Cher Père Noël,
Je sais bien que
vous n’existez pas mais je vous écris quand même. Parce que, sachant que tous
les enfants qui vous envoient des lettres reçoivent des réponses, je me suis
dit que j’aurais plus de chance avec vous qu’avec Dieu. Lui, c’est encore
pire : non seulement il n’existe pas, mais il ne répond jamais à son
courrier. Remarquez, je ne lui ai jamais écrit, mes parents adoptifs se
seraient moqués de moi. Mais si Dieu avait pris le temps de répondre à ceux qui
lui écrivent, lui ou quelques-uns des saints qui sont à son service, ça se
saurait, n’est-ce pas ?
Mes parents
adoptifs ont préféré me dire la vérité dès mon plus jeune âge. Ils tenaient à
ce que je sois averti le plus tôt possible que j’aurais tort de croire tout ce
qu’on raconte à leur sujet. Je ne peux que remercier mes parents de m’avoir
évité une cruelle désillusion lorsque j’aurais appris que les hommes ont
inventé Dieu pour se croire moins stupides et qu’ils vous ont inventé, vous,
pour faire prospérer une multinationale. Remarquez, je n’ai rien contre le
Coca-Cola, je n’y ai jamais goûté.
Vous devez être
débordé en ce moment avec tous ces enfants qui attendent de recevoir des jouets
ou des friandises, parfois de bons repas, un geste de tendresse, parfois un
toit au-dessus de leur tête, parfois une meilleure santé, parfois le silence
que procure un coin à l’ombre des bombes et des fusils, parfois juste un bon
lit pour dormir ou une couverture pour avoir moins froid.
Je vous en prie,
répondez-leur en premier, mes désirs sont moins pressants. Certes, j’aimerais
bien manger des croquettes de saumon de temps en temps, avoir un nouveau chien
en peluche pour remplacer celui du Dollarama à qui j’ai fait un sort en le
mordant, mais ce n’est pas ce genre de besoin que j’ai à combler. Ce que je
veux, vous ne pouvez pas me l’offrir, mais peut-être voudrez-vous m’aider même
si je ne suis pas un enfant…
J’ai un ami,
Ti-Guy, qui ne veut plus rien savoir de moi. Nous étions très proches, nous
voyant tous les jours, toujours à nous balader ensemble. Hélas, notre amitié
est désormais dans une impasse ! C’est ma faute, c’est moi qui ai commencé, je
m’étais mis en colère contre lui, j’ai eu des mots injustes à son endroit. Il
faut croire qu’ils avaient un fond de vérité car mes mots l’ont mis à son tour
en beau joual vert. C’est pourtant un chat très doux, j’ai dû toucher de
vieilles blessures non refermées, je ne le pensais pas aussi susceptible. Et
maintenant, je regrette d’avoir appris à écrire.
Bien entendu, je
me suis excusé ensuite, je lui ai dit des mots contraires à ceux que j’avais
proférés, mais ils n’ont fait que raviver sa colère. Dans son dernier message,
mon ami s’est montré confus, il a commencé par écrire qu’il me pardonnait, puis
il s’est remis à m’invectiver disant que je lui avais volé son bonheur. Comme
si j’avais ce pouvoir de lui ravir un bien aussi intime et aussi précieux que
le bonheur. Il y avait plusieurs autres erreurs d’interprétation dans son
message, je ne les ai pas corrigées, je n’y ai pas répondu, je ne le ferai pas
de crainte d’envenimer la situation. Je suis attristé que mes mots aient eu
autant d’effet sur lui, je n’arrive pas à m’expliquer qu’un chat aussi évolué
puisse leur accorder plus d’importance que tous les autres, si aimables et
tellement plus nombreux, qui nous avaient rendus complices.
Ma mère a tenté de
me rassurer, me disant de ne pas m’en faire, que si ses sentiments ont été
sincères, Ti-Guy, avec le temps, prendra conscience de sa méprise et me
pardonnera mon accès de colère. Elle est patiente ma mère, elle attend depuis
cinq ans qu’un vieil ami soupe au lait la rappelle. Malheureusement, je ne peux
pas attendre autant d’années, il ne m’en reste pas tellement à vivre, j’ai de
vieilles articulations, j’ai des absences, je suis dur d’oreille.
Ce que j’attends
de vous, je devrais dire de vos lutins puisque vous n’existez pas, c’est qu’ils
prennent la peine d’écrire à Ti-Guy. Les lutins doivent avoir l’art de trouver
les bons mots, ceux qui consolent, ceux qui réconfortent, ceux qui allègent ou
détournent le chagrin, ceux qui creusent des fossettes dans les joues des
enfants, ceux qui ramènent la joie de vivre dans les chaumières. Je sais qu’une
simple lettre ne rétablira pas nos longues conversations téléphoniques, j’ai
fait mon deuil de nos messages joyeux et de nos ronronnements amicaux, mais si
vos mots pouvaient lui retirer son ressentiment, s’ils pouvaient l’apaiser et
qu’il retrouve enfin son bonheur, je vous en serais infiniment reconnaissant.
Et je ne
regretterais sans doute plus d’avoir appris à écrire.
Messidor
Pour en savoir
davantage sur le Père Noël :
bon matin Messidor, pauvre vous ,pas facile de garder des amis pour la vie,mais il est surement rendu comme vous plus âgé et mal ici et la et comme vous dur de la feuille, a surement pas bien compris vos mots, et mal interpréter mais bon le mal est fait,et oui une lettre de ses serviteur pourrais peut être arranger se petit mal entendu,et comme vous Ecrivez vous avez plus de chance avec le vieux père nowell, que le Christ qui est supposer venu il y a déjà 2013 ans,mort et réussite et même pas prit le temps de repassé quelque fois pour nous saluez,le bonhomme en rouge bien lui repasse a toute les ans,
RépondreSupprimeret en plus il te répons si tu lui écris, et sans te demander un sous ,bon moi au déjeuner
Bonjour Réjean,
RépondreSupprimerMerci pour tes bons mots, Messidor s'en remettra, tu as raison, il s'agit d'un mal entendu.
Une belle journée commence, à nous de l'apprécier...!
Pas facile Petit Messie d'attendre le pardon d'un ami. 7 ans sans nouvelles d'une de mes meilleures amies, nous nous étions laissé sur un malentendu et bien sûr elle avait son orgueil. Nous nous sommes retrouvées il y a quelques mois. Je n'ai pas changé d'opinion, elle non plus, mais l'âge nous a assagies toutes les deux.
RépondreSupprimerBonjour Puce,
RépondreSupprimerMerci pour ton témoignage et tes mots d'espoir, Messidor appréciera.
Pardonner est indispensable si on veut vivre en paix avec
soi-même, puis avec les autres.
Bon samedi!