samedi 6 août 2022

Jour 164 - Frappes près d’un réacteur nucléaire en Ukraine


L’Ukraine et la Russie se sont mutuellement accusées vendredi d’avoir effectué des frappes près d’un réacteur de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, le jour où trois nouveaux chargements de céréales, cruciaux pour la sécurité alimentaire mondiale, ont quitté des ports ukrainiens. 

Dans le même temps, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdoğan, se sont rencontrés à Sotchi, sur les rives de la mer Noire, où ils ont décidé de « renforcer les échanges commerciaux » entre les deux pays. M. Poutine a en outre remercié M. Erdoğan pour ses efforts qui ont permis d’arriver à un accord entre Moscou et l’Ukraine sur les livraisons de céréales. 

La situation était confuse vendredi soir relativement à la situation à Zaporijjia, sous occupation russe depuis début mars. Kiev et Moscou s’accusent mutuellement d’avoir mené « trois frappes » près d’un des réacteurs de la centrale nucléaire. 

«Malgré les provocations des Russes, la centrale continue de fonctionner et de fournir de l’électricité au système énergétique de l’Ukraine », a fait savoir la société d’État Energoatom. Toutefois, « il existe des risques de fuite d’hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives. Le danger d’incendie est élevé». 

 L’armée russe a, quant à elle, parlé dans un communiqué de « tirs d’artillerie » de « formations armées ukrainiennes », à la fois « contre le territoire de la centrale de Zaporijjia et la ville d’Enerhodar », dénonçant des « actes de terrorisme nucléaire ». 

De son côté, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déclaré vendredi que la Russie devait « porter la responsabilité » pour cet « acte de terreur ». L’Agence internationale de l’énergie atomique avait déjà déclaré mardi que la situation était « volatile » à Zaporijjia et devenait « de plus en plus dangereuse de jour en jour ». 

Sur le terrain militaire, les Russes ont une fois de plus vendredi bombardé Mykolaïv, une ville située non loin du front sud. Bilan : 22 blessés, dont un adolescent de 13 ans, et de nombreuses habitations endommagées, selon le maire de la ville, Oleksandr Senkevitch. Un couvre-feu y a été instauré jusqu’à lundi matin afin de neutraliser les « collaborateurs » des Russes. Les forces ukrainiennes mènent une contre-offensive dans le sud du pays, où elles affirment avoir repris plus de 50 villages tombés aux mains des soldats russes. 

Frankie Taggart, à Kiev, Agence France-Presse 
Le Devoir, 6 août 2022

vendredi 5 août 2022

Jour 163 - Rencontre entre Poutine et Erdogan: une coopération compétitive



La fin de la guerre en Ukraine et peut-être le début d'une autre en Syrie domineront la nouvelle rencontre vendredi [aujourd’hui, 5 août] en Russie entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. 

Trois semaines après leur entretien à Téhéran, le chef de l'État turc retrouve son homologue russe à Sotchi sur la mer Noire, fort de son récent succès diplomatique qui a favorisé l'accord international sur la reprise des exportations de céréales ukrainiennes via le Bosphore. 

À Téhéran, le mois dernier, il a été clairement mis en garde par le président russe contre toute nouvelle opération militaire en Syrie visant à repousser les combattants kurdes du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan et ses alliés. 

 Pour les analystes, ces tensions récurrentes font partie de la “coopération compétitive”, qui définit la relation entre les deux dirigeants depuis 20 ans. “La guerre de la Russie contre l'Ukraine a restauré l'image que la Turquie veut donner d'elle-même, celle d'un acteur géopolitique clé, et redonné de la visibilité à Erdogan”, écrivait récemment Asli Aydintasbas, membre du Conseil européen des relations étrangères. 

Pour elle, “la plupart des Turcs soutiennent la position de leur pays de quasi-neutralité entre l'Est et l’Ouest”.

