dimanche 20 août 2023

Jour 543 - L’Ukraine veut poursuivre la Russie pour écocide


(Odessa) La victime a été retrouvée le long d’une plage près de la ville portuaire d’Odessa, dans le sud de l’Ukraine, au début de l’été. Cause du décès : inconnue. 

Alors qu’une pluie fine tombe sur le terrain où la nécropsie doit avoir lieu, des représentants des forces de l’ordre, un représentant du parquet local et des témoins civils sont rassemblés pour observer la scène. 

Sur la plage gît un marsouin commun. Leurs corps s’échouent par dizaines sur les côtes de la mer Noire. 

« Les dauphins [et les marsouins] ne sont pas seulement des créatures mignonnes », explique Pawel Goldine, 44 ans, docteur en zoologie spécialisé dans les populations de mammifères marins au Centre scientifique ukrainien d’écologie de la mer, avant la nécropsie. « Ce sont des espèces clés de voûte pour l’écosystème marin. Si les dauphins sont en mauvais état, c’est tout l’écosystème qui sera en mauvais état. » 

Or, les dauphins de la mer Noire sont en difficulté. 

Les autorités ukrainiennes affirment que leur sort témoigne de l’impact sauvage de la guerre menée par la Russie sur la vie marine et, plus généralement, sur l’environnement, ce qu’elles souhaitent documenter en vue de poursuites judiciaires. 

Quatre actes précis – génocide, crimes contre l’humanité, agression et crimes de guerre – sont reconnus comme des crimes internationaux. L’Ukraine souhaiterait en ajouter un cinquième – l’écocide – et elle a entrepris de monter son dossier contre la Russie. La nécropsie du marsouin s’inscrit dans cette démarche. 

« Nous sommes en train d’élaborer une stratégie de poursuite pour crimes de guerre environnementaux et écocide », explique Maksim Popov, conseiller du procureur général de l’Ukraine chargé plus particulièrement des questions environnementales. « Cette stratégie n’est pas encore établie. » 

La mer, zone de guerre 
Bien que souvent les gens utilisent indifféremment les termes dauphins et marsouins, il s’agit de créatures distinctes. Les uns et les autres sont menacés d’extinction.

Signe de l’importance que l’Ukraine accorde à cette question, le président Volodymyr Zelensky a inclus la « protection immédiate de l’environnement » dans le plan de paix en dix points que l’Ukraine espère utiliser comme base pour les négociations visant à mettre fin à la guerre. 

Rouslan Strelets, ministre ukrainien de la Protection de l’environnement et des Ressources naturelles, affirme en entrevue que les enquêteurs environnementaux ont recueilli des données concernant plus de 900 cas de dauphins morts. Ce chiffre comprend les dauphins trouvés sur les côtes ukrainiennes, ainsi qu’en Turquie et en Bulgarie, qui bordent également la mer Noire. 

En une semaine, en juillet, 10 dauphins ont été retrouvés et font l’objet d’une étude pour déterminer comment ils sont morts. 

Il s’agit d’un nouveau défi en temps de guerre. Nous ne devons perdre aucune information sur les crimes contre l’environnement. 
Rouslan Strelets, ministre ukrainien de la Protection de l’environnement et des Ressources naturelles 

La destruction du barrage de Kakhovka, qui a déversé des milliards et des milliards de litres d’eau polluée dans le Dniepr et la mer Noire, a été le coup le plus grave porté à l’environnement au cours d’une guerre déjà catastrophique sur le plan écologique. Mais déjà, les dauphins mouraient à un rythme alarmant.

Les navires de guerre russes qui menacent la côte sud de l’Ukraine dans la mer Noire utilisent constamment des signaux sonar acoustiques qui, selon les scientifiques, peuvent interférer avec le sens de l’orientation des dauphins, qui utilisent leur propre sonar naturel pour l’écholocalisation. 

Les explosions, les tirs de roquettes et les avions de chasse russes volant à basse altitude ne font qu’ajouter à la cacophonie qui traumatise les dauphins, explique M. Goldine.

Il précise toutefois qu’il est beaucoup trop tôt pour établir un lien direct entre la disparition des dauphins et une cause précise.

Les mines maritimes qui jonchent les eaux côtières constituent de nouveaux obstacles mortels. Les polluants provenant des explosifs et des fuites de carburant, ainsi qu’un assortiment de déchets associés à la guerre, ont détérioré de vastes étendues de la réserve de biosphère de la mer Noire, la plus grande zone protégée d’Ukraine, qui est classée « zone humide d’importance internationale ». Le bilan environnemental des conséquences de la rupture du barrage fait encore l’objet d’études approfondies. 

Selon Pawel Goldine, les eaux de crue contenaient des métaux lourds, des pesticides et des nutriments – azote et phosphore en particulier – qui s’étaient accumulés dans les sédiments derrière le barrage. Ces nutriments ont déclenché une prolifération massive d’algues, qui peuvent devenir toxiques. 

Analyse approfondie [...] 
Pour lire la suite et l’article en entier, 

Marc Santora 
The New York Times 
La Presse, publié le 20 août 2023 à 00h00

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