samedi 14 janvier 2023

Jour 325 - La Russie dit avoir pris Soledar, Kyiv dément





Photo retouchée, tirée d’un reportage télévisé, Le journal de 20 heures, 13 janvier 2023

(Siversk) La Russie a affirmé vendredi avoir pris le contrôle de Soledar à l’issue d’une bataille acharnée, une annonce démentie par Kyiv selon qui des combats se poursuivaient dans cette petite ville de l’est de l’Ukraine. 

« Les combats pour Soledar se poursuivent », a affirmé dans son rapport du soir l’état-major ukrainien sans autre précision. 

Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a affirmé qu’avait été achevée « le 12 janvier dans la soirée » la « libération de la ville de Soledar ». 

Dans un rare signe de reconnaissance entre ces deux structures qui sont souvent entrées en rivalité sur le terrain en Ukraine, l’armée russe a salué ensuite dans un message les « actions courageuses » des combattants du groupe de mercenaires Wagner, dont les hommes ont mené « l’assaut direct contre les quartiers résidentiels de Soledar ». 

Le porte-parole du commandement Est de l’armée ukrainienne, Serguiï Tcherevaty, avait affirmé dans la journée que ses troupes gardaient la situation « sous contrôle dans des conditions difficiles » face « aux meilleures unités [du groupe russe de mercenaires] Wagner et d’autres forces spéciales » russes. 

« Phase difficile » 
« C’est une phase difficile de la guerre », avait de son côté souligné la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, reconnaissant « une offensive [russe] de forte intensité ».   

Selon l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), un organisme basé aux États-Unis, la capture de Soledar, une petite ville d’environ 10 000 habitants avant le conflit, est cependant « peu susceptible de présager un encerclement imminent de Bakhmout », cible principale de l’armée russe, située à 15 kilomètres au sud-ouest de Soledar. 

Elle « ne permettra pas aux forces russes d’exercer un contrôle sur les importantes lignes de communication terrestres ukrainiennes vers Bakhmout », notait-il dans son bulletin quotidien. 

Les combats dans et autour de Soledar font rage depuis plusieurs mois, mais leur intensité a fortement augmenté ces derniers jours. 

Mercredi, le chef de Wagner, Evguéni Prigojine, avait déjà revendiqué la prise de Soledar avec ses hommes, avant d’être contredit non seulement par Kyiv, mais aussi par l’armée russe. 

Dans son bulletin quotidien, l’ISW avait indiqué penser que « les forces russes ont [en réalité] probablement capturé Soledar le 11 janvier », soit mercredi. 

Pour appuyer ses propos, l’ISW évoquait notamment « des photos géolocalisées publiées les 11 et 12 janvier » qui « indiquent que les forces russes contrôlent probablement la plupart sinon la totalité de Soledar et ont probablement poussé les forces ukrainiennes hors de la périphérie ouest de la localité ». 

À Siversk, à 25 km au nord de Soledar, les bruits de l’artillerie résonnaient vendredi. Dans les rues recouvertes d’une fine couche de neige, seuls quelques habitants et des militaires déambulaient, par un vent glacial. 

« Nous avons peur, mais où pouvons-nous aller ? », interroge Oleksandre Sirenko, 55 ans, occupé à récupérer des morceaux de fenêtres pour les utiliser comme bois de chauffage. 

« On espère seulement que [l’armée ukrainienne] ne reculera pas », dit-il à l’AFP. 

Besoin d’armes 
Pour faire face à l’armée russe, Kyiv a de nouveau appelé ses alliés occidentaux à lui fournir plus d’armes et d’équipements militaires performants. 

« Pour gagner cette guerre, nous avons besoin de plus d’équipements militaires, d’équipements lourds », a exhorté sur Telegram Andriï Iermak, le chef de cabinet de la présidence ukrainienne, alors que l’Ukraine réclame inlassablement des chars lourds ainsi que des missiles de longue portée. 