La volonté de la Turquie, quoique membre de l’OTAN,, de rester neutre face à Moscou au sujet de l'Ukraine commence à porter ses fruits. 

Agence France-Presse 
Radio-Canada, 5 août 2022, 0 h,38

jeudi 4 août 2022

Jour 162 - Accusations croisées, découvrir «la vérité»



Le secrétaire général de l’ONU va lancer une mission d’enquête pour découvrir la « vérité » sur les explosions la semaine dernière dans la prison d’Olenivka, dans une zone séparatiste prorusse de l’est de l’Ukraine, a-t-il annoncé mercredi, répondant aux demandes de Kiev et de Moscou.

“J’ai décidé […] de lancer une mission d’enquête” après avoir “reçu les requêtes de la Fédération de Russie et de l’Ukraine”, a dit Antonio Guterres lors d’une conférence de presse, rappelant qu’il n’avait pas l’autorité de conduire des “enquêtes criminelles”. 

“Les termes de référence de cette mission d’enquête sont en train d’être préparés”, a-t-il ajouté, espérant pouvoir trouver un accord avec la Russie et l’Ukraine sur ces termes “Nous espérons obtenir toutes les facilités d’accès de la part des deux parties et l’obtention des données nécessaires pour établir la vérité sur ce qui s’est passé”, a-t-il ajouté, précisant être en train de chercher les personnes adéquates, “indépendantes et compétentes”, pour intégrer cette mission. 

 La semaine dernière, des explosions dans la prison d’Olenivka, dans une zone séparatiste prorusse de l’est de l’Ukraine et où étaient détenus des soldats ukrainiens faits prisonniers à Marioupol, ont fait des dizaines de morts, selon l’armée russe. 

Moscou accuse Kiev d’avoir bombardé ce camp de prisonniers, ce que réfutent les autorités ukrainiennes, qui affirment à l’inverse que ces détenus ont été massacrés par les forces russes. 

Agence France-Presse 
Radio-Canada, 4 août 2022, publié à 1 h 46

mercredi 3 août 2022

Jour 161 - Arrivée à Istanbul du premier chargement de céréales ukrainien


Le premier chargement autorisé de céréales ukrainiennes depuis le début de la guerre le 24 février est arrivé mardi soir au large de la côte nord d’Istanbul sur la mer Noire, a constaté une équipe de l’Agence France-Presse. 

Parti d’Odessa, dans le sud de l’Ukraine, lundi matin avec 26 000 tonnes de maïs destinées au Liban, le Razoni, un cargo sous pavillon sierra-léonais, doit passer la nuit ancré au large des côtes de Turquie et sera inspecté mercredi matin par une équipe internationale à l’entrée du Bosphore, a précisé le ministère turc de la Défense. 

Il était initialement annoncé mardi en début d’après-midi.Mais mercredi matin l’amiral turc Özcan Altunbulak, patron du Centre de coordination conjointe (CCC) qui supervise les opérations, a précisé que le cargo était attendu « après minuit », soit à partir de 21 h GMT, à Istanbul. 

« En raison de l’état de la mer, le bateau n’est attendu qu’après minuit », a-t-il déclaré à la presse.« Il mouillera au large, à un endroit qui lui est réservé. Après les procédures nécessaires, une inspection sera conduite [mercredi matin] par une délégation composée de représentants turcs, russes, ukrainiens et de l’ONU puis le Razoni poursuivra sa route », a déclaré l’amiral turc.  

Nous sommes conscients que nous avons une grande responsabilité et que nous entreprenons une mission historique », a-t-il souligné.Le Razoni se trouvait mardi matin aux deux tiers de sa traversée, au large des côtes bulgares, selon les données du site Marine Traffic et progressait à la vitesse relativement élevée de 11,7 nœuds marins. 

 Dans la nuit le Razoni a déconnecté pendant plus de huit heures son AIS, système d’identification automatique qui permet de suivre sa trajectoire, mais il s’est reconnecté en fin de matinée.   Sollicité, le ministère de la Défense n’a pas donné les raisons de cette manœuvre qui lui permet de disparaître des radars. 

