mardi 7 juillet 2015

Vacances en France (3) La mémoire infidèle

Les Baux de Provence, une rue

Retourner dans un lieu qu’on a vénéré, c’est s’exposer à des déceptions, c’est mettre ses souvenirs à l’épreuve, c’est se poser des questions sur le temps qui passe et la mémoire si effrontément infidèle qui est la nôtre. C’est ce que nous avons éprouvé en retournant visiter Les Baux de Provence, un petit village niché dans un site remarquable. Bien entendu les pierres n’ont pas bougé, le bourg est toujours là, magnifiquement perché entre les rochers, et les réflexions mêlées d’étonnement et d’admiration qu’il suscite sont encore les mêmes, pourquoi les hommes ont-ils construit des villages dans des lieux aussi peu accessibles ? Quels efforts, quel travail acharné il leur a fallu fournir pour ériger ces murs élevés patiemment, pierre par pierre !


Les Baux de Provence, le site entourant le village, où on peut voir des habitations récentes et des piscines.

Pourtant, la magie première n’opère plus. Bien sûr, il n’y avait pas en 1976 tous ces touristes en culottes courtes et en casquettes qui sortent de cars bondés pour se procurer cartes postales et souvenirs. Les boutiques y pullulent, c’est vrai, mais les objets qu’on y offre ne sont pas aussi triviaux qu’on pourrait le supposer, il y a de jolies choses, des créations originales, des oeuvres d’art peut-être. Ce qui nous a semblé différent, et c’est là que les souvenirs s'imprécisent et s’éparpillent comme des pétales fanés, c’est qu’il y avait encore à l’époque où nous y sommes venus des joueurs de boules et des petits cafés où il faisait bon savourer un pastis en ne faisant rien. Dans nos souvenirs, ce village était habité de chats et d’humains, il était vivant.

 Je me suis demandé comment il serait à la tombée du jour, quand les visiteurs reprendraient la route de leur hôtel, quand les boutiquiers refermeraient les rideaux de fer de leurs commerces et les artisans les fenêtres de leur atelier.



Un chat orange allait-il surgir d’une petite ruelle et venir frôler nos jambes, en quête d’une caresse, une dame et sa petite fille allaient-elles ouvrir les volets de leur maison pour observer le soleil disparaître à l’horizon ?


Vignes et lavandes se côtoient

Nous n’avons pas attendu la fin de cette belle journée pour avoir une réponse, nous sommes repartis sans savoir si ce village était encore habité. Nous avons repris la route vers notre maison de location, traversant d’autres villages, nous emplissant les yeux de champs de lavande, de vignes vertes ou de blés dorés. 



Et nous avons retrouvé dans la maison de Saint-Laurent les chatons qui aiment venir nous épier derrière la fenêtre. 




Ce soir-là, nous avons mangé à la maison.




3 commentaires:

  1. On croirait lire un roman et on en veut encore et encore .

    Le petit minet semblait vous avoir adopté.

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  2. Oh! que oui la mémoire nous joue des tours....
    J'ai moi aussi été excitée de retourner dans certains endroits ou est ce que la magie m'avait habitée....
    Mais plus d'une fois j'ai espérer la retrouver mais non...alors là une certaine forme de déception vient s'installée...
    Et ont se demande ou sont passés ces beaux souvenirs....

    Alors je commence à me demander si nos âges vaut mieux ne pas se permettre d'autres horizons...

    Tu sais c'est toujours aussi intéressant...de te lire.....j'aimes...♥
    Et le petit chaton est adorable, je l'aurais mis facilement dans mes bagages...main non...
    Mais déjà que d'avoir cette chance qu'il y soit durant le séjour agrémente de petites joies...
    Et merci pour les photos qui accompagnent le récit...tu es une experte maintenant...

    À bientôt

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    Réponses
    1. Bonjour Puce,
      Eh bien, il y aura une suite. À présent que j’ai commencé, je ne peux plus m’arrêter.
      Mais tu le sais, il n’y a rien que j’aie romancé, ce ne sont plus des réflexions mêlées à des images
      pour mieux nous souvenir.

      Chère Jo,
      Oui, on voudrait bien retrouver le même lieu inchangé et, bien sûr
      les sensations heureuses qu’il nous a procurées, mais ce n’est pas possible.
      Le lieu a changé et nous avons changé.
      C’est un peu comme revoir un ancien amoureux, la magie ne joue plus,
      pour les mêmes raisons, parce que nous avons tous les deux changé.
      Et c’est bien ainsi, il faut avancer vers d’autres découvertes.

      Bon, je bavarde, donne-nous de tes nouvelles...!


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