samedi 2 novembre 2013

Le clin d'oeil du chat (1)



Vous avez remarqué le changement de titre de ce blogue ? Les bonheurs étaient lourds à porter et, pour tout dire, pas évidents à trouver quand on se nourrit de l’actualité. Tous les matins, j’épluchais les journaux, la mine triste, le regard lourd de déception. Que du marasme et de la grisaille, que de l’opposition et du mécontentement. Trop rarement des sourires. J’ai donc décidé de remplacer mes bonheurs par mes humeurs. Et comme pour accompagner ce changement de cap, j’ai rédigé un billet. Ce n’est pas une promesse, mais il y en aura d’autres.







Ma langue au chat

Je n’aurais jamais dû apprendre à parler à mon chat. Depuis, il ne cesse de me critiquer, me reprend quand je fais des fautes, il est devenu d’une tyrannie implacable en matière de français.
         Bien entendu, il s’est empressé d’apprendre à lire. Et je dois utiliser toutes sortes de ruses pour cacher mes livres avant qu’il ne s’en empare. Tenez, pas plus tard qu’avant-hier, alors que j’avançais dans la lecture d’un très bon roman*, il est venu m’interrompre.
         -- Tu lis ça? s’est-il exclamé d’un ton où perçait le plus grand des mépris.
         -- Oui, j’aime ce roman…
         -- Tu as lu ce que l’auteure dit des Québécois ?
         Et sans attendre ma réponse, il m’a pris le livre des mains et a retrouvé rapidement le passage en question. J’ai vu que, oh horreur, il l’avait souligné au crayon bleu.
         -- Je t’interdis de souligner des phrases dans un livre de bibliothèque, il ne nous appartient pas, ai-je dit.
         Mais trop indigné par le passage, il s’est mis à le relire à voix haute : 
« Les Québécois parlent le français avec un accent tellement bizarre, tellement ancien que les vrais Français n’y comprennent rien. C’est une espèce de forteresse (l’auteure parle de Montréal et, plus largement, du Québec) prise d’assaut par une marée montante d’anglais. »
         J’ai soupiré devant autant d’incompréhension et d’ignorance de la part de mon chat.
         -- Mais c’est un roman, mon ami, c’est un personnage qui s’exprime. Ce n’est pas forcément l’opinion de l’auteure. Et puis quand bien même ce serait son point de vue, ce n’est pas si éloigné de la vérité.
Mais mon chat ne voulait rien entendre :
         -- Ta romancière écrit un peu plus loin que tôt ou tard «la marée montante» engloutira les habitants et qu’ils seront submergés. Et que leur langue est probablement condamnée.
         -- C’est bien possible, le français perd du terrain et pas seulement ici, dis-je, dépitée. Et contrairement à ce qu’elle écrit ensuite, on s’en offusque de moins en moins. C’est navrant, je le reconnais, mais pourquoi te mettre en colère ?
         Mon chat m’a regardée avec des fusils dans les yeux :
         -- Tu m’as appris une langue qui va disparaître, a-t-il répondu, indigné.
         Je l’ai observé pendant qu’il se lissait le poil avec insistance, signe qu’il était vraiment contrarié.
         -- Tu aurais préféré que je t’enseigne le chinois ?
         Messidor n’a pas répliqué. Je l’ai vu se faufiler près de la porte et la regarder avec insistance. Je l’ai ouverte en soupirant et il est sorti dans la belle lumière du jour. Aussitôt dehors, son instinct de chasseur en éveil, il s’est mis à zieuter un écureuil qui cachait je ne sais quoi au pied des peupliers géants.
         Je l’ai laissé à sa nature sauvage, je n’aurais jamais dû lui apprendre à lire, je n'aurais jamais dû donner ma langue au chat!

* le roman Dernière nuit à Montréal  est écrit par Emily St. John Mandel.
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vendredi 1 novembre 2013

À bientôt, au printemps!





Les bernaches se posent souvent devant chez nous avant d’entreprendre leur migration d’automne. Je ne les vois jamais partir sans un pincement au cœur. Bon voyage, les outardes à bientôt, au printemps !
Voici quelques indications sur leur saisons migratoires, trouvées sur le site de Canards Illimités Canada. Pour en savoir davantage sur ces fascinants oiseaux, suivez le lien ci-dessous.
«La bernache du Canada commence généralement à migrer vers le Sud quand le sol commence à geler, en automne. Ce voyage vers les aires d’hivernage s’accomplit rapidement : des scientifiques ont suivi des oies qui ont parcouru jusqu’à 1 000 kilomètres en une seule journée!
C’est tout à fait différent pour la migration printanière. Elle commence à la fin de l’hiver, alors que les bernaches effectueront plusieurs arrêts en chemin pour s’alimenter et se reposer avant d’atteindre leurs territoires de reproduction canadiens.
Les scientifiques croient que la forme en V caractéristique du vol des bernaches en migration répond à deux objectifs. D’abord, cette forme crée un courant d’air le long des bernaches alignées qui facilitent le vol de chaque individu. Ensuite, elle facilite la communication entre les oiseaux et la cohésion du groupe en vol



jeudi 31 octobre 2013

L'Halloween des adultes




L'Halloween dionysiaque

Article de Jérôme Blanchet-Gravel publié dans le Huftington Post le 31 octobre 13

Elles furent assez nombreuses, parmi notre jeunesse éclairée, à profiter de cette fête de l'Halloween pour revêtir les déguisements les plus chaleureusement osés. Malgré le froid, les intempéries automnales, les regards impudiques jetés dans les autobus bondés et les probables réprobations de certains parents, elles sont sorties fièrement. Elles ont massivement investi les bars, les pistes de danse et, finalement, les taxis au petit matin.

