lundi 24 octobre 2022

Jour 243 - L’hiver, puissant allié russe

«Notre moral est robuste parce qu’on défend notre terre. Si on perd, on n’existe plus.»

— Serhii Fishchuk



Les restrictions d’électricité ont commencé. La ruée vers les sacs de couchage, les cuisinières au gaz portables et les chargeurs externes aussi. Tout porte à croire que l’hiver sera froid et sombre en Ukraine — et que l’eau potable ne coulera plus dans tous les robinets. Ces derniers jours, l’armée russe a pilonné sans relâche les infrastructures énergétiques du pays. Le moral des Ukrainiens semble néanmoins tenir bon, tant sur la ligne de front qu’au sein de la population civile. 

« Ils essayent de nous apeurer, de nous intimider, de nous faire quitter le pays. Mais ils ne réussiront pas », clame au Devoir Maryna Khromykh, une professionnelle de 35 ans qui habite Kiev. « Notre société est beaucoup plus forte aujourd’hui qu’elle ne l’était le 24 février [lorsque la Russie a envahi l’Ukraine]. » 

Selon la jeune femme, l’unité et le moral des Ukrainiens sont aujourd’hui « indestructibles ». « Il faut être ici pour réellement comprendre et le ressentir », lance-t-elle. 

Comme ses compatriotes, Maryna Khromykh s’est affairée dans les derniers jours à rassembler chandelles, sacs de couchage, vêtements chauds, chargeurs et réchauds de camping pour faire face aux coupures de courant qui ont débuté dans le pays. 

« J’essaye de me préparer, mais personne ne sait ce qui va se passer, avance celle qui travaille pour la Fondation Dejure, une organisation oeuvrant pour la mise en place de réformes judiciaires en Ukraine. On ne sait pas ce qu’il y a dans la tête de nos voisins complètement fous. »

Jeudi, la militante a publié sur Twitter une photo d’un kit de survie qu’une de ses voisines a préparé et placé dans l’ascenseur de l’édifice à logements où elle réside. Un sac dans lequel se trouvent de l’eau, quelques denrées et une bouteille vide pour faire ses besoins si jamais quelqu’un reste pris dans l’ascenseur en raison d’une coupure de courant.

La photo a depuis été retransmise plus de 1700 fois et a inspiré plusieurs autres initiatives du genre. « C’est le vrai visage des Ukrainiens qui n’ont pas peur, qui ne fuient pas, mais qui veulent rester vivre dans un pays civilisé qui partage les valeurs européennes », fait valoir Maryna Khromykh. « C’est prendre soin de gens que tu ne connais même pas. » 

Si la situation devient trop critique chez elle cet hiver, la jeune femme a déjà élaboré un plan pour trouver refuge chez des amis ou des collègues résidant dans d’autres quartiers de Kiev ou pour se rendre dans l’ouest du pays, où elle a grandi. « Mais j’espère que je vais pouvoir rester dans mon appartement », dit-elle. 

Semer la peur
Pour lire la suite et l’article en entier, 
https://www.ledevoir.com/monde/766815/ils-essayent-de-nous-apeurer-de-nous-intimider-mais-ils-ne-reussiront-pas 

Magdaline Boutros 
Le Devoir, 24 octobre

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