samedi 15 février 2014

Le clin d'oeil du chat (16)



La Saint-Lamantin


Plus que les autres fêtes, je hais la Saint-Valentin. En tant que chat éclairé, je la considère comme une fête stupide qui encourage la moutonnerie. D’ailleurs, que savons-nous de son origine ? Par exemple, vous êtes-vous déjà demandé qui était saint Valentin ? Si l’on en croit les historiens, c’était un moine qui vécut au IIIe siècle de notre ère. Était-il seulement amoureux ? Probablement pas, l’histoire ne le dit pas, quoique j’aie lu qu’il fut martyrisé pour cause de foi chrétienne. Quand on sait que c’est le pape de l’époque qui en fit le patron des amoureux, on peut entretenir un scepticisme certain. Encore aujourd’hui, l’Église n’a pas fini de se mêler des amours humaines sur le thème de la conjugalité, le pape actuel recevait hier, jour du 14 février, 20 000 fiancés (voir le lien ci-dessous). Belle façon d’encourager la fécondité !

Ce n’est pas la raison de mon aversion. Ce n’est pas non plus parce que mes parents m’ont fait stériliser à un très jeune âge, car j’ai tout de même quelques amis de cœur. Certes je ne sais pas ce qu’est la libido, une pulsion qui semble aller de soi quand on est amoureux. Mais j’ai des attirances dont je ne rougis pas, même si elles me portent à aimer davantage les mâles que les femelles. Ce qui ne m’empêche pas, vous l’aurez compris si vous avez lu mon billet la semaine dernière, d’avoir un faible pour les souris que je tiens en haute estime, du reste je n’en dédaignerais aucune dans mon assiette qui ne goûte pas le savon. J’aime aussi mes parents adoptifs parce qu’ils me nourrissent et me cajolent, me procurant des sensations de bien-être que j’apprécie au plus haut point.

Revenons plutôt à nos moutons, ceux qui s’obligent à offrir des présents à
leur douce à la Saint-Valentin. Est-ce qu’ils ne pourraient pas trouver des objets moins éphémères que des fleurs qui se fanent et des chocolats qui se mangent ? Comme symbole de fidélité, ils auraient pu trouver mieux. Je ne sais trop, je n’y ai pas vraiment réfléchi, mais un CD ou un livre seraient certainement des cadeaux plus durables, plus significatifs, et les libraires leur en seraient reconnaissants. Mieux, une lettre bien écrite serait davantage appréciée qu’un parfum griffé, et les écrivains publics y trouveraient aussi leur compte. Un autre phénomène qui me hérisse est la tradition selon laquelle c’est le mâle qui offre un présent à sa compagne. Mais pourquoi, diantre, est-ce si peu partagé ? Pourquoi les mâles ne recueilleraient-ils pas leur pleine dose d’attentions et de gâteries ?

Ne vous méprenez pas, ce n’est pas parce que personne dans la maison n’a pensé à m’offrir un cadeau que je suis aussi réfractaire à la Saint-Valentin. (Bon, un peu quand même, mais ne le répétez pas. ) Cependant, j’ai une proposition à faire à quiconque partage mon avis. Est-ce qu’on ne pourrait pas retirer le titre de saint patron à ce pauvre moine même pas amoureux qui mourut martyrisé afin de le remplacer par un être à la symbolique plus proche des amoureux ? J’ai une solution de rechange qui me semble vraiment intéressante et qui ne devrait pas inquiéter les durs d’oreille un peu plus âgés. Le lamantin est un mammifère doux et paisible qui a besoin d’eau pour vivre. Ses nageoires pectorales lui servent à se mouvoir dans les fonds marins, à manipuler de la nourriture et à caresser ses congénères. Vous avez bien lu, cet animal sympathique se sert de ses nageoires pour distribuer des câlins et des caresses à ses proches. N’est-il pas plus attendrissant qu’un moine même pas amoureux ? Je propose donc (je me demande si je ne devrais pas adresser ma demande au pape actuel qui me semble bien accommodant) de remplacer la Saint-Valentin par la Saint-Lamantin.

