J'ai hésité à la mettre en ligne. À cause du sujet. Et parce que le chroniqueur n'est pas toujours égal à lui-même. Mais comme je n'ai rien à écrire de mieux que lui, la voici.
Chronique de Pierre Foglia publiée dans La Presse, le 5 février 2013.
Le Super Bowl
«Jusqu'à dimanche soir, Beyoncé était un nom comme ça, sur lequel je ne
mettais aucun visage. Shakira, Rihanna, Aguilera, Beyoncé, fouille-moi.
Depuis dimanche, hola Beyoncé!
Quelle jolie chose. Quelle jolie voix. Et des tounes pas si nulles que ça. Elle
a aussi de bien jolies amies pour danser avec elle. Vous auriez pu m'en parler
avant, je sais pas, m'envoyer des photos, faut vous occuper de moi de temps en
temps. Si vous ne m'entretenez pas, je vais m'étioler comme un foutu poireau.
Voilà, je sais maintenant qui est
Beyoncé, je le sais pour la vie. Promis, je ne la confondrai plus avec Coeur de
pirate.
Tout ça pour vous dire que j'ai
aimé le Super Bowl à partir de Beyoncé. J'avais dormi un peu pendant la
première demie. Le premier jeu de la seconde - ce long retour sur le botté
d'envoi qui ajoutait indûment à l'avance de Baltimore - a éteint les
lumières dans le stade comme si on voulait nous dire: allez donc vous coucher,
vous voyez bien que le match est fini. Comme la panne s'éternisait, j'ai eu un
de ces moments d'égarement, comme les vieux en ont parfois. Je me suis levé
pour appeler Bob, chez lui, à Saint-Sulpice. Mes doigts se souvenaient,
450-589... Soudain, le cerveau aussi s'est souvenu: Bob est mort il n'y a pas
loin de 15 ans.
De toute façon, c'est lui qui
aurait appelé. En reconnaissant sa voix, je me serais efforcé d'être bête:
qu'est-ce tu veux? Lui, au contraire, aurait été tout miel: et puis, mon gentil
Tortelino, as-tu aimé la chanteuse avec un diamant dans le nombril?
Elle avait un diamant dans le
nombril?
Je l'aurais rappelé après le match
pour lui demander pourquoi, sur la dernière poussée de San Francisco, l'arbitre
n'avait pas sifflé une faute.
Il m'aurait répondu que siffler
cette faute-là, c'était donner le match à San Francisco, qui le méritait pas.
Que Dieu ne le voulait pas, parce que des fois, Dieu, il est tanné que les
innocents aient toujours les mains pleines. Est-ce que tu comprends, mon gros
Raviolo? Les 49ers ont joué comme des innocents sur cette séquence en
particulier, pourquoi trois passes? Pourquoi ne pas s'approcher au sol?
C'est exactement ce que je me
disais pendant le Super Bowl: que ça fait vraiment longtemps que quelqu'un m'a
traité de gros Raviolo.
RÉCHAUFFEMENT - Dimanche
après-midi, je me faisais une fête d'aller faire un tour à l'International de
hockey d'antan, un tournoi disputé sur le canal de Chambly, au lieu dit Les
Écluses, au coeur du vieux Saint-Jean. Je m'étais habillé pour passer
l'après-midi dehors, j'aime le côté kermesse du hockey extérieur, j'avais prévu
d'aller me chercher des gaufres au Manneken-Piss juste de l'autre côté de la
rue et de les manger encore chaudes pendant la finale, avec de la crème
anglaise dessus.
Dans l'auto pour me rendre à
Saint-Jean, j'écoutais Les
années-lumière, l'émission de culture
scientifique de Radio-Canada, dont un des sujets, dimanche, était le réchauffement...
de nos patinoires extérieures. Le site Rinkwatch.com, créé par un groupe de
géographes ontariens, connaît un immense succès continental en recueillant les
informations quotidiennes sur votre patinoire, celle dans votre ruelle ou dans
votre parc, ou sur votre bout de ruisseau. Auriez-vous pu patiner aujourd'hui?
C'est tout ce que Rinkwatch veut savoir. Les données déjà colligées montrent
que nos patinoires se réchauffent comme la planète, le contraire eût été
surprenant. Mais si sensiblement? Nos petites flaques comme tout l'océan
Arctique? Le constat est effarant.
Bref, j'arrive à Saint-Jean par le
Vieux Pont, de là on est tout de suite aux écluses et au canal: personne! Les
promeneurs habituels, mais pas de joueurs de hockey, pas de tournoi, pas de
kermesse.
Où sont les patinoires,
mademoiselle?
Tout a été annulé. Les deux jours
de redoux ont rendu la glace trop fragile.
Restaient les gaufres.
UNE ÉQUIPE - Je n'apprendrai rien à
ceux qui suivent la NBA: les Lakers ne vont pas bien. Il y a plein de raisons,
mais la plus grosse de toutes ces raisons s'appelle Dwight Howard, acquis du
Magic d'Orlando l'été dernier, un des meilleurs joueurs de la NBA. Sauf que
l'immense pivot qui devait relancer Pau Gasol et donner du champ à Kobe Bryant
a plutôt agi comme éteignoir sur les Lakers. Titre l'autre jour dans le
quotidien français L'Équipe: Les Lakers se sont mis le «Dwight» dans l'oeil.
Je sais, je sais, moi aussi ça
m'énerve, mais de temps en temps...
Je vous donne en mille qui est la
meilleure équipe de la NBA drette là. Non, ce n'est pas le Miami des LeBron,
Wade, Bosh et autres Allen. Mes Spurs, mon ami. Les Spurs de San Antonio, menés
aux rebonds par Tim Duncan, 36 ans, par Ginobili, 35 ans, par Tony Parker, le
meneur de jeu le plus sous-estimé de la NBA, et par un Brésilien pratiquement
inconnu, Tiago Splitter.
Leur secret? Le même que partagent
les équipes gagnantes: un bon entraîneur. Gregg Popovich, dit Pop. Depuis 20
ans la même philosophie: une équipe moyenne qui joue en équipe peut battre n'importe
quelle équipe de vedettes.
C'est vrai pour tous les sports. Et même
pour ce sport un peu particulier qu'est la vie.»
Au moins il n'est pas venu à St-Jean pour rien. Oké ! la partie de hockey a été annulé mais les gaufres étaient toujours là encore chaudes... En espérant que ce ne sont pas elles qui ont fait fondre la glace. Hihihi !
RépondreSupprimerSouris
Miam ! Ça sent bon jusqu'ici !
RépondreSupprimerOh non, pas un autre qui parle encore du Super Bowl. Moi, que ce soit Beyoncé, Rihanna ou un autre ne me fait aucune différence.
RépondreSupprimerJ'ai assez de les entendre régulièrement (à cause de l'ado) que je n'ai pas besoin de voir leurs «faces», surtout pas au football.
Mais, j'aurai été partante pour une gaufre par exemple. J'aurai fondu de plaisir.
Re-Puce,
RépondreSupprimerComme toi, ras-le-bowl du Super Bol!