L’Ukraine a estimé vendredi être devenue « de facto » membre de l’OTAN. «

C’est vrai. C’est un fait », a déclaré à la BBC le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov. « Je suis sûr que dans un avenir proche, nous deviendrons membres de l’OTAN, de jure », a-t-il poursuivi, en écho à la demande formelle de Kyiv à ce sujet. 

L’Alliance a annoncé vendredi le déploiement d’avions de surveillance Awacs en Roumanie à partir de mardi pour soutenir sa présence renforcée dans la région et « surveiller l’activité militaire russe ». 

En visite aux États-Unis, le premier ministre japonais Fumio Kishida a assuré vendredi que la participation de son pays aux mesures contre la Russie avait « renouvelé le combat contre l’agression russe en Ukraine, le faisant passer d’une lutte transatlantique à une lutte mondiale ». 

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni une nouvelle fois pour discuter de la situation en Ukraine vendredi, près de onze mois après le début de l’invasion russe. 

« L’Ukraine, la Russie, le monde ne peuvent se permettre que cette guerre continue », a souligné la secrétaire générale adjointe de l’ONU pour les affaires politiques, Rosemary DiCarlo. Mais « c’est la logique militaire qui domine, avec très peu d’espace de dialogue pour le moment, si tant est qu’il y en ait le moindre », a-t-elle ajouté, ne voyant « aucun signe d’une fin des combats ». 

L’AIEA va tripler sa présence permanente [...] 
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Susannah Walden, Agence France-Presse 
La Presse, le 13 janvier 2023, mis à jour à 22h45

vendredi 13 janvier 2023

Jour 324 - Kyiv s’accroche à Soledar, Poutine nomme un nouveau chef



(Bakhmout) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promis de fournir « tout le nécessaire » aux soldats qui résistent aux assauts russes à Soledar et Bakhmout, deux villes de l’est du pays que la Russie tente coûte que coûte de conquérir pour changer le cours de la guerre. 

« Je veux souligner que les unités défendant ces villes seront approvisionnées avec des munitions et tout le nécessaire de manière rapide et ininterrompue », a lancé jeudi M. Zelensky sur Facebook à l’issue d’une réunion avec son état-major. 

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit par ailleurs se rassembler vendredi à 15 h (heure de l’Est) pour discuter de la situation en Ukraine. 

La situation à Soledar est depuis quelques jours « difficile » pour l’armée ukrainienne et « les combats les plus acharnés et les plus violents se poursuivent aujourd’hui », avait indiqué plus tôt la vice-ministre de la Défense, Ganna Maliar. 

Autrefois connue pour ses mines de sel, Soledar est en effet située à 15 km au nord-est de la ville de Bakhmout que les forces russes cherchent à prendre depuis des mois. 

Pour l’analyste militaire Anatoli Khramtchikhine, la prise de Soledar, petite ville d’environ 10 000 habitants avant guerre, aujourd’hui complètement détruite, permettrait à Moscou de brandir enfin une victoire militaire, après une série de revers humiliants. 

« Toute victoire est importante, surtout parce qu’il n’y a pas eu de victoire depuis un moment », souligne-t-il. 

Andreï Baïevskiï, député séparatiste prorusse de la région de Donetsk, souligne de son côté que la prise de Soledar permettrait de « couper les lignes d’approvisionnement » ukrainiennes qui permettent de défendre Bakhmout. 

Soledar « ouvre (aussi) des possibilités de tirs d’artillerie en direction de Sloviansk, Kramatorsk et Kostiantynivka » plus à l’ouest, a-t-il encore observé à la télévision russe. 

« Les gens ont peur » 
Mercredi, le chef du groupe de mercenaires russes Wagner, Evguéni Prigojine, avait revendiqué la prise de Soledar, avant d’être rapidement contredit non seulement par Kyiv, mais aussi par le ministère russe de la Défense avec lequel il entretient des relations de rivalité. 

