L’hiver de force
J’ai un billet à
écrire et je n’arrive pas à trouver les mots. Messidor est roulé en boule à mon
côté, assoupi comme toujours. Il entrouvre un œil et me demande comme s’il
m’avait entendue penser :
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Tu veux que je t’aide ?
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Ah oui, je veux bien. Mais c’est un sujet qui demande un peu de délicatesse et
quelques connaissances aussi.
Il
détourne la tête, comme indifférent, et se lèche le flanc avec vigueur. Oups,
je crois que je l’ai froissé.
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Quel est le sujet de ton billet ? me demande-t-il sans une trace d’agressivité.
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La dépression saisonnière et notre besoin d’hiberner.
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Ah, c’est l’article du site Psychologies.com*, je l’ai lu moi aussi.
Le
chat de la maison m’étonnera toujours.
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Et qu’en as-tu pensé ?
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J’ai retenu que les félins s’adaptent mieux à l’hiver que la plupart des
humains. Il changent de rythme et dorment davantage. De plus leur humeur reste
généralement plus stable; ils s’adaptent à la nouvelle saison, tout simplement.
D’autres mammifères, comme les marmottes, préfèrent s’endormir et oublier la
grisaille durant quatre ou cinq mois. Tandis que, vous, humains, continuez à
courir et à travailler comme des déments.
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Oui, c’est vrai, nous avons plus de mal à réagir de façon positive. Au point où
certaines personnes dépriment réellement et ressentent l’impérieux besoin de
consulter des spécialistes afin de contrer leur déprime.
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Tu n’as pas à t’inquiéter, me répond le chat de la maison avec son plus beau
sourire, je vais te servir de guide, tu n’as qu’à prendre exemple sur moi.
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Euh ! Je veux bien dormir un peu plus longtemps le matin mais pas question que
je t’imite en faisant une vingtaine de petits sommes par jour. Ou que je passe
des heures à regarder par la fenêtre ...
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Tu as tort en ce qui concerne la fenêtre. Non seulement il s’y trouve de bien
belles choses à observer, mais c’est une source de lumière indispensable à la
bonne humeur. C’est le manque de lumière de cette saison qui serait le plus
difficile à supporter, c’est écrit noir sur blanc.
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Oui, je l’ai noté, dis-je. Et j’ai aussi remarqué ta tendance à aller à la
rencontre de ses rayons dès que le soleil se pointe dans la maison. Tu es un
modèle d’adaptation, mon ami !
Je
l’ai vu redresser la tête, pas peu fier de mes louanges.
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Mais attends ! Bien que je te reconnaisse toutes tes qualités, je préférerais
faire une marmotte de moi, ou un loir ou une chauve-souris, et entrer en
léthargie durant tout l’hiver.
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Avec quels avantages ?
--
Je me réveillerais chaque printemps avec six mois en moins. Tu te rends compte,
je ne vieillirais que six mois par année, quelle chance ! Et je ne verrais pas
un seul flocon de neige… N’est-ce pas extraordinaire ? Si j’avais adopté
l’hibernation à un très jeune âge, je n’aurais qu’une trentaine d’années
aujourd’hui…
Le
chat de la maison a éclaté de rire.
--Ton
raisonnement est un affront au bon sens et à la science, j’ai bien peur que tu
sois tombée dans l’idéalisation d’un état qui n’a rien de régénérateur.
--
Bon, d’accord, ça peut sembler farfelu. Mais qui sait, c’est peut-être aussi
une solution qui mériterait d’être envisagée sérieusement. Je vais en parler à
mon amie biologiste, elle aura sûrement des réponses pour moi.
J’ai
hésité une grosse minute avant de poursuivre :
--
Toutefois, il existe une autre solution que l’article ne mentionne pas.
--
Ah ? Une autre de tes déductions irréalistes … ?
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Non, bien plus simple qu’il n’y paraît, c’est de réagir comme la majorité des
oiseaux pour fuir le froid, de s’envoler vers des cieux plus cléments.
Messidor
me fait la sourde oreille. Je le vois s’étirer longuement avant de sauter en
bas du canapé et se diriger vers la cuisine.
Là,
j’en suis sûre, je viens de le vexer pour de vrai.
Je me précipite à sa suite et je verse
une bonne portion de croquettes dans son bol.
Il me fixe, la mine déconfite, regarde son
plat avec dédain, réclame la porte.
Bon,
ça y est, il va prendre son petit baluchon et je ne le reverrai pas avant la
nuit.
Mais
il fait trop froid pour sortir, il recule, dépité :
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Tu ne vas pas encore me faire ce coup-là ? s’exclame-t-il en s’écartant du bol
sans y avoir touché. Vous n’allez pas partir tous les deux comme vous l’avez
déjà fait en plein hiver en me laissant nourrir par des mains inconnues !
Je
constate que je n’ai pas trouvé la manière de lui apprendre que nous avons en
effet le projet de partir.
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Euh, c’était seulement pour vérifier ta faculté d’adaptation...
Ouf,
j'ai les deux pieds dans les plats, comment vais-je pouvoir en
sortir et lui annoncer la chose à présent ?
Et
lui d’en rajouter :
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Tu sais, les oiseaux ne laissent pas de proches derrière eux quand ils quittent
le pays : ils s’envolent en groupe, et c’est toute la famille qui les
suit.
--
Hum, je l’ai constaté aussi.
Misère, c’est
un message qu’il m’envoie mais lequel... ? Veut-il partir avec nous ou nous
obliger à rester ? Je suis confuse...
Décidément, je n’aurais jamais dû apprendre à lire à mon
chat !
ha le chat de la maison,bonjour Rachel
RépondreSupprimertrès drôle ce texte ce matin, mais je crois qu'il veut partir au chaude lui aussi, et si il si je dois me cocher plus tôt bien je serais mieux de pas me coucher hihi. et hiberner vous auriez juste 30 ans mais mourir a 35 ans, pas bien vieille non?
moi je serais pour hivernation dison dans les îles vierge peut être,
bonne journée a vous et petit Messi et bien sur votre Amoureux
Bonjour Rejj,
RépondreSupprimerBien heureuse de te voir sourire, tu m'as fait le coup si souvent,
c'est à mon tour...!
Ouais, hiverner dans des Îles vierges me plairait bien moi aussi,
il faut rêver les yeux grands ouverts, pas vrai?
Une belle journée à toi et à tes deux amours!
Bonjour Petit Messie, Messidor et Rejj,
RépondreSupprimerSacré Petit Messie, tu as envie de voyage?
Un beau clin d'oeil ce matin rempli d'humour et de bon sens. J'opterai pour un voyage dans les Îles Vierges mais pas pour 6 mois. Trop long pour moi sans ma maison et même si je n'aime pas le «frette» j'aime bien les flocons. 2 petites semaines en voyage...oui.
Bonne journée