Dans le même temps, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, en visite en Ukraine, a demandé à la Russie de ne pas couper du réseau ukrainien cette centrale que son armée occupe depuis début mars, qui est devenue la cible de frappes dont Moscou et Kiev s’accusent mutuellement.
Plus tôt dans la journée, l’opérateur des centrales ukrainiennes Energoatom avait dit redouter un tel scénario, affirmant que les militaires russes étaient en train de chercher des approvisionnements pour des générateurs au diesel qui seraient activés après l’arrêt des réacteurs et avaient limité l’accès du personnel aux installations.
« Bien évidemment, l’électricité de Zaporijjia est une électricité ukrainienne […] ce principe doit être pleinement respecté », a martelé M. Guterres en marge d’un déplacement à Odessa, le grand port ukrainien sur la mer Noire, après avoir été la veille à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine.
Une mission de l’AIEA « dès que possible »
« Le bombardement systématique […] du territoire de la centrale nucléaire de Zaporijjia crée un danger de catastrophe de grande envergure qui pourrait conduire à la contamination radioactive de vastes territoires » a mis en garde vendredi le président russe lors d’une conversation téléphonique avec son homologue français.
MM. Poutine et Macron ont « relevé l’importance d’envoyer dans les plus brefs délais une mission de l’Agence internationale de l’énergie atomique à la centrale nucléaire, qui pourra évaluer la situation sur place », a informé le Kremlin, soulignant que « la partie russe a confirmé être prête à fournir toute l’assistance nécessaire aux inspecteurs » de l’AIEA.
Vladimir Poutine a en outre accepté que ces derniers passent « par l’Ukraine » et non par la Russie, ce qu’il exigeait auparavant, a précisé la présidence française.
Dans un communiqué, le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, s’est « félicité des récentes déclarations indiquant que l’Ukraine et la Russie soutenaient l’objectif de l’AIEA d’envoyer une mission » à la centrale de Zaporijjia, dans le sud.
« Dans cette situation hautement volatile et fragile, il est d’une importance vitale qu’aucune nouvelle action ne soit entreprise qui pourrait mettre davantage en danger […] l’une des plus grandes centrales nucléaires du monde », a insisté le patron de l’AIEA.
Un diplomate a expliqué le même jour à l’AFP que les Occidentaux s’inquiétaient surtout du maintien du refroidissement par eau des réacteurs nucléaires, plus que de l’impact d’un tir, car ils sont conçus « pour résister » au « pire ».
La veille à Lviv, où il a rencontré les présidents ukrainien, Volodymyr Zelensky, et turc, Recep Tayyip Erdogan, M. Guterres avait estimé que « tout dégât potentiel à Zaporijjia serait un suicide » et exhorté à « démilitariser la centrale ».
Vendredi, c’est le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui a appelé sur les Russes à « se retirer » de ce site et à « immédiatement en rendre le contrôle total à son propriétaire légitime, l’Ukraine », tandis que M. Macron dénonçait « l’attaque brutale » lancée le 24 février contre l’Ukraine.
Thibault Marchand
Agence France-Presse
Le Devoir, 19 août 2022
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