samedi 31 décembre 2022

Jour 311 - L’Ukraine repousse une attaque nocturne de drones russes


(Kyiv) L’Ukraine a indiqué vendredi avoir repoussé une attaque nocturne de drones explosifs, lancée par la Russie moins de 24 heures après des bombardements massifs contre les infrastructures énergétiques, privant des millions d’Ukrainiens d’électricité. 

Depuis octobre et une série de revers militaires sur le front, la Russie a adopté pour tactique de frapper avec ses missiles et ses drones les centrales et transformateurs électriques ukrainiens, plongeant la population dans le froid et le noir en plein hiver. 

L’attaque de jeudi, employant des dizaines de missiles, était la dixième du genre et elle a été suivie d’une salve nocturne de drones explosifs Shahed, selon l’armée de l’air ukrainienne, qui a assuré vendredi matin avoir abattu les 16 appareils de fabrication iranienne qui avaient été lancés.   

Le maire de Kyiv, Vitali Klitschko, a indiqué que sept d’entre eux avaient visé la capitale et que tous étaient détruits. Les chutes de débris ont endommagé les fenêtres de deux immeubles dans un quartier du sud-ouest de Kyiv. 

Selon la présidence ukrainienne, d’autres drones ont été abattus dans les régions de Tcherkassy et Dnipro, dans le centre du pays. 

Dans un message publié sur les réseaux sociaux, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a souligné que la guerre était « dure », mais s’est dit convaincu « que l’agression russe échouerait ».   

Restrictions énergétiques 
Selon un bilan actualisé, 58 des 70 missiles de croisière tirés par la Russie ont été abattus jeudi. Au total quatre civils ont été tués et huit autres blessés. 

Le ministère russe de la Défense a lui affirmé vendredi que ses « frappes massives » de la veille avaient « touché toutes les cibles prévues ».   Les coupures d’électricité restaient elles nombreuses, alors que le courant est déjà fortement rationné à travers le pays depuis des semaines. 

Les millions d’Ukrainiens qui n’ont pas de générateurs se préparent donc à devoir célébrer le Nouvel An sans courant électrique, parfois sans eau ou chauffage et sous couvre-feu.   

Selon la compagnie d’électricité Ukrenergo, les « conséquences des dommages sur le fonctionnement du réseau sont moindres que l’ennemi avait prévu […], mais la situation dans le sud et l’est du pays reste difficile ». 

L’opérateur de la capitale DTEK a dit être parvenu « à stabiliser la situation à Kyiv », permettant de revenir à des coupures de courant planifiées par quartier.    

Pour faire face, les générateurs se sont multipliés dans les villes du pays. De Kyiv à Lviv, ces appareils ronronnent sur les trottoirs pour alimenter notamment les commerces et restaurants et leur permettre de fonctionner. 

Alors que l’invasion russe de l’Ukraine, lancée le 24 février, est entrée dans son dixième mois, les combats continuent de faire rage, avec une bataille particulièrement sanglante pour Bakhmout, ville de l’Est que la Russie tente de conquérir depuis des mois, et Kreminna, que les forces ukrainiennes tentent de reprendre. 

Au sud de Bakhmout, l’AFP a rencontré le caporal « Avatar », 24 ans, qui utilise un mortier donné par la Finlande, que ses hommes ont baptisé « Oksana », du nom de sa femme. 

« La situation est très compliquée pour nos hommes sur la ligne de front », relève-t-il. 

Selon lui, les Russes envoient les mercenaires du groupe paramilitaire Wagner, présents dans la zone, « à la boucherie ». « Et ça finit par avoir un impact psychologique sur les militaires ukrainiens qui tuent ces hommes les uns après les autres », ajoute « Avatar ». 

Le plus dur est « pour les positions d’infanterie, à l’avant », tout proche de la ligne de contact avec l’armée russe, juge à l’AFP Yaroslav, un artilleur de 24 ans, qui précise que l’unité « tire environ 30 à 40 obus par jour ». 

