samedi 21 janvier 2023

Jour 332 - « Après Dnipro, ma santé mentale s’est écroulée »


Écorché par l’accumulation de tragédies, le moral des Ukrainiens a été mis à rude épreuve ces derniers jours. Le pays n’avait pas encore eu le temps de se relever de la frappe ayant fauché la vie de 45 civils à Dnipro samedi dernier que l’hélicoptère qui transportait le ministre ukrainien de l’Intérieur s’est écrasé mercredi près d’une école maternelle à Brovary, non loin de Kiev, faisant 14 morts. Malgré ces drames et les informations persistantes voulant que Moscou prévoie attaquer à nouveau Kiev pour asservir l’Ukraine tout entière, les Ukrainiens disent regarder encore et toujours droit devant, vers leur victoire. 

« Ces derniers jours, après Dnipro, ma santé mentale s’est écroulée, souffle Anastasiia Verba, 29 ans, qui habite à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine. Mais généralement, je me sens forte et je sais que je peux continuer. » 

Pour elle comme pour d’autres, la réalité frappe parfois sans avertir. « Des fois, je commence à pleurer sans savoir pourquoi. J’essaie de me contrôler, mais je n’y arrive pas. » Après onze mois de guerre, « je dois apprendre à vivre avec cette brisure [brokenness] en moi ». 

Samedi dernier, les vies de 45 civils, dont 6 enfants, se sont arrêtées lorsqu’un missile — possiblement russe — a éventré un immeuble résidentiel de Dnipro, dans le centre-est du pays, détruisant plus de 200 appartements. Selon le dernier bilan des autorités ukrainiennes, 79 personnes ont été blessées dans l’attaque et une vingtaine d’autres sont toujours portées disparues. 

« Je sais exactement quel édifice résidentiel a été touché, raconte avec émotion Vadym Blonsky, 22 ans, qui habitait à Dnipro l’an dernier. J’étais tellement triste et atterré [dans les derniers jours] que je ne pouvais plus manger ni dormir. » 

Le jeune homme — qui consacre l’essentiel de son temps « à travailler pour la victoire » en oeuvrant notamment comme bénévole à Kiev pour la fondation Come Back Alive, qui soutient l’armée ukrainienne — assure que les Ukrainiens maintiennent malgré tout le cap. « Nous vivons des moments très difficiles en ce moment, mais nous demeurons unis, mentionne-t-il. Nous allons soutenir notre armée jusqu’à notre victoire. Nous n’avons aucune autre option. » 

Catastrophes en série 
Pour ajouter au malheur, le ministre ukrainien de l’Intérieur, Denys Monastyrsky, a trouvé la mort mercredi lorsque l’hélicoptère à bord duquel il se trouvait pour se rendre sur la ligne de front s’est écrasé en banlieue de Kiev. En tout, 14 personnes, dont un enfant, ont péri dans ce qui semble être un accident. Le drame a aussi fait 25 blessés, dont 11 enfants. 

Ces catastrophes en série s’ajoutent à un hiver difficile en Ukraine, où les coupures d’électricité et de chauffage sont devenues la norme. « Mais on arrive à en rire, soutient Anastasiia Verba en mentionnant que de nombreux mèmes ridiculisant les actions des Russes circulent sur les réseaux sociaux. Il y en a un qui dit : quand tu ne peux plus te sécher les cheveux chez toi, tu peux toujours aller au supermarché pour le faire ! » 

De l’humour grinçant pour rappeler qu’il vaut mieux vivre sans courant que sous le joug russe, dit-elle. « Ce que nous leur disons, c’est : “Voyons donc ! Vous pensez vraiment que vous allez nous casser parce que vous nous coupez l’électricité et le chauffage ?” » 

Nouvelle attaque ? 
Alors que les analystes prévoyaient un hiver plutôt calme sur la ligne de front, des combats féroces font toujours rage dans le sud et l’est de l’Ukraine. Et les échos voulant que les Russes se préparent à donner un nouvel assaut sur Kiev pour faire tomber l’Ukraine tout entière se font de plus en plus persistants. 

Mi-décembre, le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Valeri Zaloujny, a déclaré qu’il s’attendait à ce que cette nouvelle attaque sur la capitale se fasse dès les premières semaines de la nouvelle année. Puis, la semaine dernière, le président russe, Vladimir Poutine, a nommé Valéri Guerassimov, le chef d’état-major de l’armée russe, commandant de l’offensive en Ukraine, ce qui fait craindre le pire. 

