vendredi 6 janvier 2023

Jour 317 - Trêve de plaisanterie


C’est une trêve qui est passée à l’histoire. Un cessez-le-feu en 1914 en plein milieu de la Première Guerre mondiale le temps de célébrer Noël. Les Allemands s’étaient mis à chanter dans leurs tranchées. Les Britanniques les avaient imités. Dans le no man’s land, les Français avaient partagé leur champagne. 

Pendant 36 heures, les ennemis étaient redevenus des humains sans drapeaux. 

Bien sûr, on connaît la suite – 20 millions de morts, 20 millions de blessés en quatre ans – mais la trêve de Noël, aussi temporaire qu’elle ait été, a marqué l’imaginaire et inspiré le magnifique film Joyeux Noël. En le regardant, on se rappelle combien l’homme est capable du meilleur comme du pire, souvent la même journée. 

Et voilà donc que le président russe, Vladimir Poutine, a décidé de décréter unilatéralement un cessez-le-feu de 36 heures sur la ligne de front ukrainienne pour souligner la Noël orthodoxe. De midi, heure de Moscou, en ce 6 janvier jusqu’à minuit le 7 janvier. Tiens, tiens. 

En l’annonçant, il n’a pas parlé des soldats allemands, français et britanniques qui ont joué au soccer ensemble il y a un peu plus d’un siècle, mais bien de l’appel du patriarche de l’Église orthodoxe russe, Cyrille, son grand allié et faire-valoir idéologique. 

Voyez-vous, l’armée russe pilonne depuis 10 mois les écoles, les hôpitaux, les théâtres et les infrastructures essentielles d’Ukraine, bafouant à qui mieux mieux le droit de la guerre et les droits des civils, mais le président russe ne voudrait surtout pas empêcher les croyants de se rendre à l’église en ce Noël du calendrier julien. Ce serait inhumain, un crime contre la décence ! 

Trêve de plaisanterie. Ce cessez-le-feu n’est pas une branche d’olivier offerte à l’Ukraine en cadeau de Noël. « C’est une opération de relations publiques pour permettre à Vladimir Poutine d’affirmer la supériorité morale de la Russie, et non pas pour mener à une désescalade du conflit et à un cessez-le-feu durable, estime Simon Schlegel, analyste de l’organisation Crisis Group, basé dans l’ouest de l’Ukraine. C’est d’abord un message destiné au public russe. » 

Ce n’est pas la première fois que la Russie présente une action comme un geste de bonne volonté. « Elle l’a fait quand l’armée russe s’est retirée de Kyiv. Quand elle a quitté l’île des Serpents », rappelle celui qui suit de près le conflit ukraino-russe depuis 2017. 

En d’autres termes, quand l’armée russe est dans le pétrin, elle tente de couvrir d’une aura de sainteté ses propres défaites, ses propres reculs. 

Ça paraît très bien à la télévision russe, mais ça n’épate absolument pas le gouvernement de Kyiv, qui a qualifié la trêve de Poutine de « geste de propagande » et d’« hypocrisie ». Avec raison. 

En ce moment, [...] Pour lire la suite et la chronique en entier, https://www.lapresse.ca/international/chroniques/2023-01-06/treve-de-plaisanterie.php

Chronique de Laura-Julie Perreault 
La Presse, 6 janvier 2023

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