Vous avez
remarqué le changement de titre de ce blogue ? Les bonheurs étaient lourds à
porter et, pour tout dire, pas évidents à trouver quand on se nourrit de
l’actualité. Tous les matins, j’épluchais les journaux, la mine triste, le
regard lourd de déception. Que du marasme et de la grisaille, que de
l’opposition et du mécontentement. Trop rarement des sourires. J’ai donc décidé
de remplacer mes bonheurs par mes humeurs. Et comme pour accompagner ce
changement de cap, j’ai rédigé un billet. Ce n’est pas une promesse, mais il y
en aura d’autres.
Ma langue au chat
Je n’aurais jamais dû apprendre à parler à mon chat. Depuis, il ne
cesse de me critiquer, me reprend quand je fais des fautes, il est devenu d’une
tyrannie implacable en matière de français.
Bien
entendu, il s’est empressé d’apprendre à lire. Et je dois utiliser toutes
sortes de ruses pour cacher mes livres avant qu’il ne s’en empare. Tenez, pas
plus tard qu’avant-hier, alors que j’avançais dans la lecture d’un très bon
roman*, il est venu m’interrompre.
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Tu lis ça? s’est-il exclamé d’un ton où perçait le plus grand des mépris.
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Oui, j’aime ce roman…
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Tu as lu ce que l’auteure dit des Québécois ?
Et
sans attendre ma réponse, il m’a pris le livre des mains et a retrouvé
rapidement le passage en question. J’ai vu que, oh horreur, il l’avait souligné
au crayon bleu.
--
Je t’interdis de souligner des phrases dans un livre de bibliothèque, il ne
nous appartient pas, ai-je dit.
Mais
trop indigné par le passage, il s’est mis à le relire à voix haute :
«
Les Québécois parlent le français avec un accent tellement bizarre, tellement
ancien que les vrais Français n’y comprennent rien. C’est une espèce de
forteresse (l’auteure parle de Montréal et, plus largement, du Québec) prise
d’assaut par une marée montante d’anglais. »
J’ai
soupiré devant autant d’incompréhension et d’ignorance de la part de mon chat.
--
Mais c’est un roman, mon ami, c’est un personnage qui s’exprime. Ce n’est pas
forcément l’opinion de l’auteure. Et puis quand bien même ce serait son point
de vue, ce n’est pas si éloigné de la vérité.
Mais mon chat ne voulait rien entendre :
--
Ta romancière écrit un peu plus loin que tôt ou tard «la marée montante»
engloutira les habitants et qu’ils seront submergés. Et que leur langue est
probablement condamnée.
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C’est bien possible, le français perd du terrain et pas seulement ici, dis-je,
dépitée. Et contrairement à ce qu’elle écrit ensuite, on s’en offusque de moins
en moins. C’est navrant, je le reconnais, mais pourquoi te mettre en colère ?
Mon
chat m’a regardée avec des fusils dans les yeux :
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Tu m’as appris une langue qui va disparaître, a-t-il répondu, indigné.
Je
l’ai observé pendant qu’il se lissait le poil avec insistance, signe qu’il
était vraiment contrarié.
--
Tu aurais préféré que je t’enseigne le chinois ?
Messidor
n’a pas répliqué. Je l’ai vu se faufiler près de la porte et la regarder avec
insistance. Je l’ai ouverte en soupirant et il est sorti dans la belle lumière
du jour. Aussitôt dehors, son instinct de chasseur en éveil, il s’est mis à
zieuter un écureuil qui cachait je ne sais quoi au pied des peupliers géants.
Je
l’ai laissé à sa nature sauvage, je n’aurais jamais dû lui apprendre à lire, je n'aurais jamais dû donner ma langue au
chat!
* le roman Dernière nuit à Montréal est écrit par Emily
St. John Mandel.
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bonjour Rachel,a se Messi,pas sa langue dans sa poche,
RépondreSupprimeret se blog est a vous vous pouvez le modifier comme bon vous semble,moi j'aime bien se clin d'oeil de se matin
bonne journée a vous trois
bonjour Puce
Bonjour Rejj,
RépondreSupprimerCe doit être parce qu'il n'a pas de poche
qu'il a la langue aussi déliée.
Merci pour l'appréciation, il en sera
touché.
Bon samedi!
Je lit ce soir «les humeurs de Messidor» et j'apprécie. Petit Messie doit être très fier de sa maîtresse tout comme nous qui lisons ses billets. Merci du partage.
RépondreSupprimerBonsoir Puce,
RépondreSupprimerMerci d'être passée par ici,
un double bonheur pour moi...!