J’ai bien
failli passer à côté de ce très bel hommage que Mylène Paquette a rendu à l’océan
Atlantique après l’avoir traversé en solitaire. Une lettre à lire et à relire.
Lettre à la mer
«Je ne te
supplierai pas de me laisser tranquille, c'est moi qui te cherchais. Au moment
d'écrire ces lignes, on se prend la tête avec une dernière querelle et, comme
d'habitude, c'est toi qui auras le dernier mot. J'abdique certes et je ne
cherche pas à avoir raison. Mon ego reste à sa place, bien tapi dans le dernier
recoin au sec de mon esprit.
Cher Océan, ça
fait maintenant quatre mois que l'on partage nos vies et déjà je dois te
quitter. Je te donne ma parole que nous allons nous retrouver. J'ai apprécié
chaque moment passé en ta compagnie, même les plus difficiles, car ils ont su
me révéler. Tu m'as permis de me découvrir, me dépasser, me surprendre et, le
plus important, de reconnaître mon humilité. Pour chaque trésor trouvé ici, je
veux te dire merci.
Tu reconnais
sûrement ma voix, car près de toi j'ai crié plus d'une fois. J'ai même déjà cru
crier de mes poumons mon dernier souffle, je t'ai crié d'arrêter, de me laisser
tranquille, de te calmer... Malgré tout, résonnait tous les jours un éclat
matinal de ma petite voix du matin, mon célèbre et traditionnel «Hello World»
depuis le pont de mon minuscule esquif.
Notre quotidien
s'est construit d'horizons merveilleux, de ciels sans obstacle, d'étoiles. D'un
lever de lune pleine à un autre et de tes célèbres couchers de soleil, j'ai
rencontré ton âme et tes habitants, des êtres surprenants et merveilleux.
Chaque jour,
j'aperçus l'un d'entre eux, que ce soit une baleine, d'adorables globicéphales,
des dauphins, des bancs de poissons, du plus petit au plus effroyable du monde,
une vieille tortue, des oiseaux, des calmars ou de gracieuses méduses.
Ici, se respectent
et s'achèvent, au rythme de ta volonté des milliers d'êtres contribuant au
monde, soit de leurs chairs, soit de leurs ruses, parvenant à maintenir de
justesse un équilibre incertain pour construire cet univers marin auquel je
tire aujourd'hui ma révérence.
J'ai eu peur de
toi plus d'une fois. Maintenant que je t'aime à ce point, j'ai beaucoup plus
peur pour toi que pour ma petite personne bien limitée. Promets-moi de bien
prendre soin des marins de la planète qui te chevaucheront et qui feront
passage en tes eaux.
De mon côté, je te
promets de t'être toujours loyale, de leur parler de toi en bien et de louanger
ta beauté, ta discipline, tes couleurs et surtout tes habitants. Je leur
parlerai de toi, je leur dirai à quel point tu es belle, à quel point on ne se
soucie pas assez de ton destin. Je leur dirai que tes oiseaux m'ont fait la
cour tous les jours et que ton silence peut faire jaillir les plus vieux
souvenirs ensevelis aux confins de nos esprits.
Les humains
pourront peut-être comprendre que le mal qu'on te fait, nous le faisons d'abord
à nous-mêmes. Car, après notre départ et celui des oiseaux, tu continueras à
éroder les rochers les plus durs de ce monde et à embrasser les berges. Tu
déferleras à jamais en toi-même, tu gronderas et toujours, même si l'Homme
n'est plus pour écouter de ses sourdes oreilles, tu feras crépiter l'air à ta
surface et ainsi créer le plus beau son du monde, soit l'effervescence de tes eaux.»
En mer durant quatre mois, la Montréalaise Mylène Paquette est arrivée à
Lorient, en Bretagne, complétant ainsi sa traversée de l'océan Atlantique à la
rame. Elle a publiéce texte sur son blogue le 11 novembre 2013. Pour en savoir
davantage :
bon matin Rachel et les habitué,
RépondreSupprimerbien belle lettre,mais pour ma part pas question d'aller faire de la rames pas question,sa prend surement beaucoup de courage et un brins de folie,
pass. toute une belle journée
Bonjour Rejj,
RépondreSupprimerJe suis d'accord, il faut être un peu folle pour vivre de telles passions,
mais elle en a l'âge...!
Belle lettre que j'ai apprécié lire ce matin.
RépondreSupprimerNon, je n'irai pas traverser l'Atlantique à la rame j'ai passé l'âge de ces folies, mais c'est tout un honneur pour Mylène d'avoir affronté la mer. Une grande athlète.
Oh! là là c'est quelque chose....tout un exploit...
RépondreSupprimerMaintenant elle pourras dire dans les rares de ce genre qu'ils ont accomplis à la rame...
Maintenant je la connais ( la mer)....
Coucou Puce,
RépondreSupprimerBonjour Jo Blo,
Elle décrit bien cette traversée hors norme, un exploit courageux
et admirable, merci de l'avoir commenté.