samedi 3 mai 2014

Pour mordus de Dowton Abbey seulement !





Cet article paru dans le quotidien français Le Monde s’adresse aux fervents qui ont suivi la troisième saison de Dowton Abbey, et qui ont été choqués par la fin du dernier épisode. Les personnes qui ne l’auraient pas encore vu feraient mieux de ne pas le lire ce qui suit. En revanche, les autres apprécieront.

Les 30 secondes qui ont (peut-être) tué Downton Abbey
par François Etner

« Le soir de Noël, ITV1 a diffusé le Christmas Special 2012, dernier épisode de la troisième saison de Downton Abbey. Une heure et demie dans la continuité des épisodes précédents, qui a confirmé la qualité que la série a su maintenir depuis sa création. Intrigue originale, authenticité historique, scénario très travaillé, diversité des personnages, questionnement profond sur les relations qu’entretiennent maîtres et serviteurs, Downton Abbey a transformé Gosford Park, le film dont elle s’inspire, en une série d’excellent niveau.
Pourtant, ce 25 décembre, les toutes dernières secondes de l’épisode ont suscité la colère, l’incompréhension et la tristesse chez les fans. Le Christmas Special s’est terminé d’une façon très frustrante, posant de nombreuses questions sur Downton Abbey et son avenir, auxquelles nous nous proposons de tenter de répondre.
Downton Abbey était-elle la meilleure série ?
Oui et non. Quelle est la meilleure série encore à l’écran ? Chacun répondra en fonction de ses thèmes de prédilection : ceux qui apprécient les joutes politiques valoriseront House of Cards (qui devance de peu Borgen), ceux qui s’intéressent à l’espionnage et à la lutte contre le terrorisme choisiront Homeland, ceux qui préfèrent le charme des années 1960 s’orienteront vers Mad Men, ceux qui plébiscitent les séries policières pourront se tourner vers The Following, ceux qui sont sensibles à l’univers médiéval-fantastique évoqueront Game of Thrones, ceux qui ont un intérêt prononcé pour les séries juridiques ne peuvent que favoriser The Good Wife, ceux qui ne dédaignent pas les séries d’animation ou les séries humoristiques s’orienteront vers Archer, ceux qui aiment les séries inclassables estimeront Breaking Bad, et enfin, ceux qui ne jurent que par les séries d’époque éliront Downton Abbey (devant The Paradise).
Ceci dit, si l’on met de côté ce classement par thème pour faire apparaître un classement « toutes catégories confondues », nul doute que The Following, Archer, The Good Wife, voire Game of Thrones sortent de la compétition. Reste donc un quinté de tête, dont fait partie Downton Abbey.
Downton Abbey a-t-elle perdu ce titre de « meilleure série » dans les dernières secondes du Christmas Special 2012 ? (Attention, spoiler.)
Oui. Rappelez-vous : la mort de Lady Sybil avait constitué l’élément le plus poignant de cette troisième saison. Ce décès était bien intégré dans le scénario et constituait un rebondissement de qualité. Il confrontait cette famille à la nécessité de changer, de s’ouvrir au monde, comme l’a symbolisé l’acceptation de Tom, mari de Sybil et ancien chauffeur, comme membre à part entière de la famille Crawley.
Puis, nous avons quitté Downton Abbey pendant quelques semaines pour mieux la retrouver à Noël, pour le très attendu Christmas Special. Nous avions en mémoire le Christmas Special de l’année précédente, qui avait été si riche en émotions. Cette année, coup de théâtre : après des mois de tentatives infructueuses, Lady Mary est tombée enceinte.
A la toute fin de l’épisode, elle accouche d’un fils. Son mari Matthew les rejoint à la clinique, dit à Mary combien il est amoureux d’elle. Puis, il prend sa voiture pour annoncer la nouvelle au reste de la famille qui est resté à Downton Abbey. Il roule à vive allure (pour l’époque), son visage est radieux. Puis, une fourgonnette surgit en face de lui.
Le plan suivant met en scène Violet Crawley qui dit : « Mais bon, nous n’avons pas toujours le sort que nous méritons ». Elle annonce ainsi la catastrophe qui va survenir : Matthew fait un écart, sort de la route ; la voiture percute quelque chose et Matthew décède sur le coup.
