samedi 4 mars 2023

Jour 374 - Bakhmout «pratiquement encerclé», selon Wagner



(Kyiv) Le groupe paramilitaire russe Wagner, dont les hommes sont en première ligne sur le front en Ukraine, a revendiqué vendredi avoir « pratiquement encerclé » Bakhmout, ville-symbole de l’Est, et appelé le président Volodymyr Zelensky à sonner le retrait de ses troupes. 

La bataille pour Bakhmout, ville industrielle dont l’importance stratégique est contestée, dure depuis l’été et a mené à de grandes destructions ainsi qu’à de lourdes pertes dans les deux camps. 

La cité est devenue un symbole, car elle est l’épicentre des combats entre Russes et Ukrainiens depuis des mois. 

Ces dernières semaines, les forces russes avaient progressé au nord et au sud de Bakhmout, coupant trois des quatre routes d’approvisionnement ukrainiennes et rendant la position des défenseurs de plus en plus précaire. 

« Les unités de Wagner ont pratiquement encerclé Bakhmout, il ne reste plus qu’une seule route » pour en sortir, a souligné vendredi le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, dans une vidéo publiée sur Telegram par son service de presse. 

En tenue de combat et s’exprimant alors qu’une forte explosion se fait entendre au loin, M. Prigojine a appelé M. Zelensky — qui avait juré de défendre Bakhmout « aussi longtemps que possible » — à donner l’ordre aux troupes ukrainiennes de se retirer de la ville. 

« Si avant nous faisions face à une armée ukrainienne professionnelle, qui combattait contre nous, aujourd’hui nous voyons de plus en plus de personnes âgées et d’enfants. Ils se battent, mais leur vie à Bakhmout est courte, un jour ou deux », a lancé M. Prigojine. 

« Donnez-leur une chance de quitter la ville, elle est pratiquement encerclée », a-t-il ajouté. 

La vidéo montre ensuite trois personnes, un homme âgé et deux jeunes, demandant face caméra à M. Zelensky de leur permettre de partir. 

 « Extrêmement tendue » 
Volodymyr Zelensky s’était rendu à Bakhmout en décembre et avait offert au Congrès américain, lors de sa visite à Washington peu après, un drapeau ukrainien venu de cette partie du front. 

Le commandement militaire ukrainien avait admis mardi une situation « extrêmement tendue » à Bakhmout face à une tentative de percée russe. 

M. Zelensky avait pour sa part constaté le même jour une augmentation de « l’intensité des combats » autour de la ville, qui comptait quelque 70 000 habitants avant la guerre. Il en reste aujourd’hui 4500, malgré le danger, selon les autorités locales. 

L’état-major ukrainien n’a donné aucune précision sur la situation à Bakhmout vendredi, se contentant de signaler que l’armée avait repoussé 85 attaques russes sur l’ensemble du front ces dernières 24 heures. 

Mercredi, le porte-parole du commandement oriental de l’armée ukrainienne, Serguiï Tcherevaty, avait démenti auprès de l’AFP qu’un retrait de Bakhmout était en cours. 

Les soldats ukrainiens récemment interrogés par l’AFP sur place essayaient, pour certains, de rester optimistes. D’autres ont fait état d’un manque d’hommes, de munitions, et de soutien de l’artillerie. 

À l’ouest de Bakhmout, le bilan des victimes de l’attaque russe sur un immeuble de la ville de Zaporijia, touché par un missile dans la nuit de mercredi à jeudi, s’est alourdi à sept morts, selon les services de secours ukrainiens de la région. 

Incursion en Russie 
Les menaces de Wagner interviennent au lendemain d’un incident dans la région russe de Briansk, frontalière de l’Ukraine, incident qui a été présenté par Moscou comme une incursion de « saboteurs » ukrainiens. 

Selon les services de sécurité russes, ce groupe a ouvert le feu sur une voiture, tuant deux civils et blessant un enfant dans le village de Lioubetchané, situé juste à la frontière avec l’Ukraine. 

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré vendredi que Moscou allait « prendre des mesures » pour empêcher de futures infiltrations ukrainiennes. « Des conclusions seront tirées à l’issue de l’enquête », a-t-il ajouté. 