Jeudi, le Kremlin a toutefois salué « les actions héroïques » des hommes de Wagner en première ligne. 

« Il reste encore beaucoup de travail à faire », a par ailleurs relevé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. 

Sur une carte de l’est de l’Ukraine publiée jeudi par le ministère russe de la Défense, Soledar n’apparaissait pas sous contrôle de l’armée de Moscou. 

« Nous tenons bon », a martelé la vice-ministre Ganna Maliar, vantant « la résilience et l’héroïsme » des forces ukrainiennes. 

Sans présenter de chiffres, elle a indiqué jeudi que les troupes russes qui combattent à Soledar « subissent de lourdes pertes […] en essayant sans succès de percer notre défense ». 

Kyiv n’a de son côté pas chiffré ses tués et blessés dans la zone, mais Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, avait reconnu mercredi « des pertes significatives », dans un entretien avec l’AFP. 

Un porte-parole de l’armée ukrainienne, Serguiï Tcherevaty, a affirmé à la télévision que les Russes « attaquaient constamment » à Soledar, relevant 91 tirs d’artillerie sur la ville ces dernières 24 heures. 

À Bakhmout, sous les bombes, le docteur Elena Moltchanova, 40 ans, continue tant bien que mal de prodiguer des soins aux milliers de civils, souvent âgés, qui sont restés dans la ville. 

« Il n’y a pas assez de seringues et d’aiguilles à insuline. Les stocks de médicaments pour le cœur s’épuisent très rapidement », déplore-t-elle auprès de l’AFP. 

Mais impossible pour elle de s’imaginer quitter la ville « tant qu’il y a des gens ici ». 

Oleksiy Stepanov est venu pour le certificat de décès de son voisin de 83 ans, qui est mort chez lui. Ses fenêtres avaient été soufflées par les bombardements. « Les gens ont peur », dit-il. 

À Melitopol, principale ville occupée de la région ukrainienne de Zaporijjia, « le nombre de “touristes” étrangers — Russes, Bouriates, Ossètes, Kadyrovtsy — a dépassé le nombre de résidents locaux qui ont été contraints de rester sous l’occupation », a écrit tôt vendredi sur Telegram le maire de la ville, Ivan Fedorov. 

« Les “étrangers” essaient tellement de prétendre qu’ils ont leur place ici qu’ils utilisent même des symboles ukrainiens », ils « occupent les maisons que la population locale », « se déguisent en civil » et « les militaires sont transportés dans des bus scolaires sur lesquels est inscrit le mot “enfants” », décrit-il. 

Objectifs russes inchangés [...] 

Susannah Walden, Agence France-Presse 
La Presse, 13 janvier 2023, mis à jour à 0h27

jeudi 12 janvier 2023

Jour 323 - L’affrontement le plus sanglant en cours



(Kramatorsk) Des combats acharnés se déroulent à Soledar, dans l’est de l’Ukraine, où la Russie tente coûte que coûte de renverser le cours de la guerre, changeant une nouvelle fois de chef militaire au moment où Kyiv semble plus proche d’obtenir des armements lourds occidentaux.   

« Tout ce qui se passe aujourd’hui en direction de Bakhmout ou de Soledar est le scénario le plus sanglant de cette guerre », a déclaré dans un entretien avec l’AFP Mykhaïlo Podoliak, un conseiller de la présidence ukrainienne. 

Les combats « se poursuivent » à Soledar, le front « tient », a pour sa part affirmé dans la soirée le président ukrainien Volodymyr Zelensky. « Nous faisons tout pour renforcer la défense ukrainienne sans aucune pause, même pour un jour » dans la région orientale de Donetsk, a-t-il martelé. 

Selon la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, les Russes ont « sans succès » cherché à « complètement » s’emparer de cette cité minière de 10 000 habitants située près de la ville plus importante de Bakhmout que les Ukrainiens défendent sans répit depuis plusieurs mois. 

