dimanche 29 janvier 2023

Jour 340 - Dans un village en ruines, le salon d’un enseignant devient une école de fortune


(Chandrygolové) Oleksandre Pogorielov remonte parfois la route qui mène à l’école de son village de l’est de l’Ukraine, où il a enseigné pendant plus de deux décennies. Mais au lieu de classes et de bavardages, il n’y a plus que des ruines silencieuses. 

Le bâtiment de l’école a été détruit en avril lorsque le hameau et la région environnante ont servi de ligne de front pour les combats entre forces russes et ukrainiennes. 

Aujourd’hui, cet homme de 45 ans n’y retourne que pour récupérer le matériel qui a survécu aux bombardements et enseigner à la poignée d’enfants restant dans une salle de classe de fortune, improvisée dans son salon. 

« Que peut encore ressentir un enseignant quand on voit que tout est détruit ? », lance Oleksandre en se tenant debout devant l’école en ruines, comme des dizaines d’autres bâtiments du village où il a grandi. 

Selon l’UNICEF, des centaines d’établissements scolaires ont été endommagés ou détruits en Ukraine depuis le début de l’invasion russe, poussant des millions d’enfants à se replier vers l’enseignement en ligne. 

La Russie accuse, elle, l’armée ukrainienne d’utiliser des écoles et d’autres infrastructures civiles pour abriter ses troupes et stocker des munitions. Une pratique dont Moscou est aussi accusée. 

Le village de Chandrygolové, désormais vidé de la quasi-totalité de ses 1000 habitants d’avant-guerre, mais qui compte encore 15 enfants, n’a plus accès à l’électricité ni à l’Internet. 

Malgré les difficultés, Oleksandre pense « qu’il vaut mieux donner des cours en présentiel ». « Un médecin doit soigner ses patients et un enseignant doit enseigner aux enfants », ajoute-t-il. 

C’est pourquoi, lorsque l’école a été détruite, il a décidé de donner des cours chez lui, « pour que les enfants puissent interagir ». 

Seulement l’ukrainien 
Désormais, chaque jour, quelques élèves se retrouvent dans le salon d’Oleksandre et de sa femme Larissa, tandis que des chats se prélassent près du poêle à bois et des canards cancanent dans la cour. 

Les murs du salon sont tapissés d’affiches récupérées dans le bâtiment de l’école, montrant l’alphabet et la syntaxe. 

Dans un coin se trouve un microscope que les élèves ont utilisé pour examiner des cellules pour une leçon de biologie. Des livres, certains tirés d’une cave près de l’école, sont empilés sur des étagères. 

Oleksandre enseigne à 11 élèves âgés de 4 à 16 ans la langue et la littérature ukrainiennes, la littérature étrangère, la biologie, la géographie et les mathématiques. 

« Pour ce qui est des classes supérieures, ce serait difficile pour moi d’enseigner les mathématiques – je devrais d’abord les apprendre moi-même », affirme-t-il en riant. 

La langue et la littérature russes faisaient autrefois partie du programme dans cette région majoritairement russophone. Mais plus maintenant. 

Lorsqu’on lui demande pourquoi, il répond : « Je ne sais pas, je n’enseigne plus que la langue et la littérature ukrainiennes maintenant ». 

Selon lui, les parents ont soutenu le retrait du russe, mais le village est encore secoué, comme beaucoup d’autres communautés de la région de Donetsk, entre sympathies pro-ukrainiennes et prorusses. 

Avenir incertain [...] 
Pour lire la suite et l’article en entier, 

Susannah Walden, Agence France-Presse 
La Presse, le 28 janvier 2023

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