Nous en avons discuté avec Yann Breault, professeur adjoint au Collège militaire royal de Saint-Jean et codirecteur de l’Observatoire de l’Eurasie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Quelle est la situation actuelle?
On est dans une période d'enlisement. L’objectif militaire russe minimal, la reconquête des deux républiques sécessionnistes de Louhansk et de Donetsk, n'est toujours pas réalisé. La ville de Sloviansk échappe à leur contrôle.
En outre, les Ukrainiens préparent une contre-offensive dans la ville de Kherson. Ils ont mobilisé suffisamment de troupes dans la région pour forcer les Russes à y déployer de précieuses ressources.
Est-ce que les Ukrainiens disposent des capacités militaires de reconquête de ce territoire-là?
J’en doute. Du côté des Russes, ce n'est pas certain non plus. On est donc dans une situation d'épuisement des forces des deux côtés, sans aucune piste de règlement diplomatique à l’horizon.
« On présente la guerre comme si c'était quelque chose qui s’est déroulé dans les 180 derniers jours, mais les Ukrainiens sont dans une situation de guerre depuis 2014 et, vraisemblablement, on va continuer d’en parler pour les prochains mois, voire les prochaines années. »
Citation de Yann Breault, professeur adjoint au Collège militaire royal de Saint-Jean
Mais la joute se joue aussi sur d'autres théâtres que le militaire
D’un côté, on a des analystes qui tentent de donner du courage aux Ukrainiens en disant : “Tenez bon, la Russie est sur le point de s'effondrer économiquement, le régime de Vladimir Poutine est faible.” Dans les médias russes, c'est tout le contraire. On voit des images de la décrépitude d'un Occident dirigé par une gérontocratie de plus en plus pathétique avec une récession majeure qui pointe au bout du nez, l’inflation, les coûts énergétiques et les coûts de denrées alimentaires qui augmentent. À terme, pensent-ils, cela va éroder le soutien de l'opinion publique à la cause ukrainienne.
« Les Russes mènent une joute qui se déroule sur un temps plus long que les échéanciers électoraux des démocraties. »
Citation de Yann Breault, professeur adjoint au Collège militaire royal de Saint-Jean
Ce qu’ils estiment être la faiblesse de nos institutions, c’est d'avoir des politiciens qui sont attachés à des échéanciers à court terme.
Poutine, lui, en est à une étape où ce qui le préoccupe, c'est la marque qu'il va laisser dans les livres d'histoire en Russie. Est-ce qu'il sera celui qui a concédé que le cœur de leur civilisation tombe dans l'orbite américaine ou celui qui aura tenté quelque chose pour empêcher la fracturation de l'espace slavo-orthodoxe? Il joue ce grand jeu-là, qui est très dangereux, pas dans l'objectif de se positionner pour la prochaine élection présidentielle en 2024, mais pour laisser sa marque.
Pour lire l’analyse au complet,
Radio-Canada
publié le 21 août à 4 h 01
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