« Je ne vois pas en quoi la nomination de Guerassimov devrait représenter un changement tectonique [pour la guerre en Ukraine] », laisse tomber au Devoir Olexandr Solonko, 31 ans, qui s’est joint à l’armée ukrainienne au deuxième jour de la guerre. « On est déjà dans une nouvelle phase du conflit. On est dans une guerre d’attrition [visant l’épuisement des Ukrainiens], où on recourt à de la chair à canon [russe] et à des tentatives de détruire les infrastructures ukrainiennes », dénonce celui qui a quitté dernièrement la région de Bakhmout, chaudement disputée, pour être réaffecté dans le centre du pays. 

Mais il ne faut pas pour autant « sous-estimer la soif de sang des Russes », affirme le combattant. « Je n’ai aucun doute que Poutine va mobiliser le plus de personnes possible dans l’armée, s’indigne-t-il. Il ne va pas arrêter tant que nous ne l’arrêterons pas nous-mêmes. » 

Plus forts [...] 
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Magdaline Boutros 
Le Devoir, 21 janvier 2023

vendredi 20 janvier 2023

Jour 331 - Trois pays promettent des armes à Kyiv, qui en demande beaucoup plus



(Kyiv) Les États-Unis et trois États européens ont promis jeudi de nouvelles livraisons substantielles de blindés, de missiles et d’artillerie à Kyiv, à la veille d’une réunion cruciale des principaux pays aidant militairement l’Ukraine à se défendre face à l’invasion russe. 

Avec pour objectif affiché de coordonner la poursuite de cette assistance, seront notamment présents vendredi sur la base aérienne de Ramstein, en Allemagne, les ministres de la Défense des principales nations occidentales la fournissant, au premier rang desquels l’Américain Lloyd Austin. 

« Nous nous préparons à Ramstein demain. Nous attendons des décisions fortes. Nous attendons un soutien militaire puissant de la part des États-Unis », a déclaré M. Zelensky dans son discours du soir.   

Avant même cette rencontre du « groupe de contact », les États-Unis ont annoncé jeudi une nouvelle tranche d’aide militaire à l’Ukraine de 2,5 milliards de dollars. 

Cette aide supplémentaire prévoit l’envoi de 59 blindés Bradley, qui s’ajouteront aux 50 véhicules blindés légers de ce type promis le 6 janvier, et 90 blindés de transport de troupes Stryker « qui doteront l’Ukraine de deux brigades blindées », selon le Pentagone. 

L’armée américaine va également livrer à l’Ukraine 53 véhicules blindés antimines (MRAP) et 350 véhicules de transport M998, le fameux Humvee. 

Mais cette nouvelle tranche ne comprend aucun char lourd, comme les Abrams, que les États-Unis ne sont pas encore prêts à fournir à Kyiv, justifiant ce refus par des questions de maintenance et de formation. 

Cette nouvelle tranche porte à 26,7 milliards de dollars l’aide militaire totale des États-Unis à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe le 24 février. 

« Il faut des chars » 
Le Royaume-Uni s’est engagé quant à lui à envoyer à l’Ukraine 600 missiles supplémentaires Brimstone, le Danemark ses 19 canons Caesar de fabrication française, et la Suède des canons automoteurs Archer.   

Des systèmes qui ont tous une portée de plusieurs dizaines de kilomètres, mais inférieure à celle réclamée par les Ukrainiens. 

Mais les Occidentaux craignent, malgré les assurances ukrainiennes, que Kyiv puisse provoquer une escalade en usant de ces armes pour frapper en profondeur le territoire russe et les bases aériennes et navales de Crimée, péninsule annexée en 2014 par la Russie. 

Londres avait déjà promis 14 chars lourds Challenger 2 à Kyiv, et la Pologne se dit prête à lui livrer 14 chars Leopard 2 de fabrication allemande, un total encore loin des centaines de ces véhicules dont l’Ukraine dit avoir besoin. 

« Il faut des chars allemands, des chars finlandais, des chars danois, des chars français, cela veut dire que l’Europe occidentale elle-même doit maintenant allouer des chars plus modernes à l’Ukraine, afin qu’elle puisse simplement se défendre », a quant à lui plaidé jeudi le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. 