La Russie prévoyait une campagne éclair, mais elle a dû dès le printemps renoncer à prendre Kyiv, se retirant du nord du pays, avant d’abandonner le nord-est en septembre, et une partie du Sud en novembre, face à une armée ukrainienne surmotivée et forte de systèmes d’armements occidentaux.   

L’Occident privé de vœux russes [...] 
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Robbie Corey-Boulet, Agence France-Presse 
La Presse, le 30 décembre 2022 

vendredi 30 décembre 2022

Jour 310 - Les armes ont assez parlé

Trois acteurs du conflit sur une même branche


Que Volodymyr Zelensky ait réservé aux Américains sa première visite à l’étranger depuis le début de la guerre, il y a dix mois, aura été significatif à plus d’un titre. En se rendant à Washington, le 21 décembre dernier, et pour avoir été reçu à bras ouverts par Joe Biden et déroulé le drapeau ukrainien au Congrès, Zelensky a symboliquement scellé l’alliance entre Kiev et les États-Unis, sans l’appui militaire massif desquels, on le sait, les Ukrainiens n’auraient pas pu résister longtemps à l’agression russe. Par extension, il s’est en même temps trouvé à surligner l’assujettissement de l’Ukraine à des dynamiques internationales trop étroitement tributaires, encore et toujours, des rivalités entre puissances dominantes. 

De l’histoire longue (les responsabilités américaines dans ce qu’est devenue la Russie après la dislocation de l’URSS) à l’histoire courte (l’« opération spéciale » lancée par Poutine le 24 février dernier), l’Ukraine est aujourd’hui engagée dans une guerre d’indépendance, déjà gagnée, à laquelle l’Occident solidaire apporte, bien entendu, un appui essentiel, nécessaire, exemplaire. Développement démocratique, défense des libertés, droit des Ukrainiens à l’autodétermination sont autant de principes fondamentaux animant la résistance contre l’innommable violence déployée par le régime russe. Il n’empêche que ce conflit a vite tourné à un combat mené par procuration par les États-Unis contre la Russie et, au-delà, contre la Chine alliée. Une sorte de guerre froide bis — où le reste du monde, y compris l’Europe, tend à être relégué à un statut d’observateur. 

Or, si le XXe siècle a quelque chose à nous apprendre, affirme entre autres un papier paru dans Foreign Affairs et intitulé « Great-Power Competition Is Bad for Democracy », c’est que la guerre froide et ses conflits violents sont loin d’avoir été utiles au développement démocratique. Ni politiquement, ni socialement, ni économiquement. Aux États-Unis, l’affrontement Est-Ouest a eu des effets délétères sur la liberté d’expression et sur l’égalité économique et raciale. La création d’emplois et le filet social ont été sacrifiés sur l’autel des dépenses militaires, notamment pour financer la guerre du Vietnam. À se draper dans le leitmotiv moral et manichéen consistant à opposer « démocraties contre autocraties », mais là seulement où les intérêts des États-Unis ne sont pas menacés, Joe Biden tend à faire en sorte que l’histoire se répète.  

À cette compétition exacerbée entre grandes puissances vient se superposer un dysfonctionnement croissant des instances internationales et multilatérales, avec des pays, comme la Turquie du président Erdogan, qui ne s’embarrassent pas des principes et pour lesquels l’heure est « à un opportunisme débridé », dixit l’éditorialiste du Monde Gilles Paris. Des instances que Biden promettait pourtant de valoriser et qui semblent aujourd’hui frappées d’anomie. Si donc Poutine, à son corps défendant, a resserré les rangs derrière l’alliance militaire qu’est l’OTAN, il reste que l’invasion de l’Ukraine s’inscrit fermement pour lui dans un projet visant un « changement tectonique de tout l’ordre mondial ». Une entreprise de refonte géopolitique que partage Pékin pour l’essentiel. 

« On fait la guerre quand on veut, on la termine quand on peut » (Le Prince de Machiavel). En tarissant la principale source de devises dont dispose Vladimir Poutine pour financer son aventurisme, l’embargo sur le pétrole russe finira peut-être par l’inciter à négocier un accord de paix. Mais quand ? 

