vendredi 25 janvier 2013

Qui donc aime le froid ?

Un visiteur courageux

Le fleuve glacé près de ses rives

Bien plus une chronique qu'un éditorial et qui pose une question à laquelle j'aimerais bien trouver une réponse. Connaissez-vous des gens qui apprécient le froid ?


Un éditorial signé Mario Roy publié dans La Presse, le 25 janvier 2012

La froidure

Froidure. C'est le genre de mot que l'on soupçonne toujours d'avoir été inventé par Gilles Vigneault! Mais non. Apparemment, on l'employait déjà au XIIe siècle, preuve qu'au moins une partie de l'humanité grelottait à cette époque autant que nous, aujourd'hui.

Si on remonte plus loin encore, on remarquera que la première conquête technologique de l'Homo sapiens fut la maîtrise du feu. Ingénieux. Car, avec deux ou trois espèces de prédateurs et quelques virus assortis, le froid était l'un des pires ennemis de l'homme de la préhistoire.
Le froid tue, en effet.

Évidemment, c'est moins courant de nos jours - bien qu'un itinérant en soit mort, lundi, à Toronto: cela arrive chaque année malgré les précautions. Sinon, le froid se contente de causer de gros désagréments et d'engloutir des ressources considérables, autant celles des familles que celles des gouvernements.

***
Sur ce dernier point, on n'est jamais arrivé à calculer de façon irréfutable le coût d'un hiver québécois. Les estimations se situent en général quelque part entre 10 et 20 milliards de dollars.

Or, la plus grande partie ne va pas au déneigement (plus ou moins un milliard), mais à la lutte contre le froid. Le chauffage lui-même (mercredi et hier, la consommation d'électricité a frôlé des pointes de 40 000 mégawatts, un record). L'isolation des immeubles. Les vêtements de saison. Les dégâts causés aux infrastructures tout comme à la santé. Et c'est une bien mince consolation d'apprendre que l'actuelle vague de froid, inédite depuis 2005, serait causée par le... réchauffement de la stratosphère!

Cependant, le pire ne peut être traduit en chiffres.
Chacun aime ou pas l'hiver. Et, chez les seconds, un chaud débat oppose les anti-neige aux anti-froid: qu'est-ce qui est le plus exaspérant? Or, à notre humble avis, la cause est entendue. Si on peut trouver des vertus à la neige (la beauté, l'apaisement qu'elle inspire, les jeux et sports qu'elle permet), il est difficile d'attribuer la moindre qualité au froid. Et ce, dès l'instant où le mercure chute de plus de quelques degrés sous le point de congélation.

Le chauffage de fortune déclenche l'incendie. L'eau gèle dans les tuyaux, y compris ceux de la ville, jusqu'à éclatement. La glace noire mène l'automobiliste au carambolage et le piéton à la fracture de la hanche. L'engelure menace les extrémités. Les poumons se révoltent contre l'humidité surgelée qui leur est offerte...
Résultat: la haine pure. «Nous chantons un pays que nous détestons six mois par année!» écrivait en 1999 le regretté Bernard Arcand dans Abolissons l'hiver. Le fait est que les chantres de l'hiver excellent dans les élans poétiques célébrant la neige - manteau immaculé, cristaux étincelants, carriole, bonhomme et tout le folklore.
Mais peu d'entre eux parviennent à assembler ne serait-ce qu'un seul alexandrin à la gloire du froid!

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