samedi 18 juillet 2015

Vacances en France (10)


Pas une minute nous ne regretterons notre décision de quitter la côte. La chambre retenue à l’Escalette est grande et bien aérée, un jardin et une jolie terrasse intérieure sont à la disposition des locataires, il y a même tout ce qu’il faut pour se faire la cuisine et manger en plein air. Grâce à notre hôtesse Catherine, généreuse et accueillante, nous en apprendrons un peu plus sur ce bourg riche en histoire, quoique malheureusement en déclin. 






Alet-Les-Bains est une petite station thermale dont les eaux sont réputées dans toute la France et embouteillées depuis 120 ans. Toutefois, sa population ne cesse de décroître et les touristes se font de plus en plus rares, peut-être en raison de la cuisine actuelle plutôt décevante de l’unique restaurant, lequel avait jadis une belle réputation.





Le village a pourtant fière allure. Un superbe pont de pierre surplombe le fleuve Aude, les montagnes culminent à une altitude de 750 mètres. Quelques maisons hautes à colombages, des rues charmantes, des fenêtres bien fleuries sont parmi ses attraits, mais les commerces sont rarissimes, le boulodrome reste souvent désert et le terrain de pique-nique aussi. 




La plupart des belles maisons de pierre, fort heureusement pas celle de l’Escalette, ont été vendues à des Anglais qui les louent à des vacanciers, probablement influencés par le livre à succès de Peter Mayle, Une année en Provence, lequel raconte les plaisirs et les mésaventures de la restauration d’une maison provençale. Impossible de ne pas remarquer que les trois lieux de séjour que j’ai choisis appartiennent à des non-résidants, le premier à un Allemand, le second à un Français exilé à Vancouver et le troisième à un Anglais. Dommage que les Français soient aussi peu nombreux à se réapproprier leurs richesses !



À quelques kilomètres seulement de la petite ville de Limoux, Alet demeure une halte fort agréable qui nous permet de sillonner les routes d’une région agricole de toute beauté. À Saint-Hilaire, où fut inventée la Blanquette de Limoux, un vin blanc légèrement pétillant, les champs de tournesols côtoient les champs de blé. Les montagnes sont douces et bien apprivoisées par les paysans et leurs troupeaux paisibles. Il y a même des châteaux à l’architecture surprenante.







C’est presque à regret que nous quitterons l’Escalette après un petit-déjeuner copieux. 





Mais nous reprendrons la route avec plaisir vers notre prochaine et dernière étape: Brousse-le-Château.

vendredi 17 juillet 2015

Vacances en France (9) Choisir


C’est avec un même émerveillement que nous poursuivons nos visites des plus beaux villages de France. Il y en a tant, même dans la région des Pyrénées orientales, qu’il faudrait au moins une année pour les visiter tous. Faire un choix s’avère donc difficile, nous y allons un peu au hasard. Nous ne nous y arrêtons pas toujours d’ailleurs, par exemple, en voyant ce joli bourg enserré dans sa montagne comme un joyau, je ne ferai que deux photos. Et pour ne pas vous ennuyer, je me contenterai de mentionner, et de montrer quelques images, du village qui nous a semblé le plus intéressant au lendemain de la Saint-Jean,Villefranche-de-Conflent.  






Érigée au bord d’une rivière, construite en marbre rose, une pierre extraite des carrières des environs, la cité est entourée d’une enceinte fortifiée datant de la période médiévale qui fut restaurée à plusieurs reprises au cours des siècles suivants. 





Admirer ses murs aux teintes délicates ou le portail finement ouvragé de son église nous invite à méditer sur les infatigables bâtisseurs qui les ont construits. Et toujours, on retrouve dans ses rues étroites des petits commerces de charme qui témoignent d’un art de vivre ayant traversé le temps. 







Rentrer dans notre studio-bunker après de telles visites s’avère cependant de moins en moins agréable. Nous y dormons mal tous les deux, nous manquons d'air. Au point où sans même nous concerter, nous avons pensé à partir avant la fin du séjour. Trouver une chambre pour y passer deux jours avant le dernier gîte étape du voyage est un jeu d’enfant. Nous voici prêts pour un autre départ et pour une avancée vers une autre belle région. 