Cette mort arrive de façon inattendue et sans lien avec le reste de l’histoire. Il y a presque une sorte d’invraisemblance dans cet accident. Celui-ci rend inutilement sombre une troisième saison qui aurait pu être celle de la maturité pour Downton.
Ce côté sombre a-t-il sa place dans la série ?
Oui et non. L’accident de Matthew vient rappeler ce que la mort d’un proche peut avoir d’inacceptable. Julian Fellowes nous fait vivre ce que la mort peut avoir de plus inadmissible, d’impensable : l’idée que sans préavis, sans que l’on y soit préparé, le décès d’un être aimé peut survenir. Downton Abbey devait-il nous prémunir de ce qui arrive si régulièrement dans la réalité ? Infarctus, accidents de la route, suicides, les exemples de morts brusques ne manquent pas.
En tout cas, cet accident rompt le fil résolument optimiste des épisodes. Il nous laisse aux prises avec un triple sentiment d’abandon : mort d’un personnage essentiel, fin de la troisième saison (donc pas d’épisodes pendant des mois), et peut-être fin d’une grande série.
S’agit-il vraiment d’une faiblesse scénaristique ?
Oui. Si la mort de Matthew apparaît aussi étonnante, c’est que la décision de faire mourir ce personnage a été une décision « subie » par Julian Fellowes, le créateur de Downton Abbey. En effet, Dan Stevens, qui jouait Matthew, a décidé de quitter l’aventure. « Nous n’avions pas d’autre possibilité, vraiment. Je suis aussi désolé que tout le monde », commente Julian Fellowes. Il fallait que Matthew meure pendant le Christmas Special.
De son côté, Dan Stevens explique que l’engagement initial ne portait que sur trois saisons. « Et quand c’est venu, ça a été une décision très difficile. Mais ça semblait un bon moment pour faire le point, pour prendre de la distance. D’un point de vue personnel, j’ai voulu une chance de faire d’autres choses ».
Julian Fellowes aurait néanmoins préféré avoir encore Dan Stevens pour quelques épisodes : « S’il était prêt à revenir pour deux ou trois épisodes, ça aurait pu être différent. Nous aurions pu l’envoyer à l’étranger ou inventer une carrière qui l’aurait éloigné. » Julian Fellowes avait aussi envisagé de « tuer » Matthew d’une façon plus satisfaisante, par exemple au premier épisode de la saison 4, pour que la saison 3 se termine sur une note positive. Mais Dan Stevens avait pris une décision irrévocable.
Ainsi, le créateur de Downton Abbey lui-même montre de véritables réticences concernant la fin de cette saison.
La série est-elle menacée ?
Oui. La série rencontre un problème d’envergure, qui constitue un véritable casse-tête pour Julian Fellowes et les producteurs : la défection de Dan Stevens n’est pas la première. Jessica Brown Findlay (Lady Sybil dans la série) avait également fait savoir qu’elle ne souhaitait pas poursuivre l’aventure. Sybil est donc décédée après avoir accouché, à l’épisode 5 de cette troisième saison. Downton Abbey entamera ainsi sa quatrième saison avec deux personnages très appréciés en moins.
D’autre part, une nouvelle défection d’un acteur principal pourrait avoir des conséquences importantes sur l’avenir de la série : il n’est pas possible de tuer un personnage à chaque fois qu’un acteur a des envies d’ailleurs !
Y a-t-il une solution ?
Oui. Vu le nombre de premiers et de seconds rôle, il ne paraît pas possible de se prémunir complètement contre un ou plusieurs départs dans les mois à venir. Prenons deux exemples : Lost a perdu Elizabeth Mitchell (Juliet), qui a accepté un premier rôle dans V. Spartacus a perdu Andy Whitfield (Spartacus), mort d’un cancer et Lesley-Ann Brandt (Naevia), qui a décidé de ne pas renouveler son contrat. Deux poids, deux mesures : dans Lost, le personnage joué par Elizabeth Mitchell est décédé à la fin de la saison 5 ; dans Spartacus, les deux acteurs ont été remplacés (après, il est vrai, une saison de transition, dans l’espoir qu’Andy Whitfiled se rétablisse). Cette solution n’est pas idéale, les acteurs n’étant pas interchangeables, mais elle a pour elle de maintenir la cohérence du récit.
Julian Fellowes est-il trop fataliste ?