La présidence ukrainienne a démenti ces allégations, y voyant une « provocation délibérée » qui vise, selon elle, à justifier l’invasion que mène Moscou depuis plus d’un an. 

Dans deux vidéos publiées sur les réseaux sociaux, dont l’AFP n’a pas pu vérifier l’authenticité, quatre hommes en treillis se présentant comme des membres d’un groupe de « volontaires russes » au sein de l’armée ukrainienne ont revendiqué cette infiltration. 

Des médias russes et ukrainiens ont reconnu l’un de ces hommes comme étant Denis Nikitine, un néonazi russe habitant en Ukraine depuis plusieurs années. 

Le Comité d’enquête russe a annoncé vendredi avoir envoyé une équipe sur place, affirmant que la situation était « sous le contrôle des forces de l’ordre ». Les forces de sécurité russes (FSB) avaient dit avoir trouvé une « grande quantité d’explosifs » dans la zone. 

Selon le député russe Alexandre Khinchteïn, quatre membres de la Garde nationale ont été blessés lors d’une opération dans le village de Souchany, également frontalier. 

Les autorités russes ont également rapporté cette semaine plusieurs attaques de drones ukrainiens ayant aussi visé la Crimée annexée. Pour la première fois, un engin est tombé près de Moscou, sans faire de dégâts. 

Vendredi, des sources au sein des forces de l’ordre, citées par l’agence TASS, ont rapporté l’explosion d’un drone dans le ciel de la région de Kolomna, à une centaine de kilomètres au sud-est de Moscou. 

Nouvelle aide militaire américaine de 400 millions [...] 
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Daria Andriievska Agence France-Presse 
La Presse, le 3 mars 2023

vendredi 3 mars 2023

Jour 373 - Blinken demande à Lavrov de mettre fin à la guerre


(New Delhi) Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré avoir pressé son homologue russe Sergueï Lavrov de mettre fin à la guerre en Ukraine jeudi en Inde, durant leur premier échange en face à face depuis le début du conflit. 

MM. Blinken et Lavrov se sont brièvement entretenus lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20, qui s’est achevée jeudi sans communiqué commun du fait des différends concernant la guerre en Ukraine.

« J’ai dit au ministre des Affaires étrangères [russe] ce que j’ai dit, comme tant d’autres la semaine dernière aux Nations unies et ce que tant de ministres des Affaires étrangères du G20 ont dit aujourd’hui : mettez fin à cette guerre d’agression, engagez-vous dans une diplomatie significative qui peut produire une paix juste et durable », a déclaré M. Blinken lors d’une conférence de presse.  

Son précédent entretien en tête-à-tête avec Sergueï Lavrov remontait à janvier 2022, quelques semaines avant l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février. Ils avaient toutefois discuté depuis au téléphone, mais sur d’autres sujets que l’Ukraine. 

La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a minimisé l’importance de cet échange.  

M. Lavrov « lui a parlé, debout, dans le cadre de la deuxième session du G20 ». « Aucun entretien ni aucune véritable rencontre n’ont eu lieu », a assuré Mme Zakharova à l’agence de presse publique russe RIA Novosti. 

Pour Harsh V. Pant, professeur au King’s College de Londres, cette rencontre ne modifiera pas « fondamentalement la dynamique sur le terrain » en Ukraine.   

MM. Blinken et Lavrov « n’ont rien dit qui convainque quiconque que cette crise évolue vers une résolution significative ou sérieuse », estime auprès de l’AFP cet expert en relations internationales. 

Craintes d’un soutien de la Chine 
Devant ses homologues du G20, le chef de la diplomatie russe a fustigé le « comportement obscène d’une série de délégations occidentales, qui ont transformé le travail sur l’agenda du G20 en une farce », d’après l’agence publique russe TASS. 

La réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 est intervenue après celle la semaine dernière des ministres des Finances, qui n’ont pu s’entendre samedi sur un communiqué commun en raison de leurs divergences concernant le conflit en Ukraine. 

Jeudi, la Chine a de nouveau rejoint la Russie et refusé de signer le communiqué commun à l’issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20. 

Les deux pays ont fait part de leur opposition à un paragraphe exigeant le « retrait complet et inconditionnel de la Russie du territoire de l’Ukraine », selon un résumé des discussions du G20 publié par la présidence indienne. 