« Nous lançons un appel à tous les États partenaires qui ont déjà fourni ou envisagent de fournir une aide militaire, les exhortant à considérablement renforcer leur contribution », ont pour leur part écrit dans un communiqué les ministres ukrainiens de la Défense et des Affaires étrangères, Oleksiï Reznikov et Dmytro Kouleba. 

Ils ont en particulier montré du doigt douze pays, comme l’Allemagne et la Turquie, leur demandant des chars de fabrication allemande Leopard dont l’envoi est incertain du fait des tergiversations en Allemagne.  

Cet appel a été soutenu par le président du Conseil européen Charles Michel, pour lequel « des chars doivent être livrés » aux Ukrainiens, car « les prochaines semaines pourraient être décisives » sur le front. 

« Nous entendons votre message » 
« Nous entendons votre message. Vous avez besoin de plus de systèmes de défense antiaérienne et d’artillerie, de plus de munitions », a souligné Charles Michel sur Twitter, après une rencontre à Kyiv avec le président Volodymyr Zelensky. 

S’exprimant par visioconférence en marge du Forum économique de Davos en Suisse, M. Zelensky a de son côté brocardé, dans une allusion claire aux Allemands, ceux qui disent « “je livrerai des chars si quelqu’un d’autre le fait” ». 

L’Allemagne fait aussi l’objet d’une pression croissante de la part de plusieurs de ses voisins européens pour qu’elle autorise des livraisons de Leopard. 

« Contre des milliers de chars de la Russie […], le courage de notre armée et la motivation du peuple ukrainien ne suffisent pas », a martelé M. Zelensky. 

Peu après, l’un de ses conseillers, Mykhaïlo Podoliak, a appelé les Occidentaux à cesser de « trembler devant Poutine » et à livrer les blindés dont l’Ukraine dit avoir besoin. 

Les chars occidentaux ne sont cependant « pas une solution miracle » contre la Russie, a mis en garde jeudi le commandant des forces alliées en Europe (SACEUR), le général américain Christopher Cavoli, selon lequel « un équilibre entre tous les systèmes (d’armement) est nécessaire ». 

Les autorités ukrainiennes disent à cet égard également avoir besoin de systèmes de missiles d’une portée de plus de 100 km pour pouvoir frapper la chaîne logistique russe, en particulier les dépôts de munitions.   

Mais les Occidentaux craignent, malgré les assurances ukrainiennes, que Kyiv ne provoque une escalade en usant de ces armes pour frapper en profondeur le territoire russe et les bases aériennes et navales de Crimée, une péninsule annexée en 2014 par la Russie. 

Les Russes redoublent d’efforts [...] 
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Jonathan Brown et Adam Plowright à Davos 
Agence France-Presse 
La Presse, le 19 janvier 2023

jeudi 19 janvier 2023

Jour 330 - Un ministre ukrainien tué dans l’écrasement de son hélicoptère


Le ministre ukrainien de l’Intérieur, Denys Monastyrsky, a été tué mercredi près de Kiev dans l’écrasement de son hélicoptère qui a fait au moins 14 morts, dont un enfant d’une école maternelle, alors qu’il se rendait sur la ligne de front, en pleine guerre avec la Russie. 

 L’appareil, un Super Puma EC-225 selon le Service d’État pour les situations d’urgence (SES) auquel il appartenait, s’est écrasé mercredi matin à Brovary, près de Kiev. 

« Le bâtiment de l’école maternelle a été touché, et le feu a par la suite gagné les fenêtres d’un immeuble de quatorze étages et trois voitures », a indiqué le SES sur Telegram, précisant qu’il y avait neuf personnes à bord de l’appareil, dont le ministre et son adjoint.
 

Selon un dernier bilan du SES, il y a 14 morts dont un enfant, et 25 blessés hospitalisés, dont 11 enfants. 

Sur place, des journalistes de l’AFP ont vu des débris près d’immeubles d’habitation, une portière, deux voitures écrasées. Et des corps emballés et emmenés sur une civière, un à un, jusqu’à un camion. 

« J’ai entendu un bourdonnement, je me suis retourné pour regarder par la fenêtre, j’ai pensé que c’était un [drone]. J’ai vu des flammes », a raconté Dmytro Serbine, l’un des premiers à aller aider.

Cet écrasement, survenu quatre jours après une frappe de missile russe qui a fait 45 morts à Dnipro, dans l’est de l’Ukraine, a suscité une vive émotion.