Oui. Quand Julian Fellowes nous dit : « Nous aurions adoré le garder (…) Nous aurions adoré garder Jessica aussi (…) Nous avons tout fait pour le persuader de rester », il montre son impuissance face à la détermination de ses comédiens. Cependant, quand il affirme qu’il n’avait pas vraiment d’autres choix que de faire mourir Matthew Crawley dans un accident de voiture, nous pouvons être en désaccord : il y avait d’autres possibilités, soit scénaristiquement moins incongrues, soit avec le remplacement d’un des acteurs ou des deux.
Ici, la solution la plus adaptée était sûrement de se séparer de Jessica Brown Findlay et de remplacer Dan Stevens. En effet, d’une part, la mort de Lady Sybil apparaît vraisemblable, bien amenée, dans la logique des choses pour l’époque. D’autre part, autant certains acteurs apportent tellement d’eux-mêmes à leur personnage qu’un remplacement n’est pas envisageable (la formidable Maggie Smith, par exemple, si justement récompensée aux Golden Globes cette année), autant le personnage de Matthew conservait une réserve et un flegme que le jeu de nombreux acteurs pouvait approcher.
Dan Stevens a-t-il eu raison de partir ?
Oui et non. La question se pose toujours pour un acteur d’une série à succès de savoir s’il ne va pas être trop marqué par son rôle ou si on va lui proposer de nouveaux rôles intéressants, différents du rôle qui l’a fait connaître. La carrière de Matt LeBlanc après Friends ne s’est-elle pas résumée à un spin-off de Friends (Joey) et une série où il joue son propre rôle (Episodes) ?
Les audiences de Joey se sont progressivement amenuisées jusqu’à l’annulation de la série en milieu de deuxième saison. Les audiences d’Episodes sont minimes, comparées à celles que Friends a maintenues pendant dix ans. Serait-il arrivé la même chose à Dan Stevens ? Probablement pas. Le jeu de Matt LeBlanc est très expressif, un peu outré, peu réaliste mais très adapté à une série avec des rires enregistrés.
Disons-le autrement : Matt LeBlanc n’est pas un bon acteur, contrairement à ce que pourrait laisser penser son Golden Globe en 2012. Donc peu de débouchés vers d’autres supports, comme le cinéma, ou une série de qualité. Dans Downton Abbey, les acteurs jouent juste. La porte vers des longs-métrages (comme pour Michelle Dockery dans Restless), des moyens-métrages (Jessica Brown Findlay dans le deuxième épisode de Black Mirror) ou des séries est donc ouverte.
Ceci étant, on admettra volontiers que la situation est plus aisée pour les acteurs qui ont déjà une carrière riche et variée derrière eux : qui pourrait penser que Maggie Smith (Violet Crawley) va être identifiée pour le restant de sa vie comme la douairière, quand celle-ci est déjà reconnue pour sa carrière théâtrale et très connue pour son rôle du professeur McGonagall dans la saga Harry Potter ? De la même façon, Don Cheadle (House of Lies) ou Kevin Bacon (The Following) ne pâtiront pas de leur implication dans une série. Et que dire de Bryan Cranston qui réussit la prouesse de jouer dans Drive et Argo à côté de Breaking Bad !
Il y a cependant d’autres aspects qui entrent en considération, comme la rémunération ou le sentiment d’être enfermé dans une certaine forme de travail : « C’est un travail très accaparant. Donc il y a un étrange sentiment de libération, et en même temps une grande tristesse, parce que je suis très très attaché à cette série et je le serai toujours », confie Dan Stevens.
Nous aussi, nous avons été très attachés à cette série, et la mort de Matthew nous apporte aussi une grande tristesse… inutile ? Quant au sentiment de libération, il y a peu de chance que nous le partagions avec Dan Stevens ; ce
que nous rencontrons s’approche plutôt d’une certaine désillusion.
Reste une dernière question pour clore ce billet : Downton Abbey se relèvera-t-elle de ce tournant mal négocié ? Ici, tout demeure possible. Il s’agit de la première crise que traverse la série. Avec toute la créativité qui la caractérise, et un surplus d’audace, la série aura comme dure tâche de renaître. Après tout, tout ceci n’est peut-être qu’un accident de parcours…»