 La Russie souhaitait par ailleurs inscrire dans le document la nécessité d’une enquête « impartiale », après les explosions qui ont endommagé en septembre les gazoducs russes Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique, a indiqué devant la presse M. Lavrov. 

Les pays occidentaux et la Russie se rejettent la responsabilité de ces explosions.   

Les délégués occidentaux craignent que la Chine n’envisage de fournir des armes à la Russie et ont déclaré avant le sommet qu’ils avaient l’intention de décourager Pékin d’intervenir dans le conflit. 

« Si la Chine s’engageait dans un soutien matériel létal à l’agression de la Russie ou si elle s’engageait dans le contournement systématique des sanctions pour aider la Russie, ce serait un grave problème pour nos pays », a déclaré M. Blinken. 

Depuis le début du conflit, la Chine se présente comme neutre, tout en conservant des liens étroits avec son allié stratégique russe.   

« Multilatéralisme en crise » [...] 
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Shaun Tandon et Manon Billing 
Agence France-Presse
 La Presse, le 2 mars 2023, mis à jour à 11h21

jeudi 2 mars 2023

Jour 372 - Kiev se félicite d’avoir «vaincu la terreur hivernale»


L’Ukraine s’est félicitée mercredi d’avoir « vaincu la terreur hivernale », marquée par d’intenses bombardements russes qui ont plongé des millions de personnes dans le froid, la Russie annonçant de son côté une attaque « massive » de drones en Crimée annexée. 

Les dix appareils ukrainiens envoyés sur cette péninsule ont tous été neutralisés, a affirmé l’armée russe. C’est la deuxième journée consécutive que Moscou fait état d’une attaque de drones. 

« Il faisait froid et sombre, mais nous étions incassables », a lancé pour sa part le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, à propos de l’hiver traversé par son pays. « L’Ukraine a vaincu la terreur hivernale », a-t-il ajouté, un peu plus d’un an
après le déclenchement de l’invasion russe. 

Il a estimé que l’Union européenne avait « également gagné », car elle « n’a pas gelé sans le gaz russe », visé par des sanctions. La Russie, qui était l’un des principaux fournisseurs de l’Europe, avait relayé des prédictions catastrophistes en cas de coupure des approvisionnements. 

« Nos partenaires se sont tenus à nos côtés en nous apportant leur aide », a relevé M. Kouleba, ajoutant : « Le chemin est encore long jusqu’à la victoire finale. Mais nous savons déjà comment gagner. » 

Le secrétaire du Conseil de sécurité et de défense, Oleksiï Danilov, a quant à lui souhaité à ses concitoyens un « heureux premier jour du printemps ukrainien ». « Alors, sont-ils parvenus à nous geler ? » a-t-il ironisé. 

Attaque sur la Crimée 
L’hiver en Ukraine a été marqué par une longue série de frappes russes à l’aide de missiles et de drones explosifs, qui ont touché des sites énergétiques, provoquant régulièrement des coupures massives d’électricité, de chauffage et d’eau courante. 

Les bombardements russes avaient forcé l’opérateur national Ukrenergo à mettre en place des approvisionnements par intermittence, tandis que les services d’urgence ukrainiens s’affairaient à réparer chaque centrale endommagée. 

Des millions de personnes, y compris à Kiev et dans d’autres grandes villes, sont restées sans chauffage sous des températures hivernales. 

Les alliés occidentaux de Kiev lui ont progressivement fourni des systèmes de défense antiaérienne, et la Russie a diminué la fréquence et l’ampleur de ses attaques. 

Ukrenergo a confirmé mercredi que le système électrique ukrainien n’avait pas rencontré d’avaries depuis 18 jours et qu’aucune coupure n’était prévue. 

L’armée russe a pour sa part affirmé avoir repoussé mercredi une attaque « massive » de drones sur la Crimée, un territoire que la Russie a annexé en 2014 et qu’elle utilise comme base arrière et port pour sa flotte, visée à plusieurs reprises depuis le début de la guerre. 

La veille, plusieurs régions russes, dont pour la première fois celle de Moscou, avaient été la cible de drones ukrainiens. 