«  Peine indicible » de Zelensky 
« Notre peine est indicible », a déclaré le président Volodymyr Zelensky, évoquant tant le fait que l’écrasement avait touché une école maternelle que la mort du ministre de l’Intérieur, de son adjoint Ievgueni Ienine et du secrétaire d’État à l’Intérieur, Youriï Loubkovytch. 

Les Services de sécurité ukrainiens ont indiqué envisager toutes les pistes, y compris une « action délibérée de destruction ». 

« Le but de ce vol [était d’aller] vers l’un des points chauds de notre pays où se déroulent les combats », a déclaré Kyrylo Timochenko, adjoint au chef de cabinet du président. Différentes sources ont affirmé que l’appareil se rendait à Dnipro ou dans la région de Kharkiv. 

Les responsables ukrainiens, comme le premier ministre Denys Chmygal sur Telegram, ont qualifié de « grande perte » la mort de Denys Monastyrsky, 42 ans, un ancien avocat qui avait rallié le parti de Volodymyr Zelensky. 

Condoléances des Occidentaux 
Ganna Malyar, la vice-ministre de la Défense, a décrit un homme représentatif de la nouvelle génération de responsables amenés au pouvoir avec lui par le président Zelensky 

À Washington, le président Joe Biden et son épouse, Jill, « pleurent avec tous ceux qui sont endeuillés par cette tragédie déchirante », a fait savoir la Maison-Blanche. 

Dans un communiqué, le couple présidentiel a salué la mémoire du ministre Denys Monastyrsky, « un homme de réformes et un patriote », et dit être « en pensée auprès des dizaines de civils tués ou blessés ». 

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a déploré sur Twitter le décès d’« un grand ami de l’UE ». 

Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, les Services du premier ministre britannique notamment ont présenté leurs condoléances. 

La Russie, qui n’a fait aucun commentaire, continuait dans le même temps à exercer sa pression, tant sur le front de l’est du pays où son armée tente de reprendre l’avantage, que par des déclarations du Kremlin. 

Poutine n’a « aucun doute » [...] 
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Sergei Supinsky - Agence France-Presse 
Le Devoir, le 19 janvier 2023

mercredi 18 janvier 2023

Jour 329 - Les secours ukrainiens cessent leurs recherches à Dnipro


L’Ukraine a arrêté mardi sa recherche de survivants à Dnipro, sous les décombres d’un immeuble résidentiel détruit par un missile russe, un bombardement parmi les plus meurtriers de la guerre qui a fait 45 morts et une vingtaine de disparus selon un dernier bilan. 

Ce carnage n’a fait que renforcer les efforts des Ukrainiens pour négocier des approvisionnements accrus en armements occidentaux, avec notamment une première rencontre en personne mardi en Pologne du commandant en chef de l’armée ukrainienne, Valery Zaloujny, et du chef d’état-major américain, Mark Milley. 

Le gouverneur régional, Valentyn Reznitchenko, a fait état de 45 morts à Dnipro, dont 6 enfants, mardi après-midi. Selon les médias, un bébé de onze mois est parmi les tués. Le précédent bilan officiel faisait état de 44 morts, 20 disparus et 79 blessés. 

Un peu plus tôt, les services de secours ukrainiens avaient annoncé sur Telegram la fin « des opérations de recherche et de sauvetage sur le site de la frappe » à Dnipro. 

Il s’agit d’un des bombardements les plus meurtriers sur un site civil depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a près de onze mois. 

Samedi, un missile a éventré un immeuble du quai de la Victoire, à Dnipro,, ravageant « plus de 200 appartements » selon un responsable de la présidence ukrainienne. Une section entière du bâtiment s’est effondrée, emprisonnant sous les décombres des dizaines de personnes. 

Pendant près de quatre jours, les secours se sont efforcés d’extraire des survivants, avec le renfort de grues et d’une brigade canine. Trente-neuf personnes ont pu être sauvées. 

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a juré de traduire en justice « chaque personne coupable de ce crime de guerre ». 

Mardi, aux obsèques d’une des victimes, un entraîneur de boxe réputé dans sa communauté, des proches se recueillaient, certains en larmes, devant sa sépulture et son portrait. À proximité du cercueil, une gerbe de fleurs bleues et jaunes, couleurs du drapeau national ukrainien. « Je me souviendrai de lui comme d’une personne ouverte et honnête, toujours prête à aider », confie Artem Birioukov, l’un de ses élèves, lors d’une cérémonie d’adieu. « C’était mon second père », a-t-il ajouté. 

