« J’ai déjà enlevé et nettoyé beaucoup de choses. Chaque jour je fais sécher des affaires », dit sous un chaud soleil Nadia Iefremova, 86 ans, le regard las.
Dans sa robe verte imprimée de gros cœurs colorés, un fichu couvrant ses cheveux, la vieille dame déambule d’un pas hésitant dans son jardin sens dessus dessous.
Sa maison est située à Afanassiïvka, un petit village autour duquel serpente la rivière Ingoulets, affluent du fleuve Dniepr 35 km en aval, près de la ville de Kherson.
La destruction par des explosions du barrage de Kakhovka aux premières heures du 6 juin, en amont sur le Dniepr, a provoqué d’importantes inondations dans la partie méridionale du territoire ukrainien, qui ont fait des dizaines de morts.
Moscou et Kyiv se rejettent la responsabilité de cette catastrophe, mais le barrage se trouve en zone contrôlée par les Russes, et l’armée ukrainienne estime que ceux-ci cherchaient à freiner une contre-offensive en inondant la région.
La masse d’eau qui a gonflé le Dniepr a remonté l’Ingoulets, inondant les berges de nombreux villages comme Afanassiïvka, transformé en île avec ses deux ponts submergés.
« Il y avait de l’eau jusque-là », montre Nadia avec sa main levée sur un mur de sa maison.
L’octogénaire n’est pas contente. « Les autorités n’aident pas, elles disent “faites tout vous-même” », dit-elle, ajoutant avoir été aidée par des voisins pour retirer des gravats ou enlever des meubles.
Champ inutilisable deux ans
La rivière a retrouvé son niveau normal il y a seulement deux semaines. Sur de larges étendues, les berges d’où l’eau s’est retirée ont désormais la couleur marron foncé des herbes mortes ou de cultures détruites mélangées à la boue.
Serguiï Iablonsky, 40 ans, un cultivateur de la région, a perdu 63 hectares d’orge.
« Quand le barrage de Kakhovka a explosé, nous sommes venus ici avec une moissonneuse-batteuse pour faucher au moins de quoi nourrir les animaux, les cochons », explique l’agriculteur, torse nu devant son champ ravagé, près du village de Novossofiivka.
Mais « l’eau a commencé à monter très vite et nous avons noyé la moissonneuse », se souvient-il. Selon lui, pour réutiliser ce champ, « il faut attendre deux ans ».
Il cultive au total 1200 hectares de terres, principalement de tournesol et de blé, dans cette région clé l’économie ukrainienne, déjà ravagée par la guerre avec la Russie.
Dans l’un ses champs c’est la récolte du blé. Des moissonneuses-batteuses avalent les épis blonds dans un nuage de poussière.
Quand les Russes ont occupé la région de mars à novembre, « l’activité a cessé d’être rentable. La moitié de la récolte n’a pas été fauchée, 100 hectares ont brûlé […] Ils (les Russes) ont fait ce qu’ils voulaient », explique l’agriculteur.
À Novossofiivka, Lioubov Ossadtcha, 70 ans, et son mari Petro, 74 ans, ne peuvent toujours pas rentrer dans leur maison qui a été inondée et sont obligés de louer un appartement pour se loger.
Vêtements moisis [...]
Pour lire la suite et l’article en entier,
Emmanuel Peuchot, Agence France-Presse,
La Presse, le 5 juillet 2023
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