évoquée publiquement avant l’envoi de cette mission. 

Une « situation difficile » 
Rafael Grossi a déclaré avoir vu « beaucoup de choses » pendant les « quatre ou cinq heures » passées sur les lieux.  « Nous avons pu visiter tout le site. J’étais dans les unités [de réacteurs], j’ai vu le système d’urgence et d’autres pièces, les salles de contrôle », a-t-il énuméré, tout en louant le personnel ukrainien qui continue de travailler à la centrale depuis qu’elle est tombée en mars aux mains des soldats russes. 

 « Bien sûr, ils sont dans une situation difficile, mais ils ont un degré de professionnalisme incroyable », a fait valoir le patron de l’AIEA. À Kiev, le chef du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a appelé à interrompre toutes les opérations militaires autour de ces installations, prévenant qu’une attaque serait « catastrophique ». 

 « La moindre erreur de calcul pourrait provoquer des ravages que nous regretterions pendant des décennies », a mis en garde Robert Mardini. Un des deux réacteurs en fonctionnement de la centrale a été arrêté à cet égard en raison de frappes russes, a regretté jeudi l’opérateur ukrainien Energoatom. 

 Le même jour, les autorités ukrainiennes ont assuré que la Russie effectuait des tirs d’artillerie sur Energodar, la ville où se trouve le complexe atomique de Zaporijjia, et sur la route que devaient emprunter les inspecteurs de l’AIEA pour s’y rendre. 

De leur côté, les Russes ont affirmé que les Ukrainiens y avaient envoyé « deux groupes de saboteurs » dans la nuit. Les commandos « ont débarqué à bord de sept embarcations […] à trois kilomètres au nord-est de la centrale nucléaire de Zaporijjia et ont tenté de la prendre », selon le ministère russe de la Défense.  

Il a précisé que l’armée russe avait pris « des mesures pour anéantir l’ennemi, en faisant notamment usage de l’aviation ». La centrale est située le long du Dniepr, un fleuve dont la rive gauche est occupée, dans ce secteur, par les Russes. 

Ces déclarations étaient invérifiables de source indépendante. 

Stanislav Doshchitsyn - Agence France-Presse 
Le Devoir, 2 septembre 2022

jeudi 1 septembre 2022

Jour 190 - La solidarité internationale s’émousse



Six mois après le début de l’agression russe contre l’Ukraine, les deux protagonistes s’enlisent dans une guerre de positions dont l’effet sera de prolonger le conflit pendant plusieurs mois, sinon plusieurs années. Le renforcement de l’outil militaire ukrainien par les Occidentaux est contré par la posture défensive des Russes dans tous les territoires conquis. 

Dans cette optique, on voit mal comment l’Ukraine pourrait se tirer d’affaire et même repousser les forces russes en dehors de son territoire. De plus, les circonstances et le temps sont en train de reléguer la guerre en Ukraine au second plan alors que le monde fait face à de graves crises énergétiques et alimentaires. Les gouvernements occidentaux sont maintenant tournés vers leurs problèmes intérieurs, et les médias ont déjà commencé à se désintéresser de la cause ukrainienne en réduisant leur couverture quotidienne.

C’est sur le plan diplomatique que l’Ukraine subit le plus dur recul. La cause ukrainienne n’a jamais soulevé un grand enthousiasme au sein de l’Assemblée générale des Nations unies. Il reste qu’au lendemain de l’invasion du 24 février, l’Ukraine avait réussi à mobiliser les votes de 141 pays sur 193 membres afin de condamner le coup de force russe. Mais, déjà, 52 pays s’étaient abstenus, avaient voté contre ou n’avaient pas participé au vote. Et le plus stupéfiant avait été de constater que certains, dont plusieurs alliés américains, l’Inde, le Sénégal, l’Afrique du Sud, l’Irak et le Pakistan, avaient décidé de ne pas appuyer l’Ukraine. 

Six mois plus tard, l’engouement envers la cause ukrainienne s’émousse. La semaine dernière, pour marquer les six mois de l’invasion, les États-Unis ont publié une déclaration condamnant la Russie et exigeant la fin de la guerre. Cette déclaration n’a reçu l’appui que de 57 pays et de l’Union européenne. Devant un tel échec à mobiliser la communauté internationale, les États-Unis n’ont rien fait pour publiciser ce texte, et les médias occidentaux se sont bien gardés d’en parler. Mes demandes auprès de la Mission des États-Unis auprès des Nations pour obtenir des explications à ce sujet sont restées sans réponse. 