De son côté, Moscou a nié comme lors d’épisodes précédents toute implication dans le carnage. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a évoqué lundi « une tragédie » pouvant être due, selon lui, à un tir de la défense antiaérienne ukrainienne. 

L’immeuble a été frappé au cours d’une nouvelle salve de bombardements massifs contre des installations énergétiques ukrainiennes, une campagne engagée par le Kremlin en octobre, après une série de revers militaires russes, afin de plonger les Ukrainiens dans le froid et dans le noir. 

45 
C'est le nombre de personnes qui sont mortes dans la destruction d'un immeuble résidentiel de Dnipro, selon un dernier bilan. On dénombre également une vingtaine de disparus. 

Sur le front diplomatique, les Occidentaux ont réaffirmé leur soutien à Kiev, qui réclame toujours plus d’armements, notamment des chars, pour repousser encore l’armée russe des territoires qu’elle occupe. « 

Le message que nous envoyons au [président Vladimir] Poutine, c’est que nous nous sommes engagés à défendre les Ukrainiens jusqu’à ce qu’ils soient victorieux », a dit le chef de la diplomatie britannique, James Cleverly. Samedi, Londres a annoncé vouloir remettre à Kiev des blindés Challenger 2, ce qui sera la première livraison de chars occidentaux lourds à l’Ukraine. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a fait face mardi au Forum économique mondial à Davos (Suisse) à une pression accrue afin d’autoriser la livraison, y compris par des pays tiers qui en sont équipés, de chars Leopard 2, que Kiev réclame depuis des semaines. 

 « C’est Verdun, là-bas »
 « Nous essayons d’organiser un soutien plus important à l’Ukraine », a déclaré le président polonais, Andrzej Duda, dont le pays s’est dit prêt à livrer des chars Leopard 2. « Nous espérons que le fabricant de ces chars, l’Allemagne, y participera aussi. » 

Une nouvelle réunion sur le soutien militaire occidental à l’Ukraine est prévue vendredi sur la base américaine de Ramstein, en Allemagne. 

À l’approche de cette rencontre, le général ukrainien Zaloujny a indiqué avoir énuméré à l’Américain Milley « les besoins urgents » de Kiev. L’Ukraine réclame des chars, des blindés légers, des systèmes de défense antiaérienne et des missiles de longue portée. 

Les demandes ukrainiennes interviennent alors que l’armée russe et le groupe paramilitaire Wagner ont redoublé d’efforts dans l’Est ukrainien pour conquérir la ville de Bakhmout et ses environs, une bataille sanglante en cours depuis l’été. 

Des journalistes de l’AFP ont constaté mardi que de violents combats d’artillerie étaient en cours autour de Bakhmout, ville de 70 000 habitants avant la guerre et aujourd’hui largement ravagée. 
« C’est Verdun, là-bas », confie Ivan, un ambulancier militaire ukrainien, en référence à cette effroyable bataille de la Première Guerre mondiale entre Français et Allemands dans l’est de la France. 

Pour lire l’article,

https://www.ledevoir.com/monde/europe/778218/les-secours-ukrainiens-cessent-les-recherches-a-dnipro


Avec Susannah Walden à Bakhmout, Agence France-Presse

Le Devoir, 18 janvier 2023



mardi 17 janvier 2023

Jour 328 - Le bilan du bombardement de Dnipro s’alourdit encore



Le bilan d’une frappe russe sur un immeuble résidentiel de Dnipro, en Ukraine, a grimpé lundi à 40 morts, ce qui en fait l’un des plus élevés depuis le début de la guerre. Et il risque encore de s’alourdir. 

Vladimir Poutine a de son côté dénoncé les livraisons croissantes d’armes occidentales à l’Ukraine, le Kremlin jurant que les chars promis à Kiev « brûleront » sur le champ de bataille. 

Moscou a démenti, comme toujours dans ce cas de figure, avoir été responsable du carnage à Dnipro, et a rejeté la faute sur les Ukrainiens. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a évoqué « une tragédie » pouvant être due à un tir de la défense antiaérienne ukrainienne. 

La présidence suédoise de l’Union européenne a, elle, dénoncé « un crime de guerre » russe. Un nouvel exemple de « suspicion de violations du droit de la guerre », a indiqué de son côté le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. 

Lundi, presque 48 heures après qu’un missile a éventré un immeuble du quai de la Victoire à Dnipro (est), 40 corps sans vie avaient été retrouvés, selon les services de secours, tandis que 75 blessés ont été comptabilisés. 