Le groupe de mercenaires russes Wagner, qui a revendiqué sa prise, laquelle constituerait pour Moscou une victoire militaire après plusieurs revers humiliants depuis septembre, a toutefois été démenti non seulement par les militaires ukrainiens, mais aussi par l’armée russe. 

« Des forces d’assaut se battent dans la ville », a de son côté assuré le ministère russe de la Défense, précisant que « des unités aéroportées ont bloqué les parties nord et sud » de Soledar. 

Zaporijjia (sud) a par ailleurs été la cible de nouvelles frappes russes, endommageant des infrastructures et provoquant un incendie, a rapporté tôt jeudi sur Telegram le secrétaire du conseil municipal de la ville, Anatoliy Kourtev. « De plus, à la suite des bombardements, des maisons de civils ont été endommagées à nouveau. Selon les informations préliminaires, personne n’a été blessé », a-t-il indiqué. 

De son côté, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a déclaré mercredi à la presse que les États-Unis ne pouvaient pas confirmer les rapports selon lesquels Soledar était tombée et que la ville avait « fait des allers-retours à plusieurs reprises, et qu’il s’agissait vraiment de combats assez brutaux ». 

Pertes russes « énormes » 
Le Kremlin s’est montré prudent quant à la situation sur le terrain. « Il ne faut pas se presser. Attendons des déclarations officielles », a dit à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, tout en estimant qu’il y avait « une dynamique positive » dans les rangs des troupes russes. 

« Personne n’a prévu de donner la ville », a insisté « Bober », un soldat ukrainien blessé en attente de son évacuation, rencontré mercredi par l’AFP sur la route reliant Bakhmout à Sloviansk. Soledar « n’a pas été complètement prise » par les Russes, a-t-il affirmé. 

Selon Mykhaïlo Podoliak, les pertes militaires russes y sont « énormes » et « l’armée ukrainienne perd également des hommes ». « Certainement, c’est plus que ce qu’il y a eu ailleurs avant », a-t-il indiqué à l’AFP. 

Dans la région de Louhansk, voisine de celle de Donetsk, les Russes ont « rassemblé » environ 30 000 soldats, a par ailleurs signalé son gouverneur ukrainien, Serguiï Gaïdaï. 

 À l’échelle de l’ensemble de l’Ukraine, « dans la journée, l’ennemi a effectué deux frappes de missiles et 22 frappes aériennes », a résumé le ministère ukrainien de la Défense.   Dans la cité méridionale de Kherson, où des bombardements ont causé de « nombreuses explosions », l’université d’État et un centre périnatal ont été endommagés, a déploré le gouverneur de la province, Iaroslav Ianouchevitch. Une employée d’une maternité également touchée a en outre été grièvement blessée, a ajouté le bureau de la présidence ukrainienne.   

Un peu plus au nord, à Marhanets, neuf immeubles d’habitation ont subi des dégâts et une personne a été blessée par des éclats d’obus, selon les autorités locales. 

Nouveau chef militaire [...] 
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Susannah Walden, Agence France-Presse 
La Presse, le 11 janvier 2023, mis à jour à 23h55

mercredi 11 janvier 2023

Jour 322 - Kharkiv bombardée après la visite surprise d’une ministre allemande


(Kharkiv) Des bombardements russes ont frappé Kharkiv mardi soir, quelques heures après la visite surprise dans cette ville du nord-est de l’Ukraine de la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, avec son homologue ukrainien qui a pressé l’Allemagne de fournir des blindés lourds. 

« Plus une telle décision tarde, plus il y aura de victimes, plus il y aura de morts parmi les civils », a martelé le ministre ukrainien Dmytro Kouleba. 

Un journaliste de l’AFP a entendu par la suite plusieurs explosions dans la ville, relativement épargnée ces derniers temps par les frappes russes. 

« Restez dans les abris. Les occupants bombardent une nouvelle fois ! », a averti sur la messagerie Telegram le gouverneur régional Oleg Synegoubov. 