Pendant tout l’hiver, les combats se sont concentrés dans l’est de l’Ukraine, notamment autour de la ville forteresse de Bakhmout, où l’armée ukrainienne a fait état mardi d’une situation « extrêmement tendue » face à des assauts répétés. 

Minsk soutient le plan chinois [...] 
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Emmanuel Peuchot et Ihor Tkachov 
Agence France-Presse 
Le Devoir, le 1er mars 2023

mercredi 1 mars 2023

Jour 371 - Assauts russes à Bakhmout, un drone s’écrase près de Moscou


L’armée ukrainienne a fait état mardi d’une situation « extrêmement tendue » autour de Bakhmout, épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine et cité que les troupes russes tentent d’encercler. 

En Russie, l’armée a de son côté rapporté avoir abattu plusieurs drones ukrainiens qui visaient des infrastructures civiles, sans faire de dégâts. Pour la première fois, l’un d’entre eux s’est écrasé dans la région de Moscou. 

Dans la soirée, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lors de son allocution quotidienne, a déclaré que « les plus grandes difficultés, comme auparavant, sont à Bakhmout […] La Russie ne compte pas du tout ses hommes, les envoyant constamment à l’assaut de nos positions. L’intensité des combats ne fait qu’augmenter ». 

Malgré une importance stratégique contestée par les experts, Bakhmout est devenue un symbole de la lutte pour le contrôle de la région industrielle du Donbass. M. Zelensky, qui s’était rendu sur place en décembre, avait juré de défendre cette ville-forteresse « aussi longtemps que possible ». 

« La situation aux alentours de Bakhmout est extrêmement tendue », avait constaté plus tôt dans la journée le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, cité par le centre de presse officiel de l’armée. 

Selon lui, le groupe paramilitaire russe Wagner, en première ligne dans cette bataille, tente de « percer la défense de nos troupes et d’encercler la ville ». 

Le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, a revendiqué tour à tour ces dernières semaines la prise de localités autour de Bakhmout. Soledar est tombée en janvier, puis Krasna Gora en février, et samedi Laguidné, située aux portes de la ville. 

Conséquence de cette lente poussée russe, trois des quatre routes permettant aux Ukrainiens d’approvisionner Bakhmout ont été coupées, ne laissant plus comme voie de sortie que celle menant à l’ouest vers Tchassiv Iar, au sud de laquelle les Russes essaient également de progresser. 

« Bakhmout va tomber » 
Bakhmout, qui comptait 70 000 habitants avant la guerre, a été en grande partie détruite par les combats qui ont provoqué de lourdes pertes dans les deux camps. Quelque 5000 civils, dont environ 140 enfants, y demeurent malgré le danger, selon les autorités.

M. Zelensky avait reconnu lundi soir que la situation aux alentours de Bakhmout devenait « de plus en plus compliquée » pour les soldats ukrainiens, qui ont décrit des scènes rappelant celles de la Première Guerre mondiale. 

Les militaires ukrainiens interrogés par l’AFP à Bakhmout lundi ont affirmé garder le moral. « Nous ne pouvons pas connaître toute la situation opérationnelle mais nous sommes ici, nous ne nous sommes pas enfuis », a déclaré un soldat de 44 ans dont le nom de guerre est « Kaï ». 

« Non seulement Bakhmout mais la Crimée et tout le reste : nous allons tout récupérer », a renchéri « Died », 45 ans, en tirant sur une cigarette. 

« Fox », 40 ans, est plus pessimiste : « Je comprends contre quel pays nous nous battons […]. Ils ont des gens intelligents là-bas, des gens qui savent comment se battre. Ils pensent, ils apprennent, de la même façon que nous ». 

« Je pense que Bakhmout va probablement tomber », a-t-il lâché, évoquant un manque de munitions et d’effectifs côté ukrainien. 

Drones en Russie [...] 
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Emmanuel Peuchot et Élizabeth Striy, à Bakhmout 
Agence France-Presse 
Le Devoir, le 28 février 2023

mardi 28 février 2023

Jour 370 - La situation à Bakhmout « de plus en plus compliquée »


(Genève) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reconnu lundi soir que la situation de ses troupes aux alentours de Bakhmout, dans l’est du pays, devenait très difficile. 