Des balbutiements de négociations de paix se font entendre, mais ils sont à peine audibles, tant les camps restent sur leurs positions maximalistes. Or, si l’heure n’est pas encore à la diplomatie, comme tout le monde le répète, ce n’est pas une raison pour ne pas chercher par tous les moyens à sortir du « scénario de l’anéantissement », comme l’a fait valoir le président Emmanuel Macron. Le peuple ukrainien, tout résilient et combatif et solidaire qu’il soit, a bien assez souffert. Il n’y aura pas de paix, quelle qu’elle soit, sans amertume. 

Dans l’urgence de l’héroïque défense des libertés en Ukraine, on en oublie que ce conflit donne lieu, à la clé, à la militarisation massive d’un pays qui était déjà l’un des plus pauvres d’Europe. Et que cette guerre et cette militarisation — par les États-Unis, par l’Europe, par l’Iran qui alimente l’armée russe en drones, par la Corée du Nord qui arme les mercenaires du groupe Wagner — laisseront longtemps des blessures sociales et humaines profondes. Au moins cinq millions de déplacés intérieurs, et encore plus d’Ukrainiens en exil, un hiver sans eau et sans électricité, les pénuries alimentaires : plus on laisse parler les armes, plus le pays aura forcément du mal à se relever. 

La Russie n’a manifesté aucune volonté « significative » de mettre fin à la guerre, estiment les États-Unis. On n’en doute point. Mais quelle volonté d’en finir ont exprimée les États-Unis ? 

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Guy Taillefer, éditorialiste 
Le Devoir, 30 décembre 2022

jeudi 29 décembre 2022

Jour 309 - Quelle paix pour l’Ukraine martyrisée ?



Au dixième mois d’une guerre russo-ukrainienne lente, acharnée, inhumaine et dangereuse, en écoutant les voeux de Noël de Volodymyr Zelensky, leur président-résistant, les Ukrainiens peuvent toujours vibrer d’une fierté légitime et se dire, comme lui : même dans l’obscurité totale, nous nous trouverons les uns les autres pour nous serrer fort dans nos bras. Et s’il n’y a pas de chaleur, nous nous serrerons fort les uns contre les autres pour nous réchauffer. Nous n’attendrons pas de miracle. Nous le créerons nous-mêmes ! 

Comme Zelensky, nous n’attendrons pas de miracle de la part de l’agresseur russe. Nous souhaiterons toutefois sincèrement la conversion des coeurs de la Russie millénaire, éternelle, et nous nous souviendrons avec émotion des larmes versées par le pape François, le 8 décembre dernier, durant la prière à l’Immaculée Conception, à la pensée des petits enfants si durement touchés par les effets dévastateurs du conflit ukrainien qui perdure, enflammant le coeur de l’Europe géographique. 

Comment donc arrêter un tel déchaînement de passions ethnopolitiques, une telle folie destructrice, et promouvoir, au contraire, une réconciliation et une paix durable entre la Russie historique, ses compagnons de route autoritaires, et l’Ukraine indépendante, martyrisée, et ses alliés démocratiques ? 

En tant qu’historien et politologue, nous savons par expérience que sur le plan diplomatique, la paix reste en effet possible, malgré le temps passé, les morts, les blessés, les violences de toute nature, les crimes de guerre et les atrocités génocidaires ; il s’agit de la mettre en oeuvre de manière décidée, forte, judicieuse et pertinente. Ici, c’est le règlement des guerres intervenues entre les États successeurs de l’ex-Yougoslavie et, particulièrement, les accords de Dayton (Ohio, États-Unis) de 1995 qui nous serviront de guide vers ce but stratégique. 

L’accord-cadre général pour la paix en Bosnie-Herzégovine (également connu sous le nom d’accord de Dayton ou d’accords de Dayton) fut l’accord de paix conclu à la base aérienne de Wright-Patterson, près de Dayton, le 21 novembre 1995, et officiellement signé à Paris le 14 décembre 1995. Ces accords mirent fin à la guerre de Bosnie (1992-1995) ; celle-ci s’inscrivit dans le contexte des guerres entre États successeurs de l’ex-Yougoslavie (Serbes, Croates, Bosniaques). Les parties belligérantes arrivèrent ainsi à une paix négociée et à la création d’un seul État souverain, la Bosnie-Herzégovine, composé de deux parties, la Republika Srpska, largement peuplée de Serbes, et la Fédération de Bosnie-Herzégovine, principalement peuplée de Croates et de Bosniaques. 