Il était impossible dans l’immédiat de déterminer si ces frappes avaient fait des dégâts et des victimes. 

Plus tôt mardi, Annalena Baerbock était venue dans cette ville proche de la frontière russe et très éprouvée par la guerre. 

Invitée par son homologue Dmytro Kouleba, elle a assuré que l’Ukraine pouvait compter sur la « solidarité » et le « soutien » de l’Allemagne. 

La ministre a dit avoir apporté « un nouveau paquet » d’aides comprenant 20 millions d’euros pour le déminage et autant pour développer le réseau d’accès à internet Starlink. Elle a aussi annoncé de nouvelles livraisons de générateurs pour les infrastructures énergétiques ukrainiennes bombardées systématiquement par la Russie. 

Mais l’Ukraine réclame surtout la livraison de chars de combat occidentaux, et Berlin n’a toujours pas répondu favorablement à sa demande de lui livrer des blindés « Leopard 2 », du matériel lourd à la technologie reconnue. 

Livraisons d’armes 
Kharkiv a été la cible de multiples bombardements au début du conflit, mais les forces ukrainiennes ont été en mesure de la défendre. Le front des combats s’est depuis éloigné et se trouve actuellement à environ 130 km de la ville. 

« Kharkiv est désormais un symbole de contre-offensives ukrainiennes réussies qui prouvent que l’Ukraine peut gagner avec une aide suffisante de ses partenaires », a pointé M. Kouleba. 

Mme Baerbock a assuré que le pays pouvait compter sur la livraison d’armes dont il a besoin « pour libérer ses concitoyens qui souffrent encore de la terreur de l’occupation russe ». 

Après de longs mois de tergiversations, l’Allemagne a récemment annoncé l’envoi de 40 blindés d’infanterie « Marder » d’ici le printemps.   

Mais au sein de la coalition d’Olaf Scholz, les Verts, le parti de Mme Baerbock, et les libéraux réclament la livraison de chars lourds de combat de type « Leopard ». 

« Je ne doute pas que l’Ukraine va recevoir des chars “Leopard” allemands, car le gouvernement fédéral sait au plus profond de lui-même que c’est nécessaire », a dit M. Kouleba. 

Pour contrer les bombardements massifs de la Russie visant les infrastructures critiques ukrainiennes, l’Ukraine pourra bénéficier d’un système de défense aérien offert par le Canada, a annoncé mardi le premier ministre Justin Trudeau. 

Cet armement, acheté auprès des États-Unis, est le premier système antiaérien NASAMS que le Canada offre à l’Ukraine, a indiqué Ottawa, qui évalue la valeur de ce don à 406 millions de dollars canadiens. 

Ce système de missiles s’ajoute aux blindés, obusiers, vêtements d’hiver et munitions que le Canada a fournis à Kyiv pour l’aider à repousser l’invasion russe. 

L’Ukraine en Europe [...] 
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Oleksandr Yanovsky, Agence France-Presse 
La Presse, 10 janvier 2023

mardi 10 janvier 2023

Jour 321 - Deux morts dans un marché, les combats se poursuivent dans l’Est



(Moscou) Au moins deux personnes ont été tuées lundi dans une frappe russe ayant touché un marché dans le village de Chevtchenkové, dans le nord-est de l’Ukraine, ont indiqué les autorités locales, tandis que les combats se poursuivaient dans l’Est. 

« Six personnes ont été blessées dans une attaque à la roquette sur Chevtchenkové. Deux autres sont mortes », a indiqué sur Telegram Oleg Synegoubov, gouverneur de la région de Kharkiv, publiant des photos de pompiers dans des gravats et d’étals en feu. 

À Kherson, dans le Sud, le gouverneur Iaroslav Ianouchevitch a rapporté un mort et un blessé dans un bombardement russe qui a touché un quartier résidentiel. 