« La situation devient de plus en plus compliquée », a-t-il déclaré dans son message quotidien. « L’ennemi détruit systématiquement tout ce qui peut être utilisé pour protéger nos positions », a-t-il ajouté, qualifiant de « vrais héros » les soldats ukrainiens engagés dans cette bataille. 

Depuis l’été, les troupes de Moscou tentent de prendre la ville de Bakhmout, à l’importance stratégique contestée, mais devenue un symbole de la lutte pour le contrôle de la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine. 

Dans des propos diffusés lundi par la télévision russe, le chef de la région de Donetsk nommé par Moscou, Denis Pushilin, a assuré que toutes les voies d’accès à la ville-forteresse de Bakhmout sont « à portée d’armes » des forces prorusses. 

Les forces russes tentent depuis plusieurs semaines d’encercler Bakhmout et ont réussi à couper plusieurs routes importantes pour le ravitaillement des troupes ukrainiennes. Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a revendiqué samedi la capture par ses hommes du village de Iaguidné, situé à la périphérie nord de Bakhmout. 

L’ONU critique sévèrement la Russie 
Crimes de guerre, sécurité internationale mise à mal : l’invasion russe en Ukraine a dominé lundi l’ouverture des débats au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU et la Conférence du désarmement. 

Après l’adoption, la semaine dernière à une très large majorité, d’une résolution par l’Assemblée générale des Nations unies exigeant un retrait « immédiat » des troupes russes, l’ONU et les alliés de Kyiv ont lancé lundi une nouvelle salve de critiques contre Moscou, désireux de démontrer que cette guerre ne concerne pas que l’Europe. 

« L’invasion de l’Ukraine par la Russie a déclenché la violation la plus massive des droits de la personne que nous connaissons aujourd’hui », a asséné le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à l’ouverture de la 52e session du Conseil des droits de l’Homme (CDH), qui doit durer près de six semaines. 

Dénonçant « l’invasion insensée de l’Ukraine par la Russie », le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a lui fustigé le retour des « guerres d’agression destructrices, datant d’une époque révolue et aux conséquences mondiales ». 

« Aujourd’hui, c’est l’Ukraine, mais demain, ce pourrait être un autre pays voisin », a lancé le président du Monténégro, Milo Djukanovic, appelant à ne « pas rester neutres ». 

 À la Conférence du désarmement – qui a également débuté lundi au siège de l’ONU à Genève –, le secrétaire d’État britannique pour l’Europe, Leo Docherty, a lu une déclaration au nom de plus de 30 pays. L’invasion russe « est une menace non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour la paix et la sécurité internationale et pour l’ordre international », souligne-t-elle. 

« La Russie met à mal notre architecture de sécurité collective et remet en cause notre ordre mondial fondé sur les règles de droit. En un mot, la Russie tente d’imposer sa vision des relations internationales fondée sur la loi du plus fort, ou a minima du plus agressif », a déclaré la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna. 

La sous-secrétaire d’État américaine responsable du contrôle des armements, Bonnie Jenkins, a pour sa part décrié la suspension par la Russie de sa participation au traité de désarmement nucléaire New Start. « La Russie montre une fois de plus au monde qu’elle n’est pas une puissance nucléaire responsable », a-t-elle asséné, tandis que la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a accusé Moscou de saper « l’architecture de contrôle des armements dont nous dépendons tous ». 

Crimes de guerre [...] 
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Agnès Pedrero 
Agence France-Presse 
La Presse, le 27 février 2023

lundi 27 février 2023

Jour 369 - L’OTAN participe au conflit en fournissant des armes, affirme Poutine


(Moscou) Le président russe Vladimir Poutine a accusé dimanche l’OTAN d’être partie prenante au conflit en Ukraine en fournissant des armes aux forces de Kyiv, alors que l’offensive de Moscou est entrée dans sa deuxième année. 

« Ils envoient des dizaines de milliards de dollars d’armes à l’Ukraine. Ceci est vraiment une participation », a dit M. Poutine dans un entretien avec la chaîne Rossiya-1 diffusé dimanche. 

« Cela signifie qu’ils prennent part, quoiqu’indirectement, aux crimes du régime de Kyiv », a estimé le président russe.

