L’égalité homme-femme… Vous voulez rire!
Chronique de Lise Payette publiée le 4
octobre dans Le Devoir
« Les hommes
québécois vont finir par se convaincre que l’égalité entre les hommes et les
femmes est une valeur acquise, dont il ne sera plus nécessaire de parler à
l’avenir puisque « dans leur grande générosité », ils ont fini par reconnaître
que nous avions raison et qu’il fallait le reconnaître officiellement. On en
parle comme s’il était impossible de trouver un seul exemple au Québec où ce
droit ne s’applique pas. Vous voulez rire ? Bande de petits comiques. Vous
revenez sur ce sujet juste pour me faire hurler encore une fois.
Bien sûr,
l’égalité a fait des progrès et nous en sommes conscientes. Mais nous n’avons
jamais cru que le dossier était clos et qu’il répondait parfaitement à la
définition même de ce qu’on appelle l’égalité. Il reste du chemin à parcourir
et vous le savez. Malgré vos beaux efforts, les femmes revendiquent encore des
avancées sur le sujet. Et avec raison.
Je reconnais
cependant que vous êtes devenus plus sensibles à l’égalité que vous souhaitez
pour vos filles que pour les femmes qui ont partagé vos vies. Je ne vous le
reproche pas, car justement, votre défense de l’égalité de vos filles va
peut-être nous aider à mener quelques combats que nous voyons poindre au bout
de nos nez.
Les mini-miss
n’ont certainement pas échappé à votre attention. Allez… dites la vérité. Ces
enfants ont surgi dans nos journaux et dans nos bulletins télévisés sans crier
gare grâce à un vieux monsieur qui, si j’ai bien compris, en a fait son
gagne-pain à partir de Vancouver. J’avais déjà eu l’occasion de montrer
l’ampleur du phénomène dans un documentaire sur les femmes il y a quelques
années, et nous étions allés tourner aux États-Unis en pensant que jamais NOS
petites filles, poussées par des mères très spéciales, ne finiraient sur des
tapis rouges comme ces petites Américaines transformées en Barbie. C’était
l’horreur.
Je suis absolument
convaincue que les mères ont tort de pousser leurs filles dans ce monde
d’exhibition physique qui risque de les marquer pour leur vie. Le côté «
pitoune » de l’exercice, la déception de ne pas être la gagnante du concours en
question peuvent certainement causer des torts irréparables. Et puis la
récompense qui suivra, comme celle accordée à un chien savant, lui fournira une
étonnante échelle des valeurs. Je suis sûre que vous n’avez pas besoin que je
vous fasse un dessin.
J’aurais souhaité
que la ministre Maltais, responsable de la Condition des femmes, réagisse autrement
sur ce sujet qu’elle ne l’a fait dans un premier temps. Elle finira bien par
comprendre que ce qu’on fait aux petites filles quand elles sont jeunes risque
d’hypothéquer leur avenir.
Dans la même
semaine, alors que des femmes se dénudent à l’Assemblée nationale pour réclamer
qu’on enlève le crucifix et que les hommes ne peuvent s’empêcher d’en rire en
parlant de « leurs signes ostentatoires » bien visibles, on apprend grâce au
travail de deux femmes éthiciennes publié dans La Presse que les demandes
auprès des médecins et des hôpitaux pour l’obtention d’un « certificat de
virginité » sont toujours demandés par certaines familles établies au Québec.
Il est plus que
temps de mettre de l’ordre dans la maison Québec. Faire le ménage dans une
société qui a sombré dans la corruption est une chose, mais mettre de l’ordre
dans la vie que nous partageons tous va demander une bonne dose de courage
aussi.
L’égalité des
hommes et des femmes est un ouvrage « in progress ». Il serait ridicule de se
taper dans les mains en prétendant que nous y sommes, que tout a été réglé et
que c’est tellement solide que nous n’aurons plus à intervenir à l’avenir.
Hélas, ce n’est pas le cas. Les femmes ont toujours su que ça prendrait du
temps et que les gains se feraient à la miette. Surtout qu’il faut bien
l’admettre, il arrive aussi qu’on recule. Il suffit d’un politicien borné pour
que des pans complets de nos victoires disparaissent d’un seul coup. Même des
femmes peuvent nuire aux autres femmes et tirer profit de leurs choix.
Des femmes sont
souvent fières de faire partie du « boys club », d’être traitées comme telles
et de servir de courroies de transmission entre les deux groupes. Ce n’est
souvent que quand elles ont été trahies ou mises de côté qu’elles réalisent qu’on
les a utilisées.
L’égalité
homme-femme, même inscrite dans une Charte des valeurs, devra être surveillée
de près et ne devra jamais servir à tirer la couverture sur des sujets dont ces
messieurs préféreraient ne pas avoir à rediscuter. L’égalité est une valeur
mouvante qui nécessite une surveillance de chaque instant.»
Cette Lise Payette doit en faire réfléchir plusieurs avec sont texte. J'aime particulièrement le bout où elle parle des Mini-miss qui dans mon esprits deviendront les envies des pédophiles. Mais à quoi pense ces parents?
RépondreSupprimerLes hommes sont plus enclins à vouloir l'égalité pour leurs filles que pour leurs femmes. Ils auraient dû se réveiller avant. C'est notre génération pourtant qui s'est battu pour obtenir ce droit.
Oui, l'égalité est «in progress» mais il reste beaucoup de travail à faire.
Merci Puce pour ton commentaire qui complète si bien la chronique de ce matin.
RépondreSupprimerUn travail à accomplir un jour à la fois avec la vigilance de tous les instants.