Pour en savoir davantage sur :

La Saint-Valentin

Le pape François rencontre 20 000 fiancés

Le lamantin


vendredi 14 février 2014

La fête des fleuristes...?!





« Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup.
Beaucoup les aimer pour les aimer.
Sans cela, ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter. »

Marguerite Duras


Le piège de la Saint-Valentin
Article publié dans Psychologie.com, mis à jour en février 2013

« Véritable crève-coeur pour les célibataires, travaux forcés de l'amour pour les couples... Et si la Saint-Valentin reposait avant tout sur la culpabilité masculine ? Le sociologue Jean-Claude Kaufmann décrypte ce qui se cache derrière les petits coeurs en velours rouge et les bouquets de fleurs.

Certaines dates sont redoutables pour les célibataires. Mais rien n’égale en horreur la Saint-Valentin. Les petits cœurs en velours rouge ou en chocolat sont autant de crève-cœur. Et ne parlons pas de sortir au restaurant ce soir-là ! Comment trouver sa place sans se sentir montré du doigt entre les alignements de tables pour deux avec bougie ? Officiellement, la Saint-Valentin se présente comme la fête de l’amour. En réalité, elle est bien davantage la fête du couple, voire de la norme conjugale, qui stigmatise ceux dont la vie privée est différente. À la Saint-Valentin, il en est qui rasent les murs. Et tout cela sans parler du commerce ! La Saint-Valentin est avant tout la fête des fleuristes et des restaurateurs. Mais cela n’explique pas tout. Malgré des efforts marketing considérables, la fête des grand-mères ou celle des secrétaires ont fait un flop. Si la Saint-Valentin a pris une telle ampleur et se maintient, c’est qu’il y a des raisons. Une surtout : la culpabilité masculine.

Les attentes ne sont pas unanimes vis-à-vis du couple. Beaucoup de femmes rêvent de merveilles, d’une attention continuelle. Les hommes ne sont pas contre, en principe. Mais dans la réalité quotidienne, ils sont d’abord attirés par un idéal de réconfort tout simple, fait de bonheur de l’instant, sans prise de risque ni tension. Le décalage est donc évident, et les hommes en ont conscience. Ils savent qu’ils créent régulièrement une vague insatisfaction chez l’autre.

La Saint-Valentin se présente alors comme une compensation symbolique, un grand rattrapage. Mais un rattrapage obligatoire. Gare à l’homme qui oublierait la date ! Maintenant que les petits cœurs sont partout, l’absence de cadeau équivaut à une déclaration de désamour. Et il y a pire. Le bouquet de fleurs trop habituel (les mêmes roses depuis des années) risque de signaler un sentiment un peu fade et routinier, voire un amour en baisse. Il faut donc faire mieux que ce que l’on a déjà fait (un cadeau inattendu visant au plus juste des aspirations secrètes, une déclaration publiée par voie de presse, etc.). Hélas ! le pauvre amoureux s’engage alors dans une spirale infernale, où il lui faudra chaque année inventer davantage. D’autant qu’il doit ne pas faire moins que ses collègues, amis, cousins ou voisins.

Les hommes ont béni la Saint-Valentin au début. Un bouquet suffisait pour effacer la culpabilité accumulée depuis des mois. En fait, bouquet après bouquet, ils construisirent le piège collectif qui allait bientôt les enfermer. Les voici désormais condamnés rituellement aux travaux forcés de l’amour, consistant à être les princes charmants d’un jour. »

http://www.psychologies.com/Couple/Vie-de-couple/Hommes-Femmes/Articles-et-Dossiers/Le-piege-de-la-Saint-Valentin

jeudi 13 février 2014

La citation du jeudi




« Tous les matins en se levant,
on devrait dire : Chic! Je ne suis pas mort! »

Jules Renard

mercredi 12 février 2014

Les bonheurs du mercredi (1)





Des films, des téléséries, des livres, des disques, le choix est vaste quand il s’agit de s’informer ou de se divertir. Dans cette nouvelle chronique, je vous proposerai un choix chaque mercredi. Cette semaine, une télésérie qui vient tout juste de commencer sur la chaîne de Séries +. Si vous connaissez le personnage de Sherlock Holmes créé par Conan Doyle, si vous avez suivi les différents feuilletons télévisés qui se sont inspirées de ce héros aussi brillant que déconcertant, en voici une qui vous plaira sans doute.

