Voici son texte que vous apprécierez certainement, publié sur un blogue qui est pour moi une rafraîchissante découverte.
J'aime
avoir froid...
Je suis pyrénéenne. Cet état de fait
devrait déjà se suffire à lui même, mais il faut y ajouter certains paramètres
non négligeables :
- Je suis née au tout début années 5O.
- J'ai grandi dans une maison d'une
quarantaine de pièces, ancien hôtel construit autour d'un parc reconverti en
appartements, que mes grands-mères louaient aux curistes de juin à octobre. Au
fond du parc, une villa que nous occupions à l'année. ( Il arrivait aussi
qu'elle soit louée en été selon les circonstances, et nous déménagions alors
dans un autre appartement, mais c'est une autre histoire...).
En ces années là, il n'y avait point de
chauffage central. Il y avait des poêles à bois ou a charbon et des cheminées
dans chaque pièces.
...Et va chauffer, avec un petit poêle à
charbon une villa de trois étages et 12 pièces !
L'hiver, nous abandonnions la salle à
manger et le salon de 60 m2 pour nous réfugier dans le hall qui se
transformait alors en salle à manger, et nous vivions collées au poêle. Quand
il faisait 14°...ou 15 °, c'était Byzance ! La cuisine et la salle de bain
étaient chauffées, elles, par un petit poêle à pétrole rond très efficace.
Le long tuyau du poêle du hall, qui montait
tout droit le long de la cage d'escalier, était censé, lui, " tempérer
" le reste des étages où se trouvaient les chambres. L'isolation étant ce
qu'elle était à l'époque, c'est à dire nulle, la température avoisinnait celle
de l'extérieur, aidée en cela par les grandes portes fenêtres qui donnaient sur
le balcon. En vitrage simple, bien sûr, et mal jointées...le bois travaille !
Nous occupions les chambres du
premier étage, les autres étant réservées à la famille à Noël et à Pâques.
Vides ou occupées, elles n'ont jamais été chauffées.
La première chambre, près du tuyau, était
celle de mon arrière grand-mère ( 80 ans quand je suis née, j'avais 15 ans à
son décès ). La plus chaude ! Suivait celle de ma grand-mère, et la mienne au
fond du couloir dont les vitres se transformaient, à mon grand émerveillement,
en glace miroitante pendant les deux mois glaciaux de l'hiver.
C'est dans cette chambre, ma chambre
d'enfant et d'ado, que ma perversion du froid est née... J'en gardais la porte
soigneusement fermée de crainte qu'un soupçon de chaleur ne vienne
sournoisement s'y installer . Et le soir, quand ma grand-mère venait
religieusement avec le " moine " ( un arc double en bois muni d'une
lampe 100 watts pour me réchauffer le lit ), j'attendais qu'elle soit partie et
me croit couchée pour ouvrir grand le lit et la porte fenêtre afin reglacer le
tout avant de me coucher...
Et là, c'était la jouissance suprême !
Grelottante, j'attendais de retrouver une tiédeur bienfaisante diffusée par mon
corps aux draps quasi gelés.
Cette perversion ne m'a jamais quittée.
Soixante ans après, j'ouvre toujours mon lit et ma fenêtre avant de me coucher.
Enfin...ma fenêtre est déjà ouverte. Et réchauffer mon lit est toujours un
moment d'intense bonheur !
Non, je n'ai jamais été malade enfant.
Jamais.
Voir le blogue captivant de cette ardente complice du froid: