Les voleurs de pitance
Vous me croirez si
vous le voulez, les écureuils m’enchantent. Ce n’est pas pour me vanter, mais
je les connais par coeur. Ces petits acrobates naturels sont des as du saut
sans la perche, des champions toutes catégories du vol aux mangeoires.
Cependant, comme ce sont aussi des goinfres impénitents, ils ne sont pas
vraiment difficiles à attraper. Il suffit d’attendre un moment d’inattention de
leur part, par exemple la découverte d’une provision de noisettes oubliée près
d’un arbre, et hop, les voilà dans ma gueule de chat. Et quel goût suave ils
ont ! Une délicieuse combinaison d’arachides et de graines de tournesol :
un festin dont je me délecte, aucun résidu de savon, il va sans dire !
Naturellement, pas
question de leur manger la queue, au grand désespoir de ma mère. Quand elle en
trouve une au jardin, elle me fixe avec un fleuve de reproches dans les yeux.
Pourtant, il ne m’étonnerait pas qu’elle change d’attitude le printemps venu.
Car depuis que mon père adoptif s’est mis à nourrir les oiseaux, elle ne voit
plus les écureuils de la même manière. Elle les trouve malpolis,
irrévérencieux, cavaliers, voire cyniques. Et d’une incroyable ingéniosité.
Elle passe des heures à la fenêtre à tenter de les faire fuir en frappant sur
la vitre tout en observant les chorégraphies des mésanges et à guetter
l’apparition d’une espèce cousine, la mésange bicolore. Elle a entraperçu cette
dernière une seule fois sans pouvoir lui prendre le portrait : une grosse
déception. Depuis, elle attend son retour avec une patience féline.
De son côté, mon
paternel est en feu. Plus ses frétillants ennemis réussissent à déjouer ses
plans aux mangeoires, ce qui se produit tous les jours, plus il se montre
inventif. Dès qu’un individu fait preuve de plus de ruse que lui, il imagine
une autre astuce. Lui qui n’a jamais eu un soupçon de penchant pour le
bricolage est devenu un vrai patenteux. Ses constructions ont des allures de
sculptures dont pourraient s’enrichir les musées d’art moderne. Il se sert de
toutes sortes d’objets, lesquels il faut le dire, ne reçoivent pas toujours
l’approbation maternelle. Abat-jour ou articles de cuisine sont désormais
exclus de ses outils, ma mère lui a gentiment conseillé de s’approvisionner
dans le garage. Sa dernière trouvaille, un couvercle de poubelle en plastique
retenu par deux bâtons plantés dans la neige, astucieusement fixés par des
épingles à linge et placés pour que la surface du couvercle tangue dès qu’un
importun se pose dessus. Après quelques essais ratés et de savants calculs pour
mesurer la distance convenant aux bâtons, il a pu observer la glissade et la
chute d’au moins deux écureuils courageux. Vlan, sur le derrière ! C’est plus
qu’il en attendait, une grande satisfaction l’a fait éclater de rire et
applaudir. Jusqu’au prochain épisode...
Car la lutte n’est
jamais terminée entre ses voleurs de pitance et mon infatigable paternel, la
guerre reprend chaque jour avec un entrain que je ne croyais pas possible. Mais
au lieu de se décourager comme tout homme le ferait devant une détermination
animale aussi exemplaire, mon père persévère !
Ce climat hivernal
est réjouissant. C’est la première fois que mes parents sont de si bonne humeur
durant la saison morte. Les fenêtres sont devenues leurs écrans préférés, comme
moi, ils ne les quittent des yeux que pour aller manger. Les entendre rigoler
et planifier leurs ripostes me satisfait pleinement, je n’ai jamais passé un
hiver aussi rassurant. Pas de voyage en pays chaud pour eux, pas de gardiennage
forcé pour moi. Je suis même prêt à me priver de chasse quand la belle saison
arrivera. Pour que durent encore l’hiver prochain ces belles parties de rigolade
!
Les écureuils
inspirent les chercheurs
Une vidéo rigolote
Bonjour Petit Messie,
RépondreSupprimerOuin, les fameux écureuils. Moi aussi j'aime bien leur faire la chasse sur mon terrain mais...je n'ai jamais goûté. Faut dire que mon rôle est de protéger mon territoire et non de chasser. Tu as ce petit plus que je n'ai pas, tu ressemble à un ami de mes parents adoptifs qui lui va chasser, pas l'écureuil mais de grosses bêtes, là encore, pas de le droit de goûter mais cela a l'air drôlement bon.
J'aime bien les idées de ton paternel et son sens de créativité. Ouf que cela doit être drôle parfois chez toi. Trois à la fenêtre guettant les oiseaux et les écureuils. Et toi qui te délecte de ces petites bêtes. Hi! Hi! Hi! ici, non plus ils ne sont pas partis au chaud cet hiver, pas de gardiennage, le bonheur total je peut paresser dans la maison à ma guise. Car comme toi j'aime bien dormir.
Bon je te laisse ma mère adoptive réclame le portable. Bonne semaine mon ami, il faudrait bien se rencontrer un jour.
Salut Monsieur Victor,
RépondreSupprimerFranchement content de cet hiver. Je recommande les mangeoires à qui veut retrouver
le sourire pendant la morne saison. Tu en as une aussi sur ton terrain et il semble que la bonne humeur
règne aussi chez vous, tu m'en vois ravi.
J'ai tout de même hâte au printemps pour déguster autre chose que des croquettes, mais il n'est pas
si loin, j'ai vu les corneilles s'installer, d'autres prédateurs à observer de près.
Au plaisir de te lire la semaine prochaine, c'est chou que ta mère te laisse l'ordi de temps en
temps. Bonne journée de croquettes !