Dans l’Est, les troupes russes ont mené un « bombardement massif » sur Kourakhivka, qui a fait au moins deux blessés et endommagé une vingtaine de maisons, selon le gouverneur Pavlo Kyrylenko. 

Selon la présidence ukrainienne, deux personnes sont mortes et dix ont été blessées au cours des dernières 24 heures dans tout le pays. 

L’armée ukrainienne a de son côté confirmé que Bakhmout, ville de l’est de l’Ukraine, restait le « point le plus chaud du front », où des « combats acharnés ont lieu ». 

« L’ennemi y a concentré le maximum de forces prêtes au combat, y compris les unités de Wagner », groupe paramilitaire dont les mercenaires combattent aux côtés des troupes russes, a indiqué Serguiï Tcherevaty, porte-parole du commandement oriental de l’armée. 

Dimanche, la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, avait aussi rapporté une situation « très difficile » à Soledar, à 15 kilomètres au nord-est de Bakhmout. 

Selon le renseignement ukrainien, la Russie se prépare à lancer de nouvelles attaques sur le système énergétique du pays, alors que les températures ont chuté. 

Ces combats interviennent après un cessez-le-feu unilatéral de 36 heures décrété par le président russe, Vladimir Poutine, à l’occasion du Noël orthodoxe vendredi et samedi. Les hostilités avaient toutefois continué lors de cette trêve, mais d’une intensité moindre. 

« Des assauts violents » à Soledar 
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué lundi que ses troupes résistaient à « de nouveaux assauts, encore plus violents » à Soledar, près de Bakhmout, ville de l’est de l’Ukraine dont Moscou tente depuis des mois de s’emparer. 

« Je remercie tous nos soldats qui protègent Bakhmout […] et les combattants à Soledar, qui résistent à de nouveaux assauts, encore plus violents, des envahisseurs », a lancé le président Zelensky dans son message quotidien. 

Soledar, dans la région de Donetsk, est à quelque 15 kilomètres de Bakhmout, ville qui comptait environ 70 000 habitants avant le début de l’offensive russe en février dernier, et qui est désormais l’épicentre des combats. 

« Grâce à la résistance de nos soldats là-bas, à Soledar, nous avons gagné du temps supplémentaire et [préservé] des forces pour l’Ukraine », s’est félicité M. Zelensky. 

« Tout est complètement détruit […] Tout le territoire de Soledar est couvert de cadavres des envahisseurs et porte les cicatrices des explosions. C’est à quoi ressemble la folie », a ajouté le président ukrainien. 

Plus tôt dans la journée, les forces armées ukrainiennes avaient déclaré avoir repoussé une tentative de prise de Soledar, puis que les combats avaient repris. 

« Après une tentative infructueuse de l’ennemi de capturer Soledar, (… les Russes) se sont regroupés, ont récupéré des effectifs, transféré des unités d’assaut supplémentaires, changé de tactique et lancé des assauts », a déclaré la vice-ministre de la Défense, Ganna Malyar, sur la messagerie Telegram. « 

Actuellement, l’ennemi a déployé un grand nombre d’unités d’assaut formées des meilleures réserves du groupe Wagner. Ils marchent littéralement sur les cadavres de leurs propres soldats », a-t-elle ajouté. 

Dans un communiqué, le chef du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, a affirmé de son côté que l’assaut sur Soledar était « exclusivement » mené par des membres de son organisation. 

Plus tôt encore, les séparatistes prorusses de la région de Donetsk avaient affirmé avoir pris le contrôle du village de Bakhmoutské, à quelques kilomètres de Soledar. 

En septembre, Moscou avait annoncé avoir annexé quatre territoires ukrainiens dans l’est, dont la région de Donetsk, à la suite de référendums non reconnus par Kyiv et les pays occidentaux. 