Des grues étaient en action pour hisser les sauveteurs dans les appartements ravagés ou pour soulever des pans de béton. Dans les décombres, les équipes de secours cherchaient 29 personnes portées disparues, selon les autorités. 

Sur ce lieu de désolation, des personnes déposaient des fleurs et des peluches à la mémoire des victimes. D’autres habitants de Dnipro apportaient vêtements ou couettes à un point de collecte mis en place par des humanitaires. 

Trente-neuf personnes ont été secourues des ruines du bâtiment. 

Dans une entrevue à CNN, la première dame de l’Ukraine, Olena Zelenska, a assuré que les Russes n’étaient pas parvenus à briser l’esprit de résistance des Ukrainiens. « On a tenu presque une année, on peut tenir plus longtemps », a-t-elle déclaré, soulignant que désormais, « les enfants du pays peuvent faire la différence entre le son d’une roquette, d’un drone et de la défense antiaérienne ». 

Le Kremlin a mis deux jours à réagir à la frappe sur l’immeuble de Dnipro. 

« Les forces armées russes ne bombardent pas les immeubles résidentiels, ni les infrastructures civiles, elles bombardent des cibles militaires », a déclaré M. Peskov, en dépit des frappes qui ont touché une multitude de cibles civiles depuis le début de l’invasion, le 24 février. 

Face à ces pluies de missiles et à la menace d’une nouvelle offensive russe d’ampleur, les Occidentaux ont intensifié leur aide militaire à l’Ukraine. Une réunion sur les livraisons d’armements occidentaux à Kiev est prévue le 20 janvier sur la base américaine de Ramstein (Allemagne). 

Vladimir Poutine a de son côté dénoncé, dans une conversation avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdoğan, « la ligne destructrice adoptée par le régime de Kiev qui a misé sur l’intensification des combats, avec le soutien de ses parrains occidentaux qui augmentent leurs livraisons d’armes et de matériel militaire » aux Ukrainiens. 

« Ces chars brûlent et brûleront », avait lancé plus tôt Dmitri Peskov à la presse. 

[Désormais], les enfants du pays peuvent faire la différence entre le son d’une roquette, d’un drone et de la défense antiaérienne — Olena Zelenska 

Une importante délégation d’Ukrainiens, menée par Olena Zelenska, se rend cette semaine à Davos, en Suisse, afin de convaincre les Occidentaux réunis pour le sommet économique mondial de leur livrer davantage d’armes. 

« C’est pour cela que je suis présent », y a déclaré lundi le maire de Kiev, Vitali Klitschko, précisant qu’il est « primordial de nouer des relations personnelles » pour y parvenir. 

Samedi, Londres avait annoncé la fourniture à Kiev de Challenger 2, ce qui constituerait la première livraison de chars lourds de fabrication occidentale à l’Ukraine. 

« Des chars, des blindés et de l’artillerie, c’est exactement ce dont l’Ukraine a besoin pour restaurer son intégrité territoriale », a écrit lundi sur Twitter le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. 

Varsovie a dit attendre un feu vert de l’Allemagne pour livrer des chars Leopard de facture allemande. 

De l’autre côté de l’Atlantique, des soldats ukrainiens sont arrivés dimanche sur une base militaire de l’Oklahoma pour s’entraîner à l’utilisation du système de défense antiaérienne Patriot, que Washington va fournir à Kiev. 

 L’AIEA attendue en Ukraine [...] 
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Vitalli Matokha - Agence France-Presse à Dnipro 
Le Devoir, le 17 janvier 2023

lundi 16 janvier 2023

Jour 327 - L'OTAN s’apprête à envoyer plus d’armes lourdes à l’Ukraine



Le bilan des morts d’une frappe de missile russe sur une tour d’habitation dans la ville de Dnipro, au sud-est de l’Ukraine, s’élève à 30, dimanche, a rapporté le président Volodymyr Zelensky alors que des secouristes se démenaient pour tirer les survivants des décombres. 

Alors que la guerre dure depuis près de 11 mois, le Royaume-Uni a annoncé qu’il livrerait des chars à l’Ukraine, son premier don d’armes aussi lourdes. Bien que l’engagement de 14 chars Challenger 2 semble modeste, les responsables ukrainiens s’attendent à ce qu’il encourage d’autres pays occidentaux à fournir plus de chars. 

