lundi 13 mai 2013

Bonheur de lecture




« Vient un temps ou le risque de rester à l’étroit dans un bourgeon
 est plus dangereux que le risque d’éclore. »

Anaïs Nin

Humeur irritée ce matin. Voici un incident que Madeleine Gagnon raconte dans son remarquable récit autobiographique Depuis toujours qui fait mon bonheur de lecture en ce moment. Cela se passe en 1960, à la Faculté de philosophie de l’Université de Montréal.
Extrait, page 67 et 68.

« Cette année-la aussi, ma conscience de l’injustice fut une autre fois mise à l’épreuve. L’un des professeurs nous avertit dès le premier cours qu’il ne donnerait jamais plus de 70 % au travail d’une fille, quelle qu’en soit la valeur. Bon. Il y eut un silence. Puis, quelqu’un a osé, d’une voix timide, demander pourquoi. Le professeur sembla surpris, mit un peu de temps à répondre et dit : «Parce que tout le monde sait que les filles ne viennent pas en philosophie à l’université pour étudier, mais pour trouver un mari ! » Cela dit sur le ton autoritaire des vérités évidentes. Nous n’avons rien dit. Nous étions stupéfaits. Une partie de nos cerveaux se trouvait dans l’état d’esprit aliénant, sexiste et machiste, qui nous enveloppait tous et toutes. En effet les meilleurs travaux des filles reçurent la note de 70 % alors que les meilleurs travaux des garçons obtinrent de 80 % à 90 %. Nous avons reçu nos notes et n’avons rien dit. C’était comme ça. C’était ainsi quand la Terre était carrée et non ronde. C’était ainsi et on n’en parlait plus. Point. Je crois bien que mes premières ébauches de pensées féministes naquirent là. En 1960 au Québec. À l’orée de la Révolution tranquille. »


4 commentaires:

  1. C'est drôle que cela ne m'étonne pas! Il y avait dans ces années beaucoup de sexisme.

    Je voulais faire médecine, j'avais des notes plus fortes qu'un de mes amis. Lui a été accepté, pas moi.

    Dans les temps il n'y avait que 2 métiers pour les filles: secrétaire, hôtesse de l'air ou infirmière.

    Une chance, nos filles ont plus d'opportunités.

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  2. Bonjour Puce,

    Oui, les filles l'ont plus facile aujourd'hui.
    À tel point qu'elles ne se doutent pas de tout le
    chemin parcouru par leurs aînées...!

    Une révolution qu'il reste à faire dans plusieurs pays.

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  3. terrible non? inacceptable! par contre la société a reculer sur la valeur des mères au foyer! inacceptable aussi! Marinamijote

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  4. Bonjour Marinamijote,

    Oui, c'est terrible, et comme tu as beaucoup moins d'années que mi, cela peut te
    paraître incroyable que l'auteure et les étudiants n'aient pas protesté devant autant
    de mépris. Et le scandale continue pour bien des femmes. Et pour les mères au foyer
    qui manquent de reconnaissance.
    Il faut continuer à lutter et à opposer une force tranquille.

    Contente que tu viennes nous lire de temps en temps.
    Au plaisir!

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