Même si les accords de Dayton ont permis la création d’une frontière intérieure en Bosnie-Herzégovine en légitimant l’existence de la République serbe, ils n’ont cependant pas admis que les frontières extérieures de la Bosnie-Herzégovine soient modifiées. 

En d’autres termes, la règle fondamentale du droit international qui stipule que la communauté internationale (l’ONU et d’autres organisations internationales) n’accepte pas l’acquisition et l’annexion par la force de territoires d’un État à un autre a été pleinement respectée par les accords de Dayton. Cela reste la valeur principale de ce traité de paix. 

En réaffirmant la centralité de la norme de droit international uti possidetis juris (expression latine issue du droit romain qui signifie « selon que vous possédez »), qui a été retenue pour la délimitation des frontières extérieures de la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie, les signataires des accords de Dayton ont confirmé que cette norme est et reste le pilier fondamental sur lequel reposent la paix et l’ordre international. 

Remettre en question la norme uti possidetis juris, ce que les Serbes ont voulu faire en cherchant à modifier les frontières de la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie par la force, signifiait introduire l’anarchie dans le système international et risquait de provoquer une régression semblable à celle qui s’est produite dans les années 1930, quand les puissances fascistes en Europe et le Japon en Asie se sont taillé de nouveaux empires au détriment des États existants. 

À Dayton, Richard Holbrooke et la diplomatie américaine se sont limités à entériner un cessez-le-feu que les belligérants avaient conclu auparavant et qui mettait un terme aux combats. 

Nous l’avons dit et nous le répéterons inlassablement : c’est uniquement le changement de rapport de force en sa défaveur sur le champ de bataille qui obligera la Russie à négocier de bonne foi afin que la paix revienne en Ukraine. 

Car il ne faut pas se leurrer : selon l’Institute for the Study of War, le président russe, Vladimir Poutine, n’aurait pas proposé de négocier avec l’Ukraine le 25 décembre, contrairement à certaines informations. Lors d’une interview télévisée, M. Poutine n’a pas explicitement déclaré que la Russie était prête à négocier directement avec l’Ukraine, mais il a plutôt maintenu sa version du conflit selon laquelle l’Ukraine avait violé les efforts diplomatiques déployés par la Russie avant l’invasion. Les discussions de Poutine sur les négociations se sont concentrées sur des discussions putatives avec l’Occident plutôt qu’avec l’Ukraine. Le président russe a également déclaré penser que la Russie « opère dans une direction correcte », ce qui indique qu’il n’a pas fixé de conditions sérieuses pour les négociations et qu’il souhaite toujours poursuivre ses objectifs maximalistes. 

Dans l’éventualité (pour l’instant éloignée) d’un futur traité de paix entre la Russie et l’Ukraine, contrairement à ce que nous a dit le président de la République française, Emmanuel Macron, ce n’est donc pas d’abord la Russie, État agresseur expansionniste, qui devrait recevoir les fameuses garanties de sécurité ; c’est bien davantage le pays agressé, l’Ukraine, qui aura besoin des garanties de l’Occident afin de ne pas subir une répétition aggravée de l’agression russe dans un avenir rapproché. 

Renéo Lukic et Jean-Thomas Nicole 
Le premier est auteur et professeur titulaire au Département d’histoire de l’Université Laval, le second est auteur et conseiller en politiques au Secrétariat national de recherche et de sauvetage de Sécurité publique Canada. Les opinions exprimées ici sont celles des auteurs uniquement et ne reflètent pas les politiques ou les positions officielles de Sécurité publique Canada ou du gouvernement canadien. 