L’intérêt de ce texte n’est pas dans la liste des signataires, mais dans ceux qui n’y apparaissent pas. L’écrasante majorité des 58 signataires sont des pays occidentaux, principalement européens. À quelques exceptions près, l’immense majorité des pays sud-américains, africains, arabes et asiatiques a refusé de signer. Même Israël est absent de la liste des signataires. Plus grave, et qui n’augure rien de bon pour la réunion du G20 en Indonésie en novembre, 9 des 20 membres du regroupement n’ont pas signé. Et certains, comme le Brésil, l’Arabie saoudite et l’Inde, ne se gênent plus pour annoncer le renforcement de leurs relations avec la Russie. 

Comment expliquer une telle dégringolade entre le moment du vote de 141 pays en faveur de l’Ukraine au lendemain de l’invasion et le manque de ralliement autour du texte américain ? Richard Gowan, de l’International Crisis Group à New York, est un observateur averti de la scène diplomatique à l’ONU depuis plus de 20 ans. Pour lui, la réponse est simple. « Entre la crise ukrainienne initiale en 2014 et cette année, les États non occidentaux ont généralement évité de prendre des positions fortes » sur le conflit, m’a-t-il écrit par courriel. Ils ont d’autres préoccupations et ils « ne voient aucun avantage à irriter ni les États-Unis ni la Russie. En fait, nous revenons peut-être à ce statu quo d’avant février, dans lequel la plupart des membres de l’ONU parlent peu de l’Ukraine ».

J’ajouterais un autre élément. Les États non-signataires font de plus en plus abstraction des rivalités entre grandes puissances. Ainsi, dans la lutte que se livrent les États-Unis et la Chine pour l’hégémonie mondiale, la plupart des États refusent de s’aligner. Au cours des trente dernières années, ils ont appris à jouer les grandes puissances les unes contre les autres en rappelant qu’ils ont maintenant le choix de leurs relations, ce qui n’était pas le cas il y a encore 20 ou 30 ans. L’Ukraine livre un combat de tous les instants pour sa survie. 

Le président Zelensky utilise tous les moyens, dont la une des magazines people, pour attirer l’attention sur son pays. Les reportages occidentaux magnifient le courage et la détermination de l’armée ukrainienne. Pour autant, la glamourisation du président et l’héroïsation des soldats ukrainiens ne feront pas gagner la guerre. Le front stagne alors que la diplomatie piétine. L’indifférence, aussi, s’installe dans les capitales et dans l’opinion publique. L’échec des Américains à solidariser la communauté internationale autour de l’Ukraine le démontre. 

Jocelyn Coulon 
chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM). 
Le Devoir, 1er septembre 2022 


mercredi 31 août 2022

Jour 189 - Violents combats de la contre-offensive ukrainienne


La contre-offensive de l’armée ukrainienne se poursuivait mardi dans le sud de l’Ukraine, où d’intenses combats étaient signalés, tandis que le président Volodymyr Zelensky exhortait la mission de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qu’il recevait à Kiev à « faire le maximum » pour éviter une catastrophe nucléaire à la centrale de Zaporijjia. 

De « puissantes explosions » se sont produites toute la journée de lundi et toute la nuit dans la région de Kherson, une ville prise par les Russes dès le début de la guerre, et la « quasi-totalité » de son territoire est en proie à de violents affrontements, a déclaré dans la matinée la présidence ukrainienne. 

Celle-ci a par la suite diffusé une vidéo de la rencontre entre les experts de l’AIEA — conduits par son directeur général, Rafael Grossi — et M. Zelensky par laquelle la communauté internationale doit obtenir de la Russie « une démilitarisation immédiate » de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, qu’elle occupe depuis début mars. 

Cela, a ajouté le président ukrainien à cette occasion, implique « le départ de tous les militaires russes avec tous leurs explosifs, toutes leurs armes » de ces installations situées dans le sud de l’Ukraine et sur le site desquelles Kiev et Moscou s’accusent mutuellement d’avoir effectué des frappes. 

 « Puissantes attaques d’artillerie » 
À Bereznehuvate, une ville de l’arrière située à 70 km au nord de Kherson, l’AFP a assisté à un passage constant de blindés ukrainiens, tandis que de nombreux tirs d’artillerie résonnaient dans les environs. 

« On les a bien enfoncés », se vante Viktor, un soldat d’infanterie d’une soixantaine d’années qui ne veut pas en dire plus. Son commandant, Oleksandr, un ancien combattant soviétique de la guerre d’Afghanistan, pense que la reconquête de Kherson sera « longue et compliquée ». 

« Les forces armées ukrainiennes ont lancé des actions offensives dans diverses directions », a annoncé la présidence ukrainienne, affirmant qu’elles ont détruit « un certain nombre de dépôts de munitions » et « tous les grands ponts » qui permettent aux véhicules de traverser le Dniepr, le grand fleuve arrosant cette partie de l’Ukraine. 

Et ce, afin de couper le ravitaillement en provenance de la Crimée, annexée par la Russie en 2014.

