« C’est sur le champ de bataille que ça va se régler », affirme avec détermination Volodymyr Omelyan, qui s’est enrôlé dans l’armée au premier jour de l’invasion russe, le 24 février dernier. Celui qui s’est battu depuis le début de la guerre dans la région de Kiev, de Mykolaïv et de Kherson a pourtant vu le tiers de son bataillon perdre la vie ou être blessé dans les combats menés contre les forces russes.
« C’est ça, la guerre, on comprend que le risque est élevé », indique-t-il. Mais négocier avec la Russie serait une erreur, enchaîne l’homme qui a été ministre de l’Infrastructure de l’Ukraine de 2016 à 2019. « Les Russes ne comprennent que la force physique, insiste-t-il. Si tu t’assois pour parler avec eux, ils vont percevoir ça comme une faiblesse. »
Dans sa relation tumultueuse avec l’URSS, puis avec la Russie, l’Ukraine a déjà testé « toutes les autres options » pour tenter de contenir les visées impérialistes de son voisin slave, fait-il valoir. « La seule option qu’il nous reste, c’est de gagner sur le champ de bataille. »
Le politicien, qui n’a pas toujours été tendre envers le président Zelensky avant le déclenchement de la guerre, soutient aujourd’hui avec conviction son adversaire politique et se dit persuadé que les succès militaires de l’armée ukrainienne, gonflés par la récente reprise de Kherson, mèneront le pays jusqu’à la victoire. « On comprend que si on perd, on est tous morts. C’est pour ça qu’on se battra jusqu’au bout », résume-t-il.
L’homme de 43 ans ne croit d’ailleurs aucunement en la sincérité de la Russie qui affirme vouloir trouver une solution négociée pour mettre fin à cette guerre qu’elle a elle-même déclenchée. « Ils ne cherchent qu’à gagner du temps pour revitaliser leurs troupes, s’approvisionner en armes et relancer l’offensive en 2023. »
Un manque de confiance envers le régime de Vladimir Poutine que partage également Margo Gontar, une civile qui travaille comme journaliste indépendante à Kiev, mais qui se trouve actuellement à l’extérieur du pays. « Ils nous tuent, ils nous torturent et après, on nous dit : pourquoi vous ne voulez pas leur parler ? » s’indigne-t-elle.
Cette proposition pour négocier est d’autant plus révoltante à ses yeux qu’elle serait calquée sur le narratif de la Russie, dénonce-t-elle. « J’entends ça depuis le premier jour de l’invasion russe de 2014 [qui a mené à l’annexion de la Crimée et à l’occupation de Donetsk et de Louhansk], qu’on exagère le problème, qu’on essaye de dépeindre la Russie pire qu’elle est, qu’on doit juste leur parler », indique-t-elle.
Après le défilé largement médiatisé des atrocités qui auraient été commises par des soldats russes, notamment à Boutcha et à Irpin, la jeune femme croyait que ce type de proposition serait remisé pour de bon. « Je comprends d’où ça vient. En Occident, vous êtes tellement habitués à négocier, vous avez cette idée qu’on peut s’asseoir, parler et trouver des solutions. Mais c’est impossible avec la Russie », insiste-t-elle.
Pour celle dont le frère se bat présentement sur la ligne de front, l’histoire a appris aux Ukrainiens à se méfier de son voisin. « On a vécu ça tellement de fois déjà. […] On va négocier, les Russes vont nous assurer qu’ils vont tenir leur parole, ils vont retourner chez eux, puis ils vont nous frapper à nouveau », lâche-t-elle avec rancoeur.
« Personne n’a négocié avec l’Allemagne [nazie] », poursuit Margo Gontar, qui ajoute que la Russie ne comprendra que l’ultimatum qui lui sera donné une fois la victoire militaire de l’Ukraine scellée.
Intérêts communs [...]
Pour lire la suite et l’article en entier,
Magdaline Boutros
Le Devoir, 24 novembre 2022
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