« Prolonger les souffrances » [...] 
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Agence France-Presse 
La Presse, le 9 janvier 2023

lundi 9 janvier 2023

Jour 320 - Des frappes «en représailles» à celle de Makiïvka, dit Moscou


(Kyiv) Les hostilités ont repris dimanche en Ukraine après la trêve du Noël orthodoxe décrétée sans convaincre par Vladimir Poutine, à l’issue de laquelle Moscou a affirmé avoir vengé ses pertes en faisant des centaines de morts en une frappe, ce qui a aussitôt été démenti par Kyiv. 

Dans la seule région de Soumy, dans le nord-est de l’Ukraine, l’administration locale a fait état en début de soirée de plus d’une centaine de bombardements et de frappes dans la journée de dimanche. 

« L’armée russe a effectué 144 frappes durant la journée », notamment sur les localités d’Esmansk, Novoslobid, Myropil, Bilopol et Khotyn qui étaient « sous le feu », a écrit le chef de l’administration régionale Dmytro Jivitskiï sur le réseau social Telegram. 

À Esmansk notamment, l’armée russe a frappé avec des mortiers, des lance-roquettes multiples Grad et de l’artillerie lourde, détruisant quatre maisons, une école et une salle communale. 

Il n’y a cependant pas eu de victimes dans la région, selon la même source. 

Après la fin du cessez-le-feu samedi à minuit (16 h, heure de l’Est), l’état-major ukrainien avait déjà recensé plus d’une cinquantaine d’attaques russes aux missiles et roquettes au cours de la nuit. 

Dimanche matin, les autorités ukrainiennes ont indiqué que deux personnes avaient été tuées et neuf autres blessées au cours des 24 heures précédentes dans le pays, malgré un cessez-le-feu unilatéral de 36 heures décrété par Vladimir Poutine de vendredi 10 h à minuit samedi, jour du Noël orthodoxe.   

Il n’a guère été respecté, les Ukrainiens accusant Moscou d’avoir déclaré un cessez-le-feu fictif, et les Russes les accusant en retour de les avoir contraints à riposter à leurs tirs. Les Occidentaux avaient dénoncé une « hypocrisie » de Moscou. 

Selon le chef adjoint de l’administration présidentielle ukrainienne Kyrylo Tymochenko, un civil a été tué dans la région de Kharkiv (nord-est) et un autre dans celle de Donetsk (est). Et neuf personnes ont été blessées dans trois régions. 

À Kramatorsk, une ville de l’est du pays, des journalistes de l’AFP avaient entendu au moins quatre explosions samedi avant minuit. 

Les autorités ukrainiennes locales ont indiqué que la ville avait été touchée par sept roquettes russes au cours de la nuit. Deux autres roquettes ont visé la ville voisine de Kostiantynivka. 

Dimanche, l’armée russe a affirmé, sans en préciser la date, avoir mené des frappes sur des casernes à Kramatorsk, et infligé de lourdes pertes se chiffrant en centaines de morts en « représailles » au bombardement ukrainien extrêmement meurtrier sur un bâtiment de la localité de Makiïvka dans la nuit du Nouvel An. 

La Russie — fait extrêmement rare — avait reconnu des pertes importantes, avec 89 soldats tués. Mais des correspondants de guerre russes et les autorités ukrainiennes avaient pour leur part fait état de centaines de morts dans ce bâtiment où avaient été rassemblés des réservistes mobilisés. 

De premières funérailles de ces soldats ont eu lieu en Russie dimanche. 

Échange de prisonniers [...] 
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 Agence France-Presse 
La Presse, le 8 janvier 2023

dimanche 8 janvier 2023

Jour 319 - La trêve russe est terminée, les combats n’ont pas cessé


(Kyiv) Les Ukrainiens ont fêté samedi le Noël orthodoxe en pleine guerre, parfois jusque dans des abris souterrains, et la trêve de 36 heures annoncée sans convaincre par Vladimir Poutine a pris fin sans que les hostilités n’aient réellement cessé. 

« Le monde a pu voir encore une fois aujourd’hui combien sont mensongers tous les mots prononcés jusqu’au plus haut niveau à Moscou », a dit le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un message vidéo publié dans la soirée. 

