Les humains me rendent malade
Pour commencer la
semaine, mes parents adoptifs m’ont enfermé dans une cage. Ils appellent ça un
transporteur, mais c’est bel et bien une petite prison avec des barreaux. Je
n’étais pas d’accord, je les ai forcés à mettre des gants pour me faire entrer
là-dedans, je pense avoir abîmé un doigt de mon père adoptif, oups, je ne l’ai
pas fait exprès.
J’ai horreur
d’aller chez le vétérinaire. Tout ça à cause d’un ascaris que ma mère a trouvé
à côté d’une boule de poils que je venais de régurgiter. Un beau ver blanc plus
propre et plus blanc qu’un petit spaghetti. Je l’aurais bien ravalé, c’est
dire…Mon père l’a placé dans un flacon à pilules pour le montrer au vet.
J’ai eu un choc en
arrivant là-bas. Il y avait au mur un grand tableau qui compare l’âge des chats
et celui des humains. Eh bien, je n’en suis pas revenu ! Un chat de quinze ans,
comme moi, ce n’est pas un ado, c’est un vieillard de soixante-seize ans. Mon
père m’a dit avec un sourire dans les yeux : « C’est à peine croyable, en
juillet, tu entreras dans ta quatre-vingtième année. » Je ne l’ai pas trouvé
drôle !
Lui ne semblait
pas peu fier d’être plus jeune que moi. J’ai regardé ses cheveux grisonnants et
sa barbe d’argent sans comprendre : mon poil à moi n’a pas changé de
couleur, aucune nuance de gris… Je ne me regarde jamais dans un miroir, mais je
suis persuadé ne pas avoir changé d’apparence. Je n’ai pas de rides et je
marche avec autant de désinvolture que quand j’avais cinq ans. Par contre, mon
poil est moins lustré et se prend en mottes, c’est d’ailleurs ce qui a inquiété
le vétérinaire, il n’a pas dit que j’étais de mauvais poil, mais presque. De
plus, en prenant mon pouls, il avait l’air soucieux, il a eu cette
réflexion : « Son cœur bat trois fois plus rapidement qu’il devrait et il
a un souffle au cœur. Il vaudrait mieux faire une analyse de sang, il pourrait
bien souffrir d’hyperthyroïdie.» Il a expliqué les détails à mes parents et a
dit quelques mots sur le traitement : comprimés à prendre tous les jours
(ouache!) ou modification du régime alimentaire (chouette !). Pour régler mon
problème d’ascaris, il m’a administré un vermifuge.
Il a téléphoné
plus tard pour nous donner les résultats de l’analyse de sang.
« Il n’y a pas
lieu de s’inquiéter, il faudra seulement surveiller son poids.» J’étais
légèrement déçu, je m’étais mis à rêver aux menus auxquels j’aurais peut-être
droit en cas de maladie grave, vraisemblablement plus adaptés à mes goûts:
miettes de pain aux noix, tartinade de mulots sur croustilles de maïs et tartare
de mésange aux graines de tournesol, je suis sûr que ma mère aurait su y faire
et me préparer des plats exquis, miam ! Hélas, ce ne sera pas encore cette fois
que je pourrai faire des confettis avec mes croquettes avant de les jeter aux
souris.
Les humains sont
déconcertants, toujours à s’inquiéter pour nous. Ils sous-estiment
continuellement notre capacité à nous auto-guérir. N’empêche, de me savoir devenu aussi vieux m’a fait
réfléchir. Il me reste combien d’années à vivre ? Deux ou trois, pas beaucoup
plus. La mort ne m’effraie pas, mais elle approche lentement, dangereusement,
inexorablement. Il ne me reste pas tellement de temps pour faire ce que j’aime,
je ferais mieux d’en jouir.
Alors hier matin,
juste avant que le jour se lève, j’ai demandé la porte et suis sorti respirer
l’air du large. Des dizaines de mésanges voletaient autour de la
mangeoire : dans une chorégraphie parfaitement maîtrisée, chacune picorait
une graine, s’envolait avec grâce, se posait sur une branche avant de reprendre
son manège avec une insouciance belle à voir. Je les ai observées un moment
pendant que le soleil allumait une à une les maisons d’en face. Et savez-vous
quoi ? J’ai entendu claironner les corneilles. Le printemps n’est pas loin, à
nous deux la vie!
bonjour Rachel. puce et vous qui vont passé .ha se chat ,il vient de s’apercevoir qu'il a vieilli , oui profité des quelque jours ou années,ont sais pas quand la lumière va s.étendre , bonne journée sous la neige,
RépondreSupprimerOui Petit Messi profite d'admirer tes petites mésanges....te de promener au bord du large.de scruter avec tes yeux la joie de déterrer un mulot....de dormir au soleil....mais de rentrer tous les soirs pour ne pas inquiéter tes parents adoptifs....
RépondreSupprimerOui profite '' bien'' de tous ces petits instants de bonheur....le temps qu'il te reste de soufle....♥
Bonjour Rejj et Jo,
RépondreSupprimerRéjean,
C'est une image belle et touchante que tu nous donnes à lire ce matin,
non, on ne sait pas quand la lumière va s'éteindre, alors profitons de sa
somptueuse clarté.
Jo,
Et toi aussi, tu connais bien les penchants du chat pour les siestes au soleil, les
mulots et le grand air.
Messidor vous dit merci d'être passés par ici.
De belles aventures pour toi Messidor, m
RépondreSupprimerOui Petit Messie se doit de continuer sa vie active. Dormir, regarder les oiseaux, courir les mulots et profiter aussi des caresses et des bons soins de ses parents adoptifs.
RépondreSupprimerBonjour Rosa,
RépondreSupprimerUn plaisir de t'accueillir ici, merci, Messidor apprécie ta visite!
Allô Puce,
Petit Messie te remercie pour tes bonnes pensées, à part les menus
dont il rêve, il profite de tout.
Merci d'être passée, bon dimanche !