Nous avons regardé le premier épisode de la série Élémentaire enregistré hier, il nous a beaucoup plu.
Voici les détails :


mardi 11 février 2014

Le sourire du mardi



Humeur légère ce matin. Une nouvelle insolite m'a fait sourire. Aurions-nous tort de nous plaindre de notre dur hiver ? 

GB: des pingouins sous antidépresseurs pour cause de météo calamiteuse
MSN actualité, publié le 7 février 2014

La météo dans le nord-est de l'Angleterre est à ce point exécrable depuis le tournant de l'année qu'il a fallu mettre les pingouins d'un sanctuaire marin sous antidépresseurs.

Les 12 manchots de Humboldt originaires des côtes du Pérou et du Chili montraient des signes de stress tels qu'il a été décidé de glisser des comprimés dans les poissons qu'ils ingurgitent à l'heure des repas, a expliqué vendredi à l'AFP Lyndsey Crawford, une responsable du sanctuaire de Scarborough, situé sur le littoral atlantique du Yorkshire battu par les tempêtes.

Ils ont beau venir d'une région "où les conditions météorologiques sont comparables", "ils ne sont tout simplement pas accoutumés à ce type de mauvais temps sur une période aussi prolongée", a ajouté l'une de ses collègues.

Les pingouins manifestent leur niveau de stress en restant au chaud plutôt que d'aller dans l'eau qui est leur élément naturel.

Les comprimés visent aussi à renforcer leur système immunitaire fragile. "Nous espérons qu'ils vont se rendre compte qu'ils ne courent aucun danger. Ils ne savent rien de leur traitement. Il s'agit de toutes petites gélules de rien du tout. Ca n'a pas de goût désagréable", a indiqué Lyndsey Crawford.

Les manchots de Humboldt sont menacés de disparition dans leur habitat naturel au Chili et au Pérou, en raison de divers facteurs dont le réchauffement climatique, le pillage des ressources halieutiques et la prolifération des rats dévoreurs d'oeufs.

Six de leurs congénères mâles avaient défrayé la chronique en 2005 au zoo de Bremerhaven (nord-ouest de l'Allemagne). Les responsables de l’établissement alarmés par leur comportement homosexuel avaient importé des femelles en provenance de Suède, dans l'espoir d'assurer la reproduction de l'espèce en captivité.


lundi 10 février 2014

La question du lundi




Les médias se sont ligués pour nous donner l’impression que la grande famille humaine a cessé de vivre afin de regarder les jeux de Sotchi. À en juger par ce qu’on nous montre, il ne se passe plus rien d’autre sur la planète. Êtes-vous atteint par cette fièvre moutonnière supposément contagieuse ? Ou la considérez-vous comme un monumental gaspillage ?

dimanche 9 février 2014

Le clin d'oeil du chat (15)





Des souris et des hommes

Cela ne vous étonnera guère si je vous dis que j’aime les souris. Naturellement, je ne serais pas un chat si je ne les dévorais pas en m’en délectant. Toutefois, vous serez sans doute surpris si j’ajoute que j’ai une admiration sans borne pour des qualités méconnues et plutôt éloignées de leur réputation. Car s’il m’arrive d’en manger moins souvent que je le voudrais, c’est parce qu’elles maîtrisent à la perfection l’art de la ruse. Me doutant que vous ne me croirez pas, je vous conterai une anecdote qui s’est déroulée cette semaine. Et elle vous convaincra encore mieux puisqu’elle ne m’est pas arrivée à moi, mais à mon père adoptif.  Est-ce que je me trompe, je vous entends sourire…!