« Ils ont parlé d’un prétendu cessez-le-feu… mais la réalité est que les obus russes ont continué de frapper Bakhmout (est, NDLR) et les autres positions ukrainiennes », a-t-il ajouté, martelant que la seule solution était « l’expulsion des occupants russes des terres ukrainiennes ». 

Le cessez-le-feu, décrété par Moscou à partir de vendredi midi, a pris fin à minuit samedi (16 h, heure de l’Est), l’Ukraine accusant l’armée russe de ne pas l’avoir respecté, et la Russie accusant en retour les Ukrainiens d’en avoir empêché l’application en la forçant à riposter. 

Kyiv avait d’emblée rejeté l’annonce du Kremlin, encore qualifiée de « fake » samedi par le conseiller de la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak, affirmant qu’il s’agissait d’une ruse pour gagner du temps. Washington, Paris, Londres, Berlin et l’UE ont eux aussi dénoncé l’« hypocrisie » de Moscou. 

Des journalistes présents à Tchassiv Iar, dans l’est de l’Ukraine, ont de fait constaté des bombardements soutenus tout au long de la matinée. 

À Bakhmout, l’épicentre des combats situé plus au nord, l’AFP avait déjà entendu vendredi des tirs d’artillerie des deux côtés du front, dans les heures qui ont suivi l’instauration du cessez-le-feu unilatéral par la Russie. 

Ces tirs étaient tout au plus d’intensité moindre par rapport aux journées précédentes. 

Selon le Parquet ukrainien, deux personnes ont été tuées et 13 blessées à Bakhmout au cours de la journée de vendredi, dans une ville en grande partie détruite par les combats et où les deux camps sont confrontés à de grandes pertes. 

Selon les autorités ukrainiennes, les troupes russes ont aussi bombardé la région de Kherson (sud) vendredi, tuant un secouriste et blessant sept autres personnes. 

Dans la région de Zaporijjia (sud-est), selon l’administration locale, une mission de l’ONU distribuant de l’aide humanitaire à Orikhiv a été « prise sous le feu » de l’ennemi. 

Poutine seul au Kremlin 
Les deux pays, en guerre depuis février 2022, célébraient samedi la fête du Noël orthodoxe, confession majoritaire en Russie comme en Ukraine. Le 7 janvier du calendrier civil (grégorien) correspond au 25 décembre de l’ancien calendrier julien que l’Église orthodoxe continue de suivre, en décalage depuis le XVIe siècle avec les catholiques. 

Du côté russe, Vladimir Poutine a assisté seul à un office religieux dans une église du Kremlin vendredi à minuit, dérogeant à son habitude d’assister à la liturgie en public, en province ou en périphérie de Moscou.  

Dans un message diffusé samedi par le Kremlin, il a adressé ses félicitations aux chrétiens orthodoxes. Les organisations ecclésiastiques « soutiennent nos soldats » qui combattent en Ukraine, a déclaré le président russe. 

Côté ukrainien, des centaines de fidèles ont assisté samedi à une liturgie historique dans le célèbre monastère de la laure des Grottes de Kyiv, autrefois sous la juridiction du patriarcat de Moscou, mais passé en décembre dans le giron de l’Église ukrainienne indépendante. 

« Nous avons attendu longtemps pour que ce sanctuaire nous soit remis. C’est un évènement véritablement historique, que tous les Ukrainiens attendaient », a dit à l’AFP Veronika Martyniouk, 19 ans, qui dirige la chorale. 

« Chaque pays a son Église. Et nous avons notre propre Église – c’est très bien, une Église ukrainienne, c’est comme ça que ça doit être », a abondé Oksana Sobko, 47 ans, une fidèle. 

Nouvelle aide militaire [...] 
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Daria Andriievska avec Robbie Corey-Boulet à Tchassiv 
Agence France-Presse 
La Presse, le 7 janvier 2023