L’heure des migrations climatiques
Article signé Isabelle Burgun, publié le 5 mars 2014 sur
Science Presse
(Agence
Science-Presse) Pour le plus grand bonheur des ornithologues amateurs, il est
maintenant possible d’observer le cardinal rouge –et son beau plumage écarlate—
au nord de Montréal, comme le confirment les relevés ornithologiques des dernières
décennies.
Cet important
changement de répartition illustre bien l’influence des changements climatiques
sur la migration des animaux. «C’est un paradoxe! L’avenir apportera plus de
diversité écologique au Québec, tandis qu’à l’échelle planétaire, il s’agit
d’une catastrophe», s’alarme toutefois le titulaire de la Chaire de recherche
du Canada en biodiversité nordique, Dominique Berteaux.
Ainsi, le Québec
pourrait gagner de nombreuses espèces – et les chasseurs se réjouissent déjà de
l’augmentation de dindons sauvages —qui migreront du sud vers le nord.
L’enrichissement de la biodiversité du Québec, plus pauvre que les zones
tempérées du sud, ne se fera cependant pas sans heurts puisque ce phénomène
augmentera la pression sur les espèces déjà présentes. Le renard arctique doit
déjà supporter la compétition avec un nouveau venu,
le renard roux.
Qu’adviendra-t-il
des espèces indigènes, moins nombreuses que celles du sud, plus spécialisées et
adaptées au climat froid? «Elles disparaîtront, car il y a une limite à se
déplacer vers le nord», mentionne-t-il. Le plectrophane des
neiges (bruant des neiges) de l’extrême nord du Canada risque donc
d’y laisser quelques plumes.
La fin du temps
des sucres ?
Mars 2080, le
temps des sucres arrive. Le climat de Montréal se vit davantage à Roberval, sur
les pourtours du lac Saint-Jean ou même à Baie-Comeau. Pour se sucrer le bec,
il a fallu déplacer les cabanes à sucre plus au nord. Déjà, entre 2012 et 2011,
la production a déjà diminué de 32% au Vermont.
Les arbres
risquent d’âtre les grands perdants des changements climatiques. «Les arbres
migrent plus difficilement que les insectes. La niche écologique de certaines
espèces risque de se déplacer de près de 500km en un peu plus d’un siècle et
peu d’espèces peuvent s’adapter aussi rapidement», appréhende déjà le
chercheur.
Les enjeux de ces
bouleversements ne sont pas que scientifiques, comme nous le rappelle si
judicieusement le chapitre d’introduction de son ouvrage. Ils sont aussi
économiques, politiques et moraux: «le changement rapide du climat risque
d’avoir un effet destructeur sur des milliers d’espèces—ce qui pose la question
de notre responsabilité vis-à-vis des espèces créées par des centaines de
milliers d’années d’évolution biologique— et nous force à nous poser la
question: est-il moral de diminuer le patrimoine naturel dont hériteront les
générations futures?» Le lecteur y répondra de lui-même…
Et les humains ?
L’hiver semble
s’éterniser et nombreux d’entre eux verraient d’un bon œil une hausse de
température hivernale au Québec. Ailleurs sur la planète, les changements
climatiques précipiteront sur les routes de plus en plus de migrants
climatiques. Le professeur Laurent Lepage, de l’Institut des
sciences de l’environnement de l’UQAM parle également de grands bouleversements.
La diminution de production agricole de l’Afrique subsaharienne ou encore les
inondations du Bangladesh affectent la population et la poussent à s’adapter
—en changeant d’élevage ou de culture— ou à migrer plus au nord. Les réfugiés
climatiques seront bientôt à nos portes…
Pour en savoir
plus:
• Entrevue avec Dominique
Berteaux aux Années lumière.
• Un site Web présente des
milliers de cartes complémentaires à l’ouvrage du chercheur.
Déjà de grands changements climatiques affectent humains, animaux, végétations. Quelle terre sera la terre de nos petits-enfants et leurs enfants? Nous ne serons probablement plus là pour la voir.
RépondreSupprimerBonjour Puce,
SupprimerEh oui, tous les pays sont touchés, et les changements surprennent. Mais il faut sans doute
faire confiance aux chercheurs qui trouvent d'autres ressources pour lutter contre ce déclin.