samedi 16 juillet 2022

Jour 143 - Vinnytsia compte les corps



Des missiles russes ont frappé jeudi Vinnytsia, une ville éloignée de la ligne de front orientale, tuant au moins 23 personnes, dont 3 enfants, selon des responsables ukrainiens, alors que Moscou affirme avoir visé des cibles militaires. 

 Face à l'effroi dans le monde – le secrétaire général de l'ONUs'est dit “atterré” et l'UEa dénoncé un comportement “barbare” des Russes – le ministère russe de la Défense a affirmé vendredi que ses missiles de croisière avaient frappé la veille à Vinnytsia une réunion du “commandement des forces aériennes ukrainiennes avec des représentants de fournisseurs étrangers d’armements”. 

 La frappe a en fait dévasté le centre de cette petite ville ukrainienne située à des centaines de kilomètres du front, faisant, selon le dernier bilan donné par les secours ukrainiens jeudi soir, 23 morts, 29 disparus, 71 blessés hospitalisés et plus d'une centaine de blessés soignés sur place. Parmi les morts, trois enfants à ce stade, dont Liza Dmitrieva, une fillette trisomique de quatre ans que sa mère Iryna, amputée d'une jambe et toujours entre la vie et la mort, poussait dans une poussette rose vif. 

 “Où est-ce qu'on va, ma chérie?” demandait la maman à sa fille dans une vidéo qu'elle avait postée sur Instagram 80 minutes avant la frappe. “Chez Alla!”, avait répondu la petite fille en secouant ses cheveux blonds, attachés avec une pince blanche en forme de papillon. Il n'est resté, sur la place de Vinnytsia, que la poussette rose tachée de sang. 

 La Russie n'a jamais reconnu de bavure ni de crime de ses forces armées en Ukraine et assure systématiquement ne frapper que des cibles militaires. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a souligné jeudi soir que cette frappe démontrait “une nouvelle fois que la Russie doit être reconnue officiellement comme un État terroriste”. 

Agence France-Presse 
Radio-Canada
mise à jour le 15 juillet 2022

vendredi 15 juillet 2022

Jour 142 - Offensives ukrainiennes



Après avoir perdu le contrôle de nombreuses villes aux mains des Russes, les troupes ukrainiennes ont aussi su en reprendre depuis le début du conflit — et bataillent encore pour reprendre les territoires conquis. 

 Au moment même où les forces russes s’emparaient de Lysychansk, dernière ville de la région orientale de Louhansk, le président Zelensky jurait que l’Ukraine reprendrait la ville. L’Ukraine a également lancé depuis plusieurs semaines une contre-offensive pour reprendre Kherson, unique capitale régionale capturée par Moscou depuis le 24 février. 

 « Pour les Ukrainiens, maintenant, [l’objectif] va être d’essayer de reconquérir des portions du territoire de l’est du pays qu’ils ont perdues. Si la Russie cherche à annexer le Donbass, rien n’interdit à l’Ukraine de procéder à une contre-offensive pour libérer le sud et se réapproprier l’accès à la mer Noire », dit Charles-Philippe David, fondateur de la Chaire Raoul-Dandurand. 

Somme toute, cette guerre est loin d’être terminée, selon M. David, qui rappelle que toute occupation ou annexion sera contestée par l’Ukraine. « Il peut y avoir une “victoire” de Poutine, mais on sait bien que ce ne sera pas une victoire claire, nette et sans appel. Il peut bien dire qu’il a gagné l’est de l’Ukraine, mais on sait bien que les Ukrainiens ne vont pas capituler, ils ne vont pas accepter cette victoire russe », conclut-il. 

Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Selon ses plus récentes données, l’ONU a recensé plus de 5000 morts confirmés, dont plus de 300 enfants, mais l’Organisation reconnaît que leur nombre véritable est sans doute largement supérieur. 

Avec l’Agence France-Presse 
Sandrine Vieira 
Le Devoir, 15 juillet 2022

jeudi 14 juillet 2022

Jour 141 - Rapport alarmant sur les «camps de filtration» russes



L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) se montre « gravement préoccupée » par le traitement infligé par Moscou aux civils ukrainiens dans des « camps de filtrations », destinés à identifier ceux soupçonnés de liens avec les autorités de Kiev, selon un rapport qui doit être publié jeudi. 

