L’ennui, ce sentiment de
vacuité qui nous assaille parfois, et que nous fuyons par tous les moyens,
serait-il en fait un outil essentiel pour trouver le bonheur ?
Les explications de la
psychothérapeute Caroline Langlois publiées dans le site de Psychologies.
Psychologies.com : Vous
défendez l’ennui avec ferveur. C’est pourtant un sentiment assez désagréable.
En quoi est-il primordial selon vous ?
Odile Chabrillac : La
frénésie de nos vies nous empêche d’accéder au bonheur. Nous ne nous laissons
pas d’espace pour le questionnement. Ce questionnement existentiel qui permet
de trouver notre route pour être heureux. L’ennui génère un espace pour ce
questionnement. Car nous vivons en apnée. Nous avons l’illusion de courir
derrière le bonheur, mais nous sommes comme des hamsters qui tournent en rond
dans leur cage. Nous ne savons – ou nous n’osons pas - nous arrêter.
Mais n’est-ce pas ce que nous
faisons lorsque nous paressons, qui est au contraire un moment plutôt agréable
?
Non, car contrairement à la
paresse ou à l’oisiveté, l’ennui est un espace de non-faire, voire de non-être.
C’est une rupture dans notre manière d’être qui nous déstabilise. Un espace
perçu comme pénible, terne, qui crée le malaise. La première confrontation avec
l’ennui n’est donc pas agréable. Mais on peut l’apprivoiser. C’est un pas de
coté qui nous permet d’intégrer notre vie dans sa réalité. C’est parce que
l’ennui va nous enrichir de nous-mêmes qu’il peut devenir un endroit de
construction du bonheur. Qu’entendez-vous par « apprivoiser l’ennui » ?
L’ennui est un souci tant
qu’on y résiste. Dès lors qu’on le laisse nous envahir, cela devient du
lâcher-prise. C’est la différence entre le vide vide – dénué de sens - et le
vide plein : une vacuité, un accroc dans le temps auquel on donne du sens.
Prenez l’exemple d’un enfant qui s’ennuie. C’est un moment riche au cours
duquel il développe son imagination et sa créativité. Il ne faut pas
vouloir occuper à tout prix les enfants !
Comment faire pour
apprivoiser l’ennui ?
Vous pouvez par exemple vous
asseoir dans un fauteuil et regarder les aiguilles de votre montre tourner
pendant cinq minutes. Le but de cet exercice est de se confronter au
temps. De prendre conscience de son élasticité. Ensuite, il s’agit de
s’interroger sur l’angoisse que cela suscite en nous. Une autre façon
d’apprivoiser l’ennui consiste à se passer de son téléphone pendant une
journée. Car nos portables deviennent des objets transitionnels que l’on
manipule pour combler les temps morts de nos journées. Réapprenez à prendre le
bus sans tripoter votre téléphone pendant tout le trajet. Regardez donc par la
fenêtre, appréciez la vacuité du temps, et laissez vagabonder votre
esprit !
A lire
Petit éloge de l’ennui
Odile
Chabrillac - Jouvence Editions
http://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Bonheur/Articles-et-Dossiers/Le-bonheur-ca-s-apprend/S-ennuyer-pour-trouver-le-bonheur
Bonjour Messidor,
RépondreSupprimerCet article fait réfléchir ce matin. L'ennui, pour moi, c'est d'attendre un moment que j'ai choisi. Je compte les heures qui me rapproche le plus de mon objectif.
Et c'est dans ce moments là que je plonge dans mon moi profond et que je me découvre.
Bonjour Puce,
RépondreSupprimerC'est vrai, on découvre que ces moments de vide apparent sont là comme pour nous forcer à nous poser et à prendre l'élan qu'il faut pour rebondir, agir ou créer.