La pensée du samedi



Encore un peu d’ironie ce matin,
il nous en faut pour rester vivants, confiants,  joyeux.




« La vie nous a donné à tous, à un moment ou à un autre,
des instants durant lesquels tout ce que nous faisions
avait la transparence du cristal et l’azur d’un ciel sans nuage.»

Anne Murray

vendredi 2 mai 2014

La citation du jour




«Le printemps, c’est tout un poème,
on en parle, on le pratique, on l’attend…»

Alphonse Boudard

jeudi 1 mai 2014

Le sourire du jeudi




« La vie, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe,
c’est d’apprendre à danser sous la pluie.»

Sénèque

mercredi 30 avril 2014

La partage du mercredi: Quand le Québec se repeint en rouge !





Cette lettre-fiction, écrite avec humour et dérision, est

signée Pierre René Dansereau et a été publiée dans Le Devoir 

le 29 avril 2014.

Montréal, le 30 avril 2030


Comment se fait-il qu’aujourd’hui en 2030, certains francophones natifs du Québec profond débarquent à Montréal avec une si piètre connaissance de l’anglais. Pourtant, il y a déjà plus de 15 ans, le gouvernement Couillard instaurait des cours d’anglais intensif dans les écoles primaires de la belle province. En 2014, le ministre de l’époque, M. Yves Bolduc, laissait entendre que l’anglais intensif en sixième année permettrait de bilinguiser tous les petits Québécois. Quelques années plus tard après sa réélection en 2018, le gouvernement libéral rajoutait une autre année d’anglais intensif en 5e année du primaire puis en 1re année du secondaire.

À l’époque, les animateurs de radio de la ville de Québec avaient mené une campagne passionnée pour exiger cette mesure. Unilingue francophone, Sylvain Bouchard, du 93,3, se considérait d’ailleurs comme un handicapé et craignait que ses enfants ne subissent le même sort. Malgré tous les efforts déployés depuis, on constate que la maîtrise parfaite de l’anglais fait encore défaut dans les régions éloignées de la province. En revanche, nous avons observé des résultats spectaculaires à Montréal où tous les Québécois peuvent maintenant s’exprimer dans un excellent anglais et communiquer efficacement avec les immigrants. Il n’est donc plus nécessaire d’obliger ces derniers à apprendre le français, une idée aberrante autrefois défendue par les nationalistes arriérés. Comment a-t-on pu croire qu’on pouvait étudier sérieusement ou travailler en français dans une grande ville internationale comme Montréal ?

Bien des hommes et des femmes d’affaires, dont l’illustre Gilbert Rozon, notent aujourd’hui avec satisfaction que les anciennes universités francophones ont évolué vers une plus grande efficacité. À l’Université de Montreal University et à l’UQAM-QUAM, tous les cours sont donnés en anglais dans les facultés qui enseignent les vraies affaires : le commerce, le droit, le génie, l’administration. De même, les anciens cégeps de la métropole se sont progressivement convertis à l’anglais depuis 2020, tout le monde ayant compris que des études post-secondaires sérieuses doivent se faire dans la langue de l’Économie.

Seuls les départements et les facultés d’arts et lettres continuent d’offrir des cours en français, car notre belle langue mérite d’être conservée pour nourrir la richesse de la diversité canadienne. Afin de donner une chance égale aux petits Québécois des régions éloignées, nous encourageons le nouveau gouvernement libéral à aller de l’avant avec son projet de bilinguiser dès cette année toutes les écoles primaires et secondaires de la province. Cela ne constitue nullement une menace pour le français, comme certaines personnes osent encore le prétendre. La nouvelle ministre de l’Éducation, Mme Lysiane Dubuc, a été très convaincante en entrevue la semaine dernière avec Marie-Christine Brazeau : notre belle langue française doit continuer de fleurir à l’intérieur de nos familles et de nos maisons. Les francophones continueront d’apprendre une certaine base en français, pour les mots du quotidien.

Mais c’est en anglais que nos jeunes réussiront leurs carrières, tout le monde en conviendra en 2030. Avec le français chez soi et l’anglais au travail, les moutons seront bien gardés, l’économie pourra prospérer et l’avenir de nos enfants sera assuré. Très bientôt, les Québécois de toutes les régions seront aussi bilingues que les autres Canadiens français du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario, et tous ensemble nous serons fiers de constituer une grande minorité culturelle dans le Canada d’aujourd’hui. Merci Madame la Ministre.

Et comme disait l’humoriste bien connu Honey Tammy, dans son nouveau spectacle 100 % en mots français : « Les francophones peuvent garder leur confidence de pouvoir parler avec leurs relatives. Quel est le point de faire des démonstrations dans la rue? Ça te porte à une non-issue d’adresser la langue comme un problème, car à la fin de la journée, nous sommes tous des Canadiens qui se rencontrent avec la langue anglaise. »




mardi 29 avril 2014

Le sourire du mardi





« Le temps mène la vie dure à ceux qui veulent le tuer. »

Jacques  Prévert

lundi 28 avril 2014

La pensée du lundi




« Le bon esprit consiste à retrancher tout discours inutile,
et à dire beaucoup en peu de mots.»

Fénelon

dimanche 27 avril 2014

La pensée du dimanche




« Il y a des jours, des mois, des années interminables
où il ne se passe presque rien.
Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde. »

Jean d' Ormesson