Le cargo a d’abord progressé avec une extrême lenteur (7 nœuds) lundi dans les eaux ukrainiennes en raison de la présence possible de mines et de l’état de la mer, avant d’augmenter sa vitesse, selon Marine Traffic. Le Centre de coordination conjointe, établi à Istanbul, supervise les exportations de céréales ukrainiennes et veille à la stricte application de l’accord signé le 22 juillet entre la Russie, l’Ukraine la Turquie et les Nations unies. 

Selon la procédure décrite par les autorités, « le navire n’entrera pas dans un port d’Istanbul, les inspections seront menées en mer, au mouillage » à l’entrée du Bosphore sur la Mer Noire a précisé le ministère turc de la Défense. 

 La presse a été prévenue de rester à l’écart : « Les bateaux ne seront pas autorisés à s’approcher du navire. Le Commandement des garde-côtes prendra les mesures nécessaires à cet égard » a mis en garde le ministère de la Défense. 

 Agence France-Presse Istanbul, 
 La Presse, mis à jour le 2 août 2022

mardi 2 août 2022

Jour 160 - Un premier chargement de céréales quitte Odessa



Face à la crise alimentaire mondiale, l’Ukraine a repris lundi ses exportations de céréales pour la première fois depuis l’invasion russe, avec le départ, salué unanimement, d’un premier bateau du port d’Odessa, même si Kyiv a jugé qu’il était « trop tôt » pour se réjouir. 

Dans la soirée, les États-Unis ont annoncé l’envoi de nouvelles armes à l’Ukraine, notamment des munitions pour les stratégiques lance-roquettes multiples Himars. Le cargo « Razoni a quitté le port d’Odessa (sud de l’Ukraine, sur la mer Noire) à destination du port de Tripoli au Liban. 

Il est attendu le 2 août à Istanbul », en Turquie, où il sera inspecté, a annoncé lundi matin le ministère turc de la Défense. Selon les autorités ukrainiennes, le bateau est chargé de 26 000 tonnes de maïs. Des céréales sont déjà parties d’Ukraine depuis l’invasion russe le 24 février, mais depuis Berdyansk (sud-est), sur la mer d’Azov, zone occupée par les Russes. 

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a « chaleureusement » salué le départ du navire, exprimant l’espoir que la reprise des exportations ukrainiennes, permise par un accord international, « apportera la stabilité et l’aide indispensables à la sécurité alimentaire mondiale » 

 La ministre britannique Affaires étrangères Liz Truss a de son côté martelé qu’« il ne peut y avoir de nouveau bombardement du port d’Odessa », en référence à une frappe russe sur le port ukrainien le 23 juillet qui avait soulevé l’inquiétude sur la mise en œuvre de l’accord. 

Au cours d’un entretien avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président français Emmanuel Macron l’a assuré de la poursuite des « efforts européens » pour aider Kyiv à exporter ses céréales. 

Selon le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba, 16 autres bateaux chargés de céréales « attendent leur tour » pour quitter Odessa, qui concentrait avant la guerre 60 % de l’activité portuaire du pays. 

 Mais lundi soir, M. Zelensky a jugé qu’« il est trop tôt pour en tirer des conclusions et faire des prévisions », dans son allocution quotidienne. « Attendons de voir comment l’accord fonctionnera et si la sécurité sera vraiment garantie », même si « c’est un premier signal positif que nous arriverons à stopper la crise alimentaire mondiale ».  

Agence France-Presse 
La Presse, 1er août 2022 

lundi 1 août 2022

Jour 159 - Violents bombardements à Mikolaïv



La ville de Mykolaïv, dans le sud de l’Ukraine, a été la cible de bombardements russes massifs, probablement « les plus forts » depuis le début de la guerre, qui ont tué un entrepreneur céréalier connu et son épouse, ont annoncé les autorités dimanche. 