Adieu Port-Vendres, bonjour Alet-les-Bains !





mardi 14 juillet 2015

Cybèle ou comment revenir de voyage sans déprimer


Sur la fiche d’identification du refuge où nous l’avons adoptée, elle s’appelait Avon. Pendant le jour suivant, nous l’avons appelée Muscade de la couleur de son joli toupet. Puis, en cherchant un peu, nous avons trouvé que Cybèle, le nom de la déesse grecque gardienne des savoirs, lui convenait encore mieux. Car cette petite chatte de quatre mois apprend très vite et, je n’ai aucun doute, elle ne tardera pas à devenir une chatte savante. Et je n’aurai sûrement pas de mal à lui enseigner à écrire : elle a passé une nuit derrière une de nos bibliothèques parce qu’elle ne parvenait pas à l’escalader. 

 Après avoir manifesté crainte et méfiance à notre égard, elle est maintenant parfaitement à l’aise dans toutes les pièces de la maison. Bien sûr, elle pratique la méthode essais/erreurs; un brin téméraire, elle s’est jetée en bas de la cage d’escalier plutôt que d’emprunter les marches. Elle a aussi failli se brûler en avançant ses charmantes pattes ouatées sur la plaque à cuisson allumée. Elle ne connaît pas le danger, il nous faut faire preuve de vigilance et prévoir ses moindres déplacements, une attention de tous les instants. 

Le gros de notre travail sera de lui apprendre les bonnes manières à table, pour l’instant, elle a tendance à rebondir dans nos plats. Elle manifeste aussi un grand intérêt pour ma cuisine, ce qui n’est pas pour me déplaire. Le mot non, prononcé sur un ton tranchant, est au programme du jour, entrecoupé de grands éclats de rire. 

À celles et à ceux qui redoutent le retour de voyage, la reprise du travail, la lourdeur du climat et son humidité délétère, grande ennemie des articulations, je suggère d’adopter une petite fée comme Cybèle, laquelle est aussi capable d’une grande douceur. Ah, si vous pouviez toucher le velours de sa fourrure, si vous entendiez son petit moteur, une musique à nulle autre pareille … !



dimanche 12 juillet 2015

Vacances en France (8) La côte «merveille»





La route de la côte Vermeille est invitante, nous comprendrons pourquoi les peintres du début du XXème siècle ont été éblouis par sa lumière, nous irons nous aussi découvrir ses secrets. C’est un des grands plaisirs du voyage de rouler le matin, de s'aventurer dans de longues routes en lacets, de gravir et dévaler des pentes vertigineuses pour admirer, nichés au creux d’imposantes montagnes des Pyrénées orientales, de discrets villages aux maisons pastel et aux toits de tuiles rouges.






On nous a dit que ce sera jour de marché à Banyuls en ce lundi, ce n'est pas le cas. C’est donc à Cerbère, dernier bourg français avant d'atteindre l’Espagne, que nous boirons notre café du matin. Tout est en miniature ici, et le marché est permanent: un vendeur de fruits et légumes, un autre de charcuteries, un kiosque où on sert des mets chauds et où on nous emballera un abondant plat de paëlla que nous irons déguster le midi dans notre studio sans fenêtres. Au centre de la place, un jeune femme a installé deux lapins sur un guéridon (dommage, je n’ai pas pensé à les photographier...).  «Ce sont des lapins que nous sortons des chapeaux dans notre cirque, nous dit-elle, venez les caresser.» Elle nous résume l’histoire de sa vie, nous montre des photos de ses parents et de ses frères et soeurs, tous en costumes de clown. Elle est issue d’une famille de «gens de cirque», devancée par cinq générations de forains. Avec un bagout et un art de convaincre peu commun, elle réussit à me vendre une boîte de pastilles au miel du père Dépret pour 5 euros au lieu de 7. Ça tombe bien, j’ai mal à la gorge, l’air climatisé du studio ne me réussit pas.








Le premier village aperçu en Espagne est charmant, nous décidons de nous rendre jusqu’à Cacérès afin d’explorer sa pittoresque ville ancienne. Hélas, c’est un autre nid à touristes, les stationnements sont bondés et nous renonçons vite à nous y arrêter. Les routes que nous empruntons ensuite sont décevantes: commerciales et sans intérêt.




Nous retournerons donc rapidement en France, à Argelès-sur-mer où nous avons si bien mangé à notre arrivée sur la côte et qui possède elle aussi un marché coloré au centre duquel les vendeurs de tapis côtoient les marchands de fleurs et où les musiciens de passage entonnent des chansons de Brassens. 






Nous n’irons pas à Barcelone comme nous l’avions prévu, nous n’irons pas voir de châteaux en Espagne, nous sommes si bien ici,  l’Espagne sera un autre voyage... 




Vive la France !