Les pays occidentaux, a-t-il encore affirmé, n’ont « qu’un seul but : détruire l’ancienne Union soviétique et sa partie principale, la Fédération de Russie ». 

« Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il nous accepteront peut-être dans la soi-disant famille des peuples civilisés, mais seulement séparément, chaque partie séparément », a-t-il ajouté lors de ces déclarations faites en marge d’un concert patriotique jeudi, à la veille du premier anniversaire de l’offensive russe en Ukraine. 

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui une nouvelle fois promis dimanche que son pays récupérera la Crimée, péninsule annexée en mars 2014 par Moscou. Une volonté affichée qui a suscité des craintes d’une escalade du conflit. 

« Il y a neuf ans, l’agression russe a commencé en Crimée. En récupérant la Crimée, nous allons restaurer la paix. C’est notre terre et notre peuple, notre histoire », a lancé M. Zelensky sur Telegram. 

Le département d’État américain a de son côté salué dans un communiqué les « efforts de l’Ukraine […] pour attirer l’attention mondiale sur l’occupation russe qui se poursuit ». 

« Les États-Unis ne reconnaissent pas et ne reconnaîtront jamais la soi-disant annexion russe de la péninsule », a-t-il ajouté. 

Dans un entretien paru dimanche dans les journaux du groupe de presse régionale allemande Funke, le numéro deux du renseignement militaire ukrainien Vadym Skibitsky a affirmé que Kyiv préparait une nouvelle contre-offensive pour le printemps. 

« L’un de nos objectifs stratégiques militaires est de tenter d’enfoncer un coin dans le front russe dans le sud » du pays, vers la Crimée, a-t-il précisé. 

« Nous n’arrêterons que lorsque nous aurons récupéré notre pays dans ses frontières de 1991. C’est notre message à la Russie et à la communauté internationale », a ajouté M. Skibitsky. 

Il a aussi jugé possibles des bombardements ukrainiens contre des sites militaires en Russie, notamment dans la région frontalière de Belgorod, déjà visée à plusieurs reprises.   

L’Ukraine insiste depuis des mois pour que les Occidentaux lui fournissent des missiles à longue portée et des avions de combat. 

Un avion russe détruit en Biélorussie [...] 
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Agence France-Presse 
La Presse, le 26 février 2023

dimanche 26 février 2023

Jour 368 - Un an de guerre - Le triomphe fabriqué de Poutine

La télévision en temps de guerre

Chronique de Paule Robitaille*

Mercredi, j’étais collée à mon ordinateur, fascinée par le spectacle que je voyais sur mon écran. Après une invasion prétendument éclair mais qui a complètement raté et qui perdure dans le sang, après des erreurs militaires phénoménales, après des dizaines de milliers de morts et encore plus d’éclopés, après les tortures et les atrocités, la Russie de Vladimir Poutine célébrait un an de guerre dans le triomphe. 

Au plus grand stade de Russie, Loujniki, à Moscou, la fête ressemblait à un gros show de mi-temps de Super Bowl. On avait mis le paquet : vedettes rock, des dizaines de danseurs en bleu, rouge et blanc – couleurs du pays – qui se trémoussaient sur la scène, immenses écrans, acteurs connus qui jouaient aux maîtres de cérémonie. À la différence que là-bas, on chantait la guerre et bombardait la foule d’images d’immeubles détruits et de soldats héroïques pour crinquer à fond la caisse le moral des 80 000 personnes amenées en autobus pour l’occasion. Le dessert était évidemment l’arrivée en grande pompe du président, Vladimir Poutine. Il n’avait rien de Staline ou d’Hitler. En pleine forme, relax, presque désinvolte, il m’a rappelé pour quelques secondes Pierre Lalonde. Il parlait de famille et de patrie et encensait les soldats sur la scène qui défendaient la patrie. 

« Défendre la patrie », parce qu’en Russie, l’OTAN est l’agresseur qui tire les ficelles du régime néonazi de Kyiv et qui veut détruire la Russie. 

Au stade Loujniki, l’invasion de l’Ukraine est devenue une aventure romantique. Et Vladimir Poutine est bien en selle. On prépare les troupes pour une longue guerre. Les faiseurs d’images de l’appareil du Kremlin sont de toute évidence des champions. 