« Mykolaïv a subi des bombardements massifs aujourd’hui. Probablement les plus forts jusqu’à présent », depuis l’invasion russe le 24 février, a écrit sur Telegram le maire de la ville, Oleksandre Senkevytch, selon lequel de « puissantes explosions » ont été entendues à deux reprises pendant la nuit de samedi à dimanche. 

 Le gouverneur de la région, Vitaliy Kim, a fait état de deux morts, un couple de civils, dans ces frappes. Il s’agit d’Oleksiï Vadatoursky, 74 ans, propriétaire de la principale société ukrainienne de logistique céréalière Niboulon, et de son épouse, Raïssa Vadatourska, qui étaient chez eux au moment des frappes, selon les autorités ukrainiennes. 

 Millionnaire et « héros de l’Ukraine », Oleksiï Vadatoursky était le 24e Ukrainien le plus riche sur la liste du magazine Forbes en 2021. Avant la guerre, sa société exportait des céréales dans 70 pays. 

 D’autres frappes ont touché les régions de Kharkiv (est) et de Soumy (nord-est). Quelques bâtiments ont été endommagés dans « une série d’explosions » à Kharkiv, a annoncé le maire de la deuxième ville ukrainienne, Igor Terekhov. 

Une personne a été tuée et deux ont été blessées dans la région de Soumy qui a été la cible de « plus de 50 frappes » au cours des dernières 24 heures, selon le gouverneur, Dmytro Jyvytsky. Pavlo Kyrylenko, gouverneur de la région de Donetsk, où Moscou concentre le gros de ses attaques, a déclaré que trois civils avaient été tués et que huit avaient été blessés dans des bombardements samedi. 

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a appelé samedi soir la population à évacuer la région de Donetsk dans l’est du pays, dont les villes sont la cible de bombardements meurtriers, pour échapper à la « terreur russe ». 

« Des centaines de milliers de personnes et d’enfants se trouvent encore dans les zones de combats acharnés de la région de Donetsk […] Plus il y aura de personnes qui quitteront la région de Donetsk maintenant, moins l’armée russe tuera », a-t-il déclaré en assurant qu’une décision gouvernementale sur l’« évacuation obligatoire » de la région avait été prise.

Agence France-Presse
Le Devoir, 1er août 2022

dimanche 31 juillet 2022

Jour 158 - Face à la «terreur russe» Zelensky exige l’évacuation de Donetsk



Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé samedi soir la population à évacuer la région de Donetsk, dans l'est du pays, dont les villes sont la cible de bombardements meurtriers, pour échapper à la « terreur russe » et aux bombardements sur cette région de l'est où Kiev demande à la Croix-Rouge et à l'ONU de se rendre auprès de ses soldats prisonniers des forces russes. 

“Une décision gouvernementale a été prise sur l'évacuation obligatoire de la région de Donetsk”, a déclaré M. Zelensky dans une vidéo publiée dans la soirée. “S'il vous plaît, évacuez”, a-t-il demandé. À ce stade de la guerre, la terreur est la principale arme de la Russie”, a-t-il souligné. 

La vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk avait précédemment annoncé l'évacuation obligatoire pour toute la population du Donetsk, l'une des deux régions administratives du bassin industriel du Donbass où la Russie gagne du terrain. Elle avait motivé cette décision, dans des déclarations à la télévision, par la destruction des réseaux de gaz et l'absence de chauffage l'hiver prochain dans la région. 

 Les frappes russes sur les villes de la région font pratiquement tous les jours des victimes dans la population civile. 

Vendredi, le bombardement d'un baraquement abritant des soldats ukrainiens prisonniers à Olenivka, en territoire occupé par les Russes dans la région de Donetsk, a fait une cinquantaine de morts. 

Agence France-Presse 
Radio-Canada, 30 juillet 2022