Agence France-Presse
Le Devoir, 31 août 2022

mardi 30 août 2022

Jour 188 - Une mission de l’AIEA en Ukraine



L’AIEA a annoncé envoyer une mission, conduite par son directeur général Rafael Grossi, à la centrale de Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine. Elle doit visiter « plus tard cette semaine » ces installations. 

M. Grossi réclamait depuis plusieurs mois de pouvoir aller sur place, avertissant du « risque réel de catastrophe nucléaire » après une série de bombardements dont les deux belligérants s’imputent mutuellement la responsabilité. 

Dans une déclaration lundi (hier, 29 août), les pays du G7, « profondément préoccupés » par les risques d’accident nucléaire à Zaporijjia, ont demandé qu’une totale liberté de mouvement soit accordée aux experts internationaux. 

« La Russie doit assurer un accès sûr et sans entrave » à l’équipe de l’AIEA, a réclamé un responsable américain, pour qui l’option « la plus sûre » serait une extinction « contrôlée » des réacteurs. 

Accusée par Kiev d’avoir positionné des pièces d’artillerie sur le site de la centrale pour pilonner les positions de son armée, la Russie a le même jour jugé « nécessaire » cette inspection, par la voix du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. 

L’opérateur ukrainien Energoatom a néanmoins affirmé que les soldats russes « mettaient la pression sur le personnel de la centrale pour l’empêcher de révéler des preuves des crimes de l’occupant ». 

« La souveraineté ukrainienne sur cette centrale ne doit pas être contestée », a quant à lui souligné le président français Emmanuel Macron. 

La mairie de Zaporijjia a dit distribuer depuis le 23 août des comprimés d’iode à la population dans un rayon de 50 km autour de la centrale, à prendre en cas d’alerte aux radiations.

Lundi, les habitants de la ville se préparaient au pire. « Vous savez, on a connu l’accident de Tchernobyl, la menace était déjà très grande, mais on a survécu, Dieu merci. Aujourd’hui, la menace est totale, à 100 % », commentait Kateryna, une retraitée.

Agence France-Presse
Le Devoir, 30 août 2022

lundi 29 août 2022

Jour 187 - L’AIEA en route vers Zaporijia


Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a annoncé lundi matin être en route vers la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia, cible ces dernières semaines de frappes faisant craindre le risque d'un accident majeur. 

“Le jour est venu, la mission de l’AIEA vers Zaporijia est désormais en route. Nous devons protéger la sécurité de l'Ukraine et de la plus grande centrale d'Europe”, a écrit Rafael Grossi sur Twitter, précisant que la mission arriverait sur place “plus tard cette semaine”. 

Dans une photo accompagnant son message, le chef de l’AIEA pose avec une équipe d'une dizaine de personnes, arborant casquettes et gilets au logo de l'instance onusienne. M. Grossi réclamait depuis plusieurs mois de pouvoir se rendre sur les lieux, avertissant du “risque réel de catastrophe nucléaire”. 

La centrale de Zaporijia, où sont situés six des quinze réacteurs ukrainiens, a été prise par les troupes russes début mars, peu après le lancement de l'invasion le 24 février, et se trouve près de la ligne de front dans le sud. Kiev et Moscou s'accusent mutuellement de procéder à des bombardements à proximité du complexe, près de la ville d'Energodar, sur le fleuve Dniepr, et de mettre ainsi le site en péril. 

Risques de fuites radioactives 
L'opérateur ukrainien Energoatom a mis en garde samedi contre des risques de fuites radioactives et d'incendie après de nouvelles frappes. Ces dernières semaines, Zaporijia cristallise les inquiétudes des Occidentaux. 

L’ONU a appelé à cesser toute activité militaire aux alentours. Initialement, l'Ukraine craignait qu'une telle visite ne légitime l'occupation russe du site aux yeux de la communauté internationale avant de finalement soutenir l'idée d'une mission de l’AIEA. 

Devant cette “dangereuse” situation, le président Volodymyr Zelensky avait pressé vendredi le gendarme onusien du nucléaire d'envoyer au plus vite une équipe. Entre jeudi et vendredi, la centrale et ses six réacteurs de 1000 mégawatts chacun ont été “totalement déconnectés” du réseau national à cause de dommages sur les lignes électriques, selon Kiev, avant d'être reconnectés et remis en route. 

Vladimir Poutine a accepté l'organisation d'une mission passant “par l'Ukraine” et non par la Russie, ce qu'il exigeait auparavant, avait fait savoir la présidence française mi-août à l'issue d'un entretien téléphonique d'Emmanuel Macron avec le président russe. 

Agence France-Presse
Radio-Canada, 29 août 2022 

dimanche 28 août 2022

Jour 186 - Risques de fuites radioactives




(Kyiv) L’opérateur des centrales nucléaires ukrainiennes Energoatom a averti samedi que la centrale de Zaporijjia fonctionnait désormais avec des risques de fuites radioactives et d’incendie, à la suite de bombardements dont Ukrainiens et Russes s’accusent mutuellement depuis plusieurs semaines. Les troupes russes ont bombardé le site « à plusieurs reprises au cours de la dernière journée », a affirmé samedi sur Telegram la compagnie nationale ukrainienne. 
 

