Le bonheur,
c'est le silence du malheur.
Jules Renard
Les quatre piliers du bonheur
Article de Michel Lejoyeux publié dans Psychologies, le 3 mai 2013
Le bonheur est
une question sérieuse. Psychologues et philosophes nous donnent des idées pour
l'atteindre. Gary Gutting, professeur de philosophie à l’université de
Notre-Dame, donne quelques pistes dans le New-York Times. Le bonheur dépend de
quatre piliers :
Le premier est
l’impression de chance
Il faut avoir
l’impression que l’on s’en sort plutôt bien face au destin pour ressentir le
bonheur. Cela recouvre la sensation, réelle ou imaginaire, d’avoir des
conditions financières et de sécurité suffisantes. Le stoïcisme, c'est-à-dire
la capacité à s’adapter à ce qui ne nous plait pas est une manière de se sentir
protégé par le destin.. Les stoïciens classiques, par exemple, vous demandaient
d’adapter vos désirs à ce que vous pouvez obtenir. Ils suggéraient aussi
d’accepter les douleurs que vous ne pouvez éviter. Cette approche stoïcienne
touche vite à ses limites. Elle peut réduire les difficultés, mais elle ne
donne pas vraiment le bonheur. Il en est de même de certaines pratiques
religieuses qui sont fondées sur l’espoir, l’espoir par exemple d’un monde
meilleur. Elles autorisent la possibilité d’un bonheur ultérieur, sans vraiment
faire accéder au bonheur actuel.
Le deuxième
pilier du bonheur est le sens de la vie
L’idée que
Voltaire avait donnée du bonheur reste d’actualité, avec son livre Candide.
Vous vous rappelez de sa dernière phrase « Il faut cultiver son
jardin ». Trouver une activité qui donne du sens à sa vie reste une voie
d’accès particulièrement utile au bonheur. Un travail dans lequel on se réalise
est donc, avec l’impression de chance, la deuxième piste du bonheur. Le
développement économique ne facilite pas la recherche d’un travail heureux. Il
valorise plus les emplois à forte rémunération que les emplois permettant de se
réaliser. Les enfants risquent d’apprendre très tôt la re cherche plutôt de la
gloire, de l’argent, d’une visibilité sociale. Ils délaissent les emplois qui
sont susceptibles de donner du sens à leur vie. Il y a donc une sorte
d’antagonisme entre la logique « capitaliste » du travail et sa
logique psychologique. L’idéal serait de voir se rejoindre les deux et
d’imaginer que les emplois les plus gratifiants soient aussi les plus qualifiés
et utiles… mais là nous touchons à l’utopie.
Une troisième
caractéristique du bonheur vient de la Grèce Antique. Il s’agit du bon usage du
plaisir
Le plaisir, au
sens où l’entend Gary Gutting, n’est pas seulement la satisfaction des sens. Le
plaisir peut être aussi l’impression d’être utile à ses proches, l’impression
de s’engager dans une cause qui nous dépasse. Le danger moderne est ce que Gary
Gutting appelle la corruption hédonique du plaisir qui deviendrait une sorte de
satisfaction quantifiable, industrielle, un peu comme l’argent.
La dernière
composante du bonheur est l’amour
L’amour que l’on
peut porter à son mari ou sa femme, ses enfants, ses amis et peut-être à toute
l’humanité. Cet amour mène à la forme la plus ultime du plaisir donnant un sens
à la vie.
On peut trouver
ces paroles un peu théoriques ou trop élevées. Elles n’en sont cependant pas
moins utiles dans une période d’intense recherche matérialiste.
Je cultive mon jardin à tous les jours, je l'arrose d'amour et de joie, j'asperge les gens autour de moi pour leur apporter réconfort et tendresse.
RépondreSupprimerLe soir venu, je mets du feu dans le foyer, pour nous réchauffer, nous permettre de jaser et de tout ce dire sans jugement et pour s'aimer.
C'est ça le bonheur. Il n'est pas ailleurs, il est en dedans de soi.