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Le Devoir 29 décembre 2022

mercredi 28 décembre 2022

Jour 308 - Lavrov rejette la responsabilité de la guerre sur l’Ukraine


(Kyiv) Le ministre russe des Affaires étrangères a averti à nouveau l’Ukraine mardi qu’elle devait se démilitariser, menaçant de nouvelles actions militaires et accusant à tort Kyiv et l’Occident d’alimenter la guerre qui a commencé avec l’invasion de Moscou. 

Sergueï Lavrov a déclaré que l’Ukraine devait éliminer toute menace militaire contre la Russie – sinon « l’armée russe [résoudra] le problème ». Ses commentaires reflétaient également les affirmations persistantes et infondées du Kremlin selon lesquelles l’Ukraine et ses alliés occidentaux étaient responsables de la guerre de 10 mois qui a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé des millions de personnes. 

La Russie a lancé la guerre le 24 février, alléguant une menace pour sa sécurité et un complot visant à amener l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à sa porte. M. Lavrov a réaffirmé mardi que l’Occident alimentait la guerre en Ukraine pour affaiblir la Russie, et a mentionné que la durée du conflit dépendait de Kyiv et de Washington. 

« En ce qui concerne la durée du conflit, la balle est du côté du régime [de Kyiv] et de Washington qui se tient derrière son dos, a déclaré M. Lavrov à l’agence de presse d’État Tass. Ils peuvent arrêter la résistance insensée à tout moment. » 

Dans une réaction apparente, le conseiller présidentiel ukrainien, Mykhailo Podolyak, a écrit sur Twitter que « la Russie doit faire face à la réalité ». 

« Ni la mobilisation totale, ni la recherche paniquée de munitions, ni les contrats secrets avec l’Iran, ni les menaces de M. Lavrov n’aideront, a-t-il déclaré. L’Ukraine démilitarisera la RF (Fédération de Russie) jusqu’au bout, chassera les envahisseurs de tous les territoires occupés. Attendez la finale en silence… » 

La veille, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, avait souligné, dans une entrevue avec l’Associated Press, que son gouvernement souhaitait un sommet pour mettre fin à la guerre, mais qu’il ne prévoyait pas que la Russie y participe. 

M. Kuleba a mentionné que l’Ukraine souhaitait un sommet de « paix » dans les deux mois avec le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, agissant en tant que médiateur. Mais il a également déclaré que la Russie devait faire face à un tribunal pour crimes de guerre avant que son pays ne discute directement avec Moscou. 

Ces deux déclarations illustrent à quel point toute tentative de mettre fin à la guerre pourrait être complexe et difficile. L’Ukraine a affirmé dans le passé qu’elle ne négocierait pas avec la Russie avant le retrait complet de ses troupes, tandis que Moscou insiste sur ses gains militaires et que l’annexion de la péninsule de Crimée en 2014 ne peut être ignorée. 

Sur la ligne de front 
Pendant ce temps, de violents combats se sont poursuivis mardi dans les régions du Donetsk et Louhansk, revendiquées par la Russie, qui ont récemment été le théâtre des affrontements les plus intenses. 

La vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Maliar, a indiqué que les forces russes tentaient d’encercler la ville de Bakhmout dans la région du Donetsk, mais sans succès. De violentes batailles sont également en cours autour de la ville de Kreminna, dans la région de Louhansk, a soutenu le gouverneur de Louhansk, Serhiy Haidai. 

Dans la région partiellement occupée de Kherson, au sud, les forces russes ont bombardé à 40 reprises des zones tenues par les Ukrainiens, lundi, blessant une personne, ont indiqué les autorités ukrainiennes. La ville de Kherson elle-même – que l’Ukraine a repris le mois dernier lors d’une victoire majeure – a été ciblée 11 fois, a indiqué l’administrateur régional Yaroslav Yanushevich. 

Depuis ses premières avancées au début de la guerre, la Russie a fait peu de progrès majeurs, détruisant souvent les infrastructures ukrainiennes à la place et laissant des millions de personnes sans électricité, chauffage et eau chaude dans des conditions hivernales. 