Ailleurs à Saint-Pétersbourg, le groupe Wagner, la milice du redoutable chef de guerre Evguéni Prigojine, ne donne pas sa place. Il a ses studios de cinéma. Le dernier succès, Les meilleurs de l’enfer1, un film de guerre pur jus, inspiré des combats d’une violence inouïe au cœur du complexe sidérurgique Azovstal dans la ville ukrainienne de Marioupol au printemps dernier. Tout cela rappelle les productions soviétiques de la Grande Guerre patriotique de Staline. À la seule différence que dans les faits, le 24 février 2022, ce ne sont pas les Allemands qui ont attaqué un peuple souverain, mais plutôt l’armée russe. Qu’à cela ne tienne, dans l’univers parallèle de Poutine, c’est le monde à l’envers. 

Toute cette folie guerrière n’est pas apparue par magie. Rappelons-nous la méga vente de garage des années 1990 en ex-URSS où tout se retrouvait sur le marché, du sous-marin nucléaire à la vieille paire de souliers. L’écroulement de l’Union soviétique a provoqué un sentiment d’humiliation pour des millions de gens qui se sont sentis floués durant une crise économique brutale. Le terreau était fertile. 

Cette guerre redéfinit l’identité de la Russie. On étrangle la culture ukrainienne pour mieux fixer la russe. La télévision vous donnera les grandes lignes du récit. 

À l’émission Ce soir avec Vladimir Soloviov, le Guy A. Lepage de la télé d’État, ils sont sept invités, tous des hommes, qui renforceront l’idée que l’Ukraine est un État nazi, qu’il faut le vaincre pour sauver le bon peuple ukrainien, le petit frère. Ils iront aussi plus loin. Les valeurs occidentales de tolérance seront ridiculisées. L’homophobie sera célébrée. Les pays occidentaux seront damnés et la démocratie sera une fabulation. 

Le « star système » russe épouse ainsi le discours. Il s’est rangé résolument du côté de Vladimir Poutine. Il y eut, pourtant, une époque, avant 2014, où le comédien devenu président ukrainien, Vladimir Zelensky, partageait la scène de la télévision d’État russe avec les personnages qui aujourd’hui veulent sa mort. Depuis, le discours a évolué, le nationalisme russe a tourné très très à droite et Volodymyr Zelensky a choisi l’Ukraine. 

Je regardais une vidéo d’Ivan Okhlobystine, un acteur et réalisateur connu, un artiste en pleine montée et apparemment pas nostalgique de l’URSS lorsque j’habitais à Moscou dans les années 1990. Pour lui, l’invasion en Ukraine n’est rien de moins qu’une guerre sainte. 

Shaman, un chanteur populaire, crie de tous ses poumons : « Je suis russe, mon sang vient de mon père. Tu ne pourras me casser. Je suis russe, envers et contre tous. Je suis russe, jusqu’à la fin2. » Son succès compte 1,8 million de vues sur YouTube. Sur les réseaux sociaux, on voit des vidéos de jeunes étudiants qui dansent frénétiquement sur sa musique. 

« Vous croyez vraiment tout cela, vous, les Russes champions du cynisme ? », ai-je demandé à un ami russe toujours à Moscou. « Certains y croient, mais beaucoup se taisent comme du temps de l’URSS, me confie-t-il. Après 70 ans de répression soviétique, les vieux réflexes ne se perdent pas. On n’aime pas voir des gens mourir, mais qu’est-ce qu’on peut faire ? Parler nous mettrait à risque. On devient fataliste. » 

Et si l’aventure guerrière de Poutine frappait un mur après toutes ces dizaines ou ces centaines de milliers de morts inutiles, on en ferait quoi chez toi ? « Le réveil pourrait être terriblement brutal », s’inquiète le seul ami qui me reste dans la capitale moscovite. 

*Paule Robitaille a été députée libérale à l’Assemblée nationale du Québec de 2018 à 2022. Avant sa carrière en politique, elle a été journaliste et correspondante internationale pour Radio-Canada pendant une quinzaine d’années. Elle a aussi été commissaire à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada. 

Publié à 13 h 
La Presse, le 25 février 2023