Avant de m’attaquer aux souris, je dois vous parler des écureuils, une autre espèce éminemment astucieuse. J’ai parlé dans un  billet récent du cadeau que mon père a offert à ma mère à l’occasion des Fêtes, une mangeoire destinée aux oiseaux. Non seulement cette attention a-t-elle remporté un succès fou auprès des mésanges des alentours, mais les geais bleus, les tourterelles, les chardonnerets, les pics à tête rouge, les sittelles et les juncos ardoisés se sont pointés à leur tour. Malheureusement, les écureuils sont bientôt apparus, venus faire une démonstration de leur voracité. Ils se sont effrontément appropriés la mangeoire, privant de leur pitance nos amis ailés, lesquels, contrairement aux rongeurs, n’ont pas la possibilité d’emmagasiner des provisions dans les arbres. L’homme de la maison a donc entrepris une lutte serrée avec ce qu’il a été convenu d’appeler nos ennemis numéro un.

J’ai surveillé avec attendrissement les manœuvres de mon père pour déloger les importuns. Avec une patience de chat, il a tout fait pour leur bloquer le passage. Je ne détaillerai pas tous les moyens qu’il a pris, cela risque de vous ennuyer. Mais la grande assiette à pizza percée en son centre (au grand désespoir de ma mère) et enfilée sur une branche, l’abat-jour la surmontant et la planchette de bois en suspension se sont montrés inefficaces. Suivant le conseil d’une amie, l’homme de la maison a fini par trouver dans une jardinerie un crochet du berger, c’est le joli nom qu’on donne à un long poteau muni de deux suspensoirs et censé déjouer l’agilité de nos ennemis. C’était sous-estimer leur intelligence; le même après-midi, avec consternation, nous avons aperçu un écureuil qui se balançait comme pour nous narguer, suspendu à la mangeoire qu’il venait de vider. N’écoutant que sa patience, mon père a eu l’idée de graisser le poteau que les intrus parvenaient à escalader en dix secondes afin de se hisser à la mangeoire. Pendant plusieurs jours, mon père jubilait, croyant avoir gagné la bataille. Mais hélas, il a fait très froid, la graisse a figé et les écureuils ont recommencé leur manège.

Mais revenons à mes souris, par quelle ruse ont-elles pu venir à bout de la patience de mon paternel ? Eh bien, dans la même semaine, l’homme a dû entreprendre une autre lutte, cette fois contre mes meilleures amies. Les pauvres, elles étaient sûrement très affamées, elles avaient dévoré la moitié d’un pain de savon dans le garage. Mon père m’ayant sommé de leur faire la chasse, j’ai protesté :  je n’avais aucune envie de me farcir des souris au goût de savon Ivory… D’ailleurs, pour que mon plaisir de chasseur soit intense et complet, j’ai besoin de l’exercer dans la nature, de préférence sur un terrain moelleux recouvert d’herbe tendre. Déçu par mon désistement, l’homme de la maison s’est donc procuré deux pièges, des petites trappes en bois, et une autre guerre a commencé. Or, encore une fois, les bêtes se sont montrées plus rusées que les hommes. Le premier jour, elles ont dévoré le morceau de fromage, le lendemain, les bouchées de beurre d’arachide avaient disparu. Ma mère a collaboré en coupant des morceaux minuscules, se disant que cette fois, elles devraient se faire prendre. Eh non, au matin, le fromage était parti, les souris étaient invisibles. Mon père a fait une autre tentative, courageusement, naïvement je devrais dire. Et que croyez-vous qu’il arriva le quatrième jour ? Ce n’est pas seulement le fromage qui avait disparu, mais la trappe…!

J’aime bien les humains, ils m’ont appris à lire et à écrire. Mais je me demande si les bêtes en général, et les souris en particulier, ne seraient pas plus astucieuses que les hommes…!


En complément, pour le plaisir des chats et de leurs admirateurs/trices, un conte de Grimm