samedi 25 janvier 2014

Le clin d'oeil du chat (13)



Arnaque à Contrecoeur

Parce que Messidor persistait dans son mutisme, je me suis décidée à consulter ses messages électroniques. Je n’aimais pas cette idée de fouiller dans ses affaires, mais son silence buté qui durait depuis une semaine m’inquiétait. J’ai donc ouvert ses boîtes de messages les unes après les autres pour découvrir un correspondant dont j’ignorais l’existence, il n’y avait jamais fait allusion à ce jour, un dénommé Alexandre Dumont.

Le premier échange avait eu lieu à la fin d’octobre, c’est l’homme qui l’avait contacté le premier. Il se disait très malade, souffrant d’un cancer de la gorge, il affirmait n’avoir que quelques mois à vivre. Messidor, toujours compatissant, s’est mis à lui écrire régulièrement. Très tôt le matin, il clavardait avec lui durant une vingtaine de minutes avant que je me lève. Il l’encourageait par de bonnes paroles, lui transmettait des adresses de sites à consulter. C’est ainsi qu’il apprit (et que je le découvris moi-même), que deux ans auparavant, ce résidant de la Côte d’Azur avait perdu sa femme et sa fille de vingt ans dans un accident de voiture. Depuis, Alexandre Dumont vivait seul, dans sa maison de Nice, reclus, malade et alité jour et nuit. Une domestique habitait la maison voisine et lui faisait la cuisine, un médecin passait quotidiennement pour lui prodiguer des soins.

À ce point de ma lecture, je me demandai pourquoi Messidor ne m’avait pas parlé de cette correspondance. J’aurais pu moi aussi apporter du réconfort à cet homme éprouvé. Il avait joint des photos de lui, de sa femme et de sa fille, des gens sympathiques, à n’en pas douter. Mais en continuant à lire, je compris pourquoi le chat de la maison avait gardé le silence : il s’était approprié mon identité.  Car bien entendu, c’est ma photo qui figurait sur mon profil, c’est donc à moi que M. Dumont s’était adressé en premier et Messidor avait laissé le malentendu persister. Plus curieuse que fâchée par cet emprunt, je poursuivis ma lecture.  

Alexandre Dumont était riche, il avait hérité de la fortune de sa femme, laquelle avait possédé une entreprise d’import-export florissante. Il expliqua à Messidor que n’ayant plus d’héritiers, il espérait avoir le temps, avant sa fin prochaine, de faire construire un orphelinat pour les nombreux enfants démunis que sa femme et lui avaient côtoyés en Afrique. De jour en jour cependant, son état se détériorait, ses messages étaient de moins en moins clairs. Parfois, il devait interrompre le clavardage, pris de malaises. À la mi-décembre, alors qu’il se sentait un peu mieux, il demanda à Messidor s’il consentirait à s’occuper de ce projet auquel il tenait tant. Alexandre lui soumit un plan de l’orphelinat, ajouta que son notaire entrerait bientôt en contact avec lui.  Et en effet, peu de temps après, Messidor reçut une lettre dudit notaire, toujours par courriel. Celui-ci confirmait le projet de M. Dumont, mentionnant qu’un transfert de fonds de sept millions d’euros se ferait à la fin de 2013 et demandait que le numéro de compte de banque de Messidor, le nôtre donc, lui soit communiqué dans les plus brefs délais afin qu’il puisse y déposer l’argent.

Ce passage me donna la chair de poule. Messidor avait-il lui aussi fouillé dans nos affaires ? Avait-il fourni de précieux renseignements à ce notaire ? Avant de poursuivre, je me demandai ce que j’aurais fait en pareille situation. C’est avec un réel soulagement et une sorte de fierté que je lus la réponse de Messidor:

Bonjour Monsieur Dumont,

J’ai bien reçu le message écrit par votre soi-disant notaire, il est rempli de fautes qu’un professionnel ne saurait commettre. Il est clair pour moi que cet homme est un imposteur. Ses demandes sont grotesques et montrent clairement qu’il cherche à me tromper et à profiter de moi.