Le secrétaire à la Défense du Royaume-Uni prévoit se rendre en Estonie et en Allemagne cette semaine pour travailler avec les alliés de l’OTAN, et le secrétaire aux Affaires étrangères doit se rendre aux États-Unis et au Canada pour discuter d’une coordination plus étroite. 


Équipes d'urgence dépêchées 
Les équipes d’urgence ont travaillé pendant la nuit, glaciale, dans le bâtiment résidentiel à plusieurs étages. Le nombre de morts rapporté fait de cette attaque la plus meurtrière ciblant un seul endroit depuis une frappe du 30 septembre dans la région de Zaporijjia, selon le projet Associated Press-Frontline War Crimes Watch. 

Les attaques, qui visaient également la capitale, Kiev, et la ville de Kharkiv, au nord-est, ont mis fin à une accalmie de deux semaines dans les frappes aériennes que la Russie a lancées contre les infrastructures électriques et les centres urbains de l’Ukraine presque chaque semaine depuis octobre.

Dimanche, la Russie a reconnu les frappes de missiles, mais n’a pas mentionné l’immeuble d’habitation de Dnipro. La Russie a nié à plusieurs reprises avoir ciblé des civils dans cette guerre. 

La Russie a tiré 33 missiles de croisière samedi, dont 21 ont été abattus, selon le général Valery Zaluzhny, commandant en chef des forces armées ukrainiennes. Le missile qui a touché l’immeuble à Dnipro était un Kh-22 lancé depuis la région russe de Koursk, selon le commandement de l’armée de l’air, ajoutant que l’Ukraine n’a pas de système capable d’intercepter ce type d’arme. 

À Dnipro, les travailleurs ont utilisé une grue pour secourir les personnes coincées aux étages supérieurs de la tour, où vivaient environ 1700 personnes. Certains résidents ont demandé de l’aide pour allumer leur téléphone mobile. 

M. Zelensky a rapporté qu’au moins 73 personnes ont été blessées et 39 personnes ont été secourues, dimanche après-midi. La Ville de Dnipro a déclaré 43 personnes portées disparues. 

 « Les opérations de recherche et de sauvetage et le démantèlement d’éléments structuraux dangereux se poursuivent jour et nuit. Nous continuons de lutter pour chaque vie », a déclaré le leader ukrainien. 

Ivan Garnuk était dans son appartement quand l’immeuble a été touché et a dit qu’il se sentait chanceux d’avoir survécu. Il a décrit son choc que les Russes frappent un bâtiment résidentiel sans valeur stratégique. 

Il n’y a pas d’installations militaires ici. Il n’y a rien ici. Il n’y a pas de défense aérienne, il n’y a pas de bases militaires ici.[La Russie] a frappé des civils, des innocents.— Ivan Garnuk 
« Il n’y a pas d’installations militaires ici. Il n’y a rien ici, dit-il. Il n’y a pas de défense aérienne, il n’y a pas de bases militaires ici. [La Russie] a frappé des civils, des innocents. » 

Les résidents de Dnipro ont rejoint les secouristes sur place pour aider à dégager les décombres. D’autres ont apporté de la nourriture et des vêtements chauds pour ceux qui avaient perdu leur logement. 

« C’est de toute évidence du terrorisme, et tout cela n’est tout simplement pas humain », a déclaré un citoyen, Artem Myzychenko, alors qu’il nettoyait les décombres. 

Revendiquant la responsabilité des frappes de missiles à travers l’Ukraine, le ministère russe de la Défense a déclaré dimanche qu’il a atteint son objectif. 

« Toutes les cibles désignées ont été touchées. L’objectif de l’attaque a été atteint », a déclaré le ministère sur Telegram. Il a indiqué que des missiles avaient été tirés « sur le système militaire de commandement et de contrôle de l’Ukraine et les installations énergétiques connexes », sans mentionner l’attaque contre le bâtiment résidentiel de Dnipro. 

Dimanche, les forces russes ont attaqué une zone résidentielle dans la ville de Kherson, dans le sud de l’Ukraine. Selon les informations préliminaires, deux personnes ont été blessées. 

Les attaques aériennes renouvelées de la Russie sont survenues alors que des combats féroces ont fait rage dans la province de Donetsk, en Ukraine, où l’armée russe a affirmé avoir le contrôle de la petite ville d’extraction de sel de Soledar, mais l’Ukraine affirme que ses troupes y combattent toujours. 