M. Lavrov n’a pas précisé comment l’armée russe atteindra ses objectifs de démilitarisation et de « dénazification » de l’Ukraine – ce qui était l’objectif avoué de la Russie lorsque l’invasion a commencé en février. La référence à la « dénazification » découle des allégations de la Russie selon lesquelles le gouvernement ukrainien est fortement influencé par des groupes nationalistes radicaux et néonazis. Cette affirmation est tournée en ridicule par l’Ukraine et l’Occident. 

Le ministre Lavrov a averti qu’un soutien supplémentaire de l’Occident à l’Ukraine pourrait conduire à une confrontation directe. 

« Nous continuons d’avertir nos adversaires à l’ouest des dangers de leur parcours pour aggraver la crise ukrainienne », a-t-il dit, ajoutant que le risque que la situation devienne incontrôlable reste élevé. « 

L’objectif stratégique des États-Unis et de leurs alliés de l’OTAN est de remporter une victoire sur la Russie sur le champ de bataille pour affaiblir considérablement, voire détruire, notre pays », a-t-il déclaré.

La Russie interdira en février la vente de son pétrole aux pays plafonnant les prix [...] 
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E. Eduardo Castillo Associated Press 
Agence France-Presse 
La Presse Le 27 décembre 2022

mardi 27 décembre 2022

Jour 307 - Moscou dénonce des attaque ukrainiennes


Moscou) La Russie a accusé lundi l’Ukraine d’attaquer son territoire, notamment en lançant un drone contre une base aérienne en territoire russe, à des centaines de kilomètres du front, deuxième opération du genre ce mois-ci.   

Les services de sécurité russes (FSB) ont aussi affirmé avoir « éliminé » des « saboteurs » ukrainiens qui tentaient d’entrer depuis l’Ukraine dans la région russe de Briansk. 

Les autorités ukrainiennes n’ont fait aucun commentaire, comme à leur habitude, sur ces deux incidents.   

Selon les agences de presse russes, un drone ukrainien a été abattu alors qu’il s’approchait, dans la nuit, de la base d’Engels dans la région de Saratov, soit à quelque 600 km de l’Ukraine. 

« À la suite de la chute de l’épave du drone, trois techniciens russes qui se trouvaient sur l’aérodrome ont été mortellement blessés », selon l’agence TASS citant le ministère de la Défense. 

Ce bilan de trois soldats tués a été confirmé par le gouverneur régional, Roman Boussarguine, sur son compte Telegram. 

Saboteurs ukrainiens « éliminés » 
Le 6 décembre, cette même base d’Engels, qui abrite des bombardiers stratégiques russes, avait été visée par des drones ukrainiens, selon Moscou, témoignant de la capacité de certains appareils ukrainiens à tromper les défenses antiaériennes russes. 

Le FSB a aussi affirmé lundi qu’un groupe de « saboteurs » ukrainiens avait tenté de pénétrer dimanche en territoire russe, dans la région de Briansk, frontalière de l’Ukraine, en possession d’armes et explosifs.   

Une vidéo, diffusée par l’agence de presse Ria-Novosti et attribuée au FSB, montre des cadavres ensanglantés, entourés d’armes et vêtus de tenues de camouflage hivernal. 

L’AFP n’a pas été en mesure de confirmer ces informations de source indépendante. 

Ces derniers mois, la Russie a accusé Kyiv de nombreuses attaques contre des sites militaires et des infrastructures importantes. 

L’attaque au camion piégé qui avait partiellement détruit le pont de Crimée, reliant cette péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014 au territoire russe, avait constitué début octobre un camouflet pour le Kremlin, qui enchaînait aussi les revers sur le champ de bataille. 

Kyiv n’a jamais confirmé son implication dans l’explosion sur ce viaduc, mais celle-ci a conduit Vladimir Poutine à multiplier les frappes contre l’infrastructure énergétique ukrainienne. 

Aujourd’hui, des millions de civils doivent vivre, en plein hiver, avec seulement quelques heures d’électricité par jour. Une large part de la population est aussi confrontée à des coupures de chauffage urbain et d’eau courante.   

