Un plein panier de médailles d’or
Chronique de Lise Payette publiée dans Le
Devoir le 27 décembre 2013
2013, vue de ma
fenêtre, n’a pas été une année inoubliable. Mais elle achève. Il nous reste à
nous taper le Bye Bye et à prendre une grande respiration en souhaitant que
l’année 2014 nous apporte autre chose que des mauvaises nouvelles et du
désenchantement. Je nous le souhaite vraiment du fond du coeur. À ceux qui sont
pour, à ceux qui sont contre, à ceux qui s’en foutent, à ceux qui en rêvent.
Pas de discrimination. Il y en a pour tout le monde de bonne volonté.
J’ai un plein
panier de médailles d’or à remettre. Je les remets à des femmes parce que
j’estime qu’elles ont donné un peu d’élévation à une année qui en manquait
beaucoup.
Je donne la
première à Mylène Paquette, cette merveilleuse audacieuse folle qui a traversé
l’Atlantique à la rame. Non seulement a-t-elle réussi ce défi que beaucoup
jugeaient de la pure folie, mais elle a aussi fait disparaître à tout jamais
l’expression : une fille ne serait pas capable… Chapeau Mylène. Quelle
belle aventure !
La deuxième ira à
Pauline Marois, une femme qui impressionne par sa capacité de travail, sa
disponibilité, sa préoccupation profonde pour le peuple qu’elle représente.
Pour ma part, je l’avoue, quand je la vois sur le perron de l’Élysée à Paris,
je sais qu’elle ne me fera jamais honte et qu’elle transporte le Québec
dans son coeur partout où elle va. Certains regrettent qu’elle ne soit pas
parfaite. Réjouissons-nous plutôt, car « parfaite et sans aucun
défaut », elle serait sans doute détestable. Ça me rassure de savoir
qu’elle est une femme comme les autres. Une femme que rien n’arrête.
La troisième
médaille ira à Colette Roy-Laroche, qui est devenue en quelques minutes la
femme qu’on voudrait comme amie, comme mère ou grand-mère, celle qui ne hausse
jamais la voix et qui a une réserve inépuisable de bon sens. Elle a porté sa
ville, ses citoyens, à bout de bras, faisant trembler même le premier ministre
Harper sous son regard patient et sa détermination calme de reconstruire
Lac-Mégantic. Une mairesse du tonnerre.
Je donnerai la
quatrième médaille à Véronique Hivon, la ministre chargée du dossier de fin de
vie dans la dignité, pour sa longue patience et sa capacité d’écoute de toutes
les opinions qui auront été émises devant elle, pour sa sensibilité et son
désir de ne bousculer personne. Un exemple en politique.
La cinquième sera
remise à France Charbonneau, de la commission portant son nom, parce qu’il
fallait quelqu’un comme elle à qui rien ne fait peur, que rien ne surprend de
la nature humaine et qui a des yeux qui ont déjà tout vu et ne s’étonnent plus
de rien. Une femme qui tiendra jusqu’au bout. Heureusement pour nous.
La sixième ira à
Régine Laurent, présidente de la FIQ, parce que sans jamais se prendre pour une
autre, elle guide un syndicat extrêmement important et que ses membres, si vous
avez fréquenté un hôpital récemment, tiennent le système de santé du Québec à
bout de bras. Quand elle parle de l’état actuel du service hospitalier, il
vaudrait mieux l’écouter.
Je remets ma
septième médaille à Martine Desjardins, l’ex-présidente de la FEUQ, l’une des
trois leaders de la révolte des carrés rouges. Je prophétise en disant que
cette jeune femme va jouer un grand rôle dans l’avenir du Québec. Elle a
certainement tout ce qu’il faut pour être digne d’une place de choix.
Je destine la
huitième à Marie-Nicole Lemieux, cette Québécoise qui est en train de conquérir
le monde un peu dans notre dos. On se l’arrache partout parce que sa voix est
l’une des plus belles au monde, et ici, on ne la connaît presque pas. Posez la
question autour de vous. Vous verrez bien de quoi je parle.
La neuvième sera
remise à Marie-Maude Denis de l’émission Enquête de Radio-Canada. Cette femme a
de très mauvaises fréquentations, car elle tend son micro sans trembler aux
plus grands corrompus de notre société. Avec Alain Gravel, elle a talonné tous
les fameux clients de la commission Charbonneau. Sa devise pourrait être :
« Les corrompus seront confondus. »
La dixième sera
partagée en deux. Elles ont déjà été tellement adulées par le grand public
qu’une médaille pour deux devrait leur convenir. Je l’offre donc à Julie Snyder
et à Janette Bertrand, deux nouvelles féministes descendues dans la rue le
26 octobre dernier pour la première fois de leurs jeunes vies.
Bonne année 2014 à
ceux et celles qui me lisent. Je vous trouve bien patients et je vous aime
tous… même ceux et celles qui ne me le rendent pas.
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