Le contrôle total de Soledar par les forces russes leur permettrait de s’approcher d’une plus grande ville, celle de Bakhmut. La bataille de Bakhmut fait rage depuis des mois, faisant d’importantes victimes des deux côtés. 

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Vasilisa Stepanenko et Andrew Meldrum, 
Associated Press à Dnipro 
Le Devoir, le 16 janvier 2023

dimanche 15 janvier 2023

Jour 326 - Le Royaume-Uni livrera des chars à l’Ukraine, 14 morts à Dnipro


(Kyiv) Le Royaume-Uni va livrer « dans les prochaines semaines » des chars lourds à l’Ukraine, où les secours s’activaient dimanche à l’aube pour tenter de trouver des survivants dans les ruines d’un immeuble de Dnipro (est) touché par une frappe russe qui a fait 14 morts. 

Une vidéo publiée par les services de secours ukrainiens sur Facebook et Telegram montrait les sauveteurs fouillant dans la nuit les décombres de l’immeuble de Dnipro. Ces services ont dit avoir eu des échanges verbaux avec une femme coincée sous les gravats qu’ils tentaient désespérément de délivrer. 

Au moins 14 personnes, dont une adolescente de 15 ans, ont été tuées et 64 blessées dans le bombardement de cet immeuble, a indiqué tôt dimanche matin le chef de l’administration militaire régionale de Dnipropetrovsk, Valentyn Reznichenko. 

Selon lui, les secours ont jusqu’à présent réussi à extraire 38 survivants des décombres. D’après la présidence ukrainienne, entre 100 et 200 personnes sont sans abri à la suite de cette frappe, et quelque 1700 habitants de Dnipro étaient privés d’électricité et de chauffage. 

Dans le sud, à Kryvyi Rig, une personne a été tuée et une autre blessée dans la destruction d’immeubles d’habitation par une frappe, selon un bilan officiel. 

Au total, « l’ennemi a procédé à trois frappes aériennes et à une cinquantaine de tirs de missiles dans la journée », a précisé l’état-major de l’armée ukrainienne. « En outre, les occupants ont lancé 50 attaques avec des lance-roquettes multiples » 

Des coupures de courant affectaient par ailleurs la plupart des régions du pays après de nouvelles attaques russes contre des installations de production d’électricité, selon les autorités ukrainiennes. 

« Est-il possible d’arrêter la terreur russe ? Oui, c’est possible. Peut-on le faire autrement que sur le champ de bataille en Ukraine ? Malheureusement, non », a commenté le président ukrainien Volodymyr Zelensky. 

« Le monde doit arrêter ce mal », a-t-il imploré. 
La Moldavie a affirmé avoir trouvé des débris de missile sur son territoire, près du village de Larga, dans le nord. « La guerre brutale que la Russie livre à l’Ukraine a de nouveau affecté la Moldavie », s’est insurgée sa présidente Maia Sandu. 

Le Royaume-Uni a quant à lui promis samedi la livraison « dans les prochaines semaines » de 14 chars lourds Challenger 2 à l’Ukraine. 

Cette livraison reflète « l’ambition du Royaume-Uni d’intensifier son soutien à l’Ukraine », a déclaré le premier ministre britannique Rishi Sunak à M. Zelensky lors d’un appel téléphonique, selon un communiqué de Downing Street. 

Le Royaume-Uni devient ainsi le premier pays à s’engager à envoyer en Ukraine ce type de blindés. M. Zelensky a remercié le Royaume-Uni sur Twitter pour avoir pris des décisions qui « non seulement nous renforceront sur le champ de bataille, mais enverront également le bon signal aux autres partenaires ». 

L’annonce a fait réagir la diplomatie russe qui a estimé que cet envoi d’armes n’allait « en rien accélérer la fin des hostilités militaires, mais seulement les intensifier, en provoquant de nouvelles victimes », selon un communiqué de l’ambassade de Russie à Londres samedi. 

Kyiv avait déjà reçu de ses alliés des chars lourds de conception soviétique – près de 300 –, mais encore aucun de fabrication occidentale. 

La Pologne s’était déjà dite prête mercredi à livrer 14 chars lourds Leopard 2 de conception allemande, ce qui requiert l’aval de Berlin. 

Plusieurs États occidentaux ont en outre récemment annoncé la fourniture de chars d’infanterie ou de reconnaissance, plus légers. 

Soledar tient, assure Kyiv [...] 
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Daria Andriievska, Agence France-Presse 
La Presse 14 janvier 2023, publié à 21h57