Quelque neuf millions d’Ukrainiens sont restés lundi soir sans électricité, a ainsi affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky. 

Exclure Moscou de l’ONU [...] 
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Agence France-Presse 
La Presse, le 26 décembre 2022

lundi 26 décembre 2022

Jour 306 - Selon Poutine, l’Occident veut «diviser» la Russie


(Moscou) L’Occident cherche à « diviser pour mieux régner », a dénoncé dimanche Vladimir Poutine, justifiant l’offensive militaire du Kremlin contre l’Ukraine qui dure depuis plus de 10 mois pour permettre, selon lui, « l’union du peuple russe ». 

Cependant à Kyiv, au lendemain de bombardements meurtriers dans le sud du pays, les orthodoxes ukrainiens fêtaient Noël, un signe fort de défiance envers les autorités religieuses russes, qui célébreront elles la naissance de Jésus-Christ dans deux semaines. 

« Tout est basé sur la politique de nos adversaires géopolitiques, qui visent à diviser la Russie, la Russie historique », a dénoncé Vladimir Poutine dans un entretien dont un court extrait a été diffusé dimanche à la télévision russe. 

Le président russe utilise régulièrement le concept de « Russie historique » pour justifier l’intervention militaire en Ukraine par le besoin de rassembler Ukrainiens et Russes, qui ne formeraient qu’un seul et même peuple. 

« “Diviser pour mieux régner” : ils ont toujours essayé de le faire, ils essaient de le faire maintenant, mais notre objectif est tout autre : unir le peuple russe », a-t-il affirmé. 

Selon Vladimir Poutine, l’armée russe « agit dans la bonne direction » en Ukraine. 

Et il a promis que les troupes russes élimineraient le système de défense antiaérienne Patriot, que Kyiv a obtenu cette semaine des Américains après l’avoir réclamé pendant plusieurs semaines. 

« Bien sûr, nous allons le détruire, à 100 % ! », a lancé Vladimir Poutine, trois jours après avoir affirmé que son armée trouverait « un antidote » pour contrer « ce système assez vieux ». 

Outre le système Patriot, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est reparti de sa visite aux États-Unis avec une promesse d’enveloppe de 45 milliards de dollars d’aide prévue dans le prochain budget fédéral américain. 

Si l’état-major russe a confirmé viser la conquête de la totalité de la région industrielle de Donetsk, Volodymyr Zelensky a lui juré vouloir reprendre les quatre régions ukrainiennes annexées fin septembre par la Russie – Donetsk, Louhansk, Zaporijjia, Kherson –, ainsi que la péninsule de Crimée, annexée en 2014.

Fin d’année « sombre » 
Dans sa prise de parole quotidienne, Volodymyr Zelensky a fustigé les « terroristes » russes qui ont mené des bombardements samedi contre le centre-ville de Kherson, ville du Sud de l’Ukraine reprise le 11 novembre après huit mois d’occupation par les troupes de Moscou. 

Le marché central et des rues adjacentes ont été bombardés, faisant au moins 10 morts et 55 blessés, un acte de « terreur » selon M. Zelensky. 

Le président ukrainien a remercié « tous ceux venus à Kherson pour aider » à « sauver les blessés » et plus globalement tous ceux qui font fonctionner le pays malgré le conflit. 

Il a aussi appelé les Ukrainiens à se préparer à de nouvelles attaques d’ici la fin de l’année. « Nous devons être conscients que notre ennemi va essayer de rendre ce moment sombre et difficile ». 

Sur l’ensemble de la journée, la Russie a tiré 41 missiles sur la ville, selon un bulletin matinal de l’armée ukrainienne. 

Vladimir Saldo, le chef de l’administration prorusse de Kherson, a, lui, imputé l’attaque à l’armée ukrainienne, fustigeant « une provocation écœurante visant bien sûr à faire accuser les forces armées de la Fédération de Russie ». 

Rejet de « l’influence russe » [...] 

