vendredi 27 juin 2014

Le clin d'oeil du chat (23)





Besoin de vacances

Je n’en peux plus, il me faut le dire ou l'écrire,  mes vieux sont devenus insupportables depuis qu’ils ont décidé de partir. Je n’ai jamais vécu pareille absurdité : ce sont mes parents adoptifs qui s’en vont, et moi, le chat de la maison, qui ai besoin de vacances. Ils sont de bonne foi, pour me tenir dans l’ignorance, par crainte que la perspective de leur départ me rende malheureux, ils ont tout mis en oeuvre pour me cacher leur escapade, se parlant à voix basse, complotant dans mon dos, se lançant des œillades entendues, cachant cartes et guides de voyage. Bref, ils ont fait tout ce qu’ils croient utile pour que j’ignore leur projet comme si j’étais un parfait imbécile. Mais je ne suis pas dupe et leur attitude m’exaspère au plus haut point. Comme si je pouvais ne pas voir leurs figures réjouies, leur air surexcité, la joie qui fait pétiller leurs yeux. Ma mère a le visage rêveur d’une illuminée que je lui vois seulement quand elle est sur le point de partir en voyage; mon père, quand il n’affiche pas un air angoissé qui accompagne chacun de ses départs, chantonne et sourit en faisant le ménage. Parce qu’ils se sont décidés très rapidement, ils ont eu du mal à trouver une maison à louer pour dix jours en cette période de l'année, mais ils semblent à présent très heureux de leur choix.

Le plus éprouvant fut l’épisode des passeports. Les leurs n’étaient plus valides, ils ont dû faire de nouvelles demandes, puis attendre que les nouveaux leur soient postés. Les délais étant très serrés, mon père s’est fait du mauvais sang, terrorisé à l’idée qu’ils ne soient pas arrivés le jour du départ. Il a passé plusieurs nuits à ruminer et lundi, quand il a constaté que la boîte aux lettres était vide, il est devenu livide. Par chance, quelques minutes plus tard, la postière a tendu une enveloppe à ma mère. Oui, mais une seule, seul le passeport de mon paternel était dedans. Et comme le lendemain était le jour de la Saint-Jean, l’homme m’a donc fait subir deux autres nuits d’enfer à se retourner continuellement dans notre lit. Comme de raison, le passeport est arrivé avant-hier et il a pu retrouver une certaine sérénité.

À les voir aussi fébriles et enthousiastes, on pourrait croire qu’ils vont résider dans une villa au charme romantique dans un décor de carte postale. Il n’en est rien. J’ai pu voir des photos dans l’ordinateur de ma mère, le chalet est minuscule et rudimentaire, la cuisine exiguë avec seulement un poêle à deux ronds, la salle de bains n’a pas de baignoire et la petite télé date de l’âge de pierre. Je me suis dit : ouille, mes pauvres parents s'en vont manger de la misère !

Ne croyez pas que cela me réjouisse, je compatis, je me demande d’ailleurs comment ils pourront s’adapter à une situation aussi éloignée de leur réalité quotidienne. Sur les photos montrant des images des alentours, on voit des pêcheurs au large et des mouettes folles qui suivent leurs barques, de bien peu d’intérêt quand on les compare aux superbes paquebots dont on peut contempler les passages ici. Je ne vois pas ce qu’ils trouvent d’aussi désirable à se rendre aussi loin pour voir la mer, cette étendue tellement plus plate que le fleuve qui coule devant chez nous, admirable porteur de canards, de bernaches et de transatlantiques.

N’empêche, je suis heureux qu’ils s’en aillent ! Leurs amis qui viennent prendre soin de moi pendant leurs vacances sont tranquilles et doux, ils ne sont ni exaltés ni nerveux et, je le sais parce qu’ils ont pris des photos de moi, ils me tiennent en haute estime. Je me promets donc de leur faciliter la vie, de bien me reposer afin de pouvoir supporter la déception de mes parents à leur retour le 6 juillet, de subir patiemment leurs sautes d’humeur et leur déprime. 

Je sais que je leur serai d’un grand secours, car j’ai lu, dans le recueil de citations que ma mère conserve dans ses dossiers : « On voyage autour du monde à la recherche de quelque chose et on rentre chez soi pour le trouver. » J’ai la ferme intention de les aider à chercher.

Ce blogue ne s’interrompra pas tout à fait, je tenterai de le garder vivant pendant quelques jours.







4 commentaires:

  1. chatlut Messidor ,bien chanceux d'avoir des vacance,moi il ne parte pas pur bien longtemps il sont toujours de retour le même jour,pas moins d'être tranquille quelque jours,il y a bien le maitre qui va aller travailler au loin,mais je serais pris avec *lépouse* qui aime pas bien les chat,alore pas de flatterie et bien juste si elle ne m,oblira pas pour mes repas et l,eau ,trois semaine d'enfer ,toi ai moin tu auras des gens pour te caresser chanceux ,bon je te laisse je vais a me chantpicotion,au plaisir passe une belle semaine
    sac a puces

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Chalut Sac à puces,

      je suis d'accord pour dire que j'ai plus de chance que toi
      et je te remercie pour tes souhaits de bonnes vacances.

      Tu vas sûrement t'ennuyer de ton maître. Un conseil,
      va faire des siestes dans la nature, le temps passera plus
      vite pendant son absence.

      Au plaisir de te lire bientôt,
      ton ami Messidor

      Supprimer
  2. Salut les amis chats

    Moi ici je vais vivre ma vie de chien comme à l'habitude. Les parents adoptifs ne vont pas en vacances
    cet été mais normalement lorsqu'ils partent ils m'amène. Sauf quand ils prennent l'avion je me fait
    garder à l'hôtel des chiens. J'aime bien car j'y suis gâté mais j'aime bien retrouver ma famille et mon
    chez-moi.

    Eh Sac à puces, si l'épouse t'oublie revient lui avec une souris dans la gueule tu vas voir qu'après ça
    elle ne t'oubliera plus, Hi! Hi! Hi!

    Passez une belle journée les amis
    Monsieur Victor

    RépondreSupprimer
  3. Salut Victor,
    Je n'avais pas vu ton message, pas très habitué encore, ça viendra.
    Tu aimes voyager en voiture, ce qui n'est pas mon cas.
    Mais je comprends que malgré tout, tu préfères la maison et je t'approuve entièrement.
    profite bien de ce bel été et salue ta mère adoptive pour moi!

    RépondreSupprimer

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Ecrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL
3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien S'abonner par e-mail, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Cliquer sur Publier enfin.

Le message sera publié après modération.

Voilà : c'est fait.
Et un gros MERCI !!!!