Je doute également de votre bonne foi, monsieur. Et je suis ébranlé en voyant que vous avez trahi ma confiance. Des recherches sur Internet m’ont permis de découvrir que des dizaines de malades souffrant d’un cancer de la gorge désirent faire construire des orphelinats pour réaliser les vœux de leur épouse décédée dans un accident de voiture. Je pense que vous êtes vous-même un hameçonneur professionnel et pour cette raison, je ne répondrai plus à vos messages.

Messidor a tenu parole, il n’a pas répondu aux nombreux courriels que le prétendu malade a continué de lui adresser. Je comprends que le chat de la maison ait préféré garder le silence sur cette triste histoire, sa confiance a été ébranlée, il a été humilié par cet imposteur.

Ne me reste plus qu’à aborder le sujet avec notre chat. Et lui avouer que j’ai été indiscrète…

Pour en savoir davantage sur les arnaques pratiquées sur Internet:








vendredi 24 janvier 2014

Le plaisir dans le froid




Pour nous aider à affronter cette autre journée glaciale, un extrait d’une chronique signée Michel Lejoyeux dans Psychologie.com.

« Je crois que le froid, qui ralentit notre marche dans la rue, qui ralentit l'activité des villes, donne aussi l'occasion de se retrouver, autour d'une boisson chaude ou d'un moment de convivialité. Un peu moins de fièvre grâce au froid. À l'heure de la productivité maximale, ce dont nous avons besoin est de nous rappeler de notre capacité à hiberner, à nous replier sur nous même, ralentir notre rythme de vie et d'esprit. Il faut, disait Paul Valéry, juger à froid et agir à chaud. Nous sommes donc arrivés à la saison de l'introspection, du retour sur soi. »

La chronique ici :

jeudi 23 janvier 2014

Le geai bleu, un oiseau à connaître




Parmi les durs de durs qui passent l'hiver avec nous, il y a le geai bleu. Voici comment Wikipedia décrit ce courageux : « C'est un oiseau très bruyant nichant régulièrement au Québec. Sa huppe courte (milieu à l'arrière du vertex) et les parties supérieures de son plumage sont bleues alors que son ventre est gris blanchâtre. Il porte un collier noir, ses ailes et sa queue sont parsemées de points blancs.

(…) L'été, il fait preuve d'un comportement singulier en prenant des bains de fourmis. Il se jette par surprise toutes ailes déployées dans une fourmilière obligeant ainsi les insectes affolés à secréter de l'acide formique pour se défendre. Ce comportement singulier, appelé « formicage », peut s'expliquer par le fait que l'oiseau utilise l'acide formique pour se débarrasser de ses tiques et autres parasites du plumage constituant ainsi pour les fourmis un stock de nourriture en récompense. »

Merci Wikipedia ! Pour en savoir davantage :

mercredi 22 janvier 2014

Un temps qui sait ce qu'il veut !





« Un ciel bleu, sec et froid, dur comme un diamant, tintant comme une cloche immense, allègre et joyeux comme un petit caillou, net, limpide, frais, eau glaciale sans une ride, infini, semblable à un aigle planant au-dessus de Paris, dardant sa froide précision céleste sur les maisons, 
bleuissant les toits, rosissant les murs, 
enveloppant chaque chose dans sa gaine inflexible. 
Voilà le temps que j'aime. Un temps dur et tendre à la fois, infaillible. Les gens dans la rue ont le visage rose, le nez pincé par le froid, les lèvres serrées et pâlies, les traits un peu figés mais resplendissants de bien-être. 
C'est un temps qui sait ce qu'il veut. 
Mon bel hiver !»

Jean-René Huguenin 

mardi 21 janvier 2014

La citation du mardi




« Quand je pense à tous les livres qu’il me reste à lire,
j’ai la certitude d’être  heureux.»

Jules Renard

lundi 20 janvier 2014

La pensée du lundi




« Hâte-toi de bien vivre
et songe que chaque jour est à lui seul une vie.»

Sénèque

dimanche 19 janvier 2014

La musique du silence





« J'aimerais avoir une oreille assez fine pour entendre le bruit que fait le pollen des marronniers lorsqu'il vient se poser sur le sol. Plus fine encore, pour entendre la neige tomber sur ce qui est déjà de la neige. Personne n'est capable d'entendre ce bruit-là, pourtant je sais que ce bruit existe. (... ) 
Ce silence qui ressemble à une musique.»

Philippe Labro