Agence France-Presse 
La Presse, 26 décembre 2022

dimanche 25 décembre 2022

Jour 305 - Frappe russe sur le marché de Kherson, « acte de terreur et de vengeance »


(Kherson) L’Ukraine a dénoncé samedi un acte de « terreur » et « une vengeance » après une frappe russe sur le marché de Kherson qui a fait au moins 10 morts et 55 blessés, dix mois jour pour jour après le début de l’invasion des troupes de Moscou. 

« Alors que des familles en Europe, en Amérique du Nord et au-delà préparent des dîners festifs, ayez une pensée pour l’Ukraine qui combat le mal en ce moment », a imploré le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba sur Twitter. 

Pour son homologue de la Défense Oleskiï Reznikov, la frappe sur Kherson est « une vengeance sur ses habitants qui ont résisté à l’occupation » russe. Kherson a été libérée le 11 novembre par l’armée ukrainienne, après huit mois d’occupation. 

« Le matin, le samedi, à la veille de Noël, dans le centre-ville. Ce ne sont pas des installations militaires. Ce n’est pas une guerre selon les règles définies. C’est la terreur, c’est tuer pour intimider et [prendre] du plaisir », a fustigé le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux. 

Selon le dernier bilan samedi soir du gouverneur de la région de Kherson, Iaroslav Ianouchevitch, « pour le moment, nous avons 55 blessés […] et 10 morts. Parmi les blessés, 18 sont dans un état grave ». « Les secours ont essayé de le sauver, mais il ne respirait plus », se lamente une femme dont le mari, 

Oleksiï, est mort sur le coup. Accroupie, le regard dans le vide, elle tient dans les mains la veste ensanglantée du défunt. 

Selon Leonid Tataryne, un habitant de 38 ans, « il y a eu un bombardement sur un magasin, puis sur le marché » central et autour. 

À Kherson, une équipe de l’AFP a vu de nombreux corps inertes jonchant le sol. 

Oleksandre Koudriachov, 43 ans, a du mal à se remettre de la disparition de « Liocha », un homme qui « travaillait ici depuis 20 ans, ou plus. […] Il vendait de la viande ». Au moment de la frappe, « il était sorti pour prendre une cigarette », raconte-t-il.

Lieu fréquenté 
Près du marché de Kherson, l’AFP a vu un homme grièvement blessé à la tête, sa voiture soufflée par la puissance de l’explosion.   

Une femme, vêtue d’un manteau rouge, était sans vie à quelques mètres de là, les bras en croix. Une personne en larmes à côté était réconfortée par un secouriste.   

Plus loin, deux hommes étaient grièvement blessés à un passage piéton. Un homme a été tué alors qu’il conduisait son véhicule. 

Des flammes s’élevaient aussi du marché, lieu fréquenté samedi matin et situé en plein cœur de Kherson.Au total, « 66 voitures ont brûlé » dans la frappe, selon les secours. 

L’armée russe n’avait pas réagi en fin d’après-midi. Vladimir Saldo, le chef de l’administration prorusse de Kherson, a imputé l’attaque à l’armée ukrainienne, fustigeant « une provocation écœurante visant bien sûr à faire accuser les forces armées de la Fédération de Russie ». 

Vendredi, Kherson avait déjà été la cible de 74 frappes russes, selon les autorités régionales, faisant au total cinq morts et 22 blessés, selon l’administration régionale. 

Dans l’Est, les frappes russes sont toujours « régulières » sur Bakhmout, que les Russes tentent de prendre depuis l’été, a déploré la présidence ukrainienne. 

« La liberté s’obtient à un prix élevé. Mais le prix de l’esclavage est encore plus élevé », a déclaré M. Zelensky lors de son allocution du soir. « Nous résistons depuis le début de la guerre. Nous avons résisté aux attaques, aux menaces, au chantage nucléaire, au terrorisme, aux frappes de missiles. Résistons à cet hiver. Parce que nous savons pourquoi nous nous battons ». 

À Ankara, le ministre turc de la Défense Hulusi Akar, dont le pays joue les médiateurs entre Kyiv et Moscou, a admis que « cette guerre ne semble pas près de se terminer facilement ». 

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Dimitar Dilkoff Agence France-Presse 
La Presse, le 24 décembre 2022