Lapinettes, diablesses, cat women et femmes de chambre à faire frémir d'envie un type comme DSK : elles étaient effectivement au rendez-vous. Je ne crois pas qu'elles attendaient avec impatience cette fête aux origines celtiques pour mettre en valeur leurs précieux atouts, mais force est de constater que l'Halloween sert maintenant de véritable tremplin à l'hypersexualisation. Une jeune demoiselle prête à être cueillie parviendrait à se dévoiler en prétextant se déguiser en joueur de Hockey.

Ce n'est pas un hasard si vous n'avez pas croisé beaucoup de jeunes femmes déguisées en Afghanes ou en Pakistanaises. L'Halloween est symptomatique de cette nouvelle culture de l'orgie, de ce retour en force des traditions païennes. L'Halloween pour adultes fait éclater la morale judéo-chrétienne en 1000 morceaux: fuck the world. Le couple, la fidélité : mais qu'est-ce qu'il en reste ? Il faut baiser et s'amuser, il faut boire et copuler. Il faut laisser place à l'homo festivus, écrirait l'essayiste Philippe Muray.

Il est quand même amusant d'observer à quel point peut s'enraciner, dans notre quotidien, une sexualité si frénétique. Publicités suggestives, clips quasi pornographiques, bananes en bouches et crème glacée fondante sur des lèvres dociles : voilà l'esprit de notre temps. Il faudra l'avouer : le port des leggings encourage aussi, quelque part, la décadence de l'Occident. Les shooters girls aux seins débordants scandalisent les extrémistes religieux venus de l'étranger et certains vieux garçons se reconnaissent dans leurs obsessions virginales. On dit que les contraires s'attirent...

C'est bien connu : les églises sont vides et on assisterait à une crise spirituelle. Certains se réfugient dans l'orgie collective, dans les festivals et les plaisirs gourmands tandis que d'autres choisissent les spiritualités orientales. Dans les dernières années, les rayons des librairies se sont remplis de ces ouvrages censés guider vers ce nirvana exotique les gens aux prises avec une crise existentielle. Nous nous déguisons en bouddhistes, en hindouistes et en créatures zen. Pas besoin d'attendre l'Halloween : l'Occident passera le reste de sa vie à revêtir tous les habits du monde en adoptant le multiculturalisme.

Que reste-t-il sérieusement de nos traditions lorsque notre jeunesse s'élance sur la piste de ce dionysisme contemporain, quand l'appareil capitaliste ne fait que lubrifier l'imaginaire collectif d'une société perdue ? Si l'Occident a besoin d'une érection, c'est bien d'une érection idéologique. Les valeurs nationales se sont épuisées et le retour en force du réenchantement du monde fait place à un relativisme qui atténue grandement leur portée déjà bien restreinte. Qui parle franchement de l'avenir du Québec dans cette atmosphère lubrique ?

Le veau d'or est à nos portes et l'idolâtrie nous guette. C'est le culte du corps, des vedettes et des «sensations fortes». Mais l'ancien Dieu est mort : il n'y aura pas de châtiment collectif, de punition divine pour nous remettre sur le droit chemin. La seule que nous connaitrons vraiment, c'est la mort lente et imminente de notre civilisation.

L'Halloween dionysiaque, c'est un peu le début de la fin. Les rêves des grands bâtisseurs d'autrefois se sont évanouis. Tout va trop vite, nous n'aurions même plus le temps de nous investir dans quoi que ce soit. Mais quand même, fêtons avec ce qu'il nous reste : lapinettes, diablesses, cat women et femmes de chambre à faire frémir d'envie un type comme DSK.

http://quebec.huffingtonpost.ca/jerome-blanchet-gravel/halloween-dionysiaque_b_4171926.html

mercredi 30 octobre 2013

Le secret du bonheur




« Le bonheur est une recherche.
Il faut y employer l’expérience et son imagination. »

Jean Giono

mardi 29 octobre 2013

Le proverbe du jour





Qu'est ce que la vie ?
C'est l'éclat d'une luciole dans la nuit.
C'est le souffle d'un bison en hiver.
C'est la petite ombre qui court dans l'herbe et se perd au coucher du soleil.

Proverbe amérindien

lundi 28 octobre 2013

La citation du lundi




« Les paroles appellent, les visages fascinent, 
les gestes aimantent et soudain tout ce complot du visible échoue, 
soudain nous devenons rêveurs c'est-à-dire ramenés à l'essentiel par la vue d'une fleur si pauvre, si proche de la terre qu'il faut presque s'agenouiller pour bien la voir et méditer sa leçon de silence.»

Christian Bobin

dimanche 27 octobre 2013

La citation du dimanche




«Personne ne peut savoir si le monde est fantastique ou réel,
et non plus s’il existe une différence entre rêver et vivre.»

Jorge Luis Borges