« Conséquence des bombardements périodiques, l’infrastructure de la centrale a été endommagée et il existe des risques de fuite d’hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives », a-t-elle dit, faisant état d’« un risque d’incendie élevé ». 

 Selon l’opérateur, depuis samedi midi (5 h, HE), la centrale « fonctionne avec le risque de violer les normes de sécurité en matière de radiations et d’incendie ».   La mairie de Zaporijjia a indiqué distribuer depuis le 23 août des comprimés d’iode aux habitants dans un rayon de 50 km autour de la centrale, conformément aux instructions du ministère de la Santé, tout en soulignant qu’aucune anomalie n’avait été détectée pour l’instant et que l’iode ne devait être pris qu’en cas d’alerte aux radiations. 

 La Russie a de son côté accusé l’Ukraine d’avoir tiré 17 obus sur l’enceinte de la centrale, la plus grande d’Europe, au cours des dernières 24 heures. « Quatre sont tombés sur le toit du bâtiment […] où se trouvent 168 assemblages de combustible nucléaire américain de la firme WestingHouse », a précisé le ministère russe de la Défense dans un communiqué, ajoutant que des obus s’étaient aussi écrasés à 30 mètres de dépôts de combustible. 

Selon l’armée russe, l’armée ukrainienne procède à ces tirs depuis les alentours de la ville de Marhanet, qui fait face à la centrale, sur la rive opposée du fleuve Dniepr toujours contrôlée par Kyiv. L’AFP n’a pas pu vérifier ces déclarations de source indépendante.

La centrale de Zaporijjia, où sont situés six des 15 réacteurs ukrainiens, a été prise par les troupes russes début mars, peu après le lancement de l’invasion le 24 février, et se trouve près de la ligne de front dans le Sud. Kyiv et Moscou s’accusent mutuellement de procéder à des bombardements à proximité du complexe, près de la ville d’Energodar, sur le fleuve Dniepr, et de mettre ainsi la centrale en péril.   

Blocage à l’ONU 
Ces dernières semaines, Zaporijjia cristallise les inquiétudes des Occidentaux. L’ONU a appelé à cesser toute activité militaire aux alentours tandis que face à un « risque très réel de catastrophe nucléaire », l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) réclame d’y avoir accès.   

Soulignant que la situation était « dangereuse », le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pressé l’AIEA vendredi d’envoyer au plus vite une mission sur place, déplorant que les troupes russes « poussent en permanence vers le scénario du pire ». 

Entre jeudi et vendredi, la centrale et ses six réacteurs de 1000 mégawatts chacun ont été « totalement déconnectés » du réseau national à cause de dommages sur les lignes électriques, selon Kyiv, avant d’être reconnectés et remis en route.   

Des experts de l’AIEA y sont attendus « la semaine prochaine », selon la conseillère du ministre ukrainien de l’Énergie Lana Zerkal, qui a reproché aux Russes d’« artificiellement créer des obstacles » à cette mission. Moscou s’en défend, reportant la responsabilité de la situation sur Kyiv.   

Cependant la Russie a bloqué vendredi l’adoption d’une déclaration commune à l’issue de la conférence d’examen à l’ONU du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), s’opposant à des paragraphes qui soulignaient une « grande inquiétude » concernant les activités militaires autour des centrales ukrainiennes et la « perte de contrôle » par Kyiv de ces sites. 

Conséquence de cette guerre livrée par la Russie à l’Ukraine, qui est entrée dans son septième mois mercredi, des sanctions imposées notamment sur le pétrole russe, mais aussi de la fermeture partielle à ce stade par Moscou du robinet du gaz, les prix de l’énergie ont explosé en Europe et le continent se prépare à un hiver difficile. 

Le premier ministre ukrainien Denys Chmygal a averti samedi dans un message sur Telegram que « cette saison de chauffage sera(it) certainement la plus difficile de l’histoire de l’Ukraine indépendante ». « Le principal risque consiste en des actes terroristes de la Russie contre les infrastructures critiques », a-t-il dit.  

Le premier ministre tchèque Petr Fiala, dont le pays assure la présidence de l’Union européenne, a annoncé vendredi qu’il convoquerait « une réunion d’urgence des ministres de l’Énergie ». Le président russe, 

Vladimir Poutine, a lui accordé par décret un permis de travail et de séjour sans limitation de délai aux citoyens ukrainiens en territoire russe, ainsi que des aides pour les personnes vulnérables. 

Joe Stenson 
Agence France-Presse 
La Presse, le 27 août 2022, mis à jour à 12 h 10