Arnaque à Contrecoeur
Parce que Messidor
persistait dans son mutisme, je me suis décidée à consulter ses messages
électroniques. Je n’aimais pas cette idée de fouiller dans ses affaires, mais
son silence buté qui durait depuis une semaine m’inquiétait. J’ai donc ouvert
ses boîtes de messages les unes après les autres pour découvrir un
correspondant dont j’ignorais l’existence, il n’y avait jamais fait allusion à
ce jour, un dénommé Alexandre Dumont.
Le premier échange
avait eu lieu à la fin d’octobre, c’est l’homme qui l’avait contacté le
premier. Il se disait très malade, souffrant d’un cancer de la gorge, il
affirmait n’avoir que quelques mois à vivre. Messidor, toujours compatissant,
s’est mis à lui écrire régulièrement. Très tôt le matin, il clavardait avec lui
durant une vingtaine de minutes avant que je me lève. Il l’encourageait par de
bonnes paroles, lui transmettait des adresses de sites à consulter. C’est ainsi
qu’il apprit (et que je le découvris moi-même), que deux ans auparavant, ce
résidant de la Côte d’Azur avait perdu sa femme et sa fille de vingt ans dans
un accident de voiture. Depuis, Alexandre Dumont vivait seul, dans sa maison de
Nice, reclus, malade et alité jour et nuit. Une domestique habitait la maison
voisine et lui faisait la cuisine, un médecin passait quotidiennement pour lui
prodiguer des soins.
À ce point de ma
lecture, je me demandai pourquoi Messidor ne m’avait pas parlé de cette
correspondance. J’aurais pu moi aussi apporter du réconfort à cet homme
éprouvé. Il avait joint des photos de lui, de sa femme et de sa fille, des gens
sympathiques, à n’en pas douter. Mais en continuant à lire, je compris pourquoi
le chat de la maison avait gardé le silence : il s’était approprié mon
identité. Car bien entendu, c’est
ma photo qui figurait sur mon profil, c’est donc à moi que M. Dumont s’était
adressé en premier et Messidor avait laissé le malentendu persister. Plus
curieuse que fâchée par cet emprunt, je poursuivis ma lecture.
Alexandre Dumont
était riche, il avait hérité de la fortune de sa femme, laquelle avait possédé
une entreprise d’import-export florissante. Il expliqua à Messidor que n’ayant
plus d’héritiers, il espérait avoir le temps, avant sa fin prochaine, de faire
construire un orphelinat pour les nombreux enfants démunis que sa femme et lui
avaient côtoyés en Afrique. De jour en jour cependant, son état se détériorait,
ses messages étaient de moins en moins clairs. Parfois, il devait interrompre
le clavardage, pris de malaises. À la mi-décembre, alors qu’il se sentait un
peu mieux, il demanda à Messidor s’il consentirait à s’occuper de ce projet
auquel il tenait tant. Alexandre lui soumit un plan de l’orphelinat, ajouta que
son notaire entrerait bientôt en contact avec lui. Et en effet, peu de temps après, Messidor reçut une lettre
dudit notaire, toujours par courriel. Celui-ci confirmait le projet de M.
Dumont, mentionnant qu’un transfert de fonds de sept millions d’euros se ferait
à la fin de 2013 et demandait que le numéro de compte de banque de Messidor, le
nôtre donc, lui soit communiqué dans les plus brefs délais afin qu’il puisse y
déposer l’argent.
Ce passage me
donna la chair de poule. Messidor avait-il lui aussi fouillé dans nos affaires
? Avait-il fourni de précieux renseignements à ce notaire ? Avant de poursuivre,
je me demandai ce que j’aurais fait en pareille situation. C’est avec un réel
soulagement et une sorte de fierté que je lus la réponse de Messidor:
Bonjour Monsieur Dumont,
J’ai bien reçu le message écrit par votre soi-disant notaire, il est rempli de
fautes qu’un professionnel ne saurait commettre. Il est clair pour moi que cet
homme est un imposteur. Ses demandes sont grotesques et montrent clairement
qu’il cherche à me tromper et à profiter de moi.
Je doute également de votre bonne
foi, monsieur. Et je suis ébranlé en voyant que vous avez trahi ma confiance.
Des recherches sur Internet m’ont permis de découvrir que des dizaines de
malades souffrant d’un cancer de la gorge désirent faire construire des
orphelinats pour réaliser les vœux de leur épouse décédée dans un accident de
voiture. Je pense que vous êtes vous-même un hameçonneur professionnel et pour cette raison, je ne répondrai plus à
vos messages.
Messidor a tenu
parole, il n’a pas répondu aux nombreux courriels que le prétendu malade a
continué de lui adresser. Je comprends que le chat de la maison ait préféré
garder le silence sur cette triste histoire, sa confiance a été ébranlée, il a
été humilié par cet imposteur.
Ne me reste plus
qu’à aborder le sujet avec notre chat. Et lui avouer que j’ai été indiscrète…
Pour en savoir davantage sur les arnaques pratiquées sur Internet:
Le billet de se matin mériterait une diffusion à travers le web. Beaucoup d'hameçonneur sont actifs et malheureusement beaucoup de personne se font prendre.
RépondreSupprimerDernièrement, je reçu une demande similaire, une vieille dame seule, malade et en fin de vie, voulait me transférer ses sous pour elle aussi ouvrir un orphelinat à Haïti. Son rêve ultime.
Soyons donc aux aguets.
C'est vrai, deux personnes parmi mes amies Fb ont eu des propositions semblables à la tienne, il semble que nous soyons des proies faciles pour les arnaqueurs en tous genres.
RépondreSupprimerRestons vigilants !
Ouff laye laye !!! Oh! mon doux c'est pour dire que 'ont se croit toujours l'abri de tout cela....
RépondreSupprimerOui c'est exactement ceci Messidor ...........SOYONS VIGILENTS!!!!
Bonsoir Jo,
RépondreSupprimerOui, ils sont nombreux et très patients et habiles, on dirait des chasseurs qui attendent
que leur proie tombe dans leur piège.
Soyons plus fins qu'eux, restons prudents.
Bonne et belle soirée!