samedi 16 novembre 2013

Le clin d'oeil du samedi (3)



Vous avez remarqué ? J’ai changé le titre de ce blogue et décidé de remplacer mes bonheurs par mes humeurs. Et comme pour accompagner ce changement de cap, j’ai rédigé un premier billet le samedi 2 novembre. En voici un troisième.



Le foulard et moi

Il fallait voir la tête du chat de la maison quand nous sommes rentrés de vacances. Il me fixait comme s’il ne m’avait jamais vue. Il a passé plusieurs heures à me tourner autour et à me scruter avant de s’exclamer :
        
         -- Tu portes le foulard, maintenant ?
         J’ai perçu des reproches dans sa voix. Il nous avait entendus discuter de la Charte, son père adoptif et moi, il connaissait notre opinion sur le sujet.
         Devant son air dubitatif, j’ai répondu en souriant :
         -- Ce n’est pas un foulard qui cache mes cheveux, je le porte en bandeau.
         -- Et pourquoi donc ?
         Est-ce que j’allais lui expliquer que c’est ainsi que je me coiffais quand j’avais trente ans, que je portais un bandeau pour retenir mes cheveux longs et dissimuler mes oreilles décollées… ? Et que me jugeant incapable de me coiffer correctement durant nos vacances, j’avais remis un bandeau…?
         -- Ton père adore quand je mets un bandeau, il dit que j’ai quinze ans de moins.
         Notre chat bien aimé continuait à me fixer d’un œil sévère sans rien dire. Devant son air buté, j’ai osé lui demander :
         -- Tu ne trouves pas que ça me rajeunit ?
         J’ai vu tout de suite que je n’aurais pas dû lui poser la question.
         Il a répondu plutôt sèchement :
         -- Mon père exagère toujours quand il s’agit de toi.
         Cette petite pointe d’amertume m’a rappelé quelques maladresses commises dans son éducation. Comme s’il voulait s’excuser de sa réplique, il a cru bon d’ajouter :
         -- Tu sais bien que je ne te vois pas comme une humaine ordinaire. Pour moi, tu es une chatte sans poil et marchant sur deux jambes.
         J’ai éclaté de rire.
         -- Et quand tu ris aux éclats,  m’a-t-il fait remarquer avec un flegme parfait, tu as l’air d’avoir cinquante ans de moins.
         Je n’ai pas répondu à sa remarque, j’étais pliée en deux. Il a poursuivi :
         -- Donc, tu portes le foulard pour faire plaisir à ton homme ?
         J’ai cessé de rire.
         -- Oui, en partie pour ça.
         -- Alors, quelle différence avec les femmes qui le portent ?
         -- Je le porte par coquetterie, pas parce que mon homme me l’impose.
         -- Et s’il te l’imposait…?
         -- Bien voyons, il ne ferait jamais une chose pareille.
         -- C’est vrai.
         -- C’est d’ailleurs ce qui fait la différence entre elles et moi, ai-je répliqué. Pour elles, le foulard est un signe de soumission aux hommes et à leurs croyances religieuses.
         Il a gardé le silence cinq ou six secondes, puis a ajouté :
         -- Mais qui te dit que ces femmes ne font pas comme toi ?
         -- Tu veux dire qu’elles porteraient leur foulard par coquetterie ?
         -- Exactement, m’a-t-il lancé en s’étirant avec une nonchalance étudiée.
         J’ai hésité quelques secondes avant de répliquer:
         -- Eh bien, si elles le faisaient pour être plus belles, elles ne l’érigeraient pas en principe et, comme moi, elles iraient tête nue quand ça leur plaît. Et surtout, elles ne menaceraient pas de quitter leur pays d’adoption pour une affaire qui est dans leur propre pays le symbole de leur dépendance.
        
         Mais ma phrase venait de tomber dans l’oreille d’un sourd, le chat a disparu dans la cuisine, j’ai entendu le bruit qu’il fait quand il grappille dans son bol de croquettes. 

         N’empêche, il avait semé un doute au fond de moi, ébranlé mon assurance.

         Je n’aurais jamais dû apprendre à penser à mon chat !
          
        
        
                 
        
        
        
        
         

3 commentaires:

  1. Bonjour Messidor,


    Tes clins d'oeil du samedi, conversations avec ton chat, sont un vrai bijou de lecture. Continue dans la même veine, je suis déjà en manque du prochain billet. Et quelle beauté ce chat. J'espère qu'il ne lit pas par-dessus ton épaule....!

    Marie Lune

    RépondreSupprimer
  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  3. Bonsoir Marie Lune,
    Je reprends mon message, quel plaisir tu me fais.
    Merci, je me demandais si j'allais poursuivre ces billets.
    Je le ferai pour toi et pour les trois autres personnes qui m'ont dit les apprécier.
    À très bientôt !

    RépondreSupprimer

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Ecrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL
3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien S'abonner par e-mail, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Cliquer sur Publier enfin.

Le message sera publié après modération.

Voilà : c'est fait.
Et un gros MERCI !!!!