“Selon des témoins”, cette procédure “implique des interrogatoires brutaux et des fouilles corporelles humiliantes”, écrivent les trois auteurs de ce document de 115 pages consulté par l’AFP. Les Ukrainiens évacués des villes assiégées, comme le port stratégique de Marioupol, ou ceux qui quittent des territoires occupés par les troupes russes sont obligés de transiter par ces centres. 

Leurs données personnelles y sont enregistrées, leurs empreintes digitales relevées et leurs documents d’identité copiés”, détaille le rapport de l’OCSE. L’objectif est apparemment de déterminer si les personnes ont combattu du côté ukrainien ou ont des connexions avec le régiment Azov ou les autorités ukrainiennes. 

“Si c’est le cas, ces personnes sont séparées des autres et souvent disparaissent purement et simplement”, soulignent les experts, dont deux se sont rendus en Ukraine en juin pour compléter leurs travaux rédigés sur la base de multiples sources. 

«Certains sont transférés” dans les territoires séparatistes autoproclamés de Lougansk et de Donetsk, “où ils sont détenus ou même tués”, ajoute-t-il, “une pratique suggérant que la Russie utilise ces deux entités pour contourner ses obligations internationales”.Ceux qui passent le test “sont souvent envoyés en Russie, avec ou sans leur consentement”. Une fois arrivés là-bas, on leur promet emploi et logement gratuit. Ils sont certes libres de leur mouvement, mais “ils n’ont souvent pas assez d’informations, d’argent, ou pas de téléphone” pour pouvoir quitter le pays, note le rapport. 

Kiev dénonce depuis plusieurs semaines des “déportations” qui auraient touché plus d’un million d’Ukrainiens, Moscou assurant de son côté que son seul but est de permettre aux civils d’“évacuer” des “zones dangereuses”. 

Agence France-Presse 
Radio-Canada, 14 juillet 2022

mercredi 13 juillet 2022

Jour 140 - Rencontre en Turquie



Sur le plan diplomatique, une réunion entre Russes et Ukrainiens en présence de représentants de l’ONU doit s’ouvrir mercredi (aujourd’hui) en Turquie. On y discutera de la difficile question des exportations des céréales via la mer Noire, sur fond d’aide financière accrue des Occidentaux à Kiev. 

La Russie a confirmé cette rencontre, tout en soulignant qu’elle voulait notamment se garder « la possibilité de contrôler et de fouiller les navires pour éviter la contrebande d’armes ». L’Ukraine s’est de son côté dite « favorable au règlement de la question du déblocage des céréales ukrainiennes sous les auspices de l’ONU ».

Toujours sur le front diplomatique, le Kremlin a annoncé mardi un entretien bilatéral entre les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdoğan, dont le pays se pose en médiateur entre Kiev et Moscou, en marge d’un sommet sur la Syrie le 19 juillet à Téhéran avec leur homologue iranien, Ebrahim Raïssi.

Frankie Taggart - Agence France-Presse à Kiev 
Le Devoir, 13 juillet 2022

mardi 12 juillet 2022

Jour 139 - À Boutcha, retour à une certaine normalité


Dans une cour à l’arrière d’une grande maison de Boutcha, banlieue de Kiev devenue un symbole de la brutalité des forces russes, Maxime mange au calme avec son épouse et ses voisins. Il y a environ trois mois, des soldats russes fouillaient sa maison et dormaient dans la chambre des enfants. 

 La famille était partie à l’époque : Anna, la mère, se trouvait en Roumanie ; Maxime, lui, avait emmené les deux enfants dans une zone plus sûre de l’Ouest ukrainien après le début de l’invasion russe le 24 février. 

Aujourd’hui, toute la famille est réunie autour de la table et Maxime, un concepteur de sites Web âgé de 36 ans, observe : « Dans cette atmosphère, je me sens comme si rien ne pouvait arriver et que la vie est normale. Mais nous savons qu’il y a une guerre et qu’aucun endroit n’est sûr en Ukraine en ce moment. » 

Sa maison, une bâtisse neuve de deux étages, n’a subi que des dommages mineurs durant l’occupation russe. Elle est située en bordure de cette banlieue au nord-ouest de Kiev où plusieurs jeunes familles venues de la capitale ont choisi de s’installer pour goûter une vie plus tranquille. 

« Les soldats russes ont dormi dans notre maison deux ou trois nuits, ont tout mangé dans notre frigo et nous ont laissé ceci », dit-il en montrant un paquet de rations militaires russes. 

 Ionut Iordachescu - Agence France-Presse à Boutcha 
Le Devoir, 12 juillet 2022 

Pour lire la suite de cet article plutôt rassurant, 

lundi 11 juillet 2022

Jour 138 - L’est de l’Ukraine étouffe sous les bombes


Les forces russes continuaient dimanche à pilonner l’est de l’Ukraine, faisant au moins 15 morts dans une frappe qui a éventré un immeuble d’habitation à Tchassiv Iar, selon les autorités ukrainiennes. 

 La frappe s’est produite dans la nuit dans cette petite ville de quelque 12 000 habitants. Selon les secours, 24 personnes se trouvent encore sous les décombres, dont un enfant, tandis que 5 autres ont été sorties de sous les gravats. 

L’immeuble de quatre étages a été touché par un missile russe Ouragan, a précisé sur Telegram Pavlo Kyrylenko, gouverneur de la région de Donetsk, que l’armée russe ambitionne de conquérir.
 

Des journalistes de l’AFP arrivés sur place après la frappe ont vu l’immeuble partiellement effondré, des secouristes et une pelleteuse s’attelant à déblayer les lieux. 

« J’étais dans la chambre à coucher, je suis sortie et tout a commencé à trembler, à s’effondrer. Ce qui m’a sauvée, c’est l’onde de l’explosion qui m’a propulsée, en sang, dans les toilettes », a témoigné une habitante interrogée par l’AFP, refusant de donner son nom.

Selon M. Kyrylenko, au moins 591 civils ont été tués et 1 548 autres blessés à ce jour dans la région de Donetsk depuis le début de l’invasion russe le 24 février. 

Vendredi, il avait déclaré que Moscou préparait « de nouvelles actions » dans l’est. L’armée russe, qui a annoncé début juillet avoir pris le contrôle de la région de Louhansk, vise maintenant celle de Donetsk pour occuper l’ensemble du bassin minier du Donbass.

Nicolas Garcia, Agence France-Presse
Le Devoir, 11 juillet 2022

dimanche 10 juillet 2022

Jour 137 - L’armée russe prépare de «nouvelles actions»



L’armée russe a poursuivi samedi ses bombardements dans la région de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, et prépare, après quatre mois et demi de guerre, « de nouvelles actions », selon des responsables ukrainiens. 

Les États-Unis, qui continuent d’augmenter leur aide militaire à Kiev, ont demandé à la Chine de condamner « l’agression russe » en Ukraine et le Royaume-Uni accueille un premier groupe de soldats ukrainiens venus s’entraîner. 

« Les yeux de tous les mouvements et régimes politiques agressifs dans le monde sont maintenant braqués sur ce que nous fait la Russie », a écrit samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Instagram. « Le monde sera-t-il capable de déférer en justice les vrais criminels de guerre ? », s’interroge-t-il en avertissant du risque de « centaines d’autres agressions » s’il n’y parvient pas. 

 [...] 

Le gouverneur de Kharkiv et celui de Donetsk ont accusé les forces russes de provoquer avec leurs tirs des incendies notamment dans des champs. « Ils essaient de détruire les récoltes par tous les moyens », a estimé vendredi ce dernier. 

Dans le Sud, la police de la région de Kherson a annoncé l’ouverture de poursuites pénales après la destruction de récoltes par les forces russes. Dans la région de Mykolaïv, d’où partent les tentatives de contre-attaque vers Kherson, ville occupée depuis les premiers jours de la guerre, le maire a fait état d’explosions entendues durant la nuit et demandé à la population de rester dans les abris. 

Miguel Medina, Agence France-Presse 
Le Devoir, 